propose que le projet de loi S‑227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd’hui pour amorcer le débat à l’étape de la deuxième lecture du projet de loi S‑227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation. Je suis particulièrement heureux que le débat s’amorce alors que l’on souligne la Semaine de l’agriculture en Ontario. La Semaine de l’agriculture en Ontario est l’occasion de célébrer les formidables agriculteurs et leurs tout aussi formidables familles, qui font littéralement pousser la nourriture que nous consommons, ici et ailleurs dans le monde. En fait, la Semaine de l’agriculture en l’Ontario a été créée par Bert Johnson, un habitant de ma circonscription et ancien député de Perth — comme on désignait autrefois cette circonscription — à l’Assemblée législative de la province. Je suis donc particulièrement heureux de commencer le débat sur la journée canadienne de l’alimentation pendant cette semaine qui célèbre l’agriculture.
Ce projet de loi d'intérêt public du Sénat y a été présenté par Rob Black, sénateur représentant le comté de Wellington. Il propose de désigner le samedi précédant le premier lundi d'août comme journée canadienne de l’alimentation. Le projet de loi instituerait officiellement la journée canadienne de l'alimentation. Je dis « officiellement » parce que la journée canadienne de l'alimentation est officieusement célébrée et soulignée dans le comté de Wellington, dans le Sud de l'Ontario et dans certaines régions du Canada depuis près de 20 ans. En réalité, lors de la dernière journée canadienne de l'alimentation, le 30 juillet, des monuments ont été illuminés en rouge et en blanc partout au Canada pour célébrer l'événement. De l'Édifice de la Confédération, à St. John's, à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, jusqu'à l'hôtel de ville de Vancouver, en passant par la Tour de Calgary, à Calgary, en Alberta, et la tour CN, à Toronto, en Ontario, ces monuments ont été illuminés en rouge et en blanc pour célébrer les aliments au Canada, du champ du producteur à la table.
Je suis particulièrement heureux que la journée canadienne de l'alimentation soit célébrée et parrainée par les quatre représentants fédéraux du comté de Wellington. En effet, en plus d'être parrainé par moi, le parrain du projet de loi à la Chambre des communes, et par le sénateur Rob Black, qui représente le comté de Wellington au Sénat, le projet de loi est appuyé par les députés de Wellington—Halton Hills et de Guelph. Ce n'est évidemment pas un projet de loi partisan, alors il devrait rallier tout le monde pour que l'on célèbre la journée canadienne de l'alimentation.
Je veux prendre un peu de recul et réfléchir aux origines de la journée canadienne de l'alimentation.
Certains députés n'ont pas oublié l'été 2003. Ce fut un été difficile pour de nombreux Canadiens, surtout ceux qui vivaient dans les régions rurales de l'Ontario. Cet été-là, le virus du Nil occidental est revenu en force, le virus du SRAS a atteint l'Ontario, et il y a eu une panne d'électricité massive. Cependant, dans le secteur agricole en particulier, on se souvient de cet été pour la propagation de l'encéphalopathie spongiforme bovine, l'ESB, mieux connue sous le nom familier de « maladie de la vache folle ».
Cette crise a littéralement dévasté l'industrie bovine du jour au lendemain. En quelques instants, la peur et la panique ont gagné l'industrie bovine, et les partenaires commerciaux du Canada ont fermé la porte aux exportations canadiennes de bœuf vers les États‑Unis et des dizaines d'autres pays dans le monde. La fermeture des frontières a décimé, littéralement du jour au lendemain, le gagne-pain de milliers de vaillants producteurs de bœuf et de leurs familles.
Voici ce qu'indique un rapport de Statistique Canada de l'époque au sujet la crise de l'ESB:
Avant mai 2003, le Canada était le troisième exportateur de bœuf au monde. En 2002, ce marché d'exportation valait environ 4,1 milliards de dollars.
« Le 20 mai 2003, l'industrie du bœuf au Canada a été ébranlée par un événement tout à fait inattendu: l'annonce qu'une seule vache reproductrice du nord de l'Alberta avait contracté l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), mieux connue sous le nom de maladie de la vache folle. En quelques heures seulement, la plupart des pays avaient émis une interdiction concernant les produits canadiens du bœuf.
En juin 2003, les producteurs de bœuf canadiens avaient vu la valeur de leurs exportations vers les États‑Unis passer de 288 millions de dollars par mois à zéro.
