Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi C‑29, qui vise à constituer un conseil national de réconciliation.
Évidemment, c'est sous le gouvernement conservateur précédent qu'on a lancé la Commission de vérité et réconciliation et pris d'autres mesures pour améliorer les perspectives et les conditions de vie des Autochtones du pays, en particulier les jeunes Autochtones, le groupe de jeunes personnes qui croît le plus rapidement au Canada.
Malheureusement, il faut reconnaître que les libéraux ont beaucoup trop tardé à présenter ce projet de loi, étant donné qu'ils sont au pouvoir depuis sept ans et que le premier ministre affirme qu'il n'y a pas de relation plus importante pour lui que celle que nous entretenons avec les peuples autochtones.
C'est pour cela que les conservateurs ont réclamé un amendement pour que ce soit au premier ministre de fournir une réponse au rapport annuel du conseil national, conformément à l'appel à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, car, à l'origine, le projet de loi proposé par les libéraux déléguait cette responsabilité à un ministre.
Ce n'est qu'un exemple parmi les 19 amendements substantiels que les conservateurs ont proposés pour améliorer le projet de loi afin de respecter les principes de transparence et d'indépendance, d'accroître la reddition de comptes, d'accélérer la présentation des réponses du gouvernement et, plus important encore, de prévoir des objectifs et des résultats concrets et mesurables.
Il est crucial de veiller à ce que les intentions louables et les discours bienveillants se traduisent pas des gestes concrets et de meilleurs résultats. Le fait que tous les partis aient appuyé 16 des 19 amendements proposés par les conservateurs est un signe de bonne foi et de volonté à collaborer en vue d'atteindre des objectifs communs.
Je suis fière de représenter les neuf communautés autochtones de Lakeland, tout comme je suis fière de représenter les Canadiens des 52 localités qui se trouvent dans cette circonscription. Comme toujours, ces gens et ces collectivités sont au centre de mes pensées. Par conséquent, à l'instar de ma voisine de Fort McMurray—Cold Lake, je vais parler d'un amendement conservateur on ne peut plus crucial que les députés de tous les autres partis ont inexplicablement rejeté. Les conservateurs souhaitaient réserver un siège au sein du conseil d'administration du conseil national à une organisation nationale autochtone en matière d'économie.
Il est insensé de parler, d'une part, de l'engagement mutuel des gouvernements et des citoyens à dire la vérité au sujet des injustices systémiques et paternalistes du passé pour favoriser la réconciliation sociale, mais de rejeter, d'autre part, l'idée de faire de la réconciliation économique une priorité pour que les communautés puissent passer de la gestion de la pauvreté à la génération de prospérité. Il y a tant de façons de remédier aux problèmes socioéconomiques disproportionnés que vivent les Autochtones et leurs communautés à cause de générations de politiques et de programmes gouvernementaux oppressifs et discriminatoires.
C'est encore plus important en ce qui concerne les difficultés constantes qu'éprouvent les chefs de file et les entrepreneurs autochtones qui souhaitent attirer ou créer des emplois, participer au capital, conclure des ententes d'intérêt mutuel ou élargir les perspectives économiques dans le domaine de l'exploitation des ressources naturelles. Ce secteur est la principale et souvent la seule source d'emplois dans les régions rurales et éloignées. C'est également pertinent dans les débats en matière de politiques publiques et lorsqu'il s'agit de déterminer qui sont les décideurs, d'établir les rôles en matière de consultation ainsi que de définir les notions de consentement et de consensus, d'identité et d'incidence locale.
Dans la circonscription de Lakeland, quatre des neuf communautés autochtones sont des établissements métis, ce qui représente la moitié de tous les établissements au Canada. Ces derniers sont propres à l'Alberta, ils sont dotés d'assises territoriales prévues par la loi pour les Métis et d'administrations locales, et ils ont des dépenses d'infrastructures, notamment pour des installations de traitement des eaux, des routes et des écoles. Ils paient des taxes, y compris des taxes sur le carbone.
Depuis des années, je déploie des efforts pour les faire reconnaître, et j'ai finalement réussi à convaincre le comité des affaires autochtones et du Nord de les désigner comme « des entités distinctes ayant des besoins propres » dans l'un de ses rapports.
