Monsieur le Président, avant de parler du projet de loi, j'ai de tristes nouvelles à annoncer à la Chambre.
Pendant la Semaine nationale des soins infirmiers à London, la ville d'où je viens et que je représente, Brian Beattie, un infirmier autorisé qui travaillait dans un complexe pour personnes âgées, est décédé de la COVID-19. Il est le premier infirmier autorisé de l'Ontario à avoir succombé à la COVID-19. M. Beattie laisse le souvenir d'un infirmier dévoué qui était passionné par son travail et qui considérait les résidents dont il s'occupait comme sa deuxième famille. J'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de M. Beattie.
Du fond du cœur, je tiens à remercier les travailleurs de la santé de première ligne qui mettent littéralement leur vie en danger pour prendre soin des autres et s'occuper de nos familles.
C'est souvent difficile de changer aussi abruptement de sujet dans de pareilles circonstances, mais je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui concernant le projet de loi C-16, Loi modifiant la Loi sur la Commission canadienne du lait. Les néo-démocrates sont soulagés que cette mesure législative ait enfin été présentée et ils l'appuient avec plaisir.
Je tiens à souligner l'excellent travail de mon collègue, le député de Cowichan—Malahat—Langford, porte-parole du NPD en matière d'agriculture. Comme il habite plutôt loin, il ne pouvait pas être ici aujourd'hui, mais son absence ne nous empêche pas de lui être très reconnaissants pour tout le travail qu'il fait dans l'intérêt des agriculteurs canadiens.
Les néo-démocrates estiment que faire passer de 300 millions à 500 millions de dollars le plafond d'emprunt des transformateurs de produits laitiers auprès de la Commission canadienne du lait, permettre à cette société d'État d'acheter les stocks excédentaires de beurre et de fromage et aider les transformateurs ayant des problèmes de liquidités jusqu'à ce que le marché se stabilise de nouveau aidera les producteurs et les transformateurs laitiers à traverser cette période de pandémie. Nous avons réclamé ces mesures. Nous savons qu'elles aideront le secteur en cette période de difficultés sans précédent.
Les ventes de lait liquide ont beaucoup diminué en raison des fermetures dans le secteur de la restauration et de la vente au détail. Par conséquent, les producteurs et les transformateurs laitiers ont besoin d'aide. Évidemment, cette aide arrive un peu tard. Les familles d'agriculteurs de ma région s'inquiètent depuis des mois. L'incertitude et le stress qui accompagnent la pandémie de COVID-19 nuisent à tout le monde, surtout aux agriculteurs. Je suis donc heureuse que nous soyons ici aujourd'hui pour appuyer ce plan d'intervention.
Avant de plonger dans le détail du projet de loi et des mesures d'aide dont les secteurs agricole et laitier ont grandement besoin, j'aimerais parler des difficultés auxquelles les femmes doivent faire face dans le secteur agricole. Ces difficultés ne datent pas d'hier, mais elles sont exacerbées par la pandémie actuelle.
Selon les Nations unies, la pandémie de COVID-19 risque de faire disparaître même les petits gains des dernières décennies. La Commission canadienne des droits de la personne abonde dans le même sens lorsqu'elle dit: « Ces impacts disproportionnés peuvent avoir de lourdes conséquences à long terme. » La Fondation canadienne des femmes, pour sa part, dit que la pandémie amplifie les inégalités liées au sexe et à divers autres facteurs, comme la situation économique, la race, la culture, la langue et d'autres éléments de nos identités qui s'entrecroisent.
Le manque d'accès aux services est un problème qui touche des femmes partout au pays, mais particulièrement les femmes qui habitent dans des régions rurales ou de petites villes en raison simplement de leur lieu de résidence ou de leur sexe. Les femmes des régions rurales doivent parcourir de grandes distances pour obtenir l'aide dont elles ont besoin. Nous savons que la pandémie a des conséquences disproportionnées sur les femmes et celles qui travaillent dans le secteur agricole habitent souvent en région rurale ou éloignée. Elles ont donc beaucoup moins accès à des services.
