Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre pour m'adresser non seulement aux députés, mais aussi aux nombreux Canadiens de tout le pays qui sont à l'écoute pour entendre ce que leurs représentants ont à dire en leur nom.
Je tiens à souligner qu'aujourd'hui est la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Nous sommes également à l'aube du Mois de l'histoire des Noirs, qui commence en fin de semaine. En 2020, il est essentiel de reconnaître les leçons que l'histoire nous a apprises, les progrès que nous avons réalisés en matière de droits de la personne et tout le travail qu'il reste à faire. Je tiens également à rendre hommage aux victimes qui ont péri dans le vol PS752 et à exprimer nos condoléances à leur famille.
Nombre d'entre nous avons eu le privilège de passer près de deux mois dans nos circonscriptions respectives pour établir des liens avec les électeurs.
Au cours des dernières semaines, j'ai eu le plaisir de rencontrer des centaines de citoyens et de citoyennes lors d'événements publics et de ma première tournée de rassemblements communautaires.
Les habitants de Fredericton, d'Oromocto, de Marysville, de Maugerville et des collectivités environnantes sont engagés, et je suis très fière de représenter une circonscription aussi dynamique.
Il s'agit de la capitale de la seule province officiellement bilingue du pays.
Les initiatives des artistes autochtones font connaître le Nouveau-Brunswick. Ma circonscription doit composer avec de continuelles inondations dévastatrices qui nous rappellent que les changements climatiques sont bien réels. En outre, les parents de ma circonscription se lèvent pour demander plus de soutien afin d'aider leurs enfants qui ont des problèmes de santé mentale. Je suis fière d'être leur députée et de pouvoir les appuyer.
Je voudrais parler du discours du Trône. En toute honnêteté, j'étais fort satisfaite de voir que nos priorités ont enfin été reconnues, que nous allons lutter contre les changements climatiques, que nous allons combler les divisions régionales et que nous devons faire progresser nos relations avec les peuples autochtones. J'étais heureuse d'appuyer le discours. Je me disais qu'aucun autre discours du Trône ne méritait autant d'appui que celui-ci.
Cependant, je me suis rappelé les quatre dernières années. Je me suis rappelé les raisons qui m'ont poussé à me présenter aux dernières élections et les promesses que j'ai faites aux gens de ma circonscription de demander des comptes au gouvernement et de contester les belles paroles et les déclarations superficielles. En tant que femme et en tant que mère de deux garçons autochtones, je dois prendre la parole à la Chambre pour protéger leur futur et leurs droits collectifs inhérents, et pour affirmer catégoriquement que leurs droits ne sont pas négociables.
Je voudrais dire quelques mots sur le cadre législatif et politique que propose le premier ministre dans son approche à deux volets sur une politique panautochtone. Nombre d'universitaires autochtones et de chefs traditionnels l'appellent le « plan d'abolition à deux volets ». Ce plan rappelle le Livre blanc de 1969 sur la politique indienne. Des gens — des Autochtones qui sont directement touchés par ce projet de loi — ont des préoccupations réelles et valables concernant ce que propose le plan. Nous leur devons de les écouter.
Le gouvernement du Canada a été conséquent dans son approche descendante. La relation patriarcale demeure inchangée; le Canada agit comme un père auprès de ses enfants. Les collectivités autochtones ne sont pas les enfants du Canada. Leurs racines sont les plus profondément ancrées dans cette terre, et elles ont le droit à l'autodétermination. Nous avons alambiqué, embrouillé et compliqué nos engagements. C'est ce qui nous a menés là où nous sommes aujourd'hui: dans une impasse en ce qui a trait aux terres — celles que nous avions convenu de partager. La définition du partage que propose le Canada n'en est pas une que j'enseignerais volontiers à mes enfants.
La réconciliation implique de rendre ce que nous avons pris en trop. Elle implique l'atteinte d'un équilibre. J'ai entendu des critiques dire que nous sommes tous des Canadiens, que nous devrions tous être traités également et qu'il ne devrait pas y avoir de traitement de faveur. Cela fonctionne seulement si tout le monde reçoit un traitement égal.
Je ne débiterai pas de statistiques pour illustrer la disparité existante. Nous les connaissons déjà. Ce qu'elles signifient, c'est que nous devons faire mieux. Nous devons prendre des mesures concrètes et mener de vraies négociations qui permettent d'arriver à une égalité entre toutes les parties.
Au Canada, le droit à la consultation implique un consentement préalable, libre et éclairé. Cela signifie que l’enjeu doit être ramené à l’échelle individuelle et que l’échantillon des personnes qui sont consultées doit adéquatement refléter la voix des peuples autochtones. Il ne s’agit certainement pas d’accorder la priorité à la voix des organismes ou des entreprises qui détiennent le plus de pouvoir et d’influence au sommet.
Quand le Canada persiste à ignorer les voix des membres des collectivités locales, des chefs traditionnels et héréditaires, la rue s'agite.
Il ne faut pas blâmer les manifestants pour le retard pris par certains projets énergétiques comme le projet Coastal Gaslink ou la fracturation au Nouveau-Brunswick, mais plutôt l'aveuglement volontaire des acteurs présents dans ces dossiers dès le début, qui n'ont pensé que l'opinion des Autochtones ne comptait qu'après coup. Je trouve très encourageant qu'on ait privilégié l'opinion des Autochtones, mais on m'excusera si je reste méfiante.
