Madame la Présidente, aujourd'hui, les Canadiens et les Canadiennes font face à des défis économiques extrêmement sérieux. En effet, ils paient plus cher pour l'épicerie et pour le logement et ils ont de la misère à se trouver un emploi. En même temps, certains employeurs ont de la difficulté à trouver des employés. Le Canada est à la croisée des chemins.
Nous nous demandons comment relancer justement l'économie après la pandémie. Nous avons aussi d'importantes questions en lien avec la crise climatique. Nous nous demandons comment effectuer une transition juste, pour le climat et pour les travailleurs. En ce moment, on a besoin de leadership.
La mise à jour économique était l'occasion de mettre en évidence le leadership du gouvernement. Or, ce que nous avons vu, c’est une défense du statu quo. Ce n’est pas un statu quo innocent, c’est un statu quo qui fonctionne très bien pour les plus riches, mais qui rend la vie des travailleurs et des travailleuses plus difficile.
Nous voulions que le gouvernement propose des solutions, mais il n'y en a pas dans la mise à jour économique.
Selon le NPD, lorsqu'il est question des grandes questions économiques, c’est très important que l’unité de base de notre analyse soit les personnes les plus vulnérables sur le plan financier ou les travailleurs et les travailleuses qui ont un peu d’argent, mais qui se demandent si cela est assez pour payer toutes les factures, à la suite de la pression exercée par l’inflation.
Le Canada est à la croisée des chemins, à l'instar du reste du monde. Selon la journée, soit les libéraux nous disent que la pandémie est derrière nous, que l'économie est revenue à la normale et que tout va bien, soit, quand cela leur convient, ils nous disent ce que tout le monde sait déjà, c'est-à-dire que la pandémie n'est pas terminée. Certaines choses se sont améliorées, mais plusieurs choses vont encore très mal.
Les gens essaient encore de trouver leur place, que ce soit collectivement, à l'échelle de leur pays, de leur province, de leur ville ou de leur communauté, ou à titre personnel. Ils se demandent quelle sera leur place dans la nouvelle économie au sortir de la pandémie. Bien sûr, cette situation découle des pressions que nous subissons encore à cause des problèmes liés aux chaînes d'approvisionnement et d'autres problèmes causés par la pandémie, mais l'économie allait tout de même changer à cause des changements climatiques.
Nous avons vu tellement de preuves à cet effet. Je pense à mes collègues de la Colombie‑Britannique qui sont assis autour de moi. Ils connaissent très bien le véritable coût des changements climatiques ainsi que les conséquences économiques et le coût financier réel de ne pas lutter contre ces derniers.
Nous sommes arrivés à la croisée des chemins. Nous essayons d'imaginer à quoi ressemblera l'après-pandémie et de quelle façon nous allons faire la transition vers une économie durable qui peut atténuer, dans la mesure du possible, l'incidence des changements climatiques.
Les néo-démocrates estiment que, malgré toute cette souffrance, toutes ces difficultés, c'est l'occasion de créer l'infrastructure et le cadre nécessaires à une économie plus équitable et un pays meilleur. Le Canada a besoin d'une économie qui rejette l'idée, comme nous l'a dit le directeur parlementaire du budget la semaine dernière, que 25 % de toutes les richesses produites au pays profitent à seulement 1 % de la population et que 40 % de la population canadienne doivent se partager un maigre 1 %. Cela n'a pas toujours été le cas. La situation ne fait que s'aggraver.
Quand le gouvernement défend le statu quo à l'origine de tels résultats, les Canadiens doivent savoir qu'il ne défend pas seulement l'attribution de 25 % des richesses à 1 % de la population. Il défend aussi la tendance voulant que de plus en plus de richesses profitent à un nombre toujours plus restreint. Malgré une assiette économique toujours plus garnie, la portion réservée au 1 % de privilégiés augmente beaucoup plus rapidement, ce qui en laisse moins à tous les autres.
