Madame la Présidente, je tiens d'abord à vous féliciter pour le renouvellement de votre mandat.
C'est un privilège de prendre de nouveau la parole à la Chambre pour participer au débat pour la première fois au cours de la 44e législature. Je tiens d'abord à remercier tous les bénévoles, le personnel dévoué, mes amis et ma famille, qui ont travaillé sans relâche pour me faire élire. Je dois également beaucoup à ma conjointe, Nicole, qui est restée à mes côtés et m'a donné la force d'être le meilleur représentant et la meilleure personne que je puisse être.
Je suis vraiment honoré que les habitants de West Vancouver-Sunshine Coast-Sea to Sky Country m'aient fait confiance pour les représenter à la Chambre. Je suis ici pour faire entendre leur voix et défendre leurs intérêts. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui, pour parler de la crise qui frappe actuellement les Britanno-Colombiens.
Lors de la dernière législature, j'ai pris la parole à la Chambre pour parler de la loi historique sur la responsabilité en matière de carboneutralité et j'ai parlé des répercussions de plus en plus graves des changements climatiques sur la Colombie‑Britannique et les habitants de ma circonscription. Cette loi oblige maintenant le gouvernement du Canada à fixer des objectifs ambitieux et à rendre compte régulièrement de ses progrès afin qu'il soit tenu de les atteindre.
Même si le Canada et de plus en plus de pays mettent en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les répercussions de la crise climatique que nous aurons à gérer seront de plus en plus graves au cours des prochaines décennies, dans le meilleur des scénarios. Nous ne pouvons miser uniquement sur les stratégies d'atténuation. La catastrophe qui sévit depuis deux semaines met en évidence que nous avons pris beaucoup de retard pour mettre en place des mesures d'adaptation aux changements climatiques déjà très présents et en évolution constante.
L'année 2021 a marqué un tournant pour ce qui est de la crise climatique en Colombie-Britannique. L'été dernier, nous avons souffert d'une vague de chaleur extrême sans précédent — communément appelé un dôme de chaleur — durant laquelle la ville de Lytton est devenue l'un des endroits les plus chauds au monde. Malheureusement, le lendemain, la ville a été complètement détruite par l'incendie causé par cette chaleur extrême. Dans toute la province, des records de chaleur ont été enregistrés et certains d'entre eux ont dépassé les 5 degrés Celsius. Au total, 595 Britanno-Colombiens ont perdu la vie en raison de cette chaleur extrême. Cette terrible vague de chaleur a allumé des feux de forêt partout dans la province, détruisant près de 8 700 kilomètres carrés de terrain. Des milliers de personnes ont été forcées d'évacuer leur domicile. Les habitants de la Colombie-Britannique ont respiré de l'air pollué — comparable aux pires concentrations de pollution atmosphérique dans le monde —parce que le soleil a été voilé par la fumée des feux de forêt.
Une température élevée a entraîné une fonte rapide de la calotte de neige des montagnes, des torrents d'eau se déversant ainsi dans les rivières. Quand la température nocturne au sommet du Mount Currie s'est retrouvée autour de 35 degrés, l'alerte d'évacuation du village de Pemberton, à proximité, a été donnée. Le village est passé à quelques centimètres près d'être inondé par les eaux de fonte. Heureusement, dans ce cas, l'eau s'est infiltrée dans le sol.
Toutes les zones côtières de ma circonscription ont été touchées, puisque des milliards d'organismes marins sont morts, ce qui a causé une puanteur caractéristique sur toute la côte de la Colombie-Britannique.
Moins de six mois plus tard, nous avons connu une autre catastrophe climatique sans précédent. En seulement deux jours, l'équivalent de plus d'un mois de précipitations sont tombées en raison d'une rivière atmosphérique, fracassant du coup plus de 20 records. Des endroits qui, cet été encore, se consumaient de façon incontrôlable se retrouvent maintenant sous l'eau. Cette fois, ce sont des inondations extrêmes qui ont obligé des milliers de Britanno-Colombiens à quitter leur domicile. Les eaux ont détruit maisons, infrastructures et entreprises, y compris dans ma circonscription, où les inondations dans le district de la Sunshine Coast ont causé des fermetures de routes, des coupures d'eau et des avis d'ébullition de l'eau. Voilà ce qui se passe l'année même où ces foyers ont connu des restrictions d'eau de niveau 4.
Bien que les coûts totaux associés à ce désastre n'aient pas encore été estimés, nous savons que ce sera la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire du pays. Il est facile de comprendre pourquoi. Alors qu'environ 240 milliards de dollars de marchandises passent par le port de Vancouver chaque année, le Sud-Ouest de la province a été coupé du reste du pays, puisque les inondations et les glissements de terrain ont coupé ou grandement endommagé toutes les routes et les voies ferrées.
Sur l'autoroute Coquihalla, qui sert au transport de milliards de dollars de marchandises, beaucoup de sections de route ont été emportées et beaucoup de ponts se sont effondrés, une situation qui touchera des milliers de personnes. La route sera probablement inutilisable pendant des mois. Certaines des terres agricoles les plus fertiles du pays ont été inondées, et des milliers d'animaux d'élevage ont péri noyés ou ont été euthanasiés.