C'est pour cette raison que l'annonce faite la semaine dernière par Greyhound concernant la suspension de son service d'autocars a déclenché la sonnette d'alarme pour de nombreuses organisations de femmes, car la clientèle de Greyhound est composée de 60 % de femmes et que bon nombre d'entre elles utilisent ses services pour se rendre au travail. Je continuerai de demander au gouvernement qu'il aide les gens de ma circonscription, London—Fanshawe, et ceux de l'ensemble du Sud-Ouest de l'Ontario qui dépendent des services d'autobus urbains. Pouvoir se déplacer est une nécessité dans les régions rurales du Canada; c'est une évidence. Toutes les collectivités canadiennes devraient pouvoir compter sur un service de transport en commun fiable permettant aux gens de se rendre au travail, d'obtenir des soins, d'aller à l'école et de rendre visite aux membres de leur famille.
Bien sûr, les rencontres en personne sont présentement limitées, ce qui rend la capacité de se connecter à Internet beaucoup plus importante pour bien des gens. Encore une fois, la pandémie a mis en évidence de nombreuses lacunes dans les infrastructures pour les agriculteurs et les habitants des régions rurales ou éloignées au pays. Depuis beaucoup trop longtemps, les gouvernements successifs ignorent certains problèmes.
Trop souvent, les Canadiennes, en particulier celles qui habitent dans les régions rurales, se sentent isolées et cette situation est aggravée par le fait qu'elles ne peuvent avoir un accès stable à Internet ou au réseau cellulaire ou qu'elles n'ont pas les moyens de se le payer. Il est très important présentement de pratiquer la distanciation physique, mais l'isolement social doit être évité. Beaucoup de femmes m'ont dit qu'elles s'ennuient de leur famille et de leurs petits-enfants, des câlins et du réconfort qu'ils leur procurent.
Je souhaite en particulier qu'on réponde aux besoins des femmes qui doivent avoir accès aux programmes gouvernementaux de soutien à la santé mentale et aux lignes d'assistance téléphonique en cas de violence domestique. Ce ne sont là que quelques exemples. Si ces femmes n'ont pas accès aux services de soutien en ligne, elles sont laissées dans un isolement encore plus dévastateur.
Le NPD prône un Canada où règne l'égalité, l'équilibre et l'équité, bref, un pays où les organisations féminines bénéficient d'un financement stable afin que les femmes puissent recevoir les services de soutien et de défense des droits dont elles ont besoin, et où elles disposent des outils nécessaires pour obtenir ces services dans leur collectivité, que ce soit en milieu urbain, suburbain, rural ou éloigné.
D'un bout à l'autre du Canada, les refuges ont dû faire face à des dépenses importantes pour répondre aux exigences des autorités de santé publique en matière de distanciation physique et pour adapter les programmes à la nouvelle réalité de la COVID. Cependant, de nombreux refuges et organisations ont besoin d'un financement de base pour offrir des services de soutien. Or, depuis de trop nombreuses années, le gouvernement fédéral ne fournit pas le financement de base nécessaire et les organisations ne peuvent pas utiliser le financement par projet pour faire face à la présente crise. Par surcroît, comme un très grand nombre d'événements de collecte de fonds ont été annulés à cause de la COVID, une autre source de revenus servant à financer les services de soutien communautaires dont les femmes ont besoin s'est tarie.
Il va sans dire que les secteurs à but non lucratif et caritatif sont confrontés à une grave crise financière. Cette crise a commencé bien avant la COVID-19 et, si rien n'est fait, elle perdurera bien après la pandémie.
Je tiens à mettre l'accent sur le stress que vivent les femmes des régions rurales et celles qui travaillent dans le secteur agricole canadien. Ces femmes sont des chefs de file dans ce secteur, mais je ne crois pas que le gouvernement a fait ce qu'il fallait pour réduire l'écart salarial et veiller à ce que ces femmes aient accès à des services de garde abordables et à une éducation. Je sais que même si la proportion de femmes augmente lentement mais sûrement dans le secteur agricole, celles-ci ont encore bien des obstacles à surmonter. Un obstacle de taille pour la plupart des agriculteurs, en particulier les femmes, est l'importance des divers coûts associés à ce secteur, comme le coût des terres, le coût de l'équipement et les problèmes de main-d'œuvre. Je le répète, cette pandémie n'a fait qu'exacerber des problèmes qui existaient déjà dans l'industrie laitière.
