Monsieur le Président, c'est un véritable privilège de prendre la parole au nom des gens que je représente dans Barrie—Innisfil.
Le Canada connaît en ce moment une véritable révolte au sujet de la taxe sur le carbone. La motion d'aujourd'hui représente des gens de partout au pays qui réclament l'annulation de la hausse de 23 % de la taxe sur le carbone qui est prévue le 1er avril.
Je sais que le Président vient de la Nouvelle‑Écosse et qu'il a appris aujourd'hui que l'Assemblée législative de la Nouvelle‑Écosse a adopté à l'unanimité une motion visant à annuler la hausse de la taxe sur le carbone prévue le 1er avril. Par ailleurs, 70 % des premiers ministres provinciaux du pays demandent la même chose, tout comme 70 % des Canadiens. Hier, à l'Assemblée législative de l'Ontario, la cheffe du Parti libéral a pris la parole pour demander au gouvernement fédéral d'éliminer la hausse de taxe de 23 % prévue le 1er avril.
C'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui. En tant que député de Barrie—Innisfil, je communique régulièrement avec des résidants de ma circonscription. Je sais que de nombreux députés utilisent les outils à leur disposition pour communiquer avec leurs concitoyens; chaque fois que nous envoyons des dépliants par la poste, nous posons une question.
Nous posons cette question pour avoir une idée de ce que nos concitoyens pensent de certains enjeux dont nous débattons au pays. Récemment, j'ai envoyé un dépliant aux gens de ma circonscription. Ce dont je vais parler ne représente qu'une petite partie des réponses que j'ai reçues.
Ces réponses étaient éloquentes. Elles décrivent la situation que vivent mes concitoyens en ce moment, non seulement à cause de la taxe sur le carbone, mais aussi à cause de la crise de l'abordabilité et de l'inflation, de même que celle de l'augmentation des taux d'intérêt. Ces crises ont eu de graves répercussions sur mes concitoyens et sur les Canadiens des quatre coins du pays, et pas seulement sur les personnes elles-mêmes, mais aussi sur les entreprises.
Dans certaines de ces réponses, 81 % des personnes qui m’ont répondu ont dit vouloir que la taxe sur le carbone soit abolie. Je ne leur ai pas posé une question piège, mais une question très simple et très succincte: « Appuyez-vous la taxe sur le carbone? » Or, 81 % des résidants de ma circonscription ont répondu par la négative. Je reconnais toutefois que certains étaient en faveur de la taxe sur le carbone, et c’est très bien ainsi. Néanmoins, les réponses que j'ai obtenues correspondent à ce que je vois d'un bout à l'autre du pays, c'est-à-dire que 70 % des Canadiens veulent que la taxe sur le carbone soit abolie.
Je vais citer quelques résidants de ma circonscription. Je me fais leur porte-voix. Je prends la parole à la Chambre pour représenter les gens de Barrie—Innisfil, qui m'ont élu en 2015.
« Nous sommes âgés de 80 et 81 ans. Nous n'avons pas les moyens de payer les taxes qui nous sont imposées », disent Lyle et Phyllis de Barrie.
« Chaque mois, la taxe sur le carbone représente en moyenne 59 $ de ma facture de gaz seulement. Pour une année, cela représente 708 $ pour la facture de gaz seulement, sans parler du coût de l'épicerie qui a augmenté. Nous n'arrivons pas à économiser. Avec cette petite portion des taxes payées (oui, notre argent) qu'on me rembourse quatre fois par année, le premier ministre agit comme s'il me faisait une faveur. Cette mesure ne fait pas la moindre différence par rapport à l'augmentation de tous les coûts », dit Lulu d'Innisfil.
« Je vous écris cette courte note pour vous dire que je M'OPPOSE à la hausse de la taxe sur le carbone s'appliquant à l'essence qui est prévue le 1er avril. En tant que retraité, j'ai de la difficulté à composer avec toutes les hausses de taxes, du prix des aliments, des factures de services publics, etc. Ma pension augmente seulement [...] de 2 % par année », dit Mark de Barrie. La taxe sur le carbone augmentera de 23 % le 1er avril.
« La population en général ne peut pas assumer d'autres taxes en ce moment », dit Jennifer d'Innisfil.
« Cette mesure contribue de façon importante à l'inflation, laquelle nous devons contrôler de toute urgence », dit Alexander d'Innisfil.
« Je ne crois pas que ce soit un moyen efficace d'encourager la réduction de la consommation de carburant », dit Todd de Lefroy.
« Il faudrait l'annuler parce que la vie coûte déjà très cher », a dit Nora, de Barrie.