J'ai été heureuse d'entendre le mandat de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans le discours du Trône.
J’avais espoir que ces mots signifiaient qu’un réel changement était imminent.
Néanmoins, au cours des dernières semaines, nous avons vu la manière dont le gouvernement s'est comporté sur le territoire non cédé des Wet'suwet'en. Cela rappelle beaucoup la réaction du gouvernement précédent en 2014, chez moi, quand des chefs traditionnels de la nation elsipogtog-micmac ont construit un camp pour empêcher une entreprise de fracturation de souiller la terre et l'eau. À l'époque, seuls la députée de Saanich—Gulf Islands, du Parti vert du Canada, et David Coon, du Parti vert du Nouveau-Brunswick, s'étaient rangés aux côtés des chefs héréditaires et traditionnels micmacs.
Les pratiques coloniales déplorables de la GRC qui ont mené au démantèlement d’une manifestation pacifique ont fait les manchettes à l’échelle nationale.
Je suis directement concernée par cette histoire, parce que j'ai dû assister à l'arrestation d'un membre de ma famille, un chef traditionnel, qui s'est retrouvé les mains attachées par des liens autobloquants alors qu'il célébrait une cérémonie du calumet.
Beaucoup a changé depuis 2014. La Commission de vérité et réconciliation a fait connaître ses conclusions. Le Canada est revenu sur son opposition à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et travaille à l'inscrire dans le droit canadien.
La Commission d'enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié son rapport final, qui comprend les témoignages de 2 380 survivantes et de membres des familles des personnes disparues.
Je suis fière d’être membre d’un parti qui comprend ce que cela signifie réellement et qui ne renonce pas à ses engagements envers la nécessité de travailler sans relâche à la réconciliation partout au pays.
Malheureusement, le Canada semble en voie de répéter les mêmes erreurs que celles qu'il commet depuis des générations, les mêmes erreurs que celles qu'il a commises en 2014.
Même si j'appuie en partie les paroles du discours du Trône, j'ai peu d'espoir que le gouvernement libéral comprenne ses responsabilités ou mette en œuvre les changements qui s'imposent.
Je crois fermement que lorsque nous établirons une véritable relation de nation à nation avec les peuples autochtones, notre relation avec la Terre mère se portera beaucoup mieux.
L'amélioration de notre relation avec les Autochtones est un pas en avant dans la lutte contre les changements climatiques.
Plus tôt aujourd'hui, mes collègues du Parti vert ont tous deux parlé de l'urgence de la lutte contre les changements climatiques. Des circonscriptions de part et d'autre du Nouveau-Brunswick ont connu des inondations historiques ces deux dernières années. Les réseaux hydrographiques y sont surchargés. La neige s'accumule dans nos forêts. Nos terres humides et nos zones tampons sont compromises. On observe une hausse des précipitations. Tout indique que nous connaîtrons une autre saison des inondations difficile ce printemps.
Il faut intervenir. Le premier ministre et le gouvernement en sont conscients. Je veux qu'ils sachent que je suis résolue à travailler avec eux pour faire progresser l'adaptation aux changements climatiques et faciliter la transition rapide qui s'impose pour notre économie.
Je m'arrête là-dessus quelques instants.
Je suis si excitée par les possibilités qui s'offrent à nous dans la nouvelle économie. Nous savons que nous devons mettre un terme à notre dépendance aux combustibles fossiles et je suis convaincue que nous pouvons le faire tout en aidant les travailleurs à réorienter leur carrière. Les ressources ont toujours été le moteur de notre économie et elles le demeureront. Il suffit de regarder l'abondance des ressources que nous avons à offrir pour la production d'énergie renouvelable: nos longues heures d'ensoleillement l'été, nos réseaux hydrographiques puissants partout au pays, nos belles forêts, et chez moi, au Nouveau-Brunswick, les plus hautes marées du monde.
Cette nouvelle économie porte en elle la promesse de nouveaux emplois pour les électriciens, les mécaniciens, les fabricants, les chauffeurs de camion et bien d'autres.
Au Nouveau-Brunswick, les entreprises du secteur des énergies renouvelables accomplissent déjà des choses étonnantes, se révélant des chefs de file, partageant leur savoir et accroissant leur capacité. L'une d'elles, à Fredericton, dans le domaine de l'énergie solaire, a déjà formé 200 personnes en installation de panneaux solaires, dont la moitié travaillait avant dans le secteur des sables bitumineux, en Alberta.
Il s'agit d'une occasion qui permettra de réunir les familles néo-brunswickoises. Du même coup, cela permettra aux travailleurs et aux travailleuses de prendre part à l'économie du futur.
Les habitants de ma circonscription sont prêts à prendre part à la nouvelle économie et ils ont hâte de réduire leur propre pollution par le carbone. Il en tient au gouvernement de leur montrer la voie de l'avenir.
Qu'a-t-on prévu pour développer le transport en commun et inciter les gens à se procurer un véhicule électrique? Qu'a-t-on prévu pour aider les Canadiens ordinaires à rendre leur maison la plus efficiente possible pour...