Avant d'être élue députée, je faisais partie du personnel parlementaire et j'ai eu l'insigne honneur de travailler avec Tracey Ramsey, qui était alors porte-parole en matière de commerce international. Cette expérience formidable m'a permis de rencontrer des gens extraordinaires de notre secteur agricole — et laitier — et de travailler avec eux. Nombreux sont ceux qui savent que, dans la négociation du nouvel ALENA, le Canada a sacrifié les producteurs laitiers pour apaiser les États-Unis. Ce pays a maintenant accès à 3,59 % du marché canadien des produits laitiers, en sus des concessions qui avaient déjà été accordées dans les deux autres accords commerciaux négociés par les conservateurs et signés par les libéraux, soit le PTPGP et l'AECG, ce qui représente une perte totale et définitive de parts de marché de 8,4 % ou de 800 millions de litres de lait pour nos agriculteurs. Je ne peux songer à un autre secteur à qui un gouvernement oserait retirer près de 10 % de parts de marché.
Il s'agit de familles qui travaillent fort dans tout le pays et qui sont très fières de produire du lait de première qualité pour nos collectivités. Je ne sais pas quel coup les familles de producteurs laitiers pourront encore encaisser. Encore une fois, je fais valoir qu'en raison des décisions qui ont été prises par les gouvernements conservateurs et libéraux qui se sont succédé et qui ont nui à l'industrie laitière soumise à la gestion de l'offre, le secteur s'est affaibli. Il résiste moins bien aux répercussions de la pandémie. Comme pour tant d'autres systèmes que j'ai mentionnés, sur lesquels comptent les femmes, les agriculteurs et tous les Canadiens, il faut renforcer les programmes sociaux et les protections du marché au profit de tous.
Les agriculteurs canadiens profitent du système de la gestion de l'offre depuis le début des années 1970. Le système fixe les prix et crée une certaine stabilité pour les producteurs de lait, d'œufs et de volaille. La gestion de l'offre est une manière efficace et éprouvée de répartir les avantages de la production laitière entre les consommateurs, les agriculteurs et les transformateurs. Elle stabilise le secteur et le protège contre la fluctuation des prix ou les excédents. Durant les négociations de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, le gouvernement libéral n'a pas cessé de prétendre préserver et protéger les secteurs soumis à la gestion de l'offre. Pour les protéger, il aurait fallu éviter d'en céder certaines parties durant les négociations.
Les trois piliers du système de gestion de l'offre sont le contrôle des importations, des prix et de la production. Pour ce qui est de la production, nous avons un système de quotas au Canada. Nous veillons à ce que la production n'excède pas la demande du marché. Ce à quoi l'actuel gouvernement renonce dans chacun des accords commerciaux qu'il signe, c'est le contrôle des importations.
Une autre préoccupation de taille concernant l'arrivée du lait étatsunien sur le marché canadien est que l'hormone de croissance bovine est présente dans ce produit. Créée par Monsanto, cette hormone est utilisée par les producteurs laitiers étatsuniens pour accroître la production laitière. Il n'existe aucune étude sur ses effets sur la santé humaine. Je me sens rassurée quand j'achète du lait et que je vois la petite vache bleue sur l'emballage, car je sais que je soutiens les producteurs laitiers canadiens et que mon lait est sain et naturel. Je sais ce qu'il contient et c'est là la valeur extraordinaire de notre secteur laitier; c'est là la raison pour laquelle il faut lutter pour le protéger.
Comme si ce n'était pas suffisant, après avoir sacrifié nos producteurs laitiers dans l'ACEUM, le gouvernement ne leur a toujours pas versé la compensation financière qu'il leur avait promise pour les soutenir. Ironiquement, cette compensation financière n'aurait pas été nécessaire si les libéraux avaient protégé la gestion de l'offre comme ils avaient proclamé vouloir le faire. Aujourd'hui, nous n'aurions pas cette surabondance de lait canadien qui nous a menés à jeter 30 millions de litres de lait liquide ces derniers temps, et ce, parce que notre marché est inondé par les surplus de lait en provenance des États-Unis.
Par ailleurs, ce qui fait aussi très mal aux producteurs laitiers canadiens est la date d'entrée en vigueur de l'ACEUM à la fête du Canada. Autrement dit, il ne reste seulement que quelques semaines avant que les concessions de marchés ne se fassent pleinement sentir dans notre secteur. Voilà une autre raison pour laquelle il était primordial que le Nouveau Parti démocratique et mon collègue le député d'Elmwood—Transcona obtiennent du gouvernement que le processus de négociation des nouveaux accords commerciaux soit beaucoup plus consultatif et transparent. Nous avons fait pression pour que le Parlement puisse, pour la toute première fois, prendre connaissance des accords commerciaux futurs avant leur ratification, au lieu d'en être réduit à voter oui ou non après que l'entente ait été conclue. C'est nécessaire pour préserver notre souveraineté alimentaire et nos systèmes comme la gestion de l'offre. Ainsi, nous protégerions les prochaines générations d'agriculteurs et nous serions plus solides et plus aptes à traverser toute crise ou urgence à l'avenir.