À l'heure actuelle, tous les ordres de gouvernement travaillent de concert pour faire face à la crise. Des gens ont déployé des efforts héroïques pour aider les personnes touchées par la situation, que ce soit en donnant et en transportant de la nourriture, un besoin essentiel, en hébergeant des gens qui avaient besoin d'un toit, ou en contribuant généreusement aux secours. Le gouvernement du Canada a modifié les règles de l'assurance-emploi pour pouvoir fournir rapidement du soutien aux Britanno-Colombiens touchés par la situation; il a négocié avec nos amis des États-Unis un assouplissement des mesures frontalières et a déployé des militaires pour qu'ils réparent des infrastructures endommagées afin d'éviter que d'autres problèmes surviennent, puisqu'on annonce jusqu'à 80 millimètres de pluie demain.
Ce ne sont là que quelques exemples. Ce sont les coûts financiers réels des changements climatiques et il faut payer la note dès maintenant. Certes, il s'agit de l'année la plus désastreuse de l'histoire de la Colombie‑Britannique, mais ce n'est qu'un avant-goût de ce que nous réserve l'avenir.
L'été dernier, Oxfam a analysé une recherche de l'institut Swiss Re selon laquelle l'économie du Canada pourrait se contracter de 6,9 % d'ici 2050 si on ne prend pas de mesures ambitieuses pour lutter contre les changements climatiques. Les événements de ce genre deviendront à la fois plus fréquents et plus graves et, si nous ne prenons pas de mesures pour devenir plus résilients, ils seront lourds de conséquences.
Le gouvernement du Canada a pris des mesures dans ce domaine, mais il faut agir davantage et plus rapidement. Les programmes comme le Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes fournissent un appui aux grands projets d'infrastructure afin d'aider les collectivités à mieux gérer les risques liés aux catastrophes naturelles.
Plus tôt cette année, j'ai été fier d'annoncer, pour la municipalité de villégiature de Whistler, du financement destiné à la construction de coupe-feu qui atténueront les risques d'incendies de forêt dans la région. Nous avons aussi lancé un fonds national d'infrastructure plus tôt cette année, qui nous permettra d'axer nos efforts sur des solutions d'infrastructures naturelles qui sont fondamentalement plus résilientes aux effets des changements climatiques, pour la même raison qui explique que la région de Pemberton a été épargnée de ce que j'ai mentionné tout à l'heure.
Le budget de 2021 prévoit également des milliards de dollars d'argent frais pour aider les provinces et les territoires à atténuer les conséquences des catastrophes. Plus tôt aujourd'hui, le premier ministre s'est engagé à mettre en place un programme d'assurance à faible coût contre les inondations et nous allons collaborer avec les provinces et les territoires pour mettre à jour la carte des zones inondables. C'est extrêmement important, car nous savons que des villes comme Merritt utilisaient des cartes des zones inondables vieilles de presque 40 ans.
Le gouvernement s'est également engagé à collaborer avec les Premières Nations pour atténuer les risques de feux de forêt en se servant des pratiques ancestrales fort efficaces de ces dernières. Il entend également mettre en place une stratégie nationale d'adaptation d'ici un an et à mettre en œuvre une perspective climatique comprenant des mesures d'adaptation et d'atténuation pour toutes les décisions gouvernementales qui seront prises à l'avenir.
On dit qu'il vaut mieux prévenir que guérir et c'est le cas dans la situation présente; ces mesures et d'autres mesures doivent être mises en œuvre de toute urgence.
En terminant, je veux raconter l'histoire de mon ami Noah. Il rentrait chez lui, à Vancouver, en voiture après s'être rendu près de Merritt quand il s'est buté à un glissement de terrain sur la route Coquihalla. Il a dû rebrousser chemin et emprunter la route du lac Duffy, qui n'affichait aucune mise en garde. En cours de route, il a dû s'immobiliser et, peu après, un glissement de terrain l'a surpris. Son véhicule en a fait plusieurs tonneaux et il a été démoli, mais Noah et son passager en sont miraculeusement sortis indemnes, hormis pour quelques ecchymoses et un bon bain de boue.
Son histoire ne se compare pas à celle d'autres automobilistes qui sont restés coincés, ni à celle des premiers intervenants qui sont arrivés rapidement pour sortir toutes ces personnes de leur véhicule et pour les tenir au chaud en attendant de pouvoir quitter les lieux. Ils ont eu de la chance de s'en sortir indemnes, mais au moins quatre personnes ont connu une fin tragique.
Nous savons que des événements comme celui-là deviendront de plus en plus fréquents et nous devons collaborer avec tous les paliers de gouvernement pour assurer la sécurité des Canadiens. Nous devons nous assurer que nos infrastructures résistent aux phénomènes météorologiques extrêmes de la sorte et que les Canadiens comprennent bien les risques pour eux-mêmes ainsi que pour leurs biens. Nous devons être en mesure de nous adapter aux conditions qui changent rapidement.
J'espère que tous les députés saisiront et entretiendront le sentiment d'urgence et la motivation que nous vivons tous aujourd'hui, afin que nous puissions travailler ensemble pour réduire les émissions et les risques que courent les collectivités en raison de l'accélération des changements climatiques.