Monsieur le Président, les Canadiens attendent le budget depuis longtemps. Le dernier a été déposé en mars 2019. L’absence de budget en 2020 était un peu bizarre, mais nous voici avec le budget de 2021.
Il est essentiel d’avoir un budget bien planifié dans cet environnement pandémique, car c’est comme une boussole qui peut nous aider à trouver notre chemin dans le désert. Les Canadiens sont bouleversés par la pandémie. Ils veulent avoir l’assurance que le gouvernement a un plan pour les aider à progresser vers la relance. Des familles ont tragiquement perdu leurs parents et leurs grands-parents à cause d'éclosions de COVID-19 dans les foyers de soins. L’isolement social a exacerbé la violence conjugale et empêché des femmes de demander de l’aide ou de quitter leur partenaire violent. Des entreprises ont été anéanties. Des secteurs entiers ne tiennent plus qu’à un fil. Les dépendances et les suicides se sont multipliés. La COVID-19 a pris en otage nos vies, nos institutions et nos finances pendant suffisamment longtemps. Le traumatisme subi par les Canadiens pendant la pandémie est profond, et ils ont besoin d’espoir.
Notre pays a besoin d’un budget qui prévoit un plan de redressement, de création d’emplois et de croissance à long terme. Les Canadiens attendent un plan concret. Malheureusement, le budget de 2021 semble être du déjà vu, c'est-à-dire les mesures d’urgence initiales relatives à la COVID-19 qui avaient nécessité de nombreuses interventions des partis de l’opposition afin que plus qu’un nombre restreint de personnes soient admissibles aux mesures de soutien annoncées.
Même si le budget semble favorable dans certaines parties, lorsqu’on l’examine dans son ensemble, on constate qu'il manque de prévoyance et parfois de transparence et de clarté. Selon le rapport du 5 mai du directeur parlementaire du budget, une bonne partie des dépenses du plan de relance ne sera pas réellement utilisée pour stimuler l’économie, mais elle est présentée comme telle. En outre, les projections du gouvernement en matière de croissance sont gonflées. Environ 24,7 milliards de dollars de dépenses prévues dans l’énoncé économique de l’automne étaient déjà dans l’économie et prises en compte dans les chiffres présents au moment de la rédaction du budget, et une grande partie des 101,4 milliards de dollars des dépenses proposées dans le budget étaient déjà prises en compte dans les prévisions de croissance du secteur privé. Il semblerait que le gouvernement libéral ait voulu exagérer sa générosité.
De plus, l’augmentation des emplois, selon le directeur parlementaire du budget, passerait de 39 000 à 74 000, puis à 94 000 de 2021 à 2024, alors que, selon le budget 2021, la croissance de l’emploi découlant du plan de relance passerait de 315 000 à 334 000, puis à 280 000 au cours de cette période. Le rapport fait état de cette différence en disant: « L'évaluation des répercussions du plan de relance faite par Finances Canada surestime l’effet sur l'économie des dépenses de stimulation du budget de 2021. »
Pour ce qui est d’équilibrer le budget, c'est encore du déjà vu. Le directeur parlementaire du budget déclare:
[…] le gouvernement a décidé de stabiliser le ratio de la dette fédérale à un niveau plus élevé, ce qui pourrait avoir pour effet d’épuiser sa marge de manœuvre financière à moyen et long terme. Cela signifie que toute nouvelle dépense permanente importante entraînerait une augmentation du ratio de la dette fédérale au PIB ou devrait être financée par une augmentation des revenus ou une réduction des dépenses dans d’autres domaines.
Qui ou quoi allons-nous donc sacrifier à la prochaine crise? Nous disposerons de très peu de réserves.
Le directeur parlementaire du budget a également dit ceci: « Les projections à long terme présentées dans le budget montrent que le ratio de la dette fédérale restera au-dessus de son niveau d’avant la pandémie jusqu’en 2055 ». Autrement dit, le gouvernement ne prévoit pas de ramener les déficits au moins à leur niveau d'avant la pandémie.