Dans l'ensemble, les autres mesures annoncées par le gouvernement pour aider les agriculteurs canadiens ne suffisent pas à compenser les pertes que ces derniers ont subies collectivement, et elles ne permettront pas non plus d'assurer l'efficacité du système de sécurité alimentaire pour les Canadiens. Personne au Canada ne devrait s'inquiéter de savoir d'où proviendra son prochain repas. La politique alimentaire nationale du Canada doit améliorer la sécurité alimentaire en mettant en relation les producteurs et les collectivités, qui craignent de ne pas disposer de suffisamment d'aliments à un prix abordable.
J'habite dans une région incroyable riche en terres agricoles. Toutefois, dans le Sud-Ouest de l'Ontario, les agriculteurs se heurtent à des difficultés importantes. Alors que la ceinture agricole se prépare pour la saison de croissance, la COVID-19 a bouleversé radicalement le paysage à cause des mesures d'isolement et de sécurité qui en ont découlé. La fermeture de l'industrie de la restauration, où les restaurants avec salle à manger ont dû fermer leurs portes, a obligé les producteurs et les transformateurs d'aliments à s'adapter à une forte demande de produits de détail s'adressant directement aux consommateurs. La transformation des aliments destinés à la consommation familiale est extrêmement différente de celle des aliments destinés à la restauration, ce qui cause des difficultés importantes dans le système. Je le répète, même s'il a fallu du temps, je suis heureuse que nous adoptions ces mesures d'aide aujourd'hui.
Les entreprises et les restaurants ayant été obligés de cesser leurs activités en raison de la pandémie, le gouvernement a finalement acquiescé à la demande du NPD et accepté d'aider à la fois les producteurs en achetant leurs surplus et les organismes communautaires en leur fournissant de quoi nourrir ceux qui ont faim. Le Canada est un pays privilégié, car son agriculture est diversifiée, mais cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux sur le plan de la sécurité alimentaire. En 1976, il a signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui prévoit un droit à de la nourriture. Pourtant, au-delà de 40 ans plus tard, de trop nombreux Canadiens n'ont pas tous les jours de quoi manger. Il est plus que temps que le gouvernement fédéral honore ses obligations et garantisse l'accès à de la nourriture salubre, abordable et saine.
Les agriculteurs attendent depuis des semaines qu'on leur offre un programme d'urgence comme celui-ci. Or, même si les néo-démocrates voient d'un bon œil la mesure législative dont la Chambre a été saisie aujourd'hui, car elle permettra d'augmenter la limite de crédit de la Commission canadienne du lait, elle aurait dû voir le jour il y a déjà plusieurs semaines et elle est loin de combler tous les besoins. Au lieu d'investir davantage pour aider les producteurs agricoles à traverser la crise, le gouvernement a tourné le dos aux agriculteurs. Bon nombre d'entre eux n'ont pas droit aux différents programmes de soutien. Après tout ce que le gouvernement a fait aux agriculteurs, le moins qu'il puisse faire, c'est de les aider à traverser la pandémie. Au lieu d'investir davantage afin d'aider les producteurs agricoles, il les laisse tomber. Encore aujourd'hui, bon nombre d'entre eux n'ont droit à aucun programme d'aide.
La pandémie de COVID-19 a révélé de nombreuses lacunes dans nos systèmes et nos programmes sociaux. Ceux-ci se sont affaiblis au fil des ans en raison des constantes compressions gouvernementales, de sorte que les gens sont abandonnés à leur sort. L'affaiblissement du soutien fourni par ces programmes nous coûte cher aujourd'hui.
La question demeure: allons-nous continuer de manquer de vision? Nous concentrerons-nous uniquement sur ce qui sera avantageux à court terme pour un petit groupe, ou réparerons-nous maintenant les dommages causés par les compressions et déciderons-nous d'améliorer et de consolider les programmes dont nous disposons? Veillerons-nous à assurer l'équité, l'équilibre et l'égalité entre les secteurs, y compris le secteur agricole? Reconnaîtrons-nous l'importance du travail des agriculteurs dans chaque secteur? Reconnaîtrons-nous l'importance de l'approvisionnement en aliments locaux? Remettrons-nous en question l'inévitabilité et la suprématie de la mondialisation et du programme néolibéral et réaliserons-nous que c'est la stabilité sociale, le renforcement de la société et de ses piliers qui nous permettront de prospérer?
