propose:
Que la Chambre s'ajourne maintenant.
— Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion d'amorcer le débat. Je remercie mon collègue le député de New Westminster—Burnaby de son appui dans ce dossier, ainsi que tout mon caucus.
Les gens du monde entier regardent actuellement le Canada et Ottawa et se demandent ce qui se passe. Parlons maintenant de la manifestation du convoi et commençons par dire ce qu'elle n'est pas. Le convoi n'est pas une manifestation pacifique. Il y a un dicton souvent utilisé qui dit que si les gens continuent à montrer qui ils sont, il faut commencer à les croire. Voilà ce qui est au cœur du convoi.
Dès le début, des symboles haineux, comme le drapeau nazi et le drapeau confédéré, ont été brandis dans le convoi. Cela a clairement fait en sorte que les Canadiens d'origine juive, les Canadiens musulmans et les Canadiens racisés craignent d'être victimes de violence. Nous avons entendu des députés expliquer à la Chambre avec clarté et éloquence ce que cela signifie pour une personne racisée de voir ces drapeaux.
Nous avons vu des citoyens être harcelés. Il s'agit d'un élément vraiment unique, car les manifestations visent normalement le gouvernement, ses politiques et ses décisions. Pourtant, la grande majorité des cibles du harcèlement perpétré par les membres du convoi sont des citoyens. Ils harcèlent des travailleurs et des citoyens, y compris des journalistes.
De nombreux actes de violence ont été perpétrés. Nous en avons vu un exemple lors d'une tentative d'incendie criminel où des personnes ont mis le feu à un immeuble d'appartements du centre-ville et ont mis du ruban adhésif pour bloquer les portes quand elles en sont sorties. Je demande aux députés de réfléchir un instant à ce que cela veut dire. Ces personnes avaient prévu de mettre le feu dans un édifice et ensuite de coller du ruban sur les portes pour empêcher les gens de s'en échapper. Ce n'est pas un cas isolé. Il y a nombre d'autres exemples.
Les travailleurs de la santé, les gens qui sauvent nos vies depuis le début de la pandémie, les personnes qui ont aidé à mettre ma fille au monde sont ciblés par l'intimidation. Quel genre de manifestation cible les travailleurs de la santé au point où les agents de sécurité et de police leur conseillent de ne pas porter leurs blouses ni aucun vêtement qui les identifient comme étant des travailleurs de la santé, car ils risquent de subir des agressions verbales ou physiques? C'est cela, la réalité. C'est ce qui se passe en ce moment.
Ce n'est certainement pas une manifestation paisible. Il y a eu de nombreuses plaintes de harcèlement, de violence et d'intimidation ciblant des citoyens, des familles et des enfants. Les klaxons, le bruit et les feux d'artifice perturbent vraiment la vie des familles. La plupart des activités ont lieu la nuit, lorsqu'il n'y a personne au Parlement. Il est donc clair que ce n'est pas le Parlement qu'ils ciblent.
Le convoi ne vise certainement pas à aider les petites entreprises ou les travailleurs qui sont touchés par les mesures de confinement. Le comportement et les activités des participants ont directement nui aux travailleurs. Le blocage au poste frontalier de Coutts touche directement les camionneurs, qui ne peuvent pas traverser la frontière. Les camionneurs canadiens ne peuvent même pas rentrer à la maison ou apporter des biens au Canada parce que ce convoi les empêche de traverser la frontière.
J'ai parlé avec des camionneurs, et ils m'ont dit que les conditions sont très difficiles à Coutts. Il n'y a aucune installation pour assurer un accès à de la nourriture, à de l'eau ou à des toilettes. Ils commencent à manquer de nourriture et d'eau. Il n'y a pas de toilettes. Alors qu'ils doivent attendre pendant des jours, ils commencent à manquer d'essence et les batteries des camions s'épuisent parce qu'on les empêche de traverser la frontière.
Ici, à Ottawa, des milliers de travailleurs ont été privés de leur salaire parce qu'ils ne peuvent pas travailler dans un contexte que de nombreuses personnes ont décrit comme l'un des pires confinements. Les manifestants du convoi qui réclament la fin des confinements ont créé certains des pires confinements, où les entreprises sont obligées de fermer leurs portes et les employés ne peuvent pas aller travailler.
On a aussi signalé de multiples cas où des travailleurs du commerce de détail ont été harcelés parce qu'ils portaient un masque, y compris des jeunes. Il n'est même pas question des camionneurs. J'ai parlé du fait que des camionneurs sont immobilisés, mais la grande majorité d'entre eux sont vaccinés. Ce n'est pas une préoccupation pour eux. Le convoi ne représente pas leurs préoccupations.