Le gouvernement libéral ne s'est laissé aucune marge de manœuvre financière pour réaliser de futurs investissements et il n'a pas l'intention de se désendetter. Des dépenses déficitaires prolongées entraîneront une hausse de l'inflation. Nous le vivons déjà avec la hausse du prix de la nourriture, du bois d'œuvre, des logements et de l'essence. Quel genre d'avenir cela laisse-t-il à notre pays et à nos enfants? Il faut que le budget de 2021 soit réaliste en ce qui concerne l'avenir.
Les besoins sans précédent pendant la pandémie ont nécessité des dépenses de la part du gouvernement pour soutenir les particuliers, les familles et les entreprises pendant une période de crise temporaire. La pandémie est une crise temporaire. Nous la traversons encore, mais elle est censée être temporaire. Nous ne devons pas la rendre permanente par une mauvaise planification ou l’absence de planification. Le déficit ne se résorbera pas de lui-même.
En tant que parlementaires, nous devons écouter, analyser et traiter les besoins des Canadiens, et y répondre, avec la clairvoyance de visionnaires, la réflexion de ceux qui résolvent les problèmes et la concentration et l’intégrité des dirigeants consciencieux qui ont un plan et un objectif plus grands que nous. C’est ce que nos électeurs attendent de nous et méritent. Cependant, ce budget ressemble plutôt à un ensemble disparate de promesses imprévoyantes, réactionnaires et motivées par l’électorat, qui laisseront à notre pays une dette plus importante, plus de déficits et plus d’ingérence gouvernementale. Encore une fois, le budget laisse étrangement une impression de déjà vu.
Heureusement pour les libéraux, ils se sont tirés d’affaire comme ils le font depuis longtemps. Cependant, de façon tragique pour les Canadiens, le leadership myope et désordonné du gouvernement, qui se reflète également dans ce budget, a retardé la voie de la relance pour notre pays et a occasionné une plus grande détresse pour les entreprises et la santé mentale des Canadiens.
La vaccination était un élément clé d’une voie plus rapide vers la reprise, mais les mauvaises décisions en matière de vaccination ont retardé ce processus et ont provoqué la troisième vague de confinement. Dans le monde des affaires, cela s’est traduit par davantage de pertes et moins de réserves pour rebondir. Chaque vague et chaque confinement mettent à l’épreuve la patience des Canadiens raisonnables, qui ont fidèlement suivi les consignes de COVID 19 pour la sécurité de tous.
L’accord CanSino entre le gouvernement libéral et la société chinoise a été bloqué par le régime communiste chinois et a mis fin au premier achat de vaccins que le Canada aurait pu faire. Le processus s’est déroulé de mai à juillet de l’année dernière, alors que l’insolvabilité des entreprises atteignait un sommet et que les Canadiens étaient saisis par le choc et la peur. Au stade le plus vulnérable de notre crise, le premier ministre a mis en jeu la santé et le bien-être de notre nation en collaborant avec un régime communiste. Je serais curieuse de savoir pourquoi le premier ministre a fait passer ce risque avant la vie des Canadiens.
Étant donné les piètres résultats des libéraux pour ce qui est d’obtenir un approvisionnement rapide, le budget tient-il compte d’un espacement réaliste entre les vaccins? Étant donné l’étirement du délai idéal de trois semaines entre les doses que les Canadiens recevront, la possibilité d’une combinaison de vaccins pour ceux qui ont reçu une première dose d’AstraZeneca et la date qui reste à confirmer de la prochaine livraison des vaccins de Moderna pour la deuxième dose, quelle sera l’incidence sur l’efficacité du budget de la campagne vaccinale catastrophique du gouvernement?
