Madame la Présidente, je tiens d’abord à dire que je suis d’accord avec le député de Timmins—Baie James. Nous parlons du battage partisan des conservateurs. Comme je l’ai dit dans la question que je lui ai posée, ce n’est que du théâtre de la part des conservateurs pour motiver leur base et recueillir des fonds. C’est tout, et ce n’est rien de plus.
Les conservateurs parlent de tenir un vote de confiance ce soir. Nous avons 11 votes de confiance ce soir. Nous votons sur le budget des dépenses; ce sont tous des votes de confiance. Ils préfèrent jouer le jeu, enfiler les chandails ridicules qu’ils ont reçus l’autre jour à la réunion de leur caucus, sortir dans l’antichambre, se filmer en mode égoportrait et dire à tout le monde qu’ils s’apprêtent à faire tomber le gouvernement. Ils demanderont ensuite à leurs partisans de leur faire des dons de 20 $ pour que le gouvernement soit renversé. Ensuite, bien sûr, leur initiative tombera à plat. Il ne se passera rien, et le chef de l’opposition sera présent à son activité de financement ce soir.
J'ai trouvé cela très intéressant. J'ai écouté le discours du chef de l’opposition aujourd'hui, et j'ai entendu ce qu'il avait à dire. Je l'ai entendu parler de manchettes. Il a oublié de mentionner quelques manchettes pendant son discours, notamment celle qui dit que « des lobbyistes de grandes sociétés affluent aux activités de financement [du chef de l'opposition] donnant un accès privilégié. » Les députés doivent écouter ceci: « Le chef conservateur[...] s'en est pris » — et nous en avons encore la mémoire fraîche — « aux “lobbyistes du secteur privé” du Canada dans un discours prononcé il y a une semaine devant la Chambre de commerce de Vancouver, disant que [les lobbyistes] étaient “totalement inutiles” et que, sous un gouvernement conservateur, ils n'“écriraient plus de politique [...] en s'attendant à ce qu'elle soit mise en œuvre”. »
Cependant, l'article se poursuit ainsi:
Pourtant, au cours des dernières semaines et des derniers mois, son parti leur a ouvert grand les portes. [Le chef de l'opposition] a côtoyé plus d'une centaine de lobbyistes actifs ou récents lors de dizaines d'activités de financement depuis qu'il est devenu chef en 2022 [...] Les lobbyistes des pétrolières et des sociétés d'exploitation des ressources naturelles, des grandes banques, des entreprises de télécommunications, des grands détaillants et des investisseurs immobiliers ont payé pour participer à des activités de financement privées donnant un accès privilégié [au chef de l'opposition].
Nous avons un individu qui, d’une part, se présente devant la chambre de commerce de Vancouver et déclare: « Les lobbyistes sont totalement inutiles. Je ne les écouterai jamais. » Par la suite, nous découvrons au moyen d’une demande d’accès à l’information ou par l'entremise de la liste des donateurs que les participants aux collectes de fonds qu’il organise sont tous des lobbyistes. Toutes ces déclarations baignent dans l’hypocrisie.
Il y a un autre article qu’il a oublié de mentionner, un article plus récent. En fait, il a été publié ce matin dans le Globe and Mail. On peut y lire que Jenni Byrne, la directrice de campagne du chef de l’opposition, a créé une deuxième firme de lobbying à partir du même bureau. Les députés devraient écouter cet extrait:
Le lundi suivant la victoire du chef de l’opposition le 10 septembre 2022, le président et le premier vice-président de la firme Jenni Byrne + Associates ont incorporé la firme Forecheck Strategies. De nombreux employés de la firme de Mme Byrne exercent également des activités de lobbying auprès du gouvernement fédéral au nom de Forecheck.
Les clients qui ont réservé des réunions sur le site Web [de la nouvelle firme] ont été redirigés vers le système de réservation de Jenni Byrne + Associates. Après que le Globe and Mail ait demandé des informations sur le lien entre les deux entreprises, la fonction de réservation de même que la photo de Mme Byrne qui apparaissait sur le site Web ont été supprimées.
Madame la Présidente, voyons un peu. Nous avons soulevé l’hypocrisie quant à Jenni Byrne, qui, il y a quelques mois à peine, avait encore le statut de lobbyiste active. Elle en était d'ailleurs consciente et les conservateurs aussi. Le lendemain du jour où il est devenu chef du parti, elle a créé une nouvelle société de lobbying. Elle a pris ses distances avec celle-ci, ou du moins, elle a essayé de le faire, mais les visiteurs sur ce nouveau site Web ont vu exactement les mêmes coordonnées que celles de Jenni Byrne + Associates. Cela nous prouve non seulement qu'ils savaient que ce qu’ils faisaient était répréhensible, mais qu’ils ont essayé activement d’éviter de se faire prendre. Malheureusement, du moins pour eux, ils se sont fait prendre quand même.
