Madame la Présidente, commençons par ce qui est évident: le Corps des Gardiens de la révolution islamique, ou Sepah en farsi, est un groupe terroriste. Voilà des décennies que c’est une organisation terroriste, depuis 1979. Il organise des campagnes de terreur au Moyen‑Orient contre des opposants au régime islamique iranien à Téhéran et aussi contre les Iraniens. Il réussit à intimider et à harceler les gens, mais aussi à assassiner ses opposants politiques où qu’ils se trouvent, que ce soit en Europe, en Afrique ou au Moyen‑Orient, y compris en Iran même.
Nous le voyons depuis septembre 2022, après l’assassinat de Jina Amini, une Kurde de la ville de Saqqez. Elle était de passage à Téhéran quand elle a été arrêtée par la police des mœurs parce qu’elle ne portait pas correctement son hijab. Quand il est apparu qu’elle était Kurde, cela a conduit à son passage à tabac et à son assassinat par le régime, ce qui a provoqué des manifestations massives dans sa ville, Saqqez, et ensuite, la pire manifestation à Sanandaj, où les miliciens du Corps des Gardiens de la révolution islamique se sont livrés à la pire répression.
Je consultais ChatGPT, qui est un beau petit programme d’intelligence artificielle, et je lui ai demandé un très bon proverbe yiddish pour ce qui est de faire la bonne chose. ChatGPT m’a donné celui-ci: « Pour conquérir le monde, la meilleure tactique est d’être un “mensch” », c’est-à-dire une personne intègre. En l'occurrence, le gouvernement doit être cette personne intègre.
En 2018, le Parlement du Canada a adopté une motion demandant au gouvernement du Canada d’inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique sur la liste des groupes terroristes. Une personne intègre aurait écouté le Parlement à l'époque. Elle regarderait ce qui se passe aujourd’hui en 2022 et 2023, et elle verrait les manifestations actuelles, parce qu’elles n’ont pas cessé. Beaucoup de manifestants ont été exécutés. Beaucoup ont été condamnés à la prison à vie pour le simple fait d’avoir défendu les droits démocratiques et les droits de la personne que leur a conférés leur propre créateur. Rien qu’en existant, ils ont ces droits. Ils ont le droit de ne pas être d’accord avec leur gouvernement et de manifester pacifiquement dans les rues de n’importe quelle ville iranienne, ce que nombre d’entre eux ne peuvent plus faire depuis 1979, depuis que les mollahs de Khan ont pris le pouvoir et plongé le pays dans les ténèbres.
Il y a des noms que je veux mentionner parce que des Iraniens, y compris des Perses, des Kurdes, des Baloutches et des Azerbaïdjanais qui vivent en Iran, m’ont dit à plusieurs reprises qu’il est important que nous mentionnions des noms à la Chambre. Le régime iranien craint que nous nommions des manifestants, des défenseurs des droits de la personne et de la démocratie, parce que cela leur sauvera la vie. Je vais donc commencer par en nommer quelques-uns.
Nazila Maroufian est une journaliste de 23 ans. Elle était, en fait, journaliste pour Ruydad 24 et elle a été une des premières à couvrir l’histoire. Elle a interviewé un des parents de Jina Amini et, pour avoir cherché à faire éclater la vérité, elle a été emprisonnée. Elle a d’abord subi une parodie de procès, puis elle a été relâchée et a subi une nouvelle parodie de procès. Elle a été condamnée à deux ans de prison et à une interdiction de quitter l’Iran pendant cinq ans. Elle fait partie des victimes du Corps des Gardiens de la révolution islamique, et je demande au régime iranien de la libérer.
Beaucoup de noms figurent sur la liste de l’organisation Hengaw, un groupe de défense des droits de la personne. À partir de son antenne en Iran, ce groupe décrit depuis des décennies les crimes commis par le régime islamique contre la population iranienne, souvent contre les Kurdes des provinces de l’Ouest, une région que les Kurdes kolbars appellent « Rojhelat ». Les cibles sont des gens, surtout des hommes, qui traversent la frontière irakienne pour aller chercher des produits de première nécessité comme des aliments et des médicaments. À certains endroits en Iran, il est très difficile de se les procurer ou encore ils coûtent extrêmement cher. Ces gens-là sont traqués par les gardiens de la révolution islamique dès qu’ils traversent la frontière et ils se font tuer pour la simple raison qu’ils rapportent du pain, de la nourriture et des médicaments à leurs compatriotes habitant sur le territoire iranien.
J’aimerais citer le nom de deux autres personnes que j’ai parrainées politiquement, ce qui est pratique courante chez les politiciens de l’Union européenne. Il s’agit de Mohammad Amin Akhlaghi et d’Amir Mohammad Jafari, qui étaient tous les deux des manifestants pacifiques. Ils étaient là simplement pour défendre leur droit d’être entendus, en tant que citoyens de leur pays. Le premier est en train de subir un nouveau procès, tandis que l’autre, après avoir été condamné une première fois à la peine de mort, a finalement été condamné à une longue peine de prison, mais on ignore pour combien de temps. Il y a deux autres noms de victimes des gardiens de la révolution islamique, et je me demande donc pourquoi nous n’inscrivons pas ce groupe sur la liste des groupes terroristes. Aucune de ces personnes n’avait commis des actes violents, elles étaient simplement là pour défendre leurs droits.
