Elle s'appelle Jade et elle est à peu près haute comme ça. Elle est pétillante, énergique, fantastique et positive au possible. C'est vraiment quelque chose. Soit dit en passant, heureusement qu'elle est encore jeune, car elle pourrait probablement me ravir mon siège si elle décidait d'être candidate. Elle est vraiment formidable; elle casse le moule. Hier, comme je n'avais pas eu l'occasion de parler à Jade dernièrement, j'ai demandé à son professeur de l'an dernier si on pouvait organiser un appel avec Zoom, ce que nous avons fait. En plus de pouvoir parler à Jade pendant à peu près 20 minutes, j'ai également pu parler aux autres élèves de sa classe.
Pourquoi je parle de cela? Parce qu'on peut apprendre quelque chose de nouveau chaque jour. Si je n'en parlais pas, ce serait une injustice envers Jade. Je lui ai demandé de me raconter quelque chose d'emballant et de me dire ce qu'elle veut faire plus tard. Je pensais qu'elle voudrait être première ministre du Canada. Je ne savais pas ce qu'elle voulait faire. Il faut comprendre que cette magnifique jeune fille est formidable et pleine de vie. Elle a répondu qu'elle voulait travailler dans un musée.
J'ai répondu: « Dans un musée? C'est intéressant. Apprends-moi quelque chose. »
Elle a levé la main et a dit: « Je sais. »
C'était adorable. Elle a dit: « Je parie que vous ne savez pas ce qu'est un pangolin. »
J'ai dit: « Un pingouin? »
Elle a répondu: « Un pangolin. »
J'ai dit: « Je n'ai jamais entendu parler des pangolins de ma vie. »
Elle a répondu: « Eh bien, c'est seulement un oryctérope recouvert d'écailles très pointues, qui le protègent contre toutes les formes d'attaques. »
J'ai répondu: « Wow. »
Mme Armstrong, son enseignante de l'année dernière, a été un modèle inspirant pour cette jeune femme, et je la remercie énormément pour ce qu'elle a fait. Je tiens à ce que les députés sachent que Jade est la raison pour laquelle je prends la parole à la Chambre avec tant de fierté, et je sais que nous devons continuer à nous battre.
Pourquoi est-ce que je raconte ces histoires? Pourquoi est-ce que je parle des femmes? C'est parce qu'il est absolument crucial de les protéger. Imaginons seulement un instant que, au cours de leur vie, ma mère, ma femme, ma fille ou Jade ait été agressée. À mon avis, elles ne l'ont probablement jamais été, mais, si elles l'avaient été, quelle incidence cet événement aurait-il eue sur ma vie? Si on n'avait pas rendu justice à ces femmes, comment cet événement aurait-il guidé ma vie? C'est pourquoi je suis extrêmement fier de prendre la parole à la Chambre pour rendre hommage à mes mentors. Je suis sûr que les autres députés ont également de nombreux mentors.
Le 27 octobre, j'ai participé à une réunion Zoom avec une femme extraordinaire: Marion Overholt. Nous avons parlé de la formation destinée aux juges concernant les cas d'agressions sexuelles. J'aimerais vous faire part de certains points qu'elle a soulevés. Je tiens d'abord à dire que j'ai été pompier pendant sept ans et demi. Dans l'exercice de nos fonctions, nous devions répondre à toutes sortes d'appels comme des incendies ou des crises cardiaques. Parfois, quand les ambulanciers ne pouvaient arriver assez vite, nous répondions à des cas d'agressions sexuelles. Je me souviens très bien d'un cas en particulier, dont je vous épargnerai les détails. Je m'en souviens comme si c'était hier, mais je n'avais pas réalisé à l'époque que de nombreuses personnes allaient être affectées par ce crime. En tant que pompier, mon rôle consistait à me rendre sur les lieux d'un incendie et à l'éteindre, ensuite, je rentrais chez moi, mais le traumatisme continuait. Je n'avais pas pris conscience de cette réalité avant de m'entretenir avec Mme Overholt.