Voilà ce que nous voyons ici. Le chef de l’opposition n’est pas différent de Donald Trump aux États-Unis. Il se présente à ses rassemblements, saisit le micro et dit à la foule ce qu’elle veut entendre. Il jette les lobbyistes aux lions et dit qu’ils sont les pires êtres humains qui soient. Puis, il fait volte-face, comme Donald Trump le ferait, et tend la main pour recevoir de l’argent de leur part.
Lorsque le chef de l’opposition ou n’importe quel député dit « Oh, nous n’avons rien à voir avec les républicains MAGA des États-Unis », je dis que c’est de la foutaise. C’est tout à fait faux. Il est exactement comme Donald Trump. Il emploie exactement les mêmes tactiques, reçoit le même argent et l’utilise exactement comme Donald Trump le ferait.
Je trouve fascinant que la motion d’aujourd’hui soit une motion de confiance visant à déclencher des élections sur un sujet sur lequel ils ont fait campagne. En 2021, ils ont fait campagne sur la tarification de la pollution. Nous leur avons littéralement livré ce qu’ils souhaitaient, et maintenant ils disent qu’ils doivent déclencher des élections sur ce sujet parce qu’ils pensent que ce n’était pas une bonne idée. C’est ce à quoi nous avons affaire de leur part. C’est absolument ridicule et insensé. Ils ne peuvent même pas être cohérents sur quoi que ce soit. C’est parce qu’ils nient les changements climatiques. Comme l’ont dit de nombreux députés du Bloc, du NPD et du Parti libéral, ils nient les changements climatiques. Ils nient qu’il s’agit d’un problème auquel nous devons faire face. Ils en nient la réalité.
J’ai trouvé très intéressant d'entendre le député de South Shore—St. Margarets déclaré avec passion, en posant une question au secrétaire parlementaire de la leader du gouvernement à la Chambre des communes, qu’il était progressiste-conservateur, qu'il l'avait toujours été, et se révolter d'entendre qu’il n’appartenait pas à cet ancien parti, l’ancien Parti progressiste-conservateur. Je suis triste pour lui. Je dirais au député de South Shore—St. Margarets qu’il n’a pas abandonné le Parti conservateur, c’est le Parti conservateur qui l’a abandonné.
C’est vrai. Prenons Flora MacDonald, la dernière conservatrice à avoir été élue dans la circonscription de Kingston et les îles, en 1984. Flora MacDonald a ensuite été la première femme à se porter candidate à la direction d’un parti national. Elle a travaillé aux côtés de personnes comme Brian Mulroney. C’étaient des progressistes-conservateurs qui se souciaient de l’environnement. Ils ont réuni des pays du monde entier et leur ont dit: « Écoutez, il y a un problème avec la couche d’ozone. Nous devons le résoudre et nous devons travailler ensemble. » Ils ne se sont pas contentés de protéger l’environnement canadien; ils ont été des chefs de file à l’échelle mondiale lorsqu’il s’est agi de protéger la couche d’ozone dans les années 1990.
En ce qui concerne les pluies acides, George Bush père ne voulait rien faire. C’est Brian Mulroney qui l’a poussé et qui a maintenu la pression sur les Américains en leur disant que nous devions faire quelque chose au sujet des pluies acides. C’est lui qui les a finalement convaincus de s’asseoir et d'en arriver à un accord sur des solutions pour freiner les pluies acides sur le continent.
C’étaient des progressistes-conservateurs. Ce sont les conservateurs dont le député de South Shore—St. Margarets se souvient. Malheureusement, son parti n’a plus rien à voir avec le Parti progressiste-conservateur. Des gens comme Flora MacDonald, Kim Campbell, Joe Clark et Brian Mulroney étaient des chefs de file en matière d’environnement. Le Parti conservateur actuel ne s’y intéresse absolument pas.
Sortons un instant du Canada et regardons ce qui se passe dans le monde. Nous constatons que des systèmes de tarification de la pollution sont en place, sous une forme ou une autre, dans le monde entier. Le chef de l’opposition tente de laisser entendre que la tarification du carbone existe exclusivement au Canada. Je lui répondrai que tous les pays ont instauré un système de tarification de la pollution, sous une forme ou une autre. Nous entendons souvent dire que les États-Unis n’ont pas un tel système. Ils en ont un puisque de nombreux États participent à un régime de plafonnement et d’échange. C’est ce que l’on appelle la Western Climate Initiative.
