Madame la Présidente, je suis heureux d’être ici et d’avoir l’occasion de prendre la parole pendant sans doute l’une des dernières journées de séance de la 43e législature. J’ai donc encore une formidable occasion de représenter ma circonscription, Edmonton Riverbend, et je compte bien participer à des discussions importantes au cours de la campagne électorale qui s’annonce.
Je vais maintenant passer à la question dont nous sommes saisis, soit le budget, dont un aspect que j'estime important n’a pas reçu beaucoup d’attention dans cette Chambre. Je veux parler du secteur de l’aérospatiale. Cette industrie compte parmi celles qui ont été les plus durement touchées par la pandémie, mais je trouve que le budget ne consacre pas suffisamment de crédits à la relance de ce secteur. Plus particulièrement, on a très peu parlé de l’industrie aérospatiale du Canada et des plans à long terme du gouvernement.
L’industrie aérospatiale du Canada fait travailler environ 21 000 personnes à l'échelle du pays. Ce secteur est composé de petites entreprises, de sociétés multinationales, d’organisations à but non lucratif, de centres de recherche et, bien sûr, d’universités, qui sont répartis dans tout le pays. Les organisations spatiales canadiennes sont réputées à l’étranger pour leur excellence scientifique et leurs technologies de pointe, comme la robotique spatiale, les télescopes optiques, les communications par satellite, l’observation de la Terre et la surveillance spatiale, et pour leurs nombreuses contributions à des missions de coopération scientifique internationales au cours des cinq dernières décennies.
Il me paraît évident que l’industrie spatiale canadienne peut contribuer à renforcer le leadership du Canada dans la recherche spatiale de pointe. En ouvrant de nouveaux horizons et en adoptant une approche équilibrée, nous avons la capacité d’exploiter pleinement les avantages économiques, sociaux, scientifiques et stratégiques que le Canada peut tirer de son rôle de chef de file dans l’exploration, la recherche et la commercialisation de l’espace.
Le gouvernement n’a malheureusement pas profité du présent budget pour donner aux acteurs de l’aérospatiale canadienne des objectifs clairs et des possibilités de contribuer de façon plus proactive au développement du programme spatial canadien. Si le Canada veut rester compétitif dans l’espace, il doit adopter une stratégie aérospatiale globale assortie d’un plan clair pour l'avenir. Tous les autres pays qui ont une industrie aérospatiale ont adopté une stratégie nationale pour positionner leurs industries dans leur plan de relance et de croissance, et pour se tailler une part du marché émergent des technologies spatiales vertes, lequel représente plusieurs billions de dollars. Le Canada doit être fier de son industrie aérospatiale, la stimuler et en planifier l’avenir. Malheureusement, le budget ne prévoit rien à ce chapitre.
Je représente une circonscription de l’Alberta, province qui a connu d’importants bouleversements au cours des dernières années. Le prix du pétrole a chuté et des milliers de personnes se sont retrouvées sans travail. Tous les jours j’entends parler de familles qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le présent budget, qui, je le rappelle à mes collègues, est le premier en deux ans, ne prévoit absolument rien pour remédier à ces problèmes et pour planifier l'avenir à long terme de ma province.
Nous savons que la transition vers une économie verte est une nécessité pour la planète, et à cet égard, l’Alberta peut jouer un rôle important. Plus de 17 000 Albertains travaillent déjà pour des sociétés énergétiques qui se sont engagées à être carboneutres d’ici à 2050. Mais le budget ne prévoit aucune vision à long terme pour l’Alberta.
L’aliénation de l’Ouest est très réelle. Les Albertains se voient comme les parents pauvres de la Confédération, et ils parlent de plus en plus souvent de se séparer. Le mécontentement à l’égard d’Ottawa est très réel, et le présent budget aurait été l’occasion, pour le gouvernement fédéral, de se racheter et de montrer aux Albertains qu’ils sont indispensables au maintien d’un Canada fort. Mais malheureusement, cela n’a pas été le cas.
Ceux de mes collègues qui représentent une circonscription de l’Alberta ont travaillé très fort au cours des dernières années, et je suis fier que mon parti ait publié un plan de relance économique, qu’il ait défendu les travailleurs du secteur canadien de l’énergie et qu’il ait présenté plusieurs projets de loi d’initiative parlementaire pour venir en aide aux Albertains et à l'ensemble des Canadiens. Nous savons tous que la force de l’Alberta fait la force du Canada, et nous allons continuer de défendre les intérêts de notre province afin qu’elle soit traitée de façon équitable par le gouvernement canadien.