Ce n'est pas que les camionneurs n'ont pas de préoccupations. Il suffit de leur parler ou de s'adresser aux associations de camionnage pour savoir qu'il y a notamment la question du vol salarial. Souvent, ils ne reçoivent pas le salaire auquel ils ont droit après avoir fait le travail.
Les camionneurs sont préoccupés par les salaires en général et par une rémunération insuffisante. Ils s'inquiètent aussi des conditions de travail non sécuritaires. Ils sont préoccupés par le coût des assurances et les longues heures de conduite qui compromettent leur santé et leur sécurité. Voilà les sujets qui les préoccupent, et ils ne sont pas soulevés par le convoi.
Les organisateurs de cette occupation ont exprimé très clairement leur intention. Le mémoire qu'ils ont affiché sur leur site Web la décrit de manière effrontée. Ils veulent prendre possession des rues d'Ottawa et recourir à des tactiques d'intimidation pour remplacer un gouvernement élu démocratiquement. C'est l'intention qu'ils ont énoncée publiquement et sans équivoque. Ils veulent rencontrer les sénateurs ainsi que la gouverneure générale et mettre en place un comité non élu qui dirigera le pays et remplacera les représentants élus démocratiquement à la Chambre des communes.
Quelle a été la réponse à cette crise jusqu'à maintenant? Pourquoi tenons-nous un débat d'urgence ce soir? Nous sommes en crise. Cette crise dépasse les limites de la ville d'Ottawa et elle se répand à d'autres lieux comme Québec, Montréal, Vancouver, Winnipeg, Sarnia, les postes frontaliers et Coutts, en Alberta, à la frontière avec le Montana.
Quelle a été la réponse de l'opposition officielle du Canada? Les conservateurs ont encouragé les manifestants. Ils ont enhardi ceux qui harcèlent et intimident leurs concitoyens. Voilà quelle a été leur réponse. Le prétendu parti de la loi et de l'ordre s'est rallié à l'anarchie et à la loi de la rue dans l'espoir de marquer des points dans la sphère politique.
En effet, les conservateurs espèrent tirer un avantage politique en appuyant l'anarchie et la loi de la rue qui mènent à des actes de harcèlement envers les gens, les familles, les enfants et les habitants de cette ville. Les manifestants ont excusé chacun des actes de violence en affirmant qu'ils ont été commis par quelques mauvais éléments ou, sans surprise, comme l'aurait dit Donald Trump, qu'il y a de bonnes personnes dans les deux camps. C'est ridicule.
Le gouvernement fédéral se dit outré. Comme dans bien des dossiers, les libéraux ont finalement décrété que ce problème n'est pas le leur. Ils ont offert leur aide, j'en conviens, mais ils ont aussi répété à qui voulait l'entendre que ce problème ne relevait pas du fédéral.
Tous les Canadiens qui s'intéressent au partage des compétences savent que la Constitution délimite les champs de pouvoir et les responsabilités des différents ordres de gouvernement. Or, en situation de crise, ces délimitations théoriques n'intéressent personne — personne. Aucune famille qui doit essayer de dormir au son des klaxons, aucun parent dont les enfants ne peuvent pas aller à l'école, aucune petite entreprise qui a dû fermer ses portes ni aucun camionneur dont les préoccupations légitimes ne sont pas représentées par ce convoi ne s'intéresse à ce genre de distinctions. M. et Mme Tout-le-Monde ne veulent pas entendre parler de nos chicanes de compétences.
Je l'ai dit et je le répète: aucun être humain normal, aucun Canadien sensé ne s'en fait avec le partage des compétences. Ils veulent des solutions. Ils veulent qu'on les aide. Ils veulent que le problème se règle. Voilà ce qu'ils veulent. Ils ne veulent plus d'excuses. Ils veulent que leurs dirigeants trouvent des solutions. Voilà ce que je pense, moi. À mes yeux, un vrai leader, c'est quelqu'un qui cherche des solutions et qui ne se réfugie pas derrière des excuses.
Les représentants de la Ville d'Ottawa réclamaient davantage d'aide alors même que les ministres et les députés libéraux prétendaient avoir fait tout en leur pouvoir et que la Ville avait tout ce dont elle avait besoin. Tous les ordres de gouvernement ont essentiellement dit aux Canadiens, et plus particulièrement aux Ottaviens, qu'ils devaient se débrouiller seuls. Le seul véritable progrès dans cette occupation d'Ottawa a été cette injonction de la cour obtenue par une Ottavienne de 21 ans avec l'aide de ses avocats.