Notre avenir est incertain parce que le gouvernement est imprévisible et qu’il suit commodément sa propre horloge électorale. Quelle incidence les problèmes d’efficacité éventuels, en dehors du succès de la vaccination qu’escompte le gouvernement, auront-ils sur l’efficacité du budget? Notre avenir est incertain parce que le gouvernement est imprévisible et qu’il suit le calendrier qui lui convient.
J’aimerais parler maintenant d’un des secteurs les plus durement touchés, celui des voyages et du tourisme, qui a été le premier à cesser ses activités et qui mettra probablement le plus de temps à repartir. En 2019, les recettes du tourisme s’élevaient à 22,3 milliards de dollars en Colombie-Britannique. Le secteur du tourisme y employait 149 900 personnes. Les hôtels de ma circonscription dépendent des retombées du tourisme florissant à Vancouver en général. Leur chiffre d’affaires reste en péril.
Un groupe de propriétaires d’entreprise coréens du centre-ville de Vancouver dont le gagne-pain dépend aussi du secteur du tourisme a contacté mon bureau pour me faire part de leurs difficultés. Il s’agit principalement de propriétaires de petits restaurants et de dépanneurs qui dépendent des saisons touristiques. Ils subissent le contrecoup de l’absence de passants, c’est-à-dire de touristes arrivés par les vols internationaux ou débarqués des navires de croisière.
À cause des loyers commerciaux élevés au centre-ville, ces commerces ne peuvent pas embaucher d'employés et ils sont tenus par le couple propriétaire. Ils ont également assez peu de dépenses professionnelles non reportables et n’atteignent pas le minimum de 40 000 $, ce qui fait qu’ils ne sont pas admissibles au Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Ils continuent de se démener sans recevoir d’aide. Leur redressement dépendra de la reprise du secteur des voyages et du tourisme, qui sera probablement le dernier à remonter la pente.
Où est le soutien aux petits magasins familiaux? Seront-ils encore laissés de côté? Que compte faire le gouvernement pour que ces propriétaires d’entreprise s’en sortent?
Le président des États-Unis a demandé aux navires de croisière américains de ne pas faire escale à Vancouver parce que le premier ministre continue de ne montrer aucun signe de réouverture raisonnable et sécuritaire. Les agents de voyage indépendants de Port Moody-Coquitlam et de tout le Canada sont inquiets et se sentent oubliés. Ils ont continué de travailler pendant les annulations sans être payés et en perdant leurs commissions, sujet qui commence seulement à être tiré au clair. Parallèlement, s’ils devaient commencer à prendre des réservations pour des clients, ils ne toucheraient pas de commissions avant longtemps.
Il s’agit la plupart du temps de femmes. Les agents de voyage ont seulement droit à la Prestation canadienne de la relance économique. Le secteur du tourisme ne prévoit pas que la plupart des gens fassent des projets de voyage avant 2022-2023, même si les restrictions sont levées. Le revenu des agents en souffrira beaucoup. Ils ont besoin d’une aide sectorielle pour tenir jusqu’à ce que l’activité reprenne dans le secteur des voyages et du tourisme, ce qui dépend de l’efficacité des vaccins et d’une réouverture sécuritaire.
En règle générale, les propriétaires d’entreprise ne veulent pas dépendre d’une aide publique à long terme. Ils veulent réussir en comptant sur leur excellence entrepreneuriale et en travaillant d’arrache-pied. Ce qu’ils souhaitent vraiment, c’est que le gouvernement mette en œuvre un plan de réouverture sécuritaire. C’est cela qui leur permettra de prospérer et de créer des emplois.
Ils ne supporteront pas une autre fermeture. Des Canadiens partent rouvrir leur entreprise aux États-Unis parce que nous tardons tellement à reprendre nos activités. C’est ce que vient de faire un de mes concitoyens de Port Moody.
Les Canadiens attendent un plan de réouverture. Où est-il? Ils attendent que nous leur donnions de l’espoir et que nous tracions la voie d’un avenir durable. J’espère que nous y parviendrons.