Pendant que les agriculteurs du pays cherchaient à traverser cette crise, Anita Stewart, une femme du comté de Wellington qui défendait ardemment l'agriculture canadienne, est intervenue en lançant un mouvement afin que tous reprennent confiance dans les agriculteurs canadiens et soient convaincus que ceux-ci réussiraient à traverser cette période difficile. C'est pendant ces jours sombres de l'été ensoleillé de 2003 qu'Anita Stewart a commencé la première Journée des terroirs du Canada.
Comme le dit la coordonnatrice actuelle de la Journée des terroirs du Canada, Crystal Mackay:
Anita Stewart était une militante et une pionnière de l'alimentation. Elle a eu une vision de l'« achat local » avant que ce soit tendance. La crise de l'ESB, en 2003, a été un tournant pour elle, quand elle a vu des restaurants et des Canadiens acheter du bœuf importé d'autres pays alors que les éleveurs canadiens subissaient un énorme stress et des pertes financières colossales. Elle a transformé cette tragédie en une occasion fantastique d'engager un dialogue, au Canada, à propos de l'importance de soutenir notre incroyable système alimentaire.
« Les Canadiens sont des gens humbles. Pendant la Journée des terroirs du Canada, nous oublions un peu cette humilité pour célébrer en grand les gens fantastiques qui contribuent à notre système alimentaire et les aliments de calibre mondial que nous produisons près de chez nous.
La première journée des terroirs a été soulignée en 2003. On a alors organisé ce qu'on a appelé le plus long barbecue du monde. Cette activité qu'Anita Stewart avait organisée en solidarité avec des gens qui vivaient une situation difficile a pris énormément d'ampleur. D'ailleurs, en reconnaissance de l'engagement de celle-ci pour le système alimentaire canadien, on l'a décorée de l'Ordre du Canada. Voici ce que le gouverneur général a dit pour souligner ses réalisations:
Anita Stewart est une défenseure enthousiaste et dévouée de la cuisine canadienne. Considérée comme activiste culinaire, elle a passé les 30 dernières années à parcourir le Canada, parfois même en traîneau à chiens ou à bord de brise-glace de la Garde côtière du Canada, pour découvrir et consigner les histoires des mets essentiels de notre nation et des personnes de talent qui les apprêtent et les servent [...] Anita [...] est [...] une bénévole passionnée et la fondatrice de Cuisine Canada et de [la Journée des terroirs du Canada].
Anita Stewart est malheureusement décédée il y a presque deux ans, à l'âge de 73 ans. Elle a accompli beaucoup de choses au cours de sa vie et elle laisse dans le deuil non seulement ses proches, mais tout le secteur agroalimentaire.
Comme l'a dit la rectrice de l'Université de Guelph, Charlotte Yates, lors d'un événement organisé l'été dernier à l'occasion de la Journée des terroirs du Canada: « La Journée des terroirs du Canada est un mouvement communautaire qui rassemble des milliers de personnes et de partenaires. » Elle a ajouté ceci: « [...] à bien des égards, nous célébrons aujourd'hui le fait de pouvoir poursuivre les efforts d'Anita, qui avait la ferme conviction que l'alimentation est ce qu'il y a de plus rassembleur. »
Anita Stewart a été la première lauréate du prix d'alimentation de l'Université de Guelph et le laboratoire des aliments de l'université a même été nommé en son honneur. Lors de l'événement tenu en juillet à l'Université de Guelph dont je viens de parler, j'ai eu le plaisir de rencontrer un des quatre fils d'Anita, Jeff Stewart. Il m'a parlé du dévouement et de la passion dont sa regrettée mère avait fait preuve tout au long de sa vie pour l'alimentation au Canada et qui perdurent au sein de sa famille, mais qui perdurent aussi grâce à la Journée des terroirs du Canada.
La semaine dernière, Jeff et ses trois frères, Brad, Mark et Paul, m'ont envoyé un message au sujet de leur défunte mère et de la signification que revêt, pour eux, la Journée canadienne de l'alimentation. Voici ce qu'ils m'ont écrit:
Depuis les années 1970, notre mère, Anita Stewart, travaille à unir les Canadiens grâce à l'alimentation. Il y a 20 ans, elle a créé la Journée des terroirs du Canada [...] une célébration nationale du caractère unique de la culture alimentaire canadienne, de sa richesse et de sa diversité.