C'est le bon moment pour commencer à poser des questions difficiles et à parler de nos vies après la crise de la COVID. Je sais quelle est ma réponse et je suis prête à faire le travail nécessaire pour obtenir de meilleurs résultats pour tout le monde.
Avant de conclure officiellement mon intervention, je tiens à profiter brièvement de cette occasion pour souligner un anniversaire très important.
Il y a 50 ans, presque jour pour jour, des membres du caucus des femmes de Vancouver sont venues à Ottawa avec la caravane de l'avortement. En 1970, des membres de cette caravane sont venues sur la Colline du Parlement afin de s'opposer aux modifications au Code criminel de 1969. Ce groupe de femmes savait que, si les femmes ne pouvaient pas bénéficier de droits justes et équitables en matière de procréation, cela mettrait leur vie en danger.
La caravane de l'avortement est arrivée à Ottawa le week-end de la fête des Mères, en 1970. Les quelque 500 femmes de ce convoi sont arrivées ici, avec des cintres et un cercueil noir, pour réclamer la légalisation de l'accès, sans restrictions, à des services d'avortement pour toutes les Canadiennes.
Le 11 mai 1970, environ trois douzaines de femmes sont entrées à la Chambre des communes et ont pris place dans les différentes tribunes autour de l'enceinte. Une fois assises, elles se sont enchaînées silencieusement à leur siège. Elles ont écouté attentivement le député néo-démocrate Andrew Brewin demander au ministre de la Justice John Turner s'il allait envisager de revoir les dispositions législatives sur l'avortement. M. Turner a voulu faire fi de la question, mais, juste avant 15 heures, une des femmes assises à la tribune s'est levée et a interrompu le débat de la Chambre des communes en prononçant le discours préparé par la caravane de l'avortement. Lorsque des gardiens du Parlement se sont approchés de cette femme, une deuxième femme s'est levée dans une autre section de la tribune et a poursuivi le discours. Les femmes se sont levées, l'une après l'autre, pour réclamer à l'unisson l'accès sécuritaire et équitable à des droits en matière de procréation.
La caravane pour l'avortement a attiré l'attention du pays sur cette question. Malheureusement, aujourd'hui encore, les femmes sont obligées de se battre pour avoir accès aux différents soins de santé. À l'occasion du 50e anniversaire tout particulièrement, je pense aux femmes courageuses qui ont fait partie de cette caravane et qui ont construit ce mouvement pour que les femmes de ma génération aient la liberté de choix.
Je pense aussi aux femmes à Fredericton et au fait que le gouvernement fédéral soi-disant féministe n'a encore pris aucune mesure pour veiller à ce que la clinique pour femmes à Fredericton soit financée convenablement et fasse le nécessaire pour protéger les droits que les femmes sont censées avoir en vertu de la Loi canadienne sur la santé.
Comme ces femmes il y a 50 ans et comme le député Brewin, les néo-démocrates continueront à se battre pour que les droits génésiques puissent être exercés en toute sécurité et en toute équité. À l'occasion du 50e anniversaire, je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime à l'égard de la motion suivante: Que la Chambre reconnaisse que cette semaine marque le 50e anniversaire de la caravane pour l'avortement, qu'elle souligne l'importante contribution de la caravane à la modernisation des lois canadiennes sur les droits génésiques et qu'elle demande au gouvernement de prendre d'autres mesures pour améliorer l'accès aux services d'avortement, notamment en appliquant la Loi canadienne sur la santé et en veillant à ce que la clinique 554 de Fredericton soit financée de manière adéquate et équitable.
Mr. Speaker, before I speak to the bill, I have sad news to announce to the House.
During National Nursing Week in London, my hometown and a town that I represent, Brian Beattie, a registered nurse who worked in a retirement village, died of COVID-19. He was the first registered nurse in Ontario to die of COVID-19. Brian is remembered as a dedicated nurse who loved his job and considered the residents in his care like his other family. My thoughts and deepest condolences go out to Brian's family and friends.