Je vais énumérer certaines choses que nous pouvons et devons faire à l'échelon fédéral. Ce sont des choses que les députés peuvent et doivent faire, à la fois pour mettre fin à cette occupation et pour aider les Canadiens à sortir de la pandémie. Premièrement, le gouvernement doit cesser de se cacher derrière les champs de compétence pour justifier son inaction. C'est inexcusable.
Nous avons entendu aujourd'hui qu'il y a eu une tentative, une offre de début de discussion entre les trois ordres de gouvernement. Le gouvernement fédéral travaillera avec la province et la municipalité. C'est arrivé aujourd'hui, après presque 10 jours d'occupation.
Le premier ministre aurait dû s'attaquer à ce dossier dès le premier jour et réunir immédiatement tous les ordres de gouvernement au vu de l'ampleur de cette crise. C'est ce qu'il aurait fallu faire compte tenu de la gravité de la situation.
De toute évidence, la situation n'a pas été bien gérée, et cela n'aurait pas dû prendre aussi longtemps pour s'en rendre compte. Les organisateurs du convoi avaient clairement exprimé leurs intentions depuis le début. On leur a permis de faire exactement ce qu'ils avaient dit qu'ils feraient. Ottawa et d'autres agglomérations réclament de l'aide, et il n'est pas temps de discuter, mais de leur offrir cette aide. Nous voulons que le gouvernement fédéral intervienne et apporte l'aide nécessaire à ces municipalités. Le premier ministre devrait rencontrer les maires des municipalités touchées et les aider de manière proactive.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral doit user de son autorité, ainsi que de l'ensemble des lois et des outils à sa disposition, pour mettre un terme au financement de cette occupation. Tout comme nous, les Canadiens veulent savoir qui l'a financée et qui l'encourage. Les mêmes forces qui semaient la division, alimentaient l'intolérance et attisaient la violence aux États‑Unis, celles qui appuyaient Donald Trump, tentent maintenant de porter atteinte à notre démocratie. Il est parfaitement clair que ce convoi avait pour objectif de miner la démocratie, et qu'il est financé par des entités étrangères. Les États‑Unis font de l'ingérence politique, et le gouvernement fédéral doit se servir des outils à sa disposition pour mettre fin à ce financement.
Troisièmement, il nous faut un plan. Les Canadiens doivent savoir quel est le plan pour nous sortir de la pandémie. La grande majorité des Canadiens se sont fait vacciner. Ils ont pris leurs responsabilités. Ils ont porté des masques et respecté les consignes et les directives sanitaires. Ils veulent maintenant savoir ce qui les attend. Comment allons-nous sortir de cette pandémie? Comment tourner la page? Que devons-nous faire maintenant? Les citoyens ont besoin d’un plan. Ils veulent un plan précis et nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec les provinces, les territoires et les autorités de la santé publique pour concevoir ce plan.
Les gens ont fait tout ce qu’ils ont pu. Ils se sont fait vacciner, ils se sont privés de passer du temps avec leurs amis et leur famille, ils ont repoussé à plus tard des festivités et ils ont perdu des êtres chers. Les Canadiens méritent aujourd’hui que nous leur présentions un plan pour sortir de la pandémie. Le dépistage devra faire partie de ce plan, afin que les gens sachent s’ils sont malades pour éviter la propagation du virus. Il faudra aussi continuer à aider les gens à se faire vacciner; et pas seulement au Canada, mais dans le monde entier, car nous savons que le gouvernement ne peut pas continuer de laisser les grandes entreprises pharmaceutiques engranger des profits démesurés au détriment de la santé de tous. Il est évident que le virus continuera de muter et qu’il y aura de nouvelles vagues jusqu’à ce que tout le monde puisse accéder au vaccin. Il faut donc faire en sorte que ces vaccins soient distribués dans le monde entier.
Nous avons aussi besoin d'une mission de sauvetage d'urgence pour le système de santé et pour les gens qui y ont travaillé jusqu'à l'épuisement, soit les travailleurs de la santé et le personnel infirmier. Les gens qui ont risqué leur vie pour nous protéger et prendre soin de nous ont besoin d'aide. Le système de santé a été conduit au bord du gouffre. Bien franchement, il est inexcusable que, après deux ans de pandémie, chaque éclosion et chaque vague conduisent sans cesse le système de santé au bord du gouffre. Il faut un financement durable et à long terme pour veiller à ce que le système de santé dispose des ressources nécessaires pour composer avec les pressions et les exigences.
De surcroît, des gens paient le prix de la pandémie de leur vie. Des cancers et d'autres maladies graves progressent parce que les gens n'arrivent pas à obtenir les soins dont ils ont besoin. Beaucoup de gens souffrent parce que leur opération a été annulée, et les personnes handicapées et celles plus susceptibles de contracter la COVID‑19 et d'en mourir sont terrifiées. Elles sont terrifiées à l'idée que, si les restrictions sanitaires sont levées, c'est leur santé et leur sécurité qui seront sacrifiées.