Depuis 20 ans, la Journée des terroirs du Canada a rassemblé toute une communauté nationale qui célèbre l'alimentation au Canada et ceux qui nous la font connaître. L'objectif de l'organisation associée à la Journée des terroirs du Canada est d'informer la population au sujet du système et de la culture alimentaires du Canada et de la sensibiliser aux enjeux de souveraineté et de sécurité alimentaires. L'organisation et ses membres appuient entièrement le projet de loi S‑227 et ils sont prêts à offrir une orientation, des conseils et des ressources pour s'assurer que la journée canadienne de l'alimentation officielle atteigne son potentiel maximal en tant que célébration positive, dynamique et diversifiée s'adressant à tous les Canadiens.
S'ils appuient ce projet de loi, les députés feront un pas historique vers la reconnaissance mondiale du Canada en tant que fier leader du secteur de l'alimentation, en plus de donner aux Canadiens l'occasion d'acheter, de cuisiner, de manger et de célébrer des aliments issus de la riche culture alimentaire canadienne.
Nous avons la conviction que l'instauration de la journée canadienne de l'alimentation officielle aura d'importantes retombées culturelles pour les Canadiens et leur famille, ainsi que des retombées économiques pour les collectivités et les entreprises, alors que nous ferons tous écho à la phrase préférée de notre mère: « Le Canada produit de la nourriture et le monde s'en trouve enrichi. »
Voilà les observations des quatre enfants d'Anita Stewart.
Depuis la première Journée des terroirs du Canada en 2003, celle-ci est devenue une merveilleuse célébration des aliments cultivés par les agriculteurs, que tous les Canadiens savourent chaque jour, que ce soit dans leur cuisine ou dans un restaurant du pays. On célèbre cette journée le samedi précédant le premier lundi d'août, ce qui fait qu'elle a lieu dans de nombreuses provinces, dont la mienne, le samedi du long week-end d'août.
Je sais que certains peuvent se demander pourquoi il faut en faire une journée officielle. C'est parce qu'une chose merveilleuse a émergé de la noirceur de la crise de l'ESB de 2003 et que nous, Canadiens, avons maintenant l'occasion de souligner le résultat positif d'une situation négative. Au cours des deux dernières décennies, la Journée des terroirs du Canada a pris de l'ampleur pour englober non seulement les agriculteurs, mais aussi tous les acteurs de notre chaîne d'approvisionnement alimentaire nationale: ceux qui travaillent dur pour semer les graines dans les champs, ceux qui récoltent les cultures, ceux qui transforment les aliments et ceux qui préparent et servent les merveilleux et délicieux repas que l'on retrouve dans les assiettes des Canadiens.
Nous avons tous de grandes choses à célébrer dans nos circonscriptions en ce qui concerne l'agriculture et l'alimentation canadiennes. Qu'il s'agisse des pêcheurs de Nova-Ouest, des producteurs laitiers d'Abbotsford ou des agriculteurs de Sarnia—Lambton, nous avons tous des choses à célébrer.
Étant le parrain de ce projet de loi, je peux me vanter un peu du fait que ma magnifique circonscription, Perth—Wellington, compte plus de producteurs laitiers et de producteurs de poulets que n'importe quelle autre circonscription au pays et qu'on y produit 103 millions de kilogrammes de poulet chaque année. Dans Perth—Wellington, nous avons 395 exploitations porcines, 538 exploitations bovines et 242 954 bovins laitiers ou bovins de boucherie. Collectivement, à l'échelle du pays, l'agriculture et l'agroalimentaire représentent 134,9 milliards de dollars du PIB chaque année.
Ce n'est là qu'un des nombreux bons aspects. Étant donné la longue contribution de l'agriculture à la croissance de notre grand pays et l'apport de la nourriture à notre patrimoine culturel et multiculturel distincts, il vaudrait certes la peine d'instituer une journée canadienne de l'alimentation le samedi précédant le premier lundi d’août.
Les Canadiens travaillent fort, et ils s'entraident. Cette mesure est l'héritage que nous a légué Anita Stewart, et une source de fierté au sein de nos milieux agricole et agroalimentaire. Travaillons ensemble pour faire adopter le projet de loi S‑227 et faire reconnaître officiellement une journée canadienne de l'alimentation.