Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi.
Comme nous le savons, nous sommes confrontés à quatre crises. La crise climatique, la crise des opioïdes, la crise des sans-abri et, bien sûr, la pandémie de la COVID-19, que nous combattons depuis plus d’un an. Un grand nombre de personnes vivent quotidiennement dans la peur de perdre leur emploi. Elles s'inquiètent de leur santé et de celle de leurs proches. Pendant ce temps, les Canadiens les plus fortunés se sont enrichis et les grandes sociétés ont augmenté leurs profits, mais le gouvernement libéral se montre toujours aussi réticent à leur faire payer leur juste part du coût de la pandémie. Nous savons que ce sont les Canadiens de la classe moyenne et les plus vulnérables qui en feront les frais. Le gouvernement finira par réduire les services parce qu’il n’aura pas eu le courage de faire payer leur juste part aux Canadiens les plus fortunés.
De leur côté, les conservateurs utilisent des tactiques dilatoires au sujet des aides consenties aux Canadiens. Dans ce budget, certains programmes mis en place pour les petites entreprises dans le cadre de la pandémie sont évidemment très importants. En tant que porte-parole du NPD pour les petites entreprises et le tourisme, je sais pertinemment, de par les contacts que j’ai avec eux, que les entrepreneurs ont encore besoin de la subvention salariale et de l’aide d’urgence pour le loyer commercial, entre autres. Nous nous réjouissons que le gouvernement prolonge ces programmes jusqu’à la fin de l’été, mais leur élimination progressive aura un impact sur ces entreprises, surtout celles du secteur du tourisme.
Un grand nombre d’entreprises qui dépendent du tourisme étranger ne verront probablement pas de touristes étrangers cette saison. Les touristes qui avaient l’intention de venir au Canada ont annulé leurs réservations, de sorte que ces entreprises voudraient pouvoir compter sur la subvention salariale et l’aide d’urgence pour le loyer commercial, qui sont pour elles une planche de salut. Les députés se souviendront que le NPD a beaucoup insisté pour que ces aides soient bonifiées. Au départ, la subvention salariale devait être de 10 % et nous avons fait pression sur le gouvernement pour qu’il la fasse passer à 75 %. L’aide urgence pour le loyer commercial était une idée du NPD, mais que le gouvernement l'a malheureusement transformée en programme axé sur les propriétaires bailleurs et moins sur les locataires.
Nous avons fait des pieds et des mains pour que ces programmes soient corrigés. Nous avions proposé de faire passer la subvention salariale à 75 % et nous voulions que le programme d'aide au loyer soit axé sur les locataires, ce que nous avons obtenu. Ces avantages sont absolument essentiels pour les entreprises touristiques et les petites entreprises qui devront traverser l’automne et le printemps prochain. Au comité, l’Association de l’industrie touristique du Canada et d’autres organisations de l’industrie touristique, comme l’Association touristique autochtone du Canada, nous ont dit qu’elles ont besoin de ces programmes si elles veulent survivre jusqu'au printemps.
Au fait, l’Association touristique autochtone du Canada a vu son budget de base réduit de 83 %. Au moment où nous en avions le plus besoin, l’Association a accordé plus de 15 millions de dollars de prêts à des entreprises dirigées par des autochtones, car elle entretient des relations étroites avec ses entreprises membres. Elle a sauvé plus de 1 900 entreprises autochtones employant plus de 40 000 personnes. Ce seront les entreprises les plus vulnérables au sortir de la pandémie.
J’encourage le gouvernement à repenser ses décisions et à essayer de sauver ces entreprises. Le temps presse. Elles ont besoin d’aide.
En ce qui concerne le prêt du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, nous avons été heureux de voir le gouvernement majorer les prêts consentis au cours de la deuxième vague, mais les entreprises disent que ce n’est pas suffisant. Elles ont traversé une troisième vague. Elles ont besoin de plus de fonds. Elles ont besoin d’aide et de liquidités pour passer l’été et au-delà. Le délai de remboursement du solde du prêt — la fin du prochain exercice — est absolument impossible à respecter pour presque toutes les petites entreprises si elles veulent bénéficier d'une radiation du tiers de ce prêt. Nous demandons au gouvernement de prolonger le délai de remboursement au moins jusqu’à la fin de 2025, afin que ces entreprises aient une chance de se remettre sur pied.
Le gouvernement ne cesse également de parler des frais imposés aux marchands par les sociétés émettrices de cartes de crédit. Nous savons que le gouvernement est de mèche avec les grandes banques, mais la réalité est que les petites entreprises sont constamment écrasées par les banques. Nous venons de voir les banques augmenter à nouveau leurs frais pour les consommateurs et les petites entreprises, alors qu’elles réalisent des bénéfices records. C’est totalement inacceptable pour les Canadiens. En Europe, en ce qui concerne les frais des commerçants et les frais d’interchange, ils paient 0,3 %. Actuellement, au Canada, le taux volontaire que les sociétés de cartes de crédit disent payer est de 1,4 %.
