Monsieur le Président, la Prestation canadienne d'urgence a allégé les difficultés financières de nombreux Canadiens, mais, malheureusement, un trop grand nombre de personnes n'ont toujours pas reçu d'aide d'urgence. Je connais nombre de résidants et d'entreprises de ma circonscription qui, à l'heure actuelle, ne sont couverts par aucun des programmes d'aide qui ont été annoncés.
Une résidante de ma circonscription travaille à temps partiel tout en prenant soin d'un parent âgé chez elle. En décembre, son père a été hospitalisé pour une insuffisance cardiaque congénitale. Lorsqu'il est retourné à la maison, cette résidante a quitté son emploi pour prendre soin de lui à temps plein. En mars, l'état de santé de son père s'était suffisamment amélioré pour qu'elle recommence à chercher un emploi à temps partiel. C'est alors que la pandémie a frappé. Comme elle est tout simplement considérée comme une personne qui a quitté son emploi, elle n'est pas admissible à de l'aide et elle peine à payer ses factures.
Une autre résidante de ma circonscription occupait deux emplois. Elle a perdu le revenu de son emploi principal, et puisque son emploi secondaire lui rapporte un peu plus de 1 000 $ par mois, elle n'a droit à aucune aide.
Des étudiants m'ont contacté, certains à mi-chemin de leurs études et d'autres sur le point d'obtenir leur diplôme. Les premiers comptent sur les emplois d'été pour payer leurs frais de subsistance et économiser pour l'année scolaire à venir. Sans ces emplois, ils ne savent pas comment ils vont payer leur loyer et leurs factures d'épicerie pour les mois à venir. Certains ne savent pas s'ils pourront retourner à l'école à l'automne et poursuivre leurs études. Les seconds, qui sont sur le point d'obtenir leur diplôme, sont eux aussi dans une situation très difficile. Ils ont terminé leurs années d'études et sont impatients d'entrer sur le marché du travail. Au lieu de cela, ils font face à une sombre réalité et n'ont nulle part où aller pour obtenir de l'aide.
J'ai entendu des personnes âgées et des personnes handicapées. Ces Canadiens survivent avec des revenus fixes sans aucun coussin pour faire face à l'augmentation des coûts liés à la pandémie. Ils sont stressés, anxieux et insécurisés par l'incapacité de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
Avec chaque jour qui passe, de nombreux Canadiens sont sur le point de perdre leur entreprise, leur maison et leurs rêves. Le stress et le sentiment de désespoir pèsent lourdement sur la santé mentale. Les particuliers, les communautés, les villes, les régions et l'économie nationale seront tous gravement touchés si nous laissons ces personnes et ces entreprises passer entre les mailles du filet.
Le Canada a besoin d'un revenu minimum garanti de toute urgence: la crise actuelle l'a révélé plus clairement que jamais. Il ne s'agit pas d'une idée radicale. L'heure est venue de la mettre en place. Imaginons un filet de sécurité sociale qui inclut tout le monde. Pour des raisons tant sociales que financières, les verts défendent l'instauration d'un revenu minimum garanti depuis des années, et le caucus du Parti vert s'emploie à faire avancer ce dossier à l'échelle nationale.
Ma collègue de Fredericton a parlé du besoin d'un revenu minimum garanti dans son discours à la Chambre, pendant la séance d'urgence il y a un mois. Ma collègue de Saanich—Gulf Islands l'a aussi mentionné à la Chambre il y a une semaine et demie. Le Parti vert défend cette idée depuis longtemps, soit bien avant qu'un député vert ait l'honneur de siéger ici. Elle a accumulé des appuis d'un bout à l'autre du spectre politique parce que c'est une mesure raisonnable et sensée.
Le revenu minimum garanti est un système équitable qui atténue les difficultés financières et récompense le travail. Il remplacerait les différents programmes fédéraux et provinciaux par une seule prestation universelle, sans condition. Il s'agirait d'établir un seuil de revenu que tout Canadien doit avoir. Ce montant se fonderait sur le coût de la vie dans chacune des régions, un peu comme dans le calcul du salaire suffisant. La prestation serait imposée progressivement selon le revenu gagné. Le fait de permettre aux employés à faible revenu de conserver la prestation complète les inciterait fortement à continuer de travailler. Il n'y aurait pas de mesures gourmandes de récupération, qui auraient, elles, un effet dissuasif.
Le revenu minimum garanti éliminerait l'extrême pauvreté et libèrerait une partie des ressources des services sociaux, qui pourraient se concentrer sur la crise en santé mentale et l'épidémie de cas de dépendance. Un revenu minimum garanti d'urgence pourrait être établi pour verser automatiquement un paiement à tous les Canadiens ayant un numéro d'assurance sociale. L'Agence du revenu du Canada récupérerait les sommes versées aux personnes qui n'en auraient pas besoin à la prochaine déclaration de revenus.
En temps normal, un revenu minimum garanti remplacerait les transferts fédéraux pour l'aide sociale, le soutien aux personnes handicapées, la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti pour les aînés, l'Allocation canadienne pour enfants destinée aux parents ayant des enfants et l'allocation canadienne pour les travailleurs pauvres, qui sont tous des programmes apparentés au revenu minimum garanti.
Puisque tous les Canadiens en bénéficieraient, le revenu minimum garanti éliminerait les préjugés sociaux associés au besoin d'une aide au revenu. Nous n'aurions plus à décortiquer la vie des gens pour vérifier leur admissibilité.
Un revenu minimum garanti permettrait à davantage de personnes de parfaire leur formation et d'améliorer leurs compétences, ce qui accroîtrait leur employabilité et leur capacité de gagner un salaire.
Des études et des programmes pilotes ont montré qu'un revenu minimum garanti ou un revenu universel de base améliore la santé des personnes à faible revenu. Cela leur permet d'acheter des aliments nutritifs et d'avoir les moyens de s'offrir un logement, en plus de réduire le stress à long terme associé à la pauvreté. Ce ne sont là que les grandes lignes.
Un revenu minimum garanti comporte de nombreux avantages. Toutefois, à l'heure actuelle, au milieu de cette crise de santé publique sans précédent, il y a un avantage potentiel qui ressort. Il serait simple de verser une seule prestation universelle, sans condition, à tous les Canadiens. Étant donné qu'un revenu minimum garanti remplacerait les programmes actuels de prestations, il simplifierait grandement l'administration requise et permettrait aussi de réaliser des économies.
Chacun recevrait un versement mensuel. La plupart des gens n'en auraient pas vraiment besoin et les fonds retourneraient au gouvernement par la voie des impôts. Toutefois, lorsque les circonstances changent, si une seule personne ou des millions de personnes perdent leur emploi, le fait d'avoir en place un revenu minimum garanti nous aiderait à mieux traverser les épreuves à venir.
D'autres épreuves nous guettent. Nous savons que nous vivons une crise climatique. Les épidémiologistes et les scientifiques nous disent que nous pouvons nous attendre à d'autres pandémies, à d'autres urgences, à d'autres situations où les gens perdront leur emploi et leur maison pendant que nous tentons de composer avec cette crise climatique.
Un revenu minimum garanti nous permettrait de gérer les épreuves à venir sans le stress, l'anxiété et le désespoir que trop de Canadiens éprouvent à l'heure actuelle.