Au début des années 2000, les ministres de l’Environnement de provinces comme le Québec et l’Ontario sont allés négocier avec la Californie et d’autres États américains pour instaurer un régime de plafonnement et d’échange. Ce système n’est qu’une autre forme de tarification de la pollution. Lorsque les conservateurs interviennent pour laisser entendre que nous sommes le seul pays à fixer un prix sur la pollution, ils ont carrément tort.
L’hypocrisie ne s’arrête même pas là. Il y a des députés conservateurs ici présents qui ont non seulement fait campagne sur la tarification de la pollution, comme j’en ai déjà parlé, mais qui ont même contribué à sa mise en œuvre au pays. Le député de Pitt Meadows—Maple Ridge siégeait à l’Assemblée législative de la Colombie‑Britannique lorsque celle-ci a introduit la tarification de la pollution. Deux députés, le député de Louis‑Saint‑Laurent et un autre siégeaient à l’Assemblée nationale du Québec lorsque celle-ci a adopté à l’unanimité la tarification de la pollution. Le député de Louis‑Saint‑Laurent était le chef de son parti à ce moment-là. Ça ne s’invente pas.
Maintenant, ils reviennent ici et parlent comme s’il s’agissait d’un concept étrange, et ils disent qu’ils ne pourront jamais comprendre comment quelqu’un pourrait être intéressé par la tarification de la pollution. Compte tenu de leurs antécédents, j’aurais honte d’être à leur place, de me lever pour poser des questions ou même d'aller jusqu'à voter sur des questions liées à ce dossier, alors qu’ils ont carrément fait volte-face par rapport à leur position antérieure.
Malgré tout ce qu’ils en diront, nous savons que la tarification de la pollution fonctionne. Plus important encore, 8 Canadiens sur 10 récupèrent plus d'argent que ce qu’ils paient. C’est le Jour de la marmotte, comme l’ont dit les députés néo-démocrates. Je me souviens d'avoir parlé de ce sujet il y a deux jours à peine, et je vais rappeler à la Chambre ce que j’ai dit. J'habite en Ontario. Je m'approvisionne en gaz naturel auprès d'Enbridge pour chauffer ma maison. Juste avant la pause, il y a trois semaines, alors que nous discutions de la tarification de la pollution, j’ai regardé toutes mes factures depuis 2023. J’ai calculé que le montant total que j'ai payé pour la tarification de la pollution, la taxe sur le carbone, s’élevait à 379,93 $ par année pour ma maison.
Je conduis une voiture électrique, et ma femme, une voiture hybride rechargeable, mais il serait injuste que je m’arrête là. Supposons que je conduise également un véhicule à essence. Un tel véhicule consomme en moyenne 1 667 litres d’essence par année. En 2023, année pour laquelle je fais mes calculs, j’aurais payé 238,55 $ de plus pour cette voiture. Si ma femme et moi conduisions tous deux des voitures à essence, et si j’ajoutais le chauffage dont j’ai déjà parlé, mon ménage aurait dépensé 855 $ pour les deux facteurs qui contribuent le plus au prix que les gens paient pour la pollution.
Je ne me fie pas à ce que me dit le gouvernement ou à ce qui est publié sur un site Web. J’ai consulté mon relevé bancaire pour voir ce qui a été déposé dans mon compte. Lorsque j’ai combiné les quatre versements reçus en guise de remboursement, j’ai récupéré 885 $. Dans ce scénario, j’en sors toujours gagnant, tout bien considéré.
Lorsque les conservateurs affirment que la grande majorité des Canadiens ne récupèrent pas cette taxe, ils ont tout à fait tort. En fait, 94 % des ménages dont les revenus sont inférieurs à 50 000 $ ont reçu des remises supérieures au coût de la taxe sur le carbone en 2023. Je n’ai même pas besoin de croire qui que ce soit, je sais simplement que j’en ai bénéficié. J’en sors gagnant. Par conséquent, lorsque je lis des statistiques qui montrent que 94 % des ménages dont les revenus sont inférieurs à 50 000 $ reçoivent une remise plus importante, il m’est très facile d’y croire, étant donné que j’en ai moi-même fait l'expérience.
Seuls 55 % environ des ménages dont les revenus sont supérieurs à 250 000 $ récupèrent plus d’argent qu’ils n’en paient. Si on examine qui sont ces deux Canadiens sur dix — t les députés peuvent poser des questions et en débattre —, on constate qu'il s’agit de personnes qui vivent probablement dans de grandes maisons, qui ont plusieurs véhicules et probablement des jouets qui consomment beaucoup d’essence ou de combustibles fossiles.