Les Canadiens sont en colère, et à juste titre. Ils sont en colère parce qu'ils se sont rendu compte qu'il était plus important que les millionnaires et les milliardaires continuent d'engranger des profits que de maintenir les écoles ouvertes. À maintes reprises au cours de la pandémie, les magasins à grande surface sont restés ouverts, alors que les enfants, eux, ne pouvaient pas aller à l'école. Les Canadiens sont en colère parce que les aliments coûtent plus cher et que les propriétaires d'épicerie font de plus en plus de profits, alors que les travailleurs de première ligne voient leur salaire réduit. Les gens sont en colère que l'on n'ait toujours pas trouvé de solution pour corriger certaines des nombreuses lacunes mises en évidence par la pandémie, comme dans les établissements de soins de longue durée ou les communautés autochtones, où la pandémie a frappé plus durement à cause du manque de logements décents et d'eau potable. Les gens sont en colère et ils craignent que la crise climatique menace leur foyer et leur gagne-pain en provoquant davantage de phénomènes météorologiques extrêmes, comme des inondations et des incendies. Nous avons besoin d'un plan pour réagir à ce genre de situations.
Nous devons travailler ensemble à résoudre les problèmes avec lesquels les Canadiens sont aux prises. Il y a à peine six mois, les Canadiens ont élu un gouvernement minoritaire et nous ont envoyés ici pour travailler pour eux. Nous devons réagir à la colère et à la frustration réelles ressenties par les gens en ce moment en présentant un plan clair pour améliorer la situation. Cela commence par la prise de mesures pour remédier aux problèmes que la pandémie a exacerbés, notamment le logement. Pour beaucoup de Canadiens, il est tout simplement impossible de trouver un logement qu'ils ont les moyens de payer. Il faut régler ce problème.
La vie est de plus en plus difficile: les gens n'ont plus les moyens de payer l'épicerie et les factures. Toutefois, il n'en est pas ainsi pour tout le monde. Les riches et puissants sont devenus encore plus riches et plus puissants pendant cette pandémie. Nous avons vu leur richesse augmenter. Nous devons rétablir la promesse d'un avenir prospère pour tous.
Les Canadiens nous ont envoyés ici il y a moins de six mois afin que nous travaillions pour eux et leur apportions les solutions dont ils ont besoin. Nous sommes résolus à le faire et devons nous engager à les soutenir jusqu'à la fin de cette pandémie et à rebâtir ce pays d'une manière qui sera avantageuse pour tous. Voilà ce que nous devons faire. La décision repose entre nos mains à nous, les députés.
Comme je l'ai dit, la situation est vraiment difficile. On est en pleine crise avec ce qui s'est passé et qui continue à Ottawa. C'est une crise parce qu'on voit que ce sont les citoyens, les travailleurs, les travailleuses et les familles qui sont ciblés. Ce genre de manifestations continue à travers le pays. On a vu la même chose se produire à Québec, où les manifestants ont dit qu'ils allaient revenir.
Le gouvernement fédéral a manqué de leadership durant cette crise et je propose quatre solutions.
Premièrement, le gouvernement fédéral — plus spécifiquement le premier ministre — doit rencontrer les maires touchés par les manifestations du convoi. Le gouvernement fédéral ne peut pas continuer à chercher des excuses, il doit trouver des solutions au problème.
Deuxièmement, il est clair qu'il y a de l'interférence étrangère dans ce convoi. Il y a beaucoup d'argent qui provient de l'étranger, spécifiquement des États‑Unis. Il faut utiliser les outils fédéraux qui existent pour arrêter ce financement.
Troisièmement, il faut avoir un plan. Les gens ont fait tout ce qu'il faut: ils se sont fait vacciner et ils ont suivi les mesures sanitaires et les conseils de la santé publique. En ce moment, par contre, ils ne savent pas s'il existe un plan de sortie de la pandémie ni ce qu'il est. Or, les gens méritent un plan clair. Le gouvernement fédéral doit travailler avec les provinces et les territoires, avec les professionnels et les experts de santé publique pour fournir un plan clair de sortie de pandémie. Ce plan doit inclure une augmentation du financement de nos soins de santé parce qu'il est inexcusable et inacceptable qu'après deux ans de pandémie, notre système de santé menace de s'effondrer à chaque nouvelle vague de la COVID‑19.
Quatrièmement, on doit travailler ensemble pour régler les problèmes auxquels les gens font face, à savoir la crise du logement et l'augmentation du coût de la vie. On doit régler ces problèmes.