Alors que nous sortons de la pandémie dans une certaine mesure, qui est loin d'être aussi grande que le gouvernement aime parfois le prétendre, et que nous nous aventurons dans un avenir incertain où les phénomènes météorologiques extrêmes seront beaucoup plus nombreux en raison des changements climatiques, nous devons veiller à bien appliquer les principes qui garantiront que tout le monde jouira d'un avenir prospère, et pas seulement les personnes qui possèdent déjà des actifs importants.
Le mot à retenir est « capitalisme ». Le marché est de moins en moins réglementé et le régime fiscal est de moins en moins équitable, ce qui a permis aux gens qui possèdent des actifs de continuer à en posséder de plus en plus. À moins qu'il y ait un moyen d'y mettre un frein, nous finirons par arriver à un point où ce qui est partagé parmi le reste d'entre nous ne suffira pas pour la plupart d'entre nous.
C'est pourquoi je suis très fier d'être le porte-parole en matière de finances d'un parti qui parle d'instaurer un impôt sur les profits excessifs en période de pandémie. Cet impôt reconnaît que, même si de nombreuses entreprises ont éprouvé de grandes difficultés pendant la pandémie, certaines s'en sont tirées extraordinairement bien par rapport à leur rendement d'avant à la pandémie. Il serait donc logique de leur demander une part un peu plus importante des profits excédentaires qu'elles ont réalisés pour accomplir certaines des choses nécessaires pour sortir complètement de la pandémie et bâtir un avenir juste.
Je suis également fier d'être le porte-parole en matière de finances d'un parti qui a promis d'instaurer un impôt sur la fortune de 1 % pour les Canadiens dont la fortune dépasse 20 millions de dollars. Le nombre de personnes concernées n'est pas élevé, mais cela représente beaucoup d'argent qui pourrait faire beaucoup de bien. Cet argent irait aux personnes qui bénéficient des investissements que nous faisons tous dans les infrastructures publiques. Il est juste et bon que les Canadiens qui reçoivent une part aussi disproportionnée des avantages paient proportionnellement plus pour créer des infrastructures et prendre des mesures qui protègent les plus démunis.
On a beaucoup parlé d'inflation à la Chambre au cours des trois dernières semaines et demie. Le fait est que ce n'est pas l'argent qui a été versé aux personnes financièrement vulnérables qui alimente l'inflation. Ce ne sont pas non plus les versements de la PCU ni les paiements de la subvention salariale d'urgence. Cet argent a permis aux gens de faire l'épicerie, de payer leurs factures et de faire réparer leur voiture. Les gens qui ont bénéficié de la subvention salariale ont reçu 75 % de la paie qu'ils avaient l'habitude de recevoir. Je ne vois pas comment cela pourrait provoquer de l'inflation alors que les gens gagnent 25 % de moins que d'habitude. N'allons pas prétendre que c'est l'aide accordée à ces gens qui en avaient besoin qui a provoqué l'inflation. C'est important, car ces gens éprouvent encore des difficultés et ont toujours besoin d'aide. Voilà pourquoi le gouvernement a eu tort de sabrer la Prestation canadienne de la relance économique avec deux jours de préavis.
Voilà aussi pourquoi les libéraux ont tort de tarder à donner suite à des promesses telles que la prestation canadienne pour les personnes handicapées. Ils ont promis cette prestation il y a un certain temps déjà, et les personnes handicapées qui sont incapables de travailler en ont besoin pour vivre dignement.
C'est pourquoi le gouvernement devrait faire de même pour les aînés qui reçoivent le Supplément de revenu garanti. Nous avons parlé un peu des prestations récupérées, mais je tiens à souligner que, même en l'absence d'une récupération, le Supplément de revenu garanti ne permet pas aux gens de vivre au seuil de la pauvreté. Ce montant est toujours inférieur au seuil de la pauvreté. Tout cela fait partie intégrante des efforts déployés pour que le Canada puisse, un jour, instaurer un revenu de base garanti pour tous ceux qui en ont besoin. Nous y sommes presque arrivés grâce à la Prestation canadienne d'urgence. C'était une expérience intéressante.
