Monsieur le Président, une semaine s'est écoulée depuis l'explosion d'environ 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium entreposées pour Dieu sait quelle raison dans le port de Beyrouth pendant plusieurs années, une catastrophe qui a coûté la vie à quelque 170 personnes et a fait plus de 6 000 blessés. On parle de l'une des plus importantes déflagrations jamais connues. C'était la catastrophe de trop pour une nation qui traverse une crise économique, financière et sociale profonde depuis plusieurs années, sans compter la crise sanitaire actuelle qui, sans surprise, a plongé tous les États et leur population dans l'incertitude.
Le Bloc québécois tient à exprimer ses condoléances aux familles des malheureuses victimes de cette explosion, ses meilleurs vœux de rétablissement aux blessés et toute sa solidarité à l'ensemble du peuple libanais, dont le courage et la résilience avec lesquels il a traversé cette nouvelle épreuve, mais aussi les nombreux défis qu'il a rencontrés à travers son histoire forcent l'admiration.
Je salue la décision du gouvernement qui, à la suite de la demande du Bloc québécois, s'est engagé à égaler les dons des Canadiens et des Québécois et a lancé, à cet effet, le Fonds de secours pour le Liban. Le Québec a été profondément bouleversé par ce drame qui n’est pas sans rappeler, en pire, la terrible tragédie de Lac-Mégantic, dont le chef du Bloc québécois et moi-même avons été des témoins directs, puisque nous étions alors respectivement ministres de l'Environnement et de la Sécurité publique du Québec. Compte tenu de l'importance de la communauté libanaise au Québec, il nous apparaissait tout naturel de demander au gouvernement canadien de faire minimalement preuve de la même générosité que celle dont feraient preuve les Québécois et les Canadiens.
Au départ, nous avions identifié la Croix-Rouge canadienne, dont l'expertise et l'efficacité dans ce genre de situation sont mondialement connues et reconnues. Le gouvernement a plutôt choisi de faire transiter une partie de son aide via une coalition humanitaire d'organismes ayant des antennes sur le terrain. Qu'à cela ne tienne, puisque l'important est de faire en sorte que l'aide parvienne aux gens qui, sur place, en ont besoin.
Cela dit, pourquoi avoir plafonné à 2 millions de dollars le montant qui pourrait être versé par cet intermédiaire et pourquoi avoir limité la période au cours de laquelle il serait possible de faire des dons entre le 4 et le 24 août? Pourquoi avoir tardé plus de 24 heures à annoncer une aide plutôt modeste au départ? Pourquoi avoir limité l'accès à seulement 12 agences d'aide internationale canadiennes et ne pas avoir inclus les ONG locales qui, face à l'inertie des pouvoirs publics, sont aussi déjà sur place et mobilisées au moment où nous nous parlons pour apporter l'aide médicale et la nourriture dont la population a besoin? Pourquoi ne pas avoir inclus la Croix-Rouge canadienne à cette liste?
La solidarité dont nous faisons toutes et tous preuve depuis la dernière semaine est remarquable, toutes couleurs politiques confondues. Cependant, la solidarité ne suffira pas sans la mise en place d'une aide suffisante et responsable, qui doit aider directement les Libanaises et les Libanais qui sauront assurément, comme ils ont toujours su le faire, se relever de cette nouvelle épreuve, soutenus en cela par l'amitié et l'appui indéfectibles du Québec, du Canada et de toutes les nations de bonne volonté.