Madame la Présidente, aujourd'hui, la Chambre débat du projet de loi C-24, qui se divise en deux grands volets.
Premièrement, le projet de loi ferait augmenter le nombre maximal de semaines d'assurance-emploi offertes aux travailleurs. Pour les demandes présentées entre le 27 septembre 2020 et le 25 septembre 2021, la durée des prestations serait d'au plus 50 semaines, alors qu'aux termes de la loi adoptée plus tôt cet automne, elle est actuellement de 26 semaines. Essentiellement, cette mesure prolonge les programmes d'urgence offerts aux Canadiens, puisqu'il n'y a toujours pas d'emplois pour eux.
Deuxièmement, le projet de loi corrigerait la faille dans la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique que les libéraux ont créée et dont ont pu profiter certains vacanciers ayant voyagé hors du pays. Selon ce qui figurait dans la loi adoptée cet automne, les Canadiens pouvaient réclamer cette prestation pendant les semaines de quarantaine qu'ils devaient observer en revenant de vacances, ce qui n'est pas très éthique. L'opposition officielle avait attiré l'attention du public sur cette aberration en décembre et exigeait des changements dès le mois de janvier. Nous sommes pourtant rendus au troisième mois de 2021 et nous commençons à peine à débattre des changements à apporter à une loi datant de septembre 2020.
Les conservateurs appuient l'aide aux Canadiens dans le besoin et dont les emplois ont été perdus à cause des restrictions et des fermetures imposées par le gouvernement vu la pandémie. Toutefois, nous sommes déçus de voir que, dans le projet de loi et dans le discours du ministre, les libéraux échouent lamentablement une fois de plus à la tâche de présenter un plan de relance de l'économie canadienne axé sur les travailleurs et l'emploi après la pandémie. Il aurait vraiment été opportun de le faire aujourd'hui, étant donné que cette semaine, cela fait un an que l'Organisation mondiale de la santé a déclaré une pandémie mondiale, que les fermetures ont commencé au Canada et que la vie a changé du tout au tout pour nous tous.
Les statistiques sur le chômage des 12 derniers mois sont ahurissantes. Depuis la fin de la Prestation canadienne d'urgence, en septembre dernier, et la mise en œuvre de la nouvelle assurance-emploi et de la Prestation canadienne de la relance économique, plus de 3 millions de Canadiens ont eu accès à l'assurance-emploi, et à la mi-février, plus de 2,3 millions de Canadiens touchaient des prestations d'assurance-emploi. Plus de 1 million de Canadiens vivent de la Prestation canadienne de la relance économique depuis la fin du mois de septembre. Par conséquent, plus de 3 millions de Canadiens sont toujours sans emploi. Il est très important de ne pas oublier qu'il existe une disposition de caducité en ce qui concerne ces paiements directs, qui cesseront d'être versés aux Canadiens le 25 septembre, soit dans sept mois environ.
Je me pose donc les questions suivantes: qu'arrivera-t-il ensuite? Le gouvernement libéral laisse-t-il entendre que les Canadiens cesseront d'avoir besoin de son soutien d'ici la fin septembre? Y aura-t-il une période transitoire pour aider les Canadiens à retourner au travail ou le gouvernement prévoit-il mettre fin à l'aide fournie aux Canadiens et à leur famille dès septembre, sans offrir un moyen ou de l'aide pour qu'ils réintègrent le marché du travail? Le gouvernement a-t-il examiné ce que seront les répercussions sur les salaires et le marché de l'emploi lorsque 3 millions de Canadiens tenteront de réintégrer le marché du travail? Le discours de la ministre et le projet de loi à l'étude laissent bon nombre de questions sans réponse.
La fin des programmes d'aide gouvernementaux est prévue à la fin septembre, ce qui coïncide aussi avec le moment où tous les Canadiens qui le souhaitent seront vaccinés, selon la promesse libérale. Voici le problème: même si nous réussissons à atteindre l'objectif de vaccination d'ici l'échéance fixée, nous savons que les emplois ne reviendront pas miraculeusement du jour au lendemain. En fait, selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, entre 71 000 et 220 000 petites entreprises fermeront leurs portes définitivement, ce qui éliminera entre 1 et 3 millions d'emplois au Canada.