Voilà l'essentiel de la question dont nous discutons aujourd'hui.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, la crise de l'abordabilité et de l'inflation qui sévit actuellement dans notre pays a des répercussions réelles sur les gens. Ajoutons à cela les hausses de taux d'intérêt et les prêts hypothécaires qui doivent être renouvelés. Faut-il s'étonner qu'il y ait une révolte contre la taxe sur le carbone non seulement à l'échelle locale, mais aussi parmi les premiers ministres provinciaux du pays? C'est parce qu'ils sont sur le terrain. Il est facile pour nous de rester dans notre bulle ici, à Ottawa, et de ne pas reconnaître les répercussions que la taxe a sur les Canadiens.
Je suis certain que les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes et d'autres députés entendent, tout comme moi, leurs concitoyens parler du facteur de l'abordabilité. Tout ce que nous demandons, c'est de donner un répit aux gens en n'augmentant pas la taxe sur le carbone de 23 % le 1 er avril. Cela ne s'arrêtera pas là. La taxe quadruplera d'ici 2035. Elle sera quatre fois plus élevée qu'elle ne l'est actuellement. Les gens n'ont déjà pas les moyens de payer la taxe maintenant. Comment auront-ils les moyens de la payer quand il y aura cette hausse?
Évidemment, le gouvernement soutient que cette mesure n'a aucune incidence sur les recettes. Or, si on ne prend pas l'argent des gens, on n'aura pas à le leur remettre. En fait, selon le directeur parlementaire du budget, les gens ne récupèrent pas ce qu’ils paient en taxe sur le carbone.
Les libéraux peuvent argumenter tant qu'ils veulent à la Chambre. Comme l'a dit un jour l'ex-ministre de l’Environnement dans un bar à Terre-Neuve, lorsqu'on parle plus fort et plus longtemps, les gens finissent par croire ce qui est dit. C'est tout bonnement de la propagande.
Cependant, les faits sont devant nous, présentés par le directeur parlementaire du budget. Dans la province d’où je viens, l’Ontario, en 2023-2024, le coût de la taxe sera de 1 363 $. Le remboursement sera de 885 $. Autrement dit, selon le directeur parlementaire du budget, on débourse plus en payant la taxe sur le carbone que ce que l'on récupère en remboursement. Dans d'autres provinces, par exemple à Terre-Neuve-et-Labrador, c'est 1 281 $. On récupère 934 $. En Alberta, on paie 2 466 $ de taxe sur le carbone, en tenant compte du coût brut financier et économique; le remboursement que l'on obtient s'élève à 1 756 $.
Si on ne peut pas se fier au directeur parlementaire du budget et aux données qu'il fournit aux parlementaires, quelle est la raison d'être de sa fonction? À mon avis, les données du directeur parlementaire du budget et les données anecdotiques que les habitants de ma circonscription font remonter jusqu'à moi montrent sans ambiguïté que les habitants de ma circonscription n'ont pas les moyens de payer cette taxe sur le carbone. Ils n'ont pas les moyens de payer cette augmentation.
J'aimerais parler une minute des frais d'exploitation des entreprises. Comme nous l'avons dit maintes fois en cet endroit, lorsqu'on taxe les grossistes, les producteurs et les transporteurs, ce sont les consommateurs qui finissent par en payer le prix à l'épicerie. Soit dit en passant, les épiceries doivent payer pour chauffer et réfrigérer leurs installations. Au bout du compte, c'est le consommateur qui écope. Lorsqu'on taxe les fournisseurs, c'est l'entreprise cliente qui en paie le prix.
Hier, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a publié sur son site Web un document qui réaffirme ceci à ses membres: « Taxe carbone : augmentation colossale de 23 % le 1er avril! Cela veut dire qu’elle s’élèvera à 17,6 cents par litre d’essence! » On y discute entre autres du fait que le gouvernement fédéral avait promis de remettre la taxe sur le carbone aux entreprises. À l'échelle nationale, le gouvernement doit 2,5 milliards de dollars aux entreprises. Dans la province de l'Ontario, il doit 2 637 $ de remboursement par entreprise. Pourtant il garde toujours cet argent. Les PME sont toujours touchées par la hausse des coûts des fournisseurs que j'ai mentionnée plus tôt.
Je suis ici pour représenter les gens de Barrie—Innisfil, qui sont aux prises avec une énorme crise de l'abordabilité. Je parle d'aînés, de mères monoparentales et de personnes qui essaient de conserver leur logement; il n'y a pas que la taxe sur le carbone qui leur cause des problèmes, mais de nombreux facteurs. Tout ce que nous demandons aujourd'hui pour les gens de Barrie—Innisfil et de l'ensemble du Canada, alors que la révolte contre la taxe sur le carbone gronde, c'est d'abolir la taxe et de contribuer à rendre la vie des Canadiens plus abordable.