Avec votre permission, j’aimerais, pendant quelques minutes, vous faire part des réflexions suivantes.
En 2017, j’étais membre d’un caucus qui a voté en majorité contre la motion M-103 quand elle a été présentée à la Chambre. Même s’il était nuancé, c’était un vote d’opposition à la reconnaissance de l’islamophobie. J’avais tort et je présente aujourd’hui mes excuses. Je voudrais que, non seulement la communauté musulmane mais aussi toutes les communautés d’Edmonton, de l’Alberta et du Canada m’entendent quand je dis que oui, l’islamophobie existe. Elle existe dans nos collectivités, comme on l’a vu cette semaine à la mosquée Baitul Hadi, à Edmonton.
Depuis 2017, un grand nombre de personnes à qui j’ai parlé m’ont aidé à comprendre ce que ce vote signifiait pour leur communauté, notamment le sentiment d’exclusion qu’il contribuait à perpétuer. Il est indéniable que nos paroles et nos actions dans cette Chambre ont une incidence sur l'ensemble de la société. Loin de moi l’idée d’en tirer de la gloriole, mais je tiens à dire ici, dans l’édifice le plus important de notre pays, que je reconnais que l’islamophobie existe au Canada. L’attentat qui s’est produit à London est une attaque contre la communauté musulmane et contre les valeurs canadiennes.
Je veux que mes enfants entendent ce que je vais dire: quelles que soient les difficultés, ils vont avoir la possibilité de grandir et de s’épanouir. Je voulais prendre le temps de le dire, non seulement à mes propres enfants, mais à tous les enfants du Canada. Je veux qu’ils voient que les députés de tous les partis politiques condamnent tous ensemble ces actes, parce que nous appartenons tous au même pays et qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Je vais conclure en disant quelques mots sur un événement qui a bouleversé pratiquement tous les aspects de notre vie quotidienne. Les Canadiens ont subi de plein fouet les ravages économiques causés par la pandémie. Les dons aux organismes caritatifs ont chuté, et les Canadiens ont vu leurs revenus diminuer. Les organismes caritatifs jouent un rôle crucial dans la vie quotidienne des Canadiens.
Les organismes caritatifs dans le domaine de la santé viennent en aide à des gens atteints de diverses maladies, et ils le font en se fondant sur des recherches et des études cliniques. Or, la pandémie a compromis un grand nombre de programmes de recherche. Les travaux de recherche qui sont normalement financés par des dons à des organismes caritatifs risquent d’être interrompus, ce qui pourrait empêcher de faire des découvertes scientifiques importantes susceptibles d’améliorer considérablement la vie des Canadiens. Il faut absolument continuer de faire des dons à ces organismes caritatifs.
Je me réjouis que le budget s’attaque aux problèmes causés par la COVID‑19, mais nous devons agir très rapidement. Le budget propose de mener des consultations publiques avec les organismes caritatifs au cours des prochains mois. Toutefois, les conditions d’admissibilité n’ont pas encore été annoncées et les consultations viennent à peine de commencer, alors que de nombreux organismes caritatifs, de toutes tailles, réclament depuis le début de la pandémie des aides supplémentaires au gouvernement fédéral.
Il n’est pas sûr que les grands organismes caritatifs nationaux seront admissibles à ce fonds de relance. Les 400 millions de dollars qui y ont été affectés ne suffiront certainement pas à relancer le secteur caritatif. Le gouvernement doit nous présenter des critères d’admissibilité et un échéancier précis. Les organismes caritatifs et les Canadiens auxquels ils viennent en aide ont besoin d’argent maintenant.
J’ai eu l’honneur de travailler en étroite collaboration avec un certain nombre d’organismes caritatifs sanitaires au cours des derniers mois, et je peux témoigner personnellement de l’excellent travail qu’ils font dans nos collectivités et partout au Canada. Ce serait une catastrophe de devoir renoncer aux services inestimables qu’ils rendent et de ne plus avoir accès à des financements susceptibles de conduire à des avancées médicales importantes.