En septembre, j'ai exhorté le ministre des Relations Couronne-Autochtones à inclure les établissements dans le projet de loi C‑29 parce que si on les empêche de participer pleinement au conseil, cela nuira évidemment à la réconciliation. J'attends encore une réponse.
Les représentants des établissements de Lakeland me disent souvent qu'ils se sentent abandonnés et oubliés par le gouvernement. Lee Thom, un conseiller de l'établissement métis de Kikino, dit que les établissements métis doivent avoir un siège à ce conseil afin de défendre les intérêts de leurs communautés autochtones, car elles sont autonomes et ne font pas partie des actuelles nations métisses de l'Alberta et du Canada.
Malgré cela, les établissements n'ont jamais été mentionnés dans un budget fédéral et ils sont souvent exclus des initiatives fédérales. À mon avis, cela demeure une omission flagrante.
C'est un aspect particulièrement pertinent dans la quête de la réconciliation économique. En effet, les établissements métis de Lakeland, ainsi que la plupart des Premières Nations, sont très impliqués dans le secteur de l'énergie et des ressources naturelles depuis des dizaines d'années et ils le sont encore aujourd'hui. Beaucoup d'entre eux pouvaient auparavant répondre à tous les besoins de leur communauté avec les revenus autonomes tirés de leurs entreprises et de leurs contrats.
Les néo-démocrates et les libéraux défendent un programme qui est hostile au secteur de l'énergie et qui vise l'abandon progressif du pétrole et du gaz, un programme qui a déjà fait fuir les investissements et qui entraîne la perte de projets d'une valeur de plus de 150 milliards de dollars et de centaines de milliers d'emplois. Les communautés autochtones ont été aussi durement touchées que les autres par cette approche.
L'an dernier, le comité des affaires autochtones et du Nord s'est penché sur les obstacles au développement économique autochtone. Nous avons entendu des dizaines de témoins, et une chose était évidente: outiller les communautés autochtones pour leur permettre d'établir des entreprises, d'exploiter leurs ressources naturelles et de créer de la richesse chez elle et dans les environs est crucial.
Dans le cadre de travaux menés plus tard, des témoins ont dit que les défis liés au logement, aux soins de santé, à la gouvernance, aux infrastructures et à la préparation aux situations d'urgence revenaient tous au concept fondamental qu'est la réconciliation économique. Plusieurs dirigeants élus de Lakeland ont participé.
Le chef Gregory Desjarlais, de la Première Nation de Frog Lake, a parlé de l'importance de l'accès au capital pour mettre des projets en chantier, comme la proposition de séquestration du carbone dirigée par les nations de Frog Lake et de Kehewin, toutes deux dans Lakeland. Frog Lake s'est grandement engagée et investie dans les activités énergétiques, que l'on pense aux emplois ou à l'entreprise détenue par la communauté Frog Lake Energy Resources Corp.
Les avantages des entreprises autochtones sont nombreux. Comme le chef Desjarlais l'a dit:
Regardez ces projets [...] Regardez la propriété autochtone. Si vous faites participer les Premières Nations, vous leur permettez de construire des maisons. Vous leur permettez d'envoyer des enfants à l'école. Vous leur permettez d'envoyer des gens se faire soigner. Vous leur permettez d'alimenter ces maisons en eau. Vous leur permettez d'enlever la moisissure. C'est ainsi qu'on résout des problèmes. C'est ce qu'il faut faire, au lieu de laisser tout l'argent quitter le Canada et de faire en sorte que les Premières Nations les plus pauvres doivent s'en remettre à des accords de contribution et demander l'aumône pour vivre.
Stan Delorme, président de l'établissement métis de Buffalo Lake, abonde dans le même sens. Cela leur permettrait de répondre à leurs importants besoins en matière d'infrastructures compte tenu du nombre incroyablement élevé de jeunes sans emploi et de porter le revenu annuel moyen à Buffalo Lake à 27 000 $.