I want to sincerely thank front-line health care workers, who literally put their lives on the line to take care of others and take care of our families.
It is often hard to switch gears in these circumstances, but today I am pleased to speak to Bill C-16, an act to amend the Canadian Dairy Commission Act. The New Democrats are relieved to see this legislation finally come forward and are happy to support it.
I want to acknowledge the great work done by my colleague, the MP for Cowichan—Malahat—Langford, the NDP's agricultural critic. He could not be here today, as he lives fairly far away, but his work on behalf of farmers across the country is greatly appreciated, despite his absence.
The New Democrats believe that increasing the buyback limit that dairy processors have with the Canadian Dairy Commission from $300 million to $500 million, allowing this Crown corporation to purchase more surplus butter and cheese and helping processors with cash flow issues until the market stabilizes again will provide some help to dairy farmers and processors so they can weather the COVID-19 pandemic. These actions are ones we have pushed for. We know they will start to help the sector at this unprecedented time of need.
Because of the losses in liquid milk sales to restaurants and other retail sectors due to COVID-19 shutdowns in the sector, producers and processors need assistance. Of course, this help is late. I have heard from a lot of farming families in the area that surrounds my riding who have been worried for months. The uncertainty and stress caused by this pandemic have had a detrimental impact on everyone, especially farmers, so I am glad that we are here today to support this plan.
Before I get into truly addressing some details regarding this legislation and the supports that are much needed for our agricultural sector and dairy sector, I will speak to some of the key issues that women working in the agricultural sector sometimes face, issues that have been long-standing but exacerbated by this pandemic.
According to the United Nations, “With the spread of the COVID-19 pandemic, even the limited gains made in the past decades are at risk of being rolled back.” The Canadian Human Rights Commission has echoed this statement, saying, “These disproportionate impacts could have long-term and far reaching consequences.” As the Canadian Women's Foundation notes, “The pandemic circumstances intensify inequalities related to gender, and other factors, such as economic status, race, culture, language, and other intersecting elements of our identities.”
The lack of access to services is felt by women nationwide, but rural women or women living in smaller towns are especially hit hard by the issue of the provision of services, simply because of their location or gender. Rural women have to travel long distances to get the help they need. We know women have felt the impact of this pandemic at disproportionate rates, and when they work in the agricultural sector, they often live in rural and remote areas. Their access to services is therefore dramatically reduced.
This is why the announcement last week that Greyhound is suspending its bus service operations has raised many flags with women's organizations, as the ridership of these services is 60% women and Greyhound is used by many trying to get to work. I will continue to call on the government to help people in my riding of London—Fanshawe and others across southwestern Ontario who rely on the inner-city bus industry. Travel, of course, is a necessity of life in rural Canada, and every community in Canada should be able to count on reliable transit to connect people to their jobs, health care services, schools and family members.
Connectivity in person during this time is obviously limited, which for so many has put a great deal of emphasis on virtual connectivity. Again, this pandemic has exacerbated many of the failures within our infrastructure for farmers and people living in rural and remote areas across this country. There are issues that consecutive governments have ignored for far too long.
Women, and in particular women living in rural Canada, too often feel isolated, and this is compounded by their inability to access or afford a stable Internet connection or cellphone service. It is so important to physically distance right now, but social isolation must be avoided. I have heard from so many women who say they miss their families and their grandkids, the hugs and support they provide.
In particular, I want to address the needs of women who need access to supports from government programs for mental health support and domestic violence hotlines. Those are just some examples. If they do not have that connectivity to online supports, they are left in further, more devastating isolation.
The New Democrats' vision of Canada is one of equality, balance and fairness, a country where women's organizations have stable funding so that women can access the support and advocacy they need, and where women have the tools that they need to access those services in their communities, whether urban, suburban, rural or remote.
Shelters across Canada have faced large expenses trying to adapt themselves to meet public health physical distancing requirements and to alter programs to deal with the new reality of a COVID-impacted world. However, without the necessary core funding that many shelters and organizations need, these supports cannot exist. Core funding has not been provided by the federal government for too many years, and these organizations cannot use the project-based funding to deal with this crisis situation. Too many fundraising events have been cancelled due to COVID, so another source of income for community-based support services that women need has been cut.
This, of course, is a serious financial crisis for the not-for-profit and charitable sectors. This crisis began long before COVID-19, and if things do not change it is one that will continue well past this pandemic.