En 2020, 58 000 petites entreprises ont officiellement fermé. À la fin de cette pandémie, quel que soit le moment où elle se terminera, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante pense qu'une entreprise canadienne sur six, petite, moyenne ou grande, aura cessé ses activités. En Alberta, on estime qu'il s'agira d'une entreprise sur cinq. Pour les Canadiens qui ne sont pas sûrs de comprendre ce que cela signifie, je leur suggère de déambuler dans la rue, de regarder six commerces et d'en éliminer un, puis de répéter la même soustraction en continuant de marcher. Ce serait un véritable désastre pour l'économie et le Canada.
Au Canada, les données indiquent clairement que la pandémie n'a pas touché tous les segments de la population de la même manière. Par exemple, les hommes réintègrent plus rapidement la population active que les femmes. En fait, l'accès des femmes au marché du travail a reculé au niveau où il se trouvait il y a 30 ans. Je dois remonter avant ma naissance pour trouver une période où la situation des femmes était aussi précaire qu'en ce moment.
En ce qui concerne les nouveaux arrivants, certains se rappellent peut-être qu'à l'automne dernier, les libéraux avaient triomphalement promis d'accueillir plus de 401 000 nouveaux résidents permanents au pays cette année, soit davantage que pendant toute autre année auparavant. Les libéraux avaient fait valoir que l'intégration massive de ces nouveaux arrivants allait favoriser la reprise économique du pays, ce qui se tient. Néanmoins, les données qui viennent d'être rendues publiques indiquent que le Canada a perdu 4 % de ses résidents permanents l'année dernière. Ces personnes ont tout simplement fait leurs valises et ont quitté le Canada, peut-être pour de bon, en raison du manque de débouchés. Les Canadiens devraient savoir qu'en temps normal, le nombre de résidents permanents augmente de 3 % annuellement. Par conséquent, il s'agit en fait d'un recul de 7 %.
Les immigrants renoncent de plus en plus souvent au rêve canadien. Les femmes et les jeunes se retrouvent avec de moins en moins de possibilités. Il semblerait que le Canada ne soit désormais plus un lieu propice aux petits entrepreneurs. Nul besoin d'être économiste pour comprendre qu'il faudra probablement des années, voire une décennie ou plus, pour créer de nouvelles entreprises capables de remplacer celles que nous avons perdues.
Après un an, le seul plan que le gouvernement a établi à ce jour consiste à prolonger encore les aides d'urgence. Par conséquent, mon problème avec le projet de loi C-24, c'est qu'il ne s'agit pas d'un plan de relance de l'emploi. Ce n'est qu'une autre solution de fortune.
Le premier ministre a récemment promis à la Chambre des communes que le gouvernement créerait des possibilités, mais il n'a pas dit aux Canadiens exactement comment il s'y prendra, d'autant plus que les pays les plus développés sont engagés dans une course pour être parmi les premiers à se rétablir et à relancer leur économie. Une concurrence économique mondiale féroce est imminente.
Les États-Unis se sont engagés à vacciner toute leur population d'ici la fin du mois de mai. Le Royaume-Uni a déclaré qu'il serait entièrement rouvert d'ici le 21 juin grâce à ses stratégies de vaccination couronnées de succès. Il a fait cette promesse à ses citoyens. Pendant ce temps, la campagne de vaccination du Canada se classe aux alentours du 50e rang à l'échelle mondiale. Nous serons donc plus lents à nous rétablir de la pandémie. Nous risquons d'être laissés pour compte et d'être exclus de la reprise économique internationale après la COVID-19 et des emplois qui en découleront.
De surcroît, ce qui est très étrange, c'est que le Canada a dépensé davantage d'argent par habitant que tout autre pays du G7, et pourtant, c'est lui qui a le pire taux de chômage et, comme je l'ai dit, les pires résultats en matière de vaccination. Par ailleurs, c'est ici que la confiance des entreprises est la plus faible actuellement. Nous dépensons plus que les autres pays, mais nous avons de moins bons résultats, ce qui semble vraiment être la façon de faire du gouvernement libéral canadien ces temps-ci. Ce n'est pas de bon augure pour l'avenir. Cela ne donne pas non plus aux Canadiens l'assurance que le premier ministre et le gouvernement libéral ont les compétences nécessaires pour renverser la vapeur.