La liste n’est pas terminée. On y voit aussi le nom d’un footballeur iranien qui a été condamné à mort, Amir Nasr-Azadani, au seul motif qu’il a exprimé son désaccord avec l'oppression et la suppression des femmes par son gouvernement en Iran et les méthodes utilisées pour y parvenir. Il est donc lui aussi victime des gardiens de la révolution et il fait face à la peine de mort.
Dans les vidéos que m’envoient mes amis perses et kurdes de différentes villes iraniennes, on entend les femmes et les hommes scander « Jin, Jiyan, Azadi », c’est-à-dire « Femmes, Vie, Liberté ». Ce qu’ils réclament c'est le respect de droits fondamentaux.
Le régime islamique de Téhéran est complètement déconnecté de ses citoyens et, qui plus est, il exporte la violence et le terrorisme dans d’autres pays, y compris chez nous pour intimider des Canadiens. J’ai rencontré des Canadiens à Vancouver, à Burnaby, à New Westminster et à Port Coquitlam qui étaient très inquiets, au point de s’autocensurer parfois.
La diaspora iranienne au Canada n’a jamais été aussi unie qu’aujourd’hui. Il y a eu un rassemblement massif à Toronto le week-end dernier, où beaucoup de personnes ont pris la parole sur la liberté en Iran. Ces personnes aspirent toutes au rétablissement de la liberté en Iran, y compris la célèbre journaliste irano-américaine, Masih Alinejad. Elle raconte comment elle est persécutée par les gardiens de la révolution, et comment ils projetaient de la kidnapper, si le FBI américain n’avait pas réussi à déjouer leur complot. Dorénavant, elle est protégée par un service de sécurité dans ses déplacements, car les gardiens de la révolution islamique cherchent toujours à la kidnapper ou à la tuer simplement parce qu’elle défend les droits des hommes et des femmes en Iran.
Ce n’est pas un régime avec lequel nous pouvons traiter. Ce n’est pas un régime que nous pouvons tolérer. Ce n’est pas un régime avec lequel nous pouvons faire des compromis. Toute personne intègre inscrirait le Corps des Gardiens de la révolution islamique sur la liste des groupes terroristes. Ce doit être notre décision ultime.
Toujours sur le même sujet, j’aimerais citer les noms de quatre autres victimes des Gardiens de la révolution islamique. Ils m’ont été communiqués par un ami de Vancouver, Reza Niarian. Les quatre personnes sont Pejman Fatehi, Mohsen Mazloum, Mohammad Faramarzi et Wafa Azarbar. Ces quatre personnes risquent la peine de mort. Le grand crime qu'ils ont commis a été d'organiser un parti politique. Nous connaissons tous des gens de différentes allégeances qui organisent des partis politiques ici au Canada. La liberté de s’associer dans un but politique est une liberté fondamentale. Ces quatre personnes n’incitaient pas à la violence ni à quoi que ce soit du genre, ils essayaient tout simplement d’organiser un parti politique, ce qui est un droit absolument fondamental.
Ils sont aujourd’hui passibles de la peine de mort en Iran. La seule explication possible, c’est que le tribunal est dirigé par les Gardiens de la révolution islamique, qui forment un groupe terroriste. Très peu d'informations ont été publiées au sujet des chefs d'accusation, des preuves et des circonstances de leur affaire. Ce sont donc quatre autres victimes des Gardiens de la révolution islamique, qui est bel et bien un groupe terroriste. Toutes les preuves indiquent qu’il s’agit d’un groupe terroriste, et il doit donc figurer sur la liste.
Nous venons de fêter le Nawroz, le Nouvel An. Quel que soit le nom qu’on lui donne et les traditions qui y sont rattachées, les habitants des pays d’Asie centrale célèbrent ce jour depuis des milliers d’années, et j’espère qu’ils le passeront en famille. Je leur souhaite une bonne et heureuse année, même si, pour le peuple iranien, l’année a bien mal commencé.
Les manifestations se poursuivent. L’oppression continue. Les exécutions sommaires par les Gardiens de la révolution islamique se poursuivent. Tout cela continue, et ils continuent aussi d’exporter cette violence dans d’autres pays. Leurs agents voyagent incognito, car ils ne se pointent pas à l’aéroport Pearson à Toronto en déclarant à l’agent des douanes qu’ils travaillent pour les Gardiens de la révolution islamique. Ils ont des sympathisants, aussi bien dans notre pays qu’aux États‑Unis, qui s’emploient à intimider des Canadiens d’origine iranienne, perse ou kurde.
Je me réjouis que nous puissions discuter de tout cela aujourd’hui, étant donné ce qui se passe depuis le mois de septembre, car nous ne cessons de demander au gouvernement d’inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique, le Sepah, sur la liste des groupes terroristes. Le gouvernement doit, comme le dit le proverbe yiddish, se comporter en homme de bien, c'est-à-dire qu'il doit inscrire immédiatement ce groupe sur la liste des entités terroristes. S’il est nécessaire de modifier nos lois pour ce faire, le gouvernement en a eu largement le temps depuis septembre. Il a eu largement le temps de modifier nos lois pour que les conscrits du Corps des Gardiens de la révolution islamique, ces pauvres gens qui ont été réquisitionnés par le groupe terroriste, ne soient pas visés par l’inscription du groupe sur la liste.