J’ai rencontré des représentants de Visa et de MasterCard. Ils m’ont dit que ce n’était pas vraiment leur faute, que ce sont les grandes banques qui fixent les taux pour les frais d'interchange. Nous savons que les grandes banques ont enregistré des bénéfices records. Pourquoi n’assument-elles pas leurs responsabilités en accordant un répit aux petites entreprises et aux consommateurs? Car nous savons que les frais des commerçants sont souvent répercutés sur les petites entreprises.
Les députés savent que je pourrais parler pendant des heures des petites entreprises. Il y a aussi les entreprises en démarrage. Les libéraux les ont complètement abandonnées, notamment celles créées après le mois de mars. Certaines avaient signé des baux des mois voire des années plus tôt, et elles ont continué de payer leurs employés et leur loyer pendant la pandémie. Elles ont des reçus pour tout ce qu’elles ont payé.
Le gouvernement a beaucoup d’outils à sa disposition et il pourrait se pencher sur les normes industrielles. Ces entreprises ont des baux et des frais à assumer. Les libéraux devraient fixer certains critères pour qu’on puisse les sauver, sinon on risque de perdre toute une génération d’entreprises. Dans toutes les circonscriptions du pays, on entend parler de gens qui ont été abandonnés par le gouvernement.
Comme les députés le savent, je suis également le porte-parole du NPD pour les pêches, les océans et la Garde côtière. Nous nous réjouissons que le gouvernement nous ait finalement écoutés. Les députés m’ont entendu réclamer avec force à la Chambre des communes que la ministre déclare un état d’urgence pour le saumon sauvage et que le budget prévoie des mesures de reconstitution des stocks de saumon sauvage.
Nous nous réjouissons que les libéraux affectent des sommes importantes à la reconstitution des stocks de saumon sauvage, mais nous ne connaissons toujours pas les détails. Ils nous ont présenté un cadre général pour la distribution de ces fonds, mais nous ne savons pas exactement comment ils vont les dépenser, et pourtant, le temps presse.
De plus, les libéraux n’ont pas pris d’engagement vis-à-vis de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, et nous avons besoin d’un secrétariat pour le saumon sauvage, de gouvernement à gouvernement, avec la province, les chefs et les communautés autochtones, les nations de la côte et le gouvernement fédéral, pour la cogestion de ces ressources. Nous savons ce que les libéraux entendent par « consultation ». Ils font comme si, et ensuite ils abandonnent les communautés et ne tiennent absolument pas compte de ce qu’elles leur ont dit.
Le gouvernement ne nous a pas non plus proposé de mesures sur les aides à la transition pour ceux qui travaillaient dans l’industrie de la salmoniculture. Nous espérons qu’il va tenir sa promesse de ne plus encourager l’élevage du saumon dans des enclos en filet et d’aider les employés, leurs familles et les collectivités où se trouvent ces exploitations. Le gouvernement a pris la bonne décision au sujet des îles Discovery, mais il ne nous a pas présenté de plan pour venir en aide aux employés. C’est pourtant ce que réclame le NPD, et c’est ce que je réclame. J’ai déposé un projet de loi pour passer des enclos en filet à des parcs clos, mais le gouvernement l’a abandonné. Je veux que le gouvernement prenne des mesures concrètes en ce sens.
Vendredi, cela faisait un an que Chantel Moore, membre de la Première Nation des Tla-o-qui-aht de ma circonscription, a été tuée par un agent de police du Nouveau-Brunswick, lors d’une vérification de son état de santé. Je vous invite à vous joindre à moi pour présenter nos condoléances à la famille de Chantel Moore ainsi qu’à la nation et au conseil tribal des Tla-o-qui-aht, qui réclament justice. Tous ensemble, nous devons nous assurer que personne d’autre ne subira le même sort que Chantel Moore pendant ce genre de vérification. Le Canada doit complètement réformer ses services de police.
Dans ce budget, les libéraux prévoient 100 millions de dollars pour la santé mentale. C’est loin d’être suffisant. Ils proposent 108 millions de dollars pour les services de police autochtones, ce qui est très loin du montant requis. Les policiers sont censés être là pour servir et protéger les résidants de nos communautés, mais le gouvernement fédéral a décidé de ne pas agir pour s’attaquer à la violence policière disproportionnée à l’endroit des Autochtones.
Je vais continuer, à l'instar de mes collègues néo-démocrates, à préconiser au Parlement la participation des Autochtones aux enquêtes sur la violence policière, à l’évaluation constante de la santé mentale des agents de police, au renforcement des processus de vérification relativement aux nouvelles recrues et à la formation interculturelle des forces policières dans toutes les couches de la société. Il faut apporter des changements à la loi régissant les services de police.
Je pourrais parler longuement de bien d’autres problèmes; de la crise des opioïdes, par exemple, comme je l’ai mentionné tout à l’heure, ou de l’économie bleue du gouvernement. Le fait est que cette stratégie est complètement biaisée et favorise l’industrie au lieu de faire ce qui s’impose, c’est-à-dire protéger nos océans. Nos océans sont mal en point en ce moment, surtout au moment où l'on assiste au réchauffement de la planète et des océans.