Je tiens aussi à aborder un autre point, au-delà des pertes d'emplois et du désastre économique, parce que les enjeux sont énormes et qu'il est crucial de faire ce qui s'impose.
Après un an d'isolement causé par des confinements et des restrictions, nous savons que la santé mentale des Canadiens a beaucoup souffert. Les gens souffrent énormément. Je parle régulièrement à mes concitoyens, et les gens commencent vraiment à pâtir. La souffrance est palpable dans ma circonscription, et je suis certaine qu'elle l'est aussi dans celle de tous les députés. Il est très difficile d'être privé des gens et des activités que l'on aime pendant un certain temps parce qu'on est isolé à l'intérieur, a fortiori pendant 12 mois.
Ce que je trouve le plus frustrant, c'est que le gouvernement libéral n'a offert aucune solution ni stratégie aux Canadiens pour sortir le pays de tout ceci. Nous prions tous pour que les vaccins soient livrés le plus tôt possible, mais le premier ministre a dit que la plupart des doses pourraient bien n'arriver qu'à la fin septembre. Il continue de faire cette promesse, mais septembre, c'est dans sept longs mois. De surcroît, et ce qui me choque en particulier, c'est que le gouvernement libéral ne s'est même pas engagé à rouvrir l'économie canadienne même si on réussit à vacciner 70 % des Canadiens, ce qui semblerait être la proportion nécessaire pour atteindre l'immunité collective. Pour dire les choses clairement, les libéraux n'ont toujours pas promis que si les Canadiens se font vacciner d'ici septembre, comme ils nous l'ont promis à plusieurs occasions, les choses reviendront à la normale. En fait, ils ont tout fait pour éviter de prendre cet engagement. Entretemps, d'autres pays présentent des plans, des promesses et des échéanciers à leurs citoyens.
Les Canadiens n'ont aucune indication pour savoir quand auront lieu un réel redressement économique et l'annulation de toutes les restrictions. Les Canadiens doivent prendre pleinement conscience qu'aucune promesse n'a été faite et qu'aucun engagement n'a été annoncé. À l'heure où je vous parle, les Canadiens ne voient pas le bout du tunnel et le gouvernement libéral a échoué à prendre cet engagement. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs.
Le gouvernement aurait déjà dû fournir un échéancier, des indicateurs ou des jalons pour déterminer quand nous pourrons reprendre une vie normale. Comme je l'ai dit, d'autres pays offrent ces points de repère à leur population pour la rassurer. Pourquoi les libéraux n'ont-ils pas réussi à garantir l'utilisation à grande échelle de tous les outils disponibles, par exemple les tests de dépistage rapide, les traitements et, bien sûr, les vaccins? Voilà déjà un an que nous entendons parler de tous ces outils; pourtant, ils ne sont toujours pas déployés à l'échelle du Canada. Je constate que le gouvernement libéral prend plaisir à blâmer les provinces, mais dans les faits c'est le gouvernement fédéral, le gouvernement libéral, qui devrait jouer son rôle de leader durant cette période de crise. Par conséquent, je n'accepte pas cette excuse. À mon avis, les libéraux auraient dû remuer ciel et terre pour que tous ces outils soient déjà couramment utilisés. Au contraire, les libéraux nous disent d'attendre patiemment pendant au moins sept mois encore.
Ce que je sais, c'est que les Canadiens ont besoin d'espoir. Je l'entends tous les jours. Ils ont besoin de savoir quand nous sortirons de cet enfer, et je n'utilise pas ce mot à la légère. C'est ce que vivent les gens en ce moment. L'espoir aidera les Canadiens. Il leur donnera la force de persévérer encore sept mois. Que Dieu nous aide si la pandémie persiste après cela. Nous avons besoin d'espoir, d'un plan, d'indicateurs et de communication. Or, nous n'avons rien de cela. Je ne saurais m'exprimer plus clairement. Les gens vivent des souffrances incommensurables. Dans quelques années, nous regarderons ces données et nous constaterons les effets dévastateurs de cette pandémie sur l'économie et la santé mentale des gens. Je ne suis pas la seule à le dire. Les experts en sciences sociales partout au pays le disent également.
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