I want to specifically highlight some of the stresses that are put on rural women and women who work in Canada's agricultural industry. Women are leaders in this sector, but I do not believe the government has done a good enough job of closing the pay equity gap and ensuring that women have access to affordable child care and to education. I know that although the number of women is slowly growing in the agricultural sector, many barriers still exist. A significant barrier to most people farming, especially to women, is the large costs associated: the cost of farmland, the cost of equipment, the labour challenges. This pandemic, again, has only exacerbated the difficulties that farmers in the dairy industry face.
Before I became an MP, I was a parliamentary staffer and had the great honour of working with the past international trade critic, Tracey Ramsey. Because of this incredible work, I was able to meet and work with amazing people in our agricultural sector, including in the dairy sector. Many people know that in the renegotiated NAFTA, Canada threw our dairy farmers under the bus to appease the U.S. The U.S. has now gained 3.59% access to our dairy market on top of the concessions that were in the other two Conservative-negotiated, Liberal-signed trade deals, the CPTPP and CETA, that bring the total loss to 8.4% of market share. That translates into 800 million litres of milk that will be permanently removed from our farms. I cannot imagine any other sector from which any government would dare cut almost 10% of our market share.
These are hard-working families across the country who take so much pride in producing top-quality milk for our communities. I do not know how much more dairy farmers can bear. Once again, I come to the point that because of decisions by consecutive Conservative and Liberal governments that have hurt our supply-managed dairy industry, this sector has been weakened. It is less resilient from the effects of this pandemic. Like so many other systems that I mentioned before that women, farmers and all Canadians rely upon, we need to reinforce social programs and these market protections, which protect people and protect Canadians.
Canadian farmers have benefited from the supply-managed system since the early 1970s. The system sets the prices and creates stability for dairy, egg and poultry producers. Supply management has proven to be an effective model that equalizes the benefits of dairy production across consumers, farmers and processors, and it stabilizes the industry against price shocks or over supply. During the negotiations of CUSMA, the Liberal government, every day, repeated its rhetoric that it would preserve and protect our supply-managed sectors, but protecting it meant not allowing pieces of it to be negotiated away.
There are three pillars of supply management: import control, pricing mechanisms, and production. In production, we have the quota system in Canada. We make sure that we are only making as much as the market demands. What is being thrown away in every single trade agreement signed by the current government is the pillar of import control.
Another key concern in allowing American milk into the Canadian market is that this product contains bovine growth hormone, created by Monsanto and used by American dairy farmers to increase milk production. There are no studies on the effect of this hormone on human health. I am so relieved when I buy milk and I see the little blue cow on the package, knowing that I am supporting Canadian dairy farmers and knowing that my milk is healthy and safe. I know what is in it, and therein lies the extraordinary value of our dairy sector and why we need to fight to protect it.
To add even more insult to injury, after selling out our dairy farmers in CUSMA, the government still has not provided the financial compensation it promised to support those same farmers. Ironically, this would not be necessary if the Liberals had actually protected supply management like they said they would, and we would not have had a surplus of American milk flooding Canadian borders, leading to the current Canadian supply glut, necessitating the recent dumping of 30 million litres of liquid milk.
Also causing harm to dairy farmers is the Canada Day start for the new NAFTA, which is only a few more weeks away, when those market concessions will hit our sector hard. This is another reason it was so vital that the NDP and my colleague, the MP for Elmwood—Transcona, negotiated with this government on future trade deals being negotiated in a far more consultative and transparent way. We pushed for Parliament to be able, for the first time ever, to view future trade deals in advance of ratification, instead of merely voting yea or nay after the deal is done. That is needed to preserve our food sovereignty and systems like supply management. It is to protect our farmers for future generations and to ensure that should we have these crises or emergencies in the future, we would be able and stable enough to withstand it.
Overall, the other measures announced for farmers by this government are not enough to offset the losses Canadian farmers collectively have suffered, nor will they ensure a strong food security system for Canadians. No one in Canada should be worried about where their next meal will come from. Canada's national food policy needs to improve food security by linking producers to the communities worried about having enough affordable food.
I live in an incredible area rich in agricultural land. However, farmers are facing significant challenges in southwestern Ontario. As the farm belt gears up for the growing season, the landscape has been radically changed by the COVID-19 virus and the lockdowns and security precautions that it has brought. The closure of the food service industries, with dine-in restaurant doors shut, has forced food producers and processors to adjust to a high demand for retail and direct-to-consumer products. The processing of food is incredibly different for home consumption than from food service, which is causing some significant challenges in our system. Again, although they have been delayed, I am glad we are passing these supports today.