Voilà pourquoi nous vivons un moment très important. Nous pourrions dire que ces mesures n'étaient que temporaires: le pire de la pandémie est maintenant derrière nous, et nous allons laisser tomber toutes ces personnes pour revenir au statu quo dans un monde où 1 % des gens possèdent 25 % de la richesse. Ce pourrait aussi être l'occasion de dire que nous avons appris à faire les choses différemment, que c'était un moment important de notre histoire et que, malgré certains problèmes très réels dans la façon dont les programmes ont été administrés, nous avons tiré une leçon importante pour l'avenir; voilà le principe.
Aujourd'hui, les libéraux auraient pu prendre des mesures concrètes à l'égard de l'un des facteurs structurels qui alimentent l'inflation au Canada à l'heure actuelle, à savoir le marché immobilier. Tout le monde le sait. Que l'on pense aux gens qui essaient d'accéder à la propriété ou aux parents qui envisagent l'avenir de leurs enfants, tout le monde s'inquiète du marché immobilier. D'ailleurs, nous savons qu'un nombre record de prêts hypothécaires au Canada sont détenus par des investisseurs.
Il y a des choses que le gouvernement pourrait envisager, telles qu'un moratoire sur l'acquisition de propriétés par des sociétés de placement immobilier jusqu'à ce que le marché revienne à la normale. Le gouvernement pourrait créer un fonds d'acquisition pour que les organismes sans but lucratif qui œuvrent dans le domaine de la création de logements sociaux et d'autres formes de logement abordable puissent concurrencer certains de ces investisseurs dans le marché pour mettre la main sur des immeubles et des terrains lorsqu'ils sont mis en vente. Ce sont là quelques-unes des choses que le gouvernement pourrait faire dès maintenant pour aider à calmer le marché du logement et créer un peu d'espoir pour l'avenir des Canadiens, de sorte que, même si ces derniers n'ont pas les moyens de se payer une maison demain, ils sachent que nous sommes en voie de rétablir, dans cinq ou dix ans, l'accessibilité à la propriété pour eux et leurs enfants. Rien dans l'énoncé ne parle de cela. C'est à peine si on effleure le sujet. Or, en cette période difficile, nous avons besoin de véritable leadership et de mesures concrètes.
Quand il est question d'abordabilité, quelle est la plus grande source de pressions financières sur les aînés canadiens? Le prix des médicaments d'ordonnance. Depuis 1997, les libéraux promettent de trouver une solution. On est tenté de changer de sujet parce qu'on en parle tout le temps et que rien ne bouge. Mais ce serait concéder la victoire aux libéraux, qui, dans leur cynisme, promettent si souvent d'y remédier. Ce serait aussi une victoire pour l'industrie pharmaceutique, qui souhaite plus que tout que le NPD cesse de parler de l'assurance-médicaments afin de continuer tranquillement à faire de l'argent sans se soucier du jour où nous allons faire ce qu'il faut pour les Canadiens et structurer nos achats de façon à ce que tout le monde soit couvert et fasse des économies. Et j'espère être témoin du jour où l'on fera également cela pour les soins dentaires.
La création d'emplois et la lutte contre l'inflation, elles, s'accompagnent d'occasions en matière de lutte contre les changements climatiques. Nous devons aider les gens à rénover leur domicile pour le rendre plus écoénergétique et les amener à graduellement renoncer au chauffage au carburant fossile. Si nous le faisons comme il le faut, surtout auprès des ménages à faible revenu, ceux-ci pourraient faire des économies tous les mois. C'est un investissement que nous devons absolument faire si nous voulons à tout le moins espérer atteindre nos cibles de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Il pourrait s'agir d'une aide financière concrète pour les ménages qui vivent des temps difficiles. C'est le moment idéal d'agir, non? Pourtant, rien de tout cela n'a lieu.