La taxe sur le carbone qui ne cesse d'augmenter leur nuit encore plus, car les prix du bois d'œuvre, du carburant et du chauffage montent en flèche et les emplois qui leur étaient accessibles dans le secteur pétrolier et gazier ont disparu à cause du programme anti-énergie des libéraux. Selon Lee Thom, « nos établissements sont des collectivités vivantes et trépidantes avec des routes, des écoles et l'eau courante — avec tout ce qui accompagne une petite municipalité — et elles ont désespérément besoin de financement. »
Il s'agit de trois des neuf communautés autochtones de Lakeland qui font maintenant partie des 23 communautés qui sont maintenant les fières propriétaires d'oléoducs valant plus de 1 milliard de dollars dans la région d'Athabasca.
De nombreux autres projets et partenariats dirigés par des Autochtones et appartenant à des Autochtones ont été tout simplement anéantis par ce gouvernement hostile au secteur énergétique. Je songe à l'opposition unilatérale du premier ministre à l'oléoduc Northern Gateway. Sans aucune consultation, il a détruit les aspirations et tout le travail de 31 communautés qui avaient signé des ententes sur les retombées. Je songe aussi à tous ces projets qui risquent d'être anéantis par les politiques et les activistes hostiles au secteur de l'énergie qui menacent des projets et qui, souvent, ne viennent même pas des régions concernées.
L'annulation pure et simple des projets et les retards délibérés causés par des politiques qui visent à forcer les promoteurs du secteur privé à abandonner les grands projets d'exploitation des ressources naturelles et d'infrastructure ont tous été des préoccupations majeures et ont souvent eu des effets tout à fait dévastateurs sur un bon nombre de communautés, de dirigeants et de groupes d'entreprises autochtones.
Ces projets offrent des possibilités de réconciliation économique. Ce sont des outils qui permettent aux communautés autochtones de répondre à leurs besoins sociaux et économiques essentiels, d'investir dans leurs cultures et de préserver et de cultiver leur patrimoine et leurs langues pour les générations futures.
Par exemple, la conseillère en chef Crystal Smith de la nation Haisla s'oppose au projet de loi C‑48, le moratoire relatif aux pétroliers et à l'exportation, et elle appuie le projet Coastal GasLink comme moyen de sortir sa communauté de la pauvreté.
La semaine dernière, Calvin Helin, auteur et entrepreneur autochtone, a déclaré que les Canadiens autochtones qui participent à l'exploitation responsable des ressources sont vraiment irrités par l'ingérence des « écocolonialistes », ces groupes dont le seul intérêt est d'arrêter les projets, et par l'ingérence des gouvernements qui n'écoutent que le côté du projet qui correspond à leur idéologie.
Il existe d'innombrables exemples où le gouvernement libéral fait fi du travail et de l'espoir des Canadiens autochtones, bloquant leur quête d'autodétermination, notamment Eva Clayton de la nation Nisga'a, dont l'installation d'exportation de gaz naturel liquéfié est en attente à cause des lourdeurs de l'administration libérale; Natural Law Energy, un regroupement de 20 Premières Nations des Prairies, qui a perdu une occasion d'investissement de 1 milliard de dollars lorsque le Keystone XL a été annulé à cause de l'inaction des libéraux; les Lax Kw'alaams, qui contestent en cour le projet de loi libéral C‑48 sur l'interdiction de l'exportation, qui a violé leurs droits et titres et ruiné leurs plans de port en eau profonde et d'installation d'exportation de pétrole sans les consulter; et les 35 communautés autochtones qui ont proposé le corridor énergétique Eagle Spirit, dont le travail et les espoirs de retombées économiques ont été anéantis par le projet de loi C‑69, une mesure anti-pipeline.
Le programme anti-ressource, anti-affaires et anti-énergie des libéraux et des militants anti-énergie, qui vivent généralement loin des communautés autochtones locales, sabote tous leurs efforts en vue de tirer parti de l'exploitation des ressources naturelles et de participer à leurs économies locales.
Ces actions ressemblent beaucoup à celles d'un gouvernement centraliste et colonialiste qui impose ses points de vue contraires aux objectifs et aux priorités de la majorité des peuples et des dirigeants autochtones directement concernés, comme ceux de Lakeland.
Les conservateurs soutiendront le projet de loi à l'étude, mais les libéraux doivent tout de même corriger leur attitude paternaliste qui empêche la réconciliation économique, afin de garantir que les voix autochtones, et pas seulement celles qui se conforment aux priorités politiques des libéraux, soient toutes représentées dans les efforts de réconciliation.