Elle a déjà témoigné devant le comité de la justice. Elle compte 37 ans de pratique en tant qu'auxiliaire de l'aide juridique communautaire et elle est assignée à un détachement de la police provinciale de l'Ontario. Elle m'a dit: « Dans le passé, les victimes hésitaient à porter plainte parce qu'elles doutaient qu'on les croie. » C'est une déclaration extrêmement puissante. Si les quatre femmes qui influencent ma vie doutaient qu'on les croie, ce serait une grave injustice.
Mme Overholt a ajouté que les agressions sexuelles se produisent souvent dans un cadre privé et intime, sans témoins et souvent sans preuve évidente. L'accent est alors mis sur la crédibilité. Contrairement au plaignant, il arrive souvent que la victime ne témoigne pas, ce qui risque de creuser l'écart.
Qu'est-ce que cela signifie? À mon avis, cela signifie ce qui suit, et je vais revenir à l'essentiel.
L'année prochaine, j'espère que je regarderai fièrement ma fille partir à l'université quelque part, que ce soit à Calgary, à Guelph ou aux États-Unis, si jamais ils parviennent à prendre en main la pandémie de COVID. Je crois qu'elle a besoin d'avoir le droit, la confiance et la conviction de pouvoir se manifester et se faire entendre sans se sentir victimisée si quelque chose lui arrive et de savoir que les tribunaux et le système de justice feront preuve de la diligence requise à son égard.
Pour en revenir à ma réunion du 27 octobre, Mme Overholt a poursuivi en disant que les procureurs de la Couronne ne représentent pas réellement la victime. Ils représentent la Couronne, tandis que l'avocat de la défense est là pour le défendeur.
Ce fut une conversation intéressante. Je suis certainement porté à croire que, la prochaine fois qu'on me dira que je suis coupable ou victime de quelque chose, la Couronne ira dans l'autre sens et tendra la main à la victime, surtout quand la victime n'a pas nécessairement voix au chapitre.
Mme Overholt a ajouté que le fardeau de la preuve est élevé: coupable hors de tout doute raisonnable. Les victimes affirment souvent que le procès est pire que l'agression.
Qu'est-ce que cela veut dire? Nous avons eu d'excellentes discussions à ce sujet.
Il faut beaucoup de temps avant qu'une cause arrive au tribunal. Si une personne est agressée demain — on souhaite bien sûr qu'elle ne le soit pas —, il faudra peut-être des années avant que la cause soit entendue par le tribunal. La blessure de la victime a donc le temps de commencer à se cicatriser, ne serait-ce que grossièrement. Lorsque l'affaire arrive enfin au tribunal, la victime doit regarder l'accusé dans les yeux et écouter les témoignages, sa cicatrice s'ouvre de nouveau, et elle doit revivre les événements survenus des années plus tôt. C'est une situation déplorable et inacceptable.
Maintenant, parlons un peu de formation.
Comme je l'ai déjà mentionné, j'ai travaillé au service des incendies. J'ai reçu des formations sur la réanimation cardiorespiratoire, le Système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail, et le sauvetage en hauteur avec cordage. Dans le cadre de mon entreprise, j'ai dû suivre une formation axée sur les espaces clos. Il y avait des formations de toutes sortes. La semaine prochaine, je suivrai, à titre de député, une formation sur le harcèlement. Tout cela pour dire que personne n'est et ne devrait être au-dessus de la loi. S'il est bon pour les députés de suivre des formations, cela vaut sûrement aussi pour les juges. Pourquoi suis-je de cet avis? C'est parce que personne n'est parfait. Pour moi, ce ne sont pas tant des formations que des outils de plus dans ma boîte à outils. Ayons des discussions ouvertes. S'il y a un cas en Ontario, regardons ce qui se passe en Colombie-Britannique. S'il y a un cas en Colombie-Britannique, regardons ce qui se passe à Terre-Neuve, et laissons les juges rassembler ces informations et en parler, puisqu'il s'agit, en fait, d'une discussion bien plus vaste.
Pour terminer, je tiens à remercier Mme Ambrose d'avoir présenté ce projet de loi. Je serai très fier et honoré de voter en faveur du projet de loi C-3.