Les conservateurs se soucient-ils de la majorité qui représente huit Canadiens sur dix? Non, ils ne s’en soucient pas. Ils ne se soucient que du groupe qui représente deux Canadiens sur dix. C’est la raison pour laquelle ils continuent de tenir un discours erroné, basé sur de la mésinformation, qui concerne en particulier la majorité, soit huit Canadiens sur dix. Les conservateurs aimeraient duper nos concitoyens et leur faire croire leur discours erroné afin que les Canadiens privilégiés, qui représentent deux personnes sur dix, puissent en profiter davantage.
Je conclurai par quelques citations. L’une d’entre elles, que j’ai trouvée très intéressante, a été diffusée récemment sur les ondes de Radio-Canada. Le journaliste a demandé au titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal, M. Pierre-Olivier Pineau: « Lorsqu’on entend [le chef de l’opposition] dire que la tarification du carbone alourdit le fardeau des contribuables, alors que cette semaine nous avons aussi entendu [le ministre de l’Environnement] répliquer que 80 % des Canadiens récupèrent davantage qu’ils ne paient, qui dit vrai? » Je comprends que les gens veuillent le savoir.
Voici ce qu'a répondu le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC: « C’est [le ministre de l’Environnement] qui dit la vérité, et [le chef de l’opposition] est de très mauvaise mauvaise foi quand il dit que la tarification du carbone alourdit le fardeau des contribuables. En fait, dans les provinces où la tarification fédérale du carbone s’applique, le gouvernement fédéral envoie des chèques à tous les ménages, mesure qui bénéficie à la majorité des Canadiens. Donc, si le plan [du chef de l’opposition] était mis en œuvre, un grand nombre de ménages ne recevraient plus ces chèques, ce qui les appauvrirait, contrairement à ce que prétend le chef conservateur. Il joue vraiment sur les perceptions parce qu'il est vrai qu’à la pompe, il y a un coût supplémentaire, mais pour le portefeuille des contribuables, cette mesure est avantageuse. »
Ce sont des experts qui le disent. Ce sont ces gens qui contredisent quotidiennement les conservateurs et qui essaient d’informer la population de ce qui se passe vraiment, de la réalité de ces situations. Les conservateurs peuvent continuer de dénigrer ad nauseam la tarification de la pollution, mais en réalité, plus de gens en tirent un avantage net.
Que veulent vraiment faire les conservateurs? Que veulent-ils vraiment éliminer? Les conservateurs veulent abolir le remboursement. Ils veulent abolir les mesures que nous avons prises pour aider les Canadiens à surmonter les effets des changements climatiques et pour les aider à faire face à la réalité selon laquelle, lorsque nous tarifons la pollution, nous imposons un prix sur un produit nuisible.
Nous payons tous des impôts fonciers pour que des vidangeurs emportent nos ordures ménagères. Nous le faisons tous sans sourciller parce que nous acceptons l'idée que nos déchets doivent nécessairement être envoyés dans un site d'enfouissement ou être éliminés d’une façon ou d’une autre. La même logique s’applique au carbone qui est rejeté dans l’atmosphère et qui y restera pendant des générations et aura des répercussions sur les générations à venir.
La tarification du carbone fera exactement ce que fait la tarification des déchets, c’est-à-dire qu’elle incitera les gens à faire des choix différents, à recycler davantage, à mettre moins de déchets à la poubelle et à trouver des stratégies et des idées pour réduire les incidences de la production de déchets. Ce qui est bien, c’est qu’au cours du processus, lorsque les gens commenceront à faire ces choix et à faire ces transitions, ils se retrouveront encore plus avantagés pour ce qui est du montant d’argent qu’ils récupéreront.
Je ne voterai certainement pas pour la motion de l’opposition aujourd’hui. Je suis très heureux d’entendre tous mes collègues des autres partis politiques dire qu'ils feront comme moi. C’est drôlement agréable de travailler avec des adultes de temps à autre. Il y a des adultes ici, mais pas du côté des conservateurs. Il y a quelques minutes, j’ai entendu un député conservateur qui voulait savoir ce que le NPD a fait. Le NPD a fait davantage dans la courte période pendant laquelle il a collaboré avec le gouvernement que les conservateurs n’en ont fait depuis plus de huit ans que je siège aux Communes. La seule chose que les conservateurs savent faire, c’est se plaindre de tout.
Enfin, il y a des adultes dans la place. Les néo-démocrates ne sont peut-être pas nombreux, mais leur impact est de loin supérieur à celui des conservateurs. Les néo-démocrates ont réussi à faire des choses. Ils ont réussi à faire avancer leurs initiatives. Ils comprennent comment fonctionne un gouvernement minoritaire. Ils savent que, ultimement, notre travail est d'agir au nom des Canadiens et d'améliorer leur sort, pas de s'époumoner et de crier pour accuser le premier ministre de tout et son contraire.