Il s'agit également de s'engager dans un projet de modernisation ambitieux et à grande échelle, et dans un véritable projet d'édification nationale qui ne consiste pas à construire un pipeline, mais à construire les autres éléments essentiels dont nous avons besoin, comme un réseau électrique de l'Ouest qui permettrait à l'énergie solaire et éolienne produite en Alberta et en Saskatchewan de travailler en tandem avec l'énergie hydroélectrique produite aux deux extrémités de la région de l'Ouest. Cela pourrait créer beaucoup d'emplois. Combiné à cela, un programme de modernisation ambitieux pourrait créer des perspectives d'emploi en fonction desquelles les employeurs de ces domaines pourraient planifier à long terme tout en travaillant avec le gouvernement pour former une génération entière de gens de métier. Ces travailleurs spécialisés travailleraient sur des infrastructures durables sur le plan environnemental et contribueraient à réduire nos émissions. Ces personnes pourraient occuper de bons emplois bien rémunérés qui aideraient à bâtir l'économie canadienne de demain. Peut‑on trouver meilleur moment pour le faire que maintenant? Et pourtant, l'énoncé économique d'aujourd'hui fait à peine mention de la crise climatique.
On pourrait croire qu'elle n'a pas eu lieu. Il y a certes de l'argent indispensable pour nos frères et sœurs de la Colombie-Britannique qui souffrent des phénomènes météorologiques qui ont frappé la province, mais ce n'est qu'une réaction à ce qui s'est produit. Comme nous l'avons entendu plus tôt, la seule chose proactive dont parle le gouvernement, c'est de proposer un autre plan. Je ne sais pas combien de fois nous allons devoir entendre parler du prochain plan génial des libéraux avant d'enfin commencer à réduire les émissions, et ce, pendant que le Canada est le cancre de l'OCDE avec les plus fortes augmentations d'émissions. C'en est assez des plans. Il faut choisir quelque chose et s'y mettre. La question a déjà été étudiée jusqu'à l'excès.
Lorsque nous parlons d'inflation, cela concerne également les chaînes d'approvisionnement. En particulier, il est question de l'exposition des chaînes d'approvisionnement non seulement à des événements comme la pandémie, comme nous l'avons constaté, mais aussi à la crise climatique. Nous l'avons vu en Colombie-Britannique. L'une des pressions inflationnistes qui existent au Canada en ce moment provient du port de Vancouver, qui a été mis à mal par les événements météorologiques extrêmes qui se sont produits là‑bas.
Pour tenter de réduire la pression internationale exercée sur les chaînes d'approvisionnement canadiennes, le gouvernement pourrait notamment envisager de fabriquer des produits ici même, au Canada. Nous avons entendu que nous avions eu du mal à nous procurer de l'équipement de protection individuelle et d'autres biens médicaux essentiels lorsque la pandémie a frappé. De nombreuses compagnies canadiennes affirmaient qu'elles pouvaient fabriquer ces choses ici. Elles n'auraient rien aimé de plus que de former des Canadiens pour qu'ils fassent ce travail dans leurs installations.
Elles ont dit qu'elles pouvaient élargir leurs activités, mais elles avaient uniquement besoin que le gouvernement choisisse d'investir dans elles au lieu de donner plus d'argent aux multinationales qui délocalisent la fabrication de leurs produits depuis des décennies. Les compagnies canadiennes voulaient que le gouvernement investisse dans elles, dans la réussite de notre pays, parce qu'elles savaient qu'elles possédaient les capacités nécessaires. Cependant, ce n'est pas ce que le gouvernement a choisi de faire. Dans la mise à jour économique et budgétaire, on ne mentionne pas du tout comment nous pourrions rapatrier la fabrication de certains produits importants.
Je viens de me rendre à Washington. Les États‑Unis envisagent de prendre certaines mesures qui nuiront à nos efforts de rapatriement. Nous sommes désavantagés dans un endroit comme Washington parce que nous ne pouvons pas parler de notre stratégie pour le secteur de l'automobile. Nous ne pouvons pas parler de ce que nous ferons pour que les générations futures de Canadiens puissent travailler dans un secteur fortement syndiqué, où les emplois sont bien rémunérés. Ce n'est pas inattendu puisque le Canada ne possède pas de plan. Nous nous contentons de réagir à ce que les autres font. Cela signifie que les États‑Unis continueront de contrôler la situation et que nous devrons continuer à faire des pieds et des mains pour qu'ils nous permettent d'être à la table des négociations.