With businesses and restaurants closed during the pandemic, the government has finally accepted the NDP's call for the government to buy surplus food to support food producers and help local organizations enhance food security for people in our communities. Canada is a privileged country because of its agricultural diversity, but it still faces many challenges concerning food. In 1976, Canada signed onto the International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights, which includes a right to food. Yet, more than 40 years later, too many Canadians are still having difficulty putting food on their tables. It is well past time for the federal government to live up to its obligations and ensure access to safe, affordable and healthy food.
Farmers have been waiting for weeks for this emergency support, and while New Democrats welcome the bill in front us today that would increase the Dairy Commission's credit line, this should have been done weeks ago, and there is still a great amount to do. Instead of investing more to help our agricultural producers during this crisis, the government again has let farmers fall through the cracks. So many are not eligible for support programs. After everything this government has done to dairy farmers, this is the least it can do to support them during this pandemic. Instead of investing more to help our agricultural producers during this crisis, the government is letting them down. Many are still not eligible for support programs.
The COVID-19 pandemic has revealed many failings in our systems and social programs. Cracks have been created over many years, and people are falling through those cracks because of the government's consistent cutting and gutting. The undermining of the supports provided by these programs has cost us a great deal now.
The question remains, will we continue down a road where we are shortsighted? Will we look only to what will benefit a small group in a short term, or will we now repair the damage done by the cutbacks and decide to further build and strengthen the programs we have? Will we ensure fairness, balance and equality within sectors, including our agricultural sector? Will we value the work of farmers in every sector? Will we value the sourcing of local food? Will we fall back from the belief that globalization and a neoliberal agenda are inevitable or supreme and realize that it is actually through social stability, the strengthening of people and the foundations they stand upon, that will make us thrive?
Now is a good time to start to ask these hard questions and to talk about our lives post-COVID. I know what my answer is, and I am willing to do the work involved to achieve something better for everyone.
Before I officially conclude, I want to briefly take this opportunity to recognize a very important anniversary.
Fifty years ago, almost to the day, members of the Vancouver Women's Caucus travelled to Ottawa with the Abortion Caravan. In 1970, members of the Abortion Caravan marched on Parliament Hill in opposition to the 1969 amendments to the Criminal Code. However, this women's organization knew then that a lack of fair and equal access to proper reproductive rights was putting women's health in danger.
The Abortion Caravan arrived in Ottawa on Mother's Day weekend in 1970, a convoy of Canadian women, over 500 strong, arrived here with coat hangers and a black coffin in tow to demand the legalization of unrestricted access to abortion services for all Canadian women.
On May 11, 1970, approximately three dozen women entered the House of Commons, taking their seats in the various galleries circling the chamber. Once seated, the women quietly chained themselves to their seats, listening intently as NDP MP Andrew Brewin asked Minister of Justice John Turner if he would consider reviewing the abortion law. Turner tried to dismiss the matter, but just before 3 p.m., one of the women rose from her seat in the gallery and began reciting the Abortion Caravan's prepared speech, interrupting debate on the floor of the House of Commons. As parliamentary guards approached the woman, a second woman stood up in another area of the gallery and continued to give the speech. One by one, the women rose from their seats, adding their voices to the call for safe and equal access to reproductive rights.
The Abortion Caravan brought national attention to this issue. Sadly, women today are still forced to fight for access to health care options. Specifically on this 50th anniversary, I think about those brave women who were part of that caravan and built that movement to ensure that women of my generation have the freedom of choice.
I also think of the women in Fredericton today and the fact that the so-called feminist federal government still has done nothing to ensure that the women's clinic in Fredericton is properly and fairly funded to do what is needed to protect the rights women are supposed to have under the Canada Health Act.
Like those women 50 years ago, and like MP Brewin, New Democrats will continue to fight for safe and fair reproductive rights. In recognition of this 50th anniversary, I believe that if you seek it, you will find unanimous consent for the following motion: “That the House recognize this week marks the 50th anniversary of the Abortion Caravan, commemorates the caravan's important contribution to modernizing Canada's reproductive rights laws and calls upon the government to take further action to increase access to abortion services, including by enforcing the Canada Health Act and ensuring that Clinic 554 in Fredericton is properly and fairly funded.”