Il aurait été plus utile de dire: « Voici notre plan pour le Canada ». On parle beaucoup aujourd’hui de la production des batteries pour les véhicules électriques. Si le Canada s’engage sérieusement dans cette voie, il va nous falloir des partenaires. La Chine nous fait de l’œil. L’Allemagne aussi. Les États-Unis le devraient.
J’aurais aimé que le gouvernement puisse leur montrer un plan national pour le secteur automobile canadien; un plan qui fonctionne et qui illustre que nous voulons poursuivre notre long partenariat avec les États-Unis. Il aurait aussi fallu un plan de partenariat avec la Chine ou l’Allemagne. Ainsi nous aurions pu dire: « c’est notre option préférée, celle qui consiste à poursuivre notre collaboration bien intégrée dans le secteur automobile, alors n'écartez pas cette possibilité ». Je pense que cet argument aurait été bien plus efficace auprès de Washington, mais nous avons refusé de planifier.
Je viens de Winnipeg, où l’industrie aérospatiale est un secteur important, tout comme au Québec et dans d’autres régions. Nous n’avons pas non plus de plan pour ce secteur. Nous avons vu le gouvernement se démener pendant la pandémie, il ne savait pas vraiment quoi faire en dehors de la subvention salariale. Cette subvention salariale pour laquelle les libéraux ont malheureusement refusé tout conseil afin d'en corriger les défauts, avec pour résultat qu’il y a eu de bien nombreux abus. En dehors de cela, il n’y avait pas de sentiment d’urgence concernant le transport aérien des passagers, même si nous sommes un des plus grands pays au monde et que nous avons beaucoup de distance à parcourir pour nous rendre d’un point à un autre.
Nous en avons même besoin pour venir travailler ici, afin que les gens soient représentés à la Chambre des communes. Il va donc sans dire que tout le pays a besoin d'un transport aérien fiable. Ce secteur est un atout stratégique essentiel pour le Canada. Pourtant le gouvernement n’avait pas de plan, et il n’en a toujours pas. On distribue de l’argent par-ci par-là, mais il n’y a pas de stratégie globale pour que ce secteur si important puisse être maintenu et qu’il puisse engranger des bénéfices.
Ce ne sont là que quelques-unes de nos réflexions sur l'énoncé économique de l'automne. Comme les députés sont sans doute à même de le constater, le vrai problème tient au fait qu'il n'est guère différent du discours du Trône. Nous avons eu des élections parce que le gouvernement disait que nous étions à un tournant de notre histoire, que de grandes décisions qui allaient au-delà de ce que nous faisions déjà à la Chambre s'imposaient et qu'il lui fallait un mandat. Mouais, mouais.
C'est ce que des élections qui ont coûté 600 millions de dollars et dont personne ne voulait, sauf le premier ministre, nous ont apporté. Nous l'avons vu dans le discours du Trône, et c'est encore le cas dans cette soi-disant mise à jour financière. Ce n'est pas suffisant dans une période comme celle que nous traversons, quand plus de Canadiens ont de la difficulté à joindre les deux bouts tandis que les gens au sommet accaparent une part toujours plus grande de la richesse économique. Ce n'est pas suffisant quand le Canada se traîne les pieds pour réduire ses émissions et que le marché immobilier est déchaîné. Le gouvernement ne propose rien de concret pour remédier à tout cela.
Regardons la situation dans d'autres pays. La Nouvelle‑Zélande, par exemple, a mis en œuvre une politique selon laquelle les personnes qui possèdent déjà une demeure doivent donner une plus importante mise de fonds lors de l'achat d'une deuxième demeure, et ainsi de suite. Cela vise à décourager les personnes bien nanties de s'approprier des maisons et de veiller à ce que plus de gens soient en mesure de faire l'achat d'une maison.
Ce n'est là qu'un exemple d'un gouvernement qui prend des mesures sérieuses et créatives pour lutter contre le problème. Nous voyons que le maire de la ville de Vancouver, un ancien député du NPD, fait également preuve de créativité à l'échelle municipale. Il a en effet lancé une initiative intéressante qui vise à trouver une façon d'augmenter les lotissements résidentiels tout en évitant que les entrepreneurs empochent tout l'argent. Ces derniers en obtiendront une partie.
Les personnes au sommet semblent toujours inquiètes de ne pas faire assez d'argent. Il est toujours possible de faire de l'argent lorsqu'on paie notre juste part. Il n'est pas question ici de faire en sorte que les gros entrepreneurs ne s'enrichissent plus, mais bien qu'ils gagnent un montant d'argent raisonnable et qu'ils réinvestissent ensuite l'argent dans les collectivités et les infrastructures qui leur permettent de gagner cet argent. Il s'agit de veiller à ce que les personnes qui vivent dans les communautés développées par les entrepreneurs puissent vivre dans la dignité, même si elles ne peuvent pas se permettre d'habiter dans l'appartement de luxe au dernier étage. Voilà ce dont il est question.
Je pense que la plupart des Canadiens pourront se rallier à cette vision pour le Canada, mais elle ne se réalisera pas spontanément d'elle-même. Il faudra du leadership. Il faudra une bonne administration publique et de bonnes politiques publiques, au lieu du genre de gâchis chaotique dont nous avons été témoins au cours des dernières semaines, où le gouvernement arrive à peine à faire adopter ses propres projets de loi.
Nous sommes ici pour tenter de demander des comptes au gouvernement. Nous sommes ici jusqu'au moment où nous formerons le gouvernement — et j'espère que ce sera bientôt — pour essayer d'aider les députés ministériels à donner le meilleur d'eux-mêmes. Cela peut faire une grande différence dans la vie de beaucoup de Canadiens. Nous le constatons avec le Supplément de revenu garanti. Une annonce a été faite aujourd'hui qui est le résultat d'une énorme pression du public. Ce n'était pas une solution négociée. Nous le savons parce que ce n'est pas la solution que nous avons proposée.
Cependant, c'est une sorte de solution, mais il reste à en voir les détails. Nous espérons qu'elle apportera une aide véritable et rapide, mais nous avons besoin de plus que cela. J'aimerais bien que les libéraux cessent de la garder cachée en attendant le grand dévoilement. Il y a des gens qui vivent dans leurs voitures en attendant ce dévoilement, alors qu'ils préféreraient de loin être dans une maison.
Mettons fin au suspense, et attelons-nous à la tâche pour que ces personnes aient à nouveau un toit sur la tête, comme c'était le cas il y a quatre mois, avant que le gouvernement ne prenne la décision cruelle de récupérer leurs prestations au titre du Supplément de revenu garanti.
Voilà pourquoi cet énoncé économique est très insatisfaisant. Pour les Canadiens qui nous écoutent, s'il est une chose qu'ils peuvent retenir de ce discours, c'est qu'il y a des gens dans cette enceinte qui réfléchissent à des mesures concrètes que le gouvernement pourrait prendre. Nous ne sommes pas tous ici uniquement pour nous défouler. Nous sommes également ici pour faire un vrai travail et pour essayer d'élaborer des politiques qui donneront des résultats et qui amélioreront concrètement la vie des gens. Nous sommes ici pour continuer à exercer de la pression et faire en sorte que ces choses se produisent réellement, au lieu de passer aux nouvelles et faire croire aux gens que la question est réglée.
Nous sommes ici pour rappeler au gouvernement que ces questions ne sont pas réglées. Elles ne le seront pas tant qu'il n'y aura pas de mesures concrètes. C'est pour cela que nous sommes ici, et nous continuerons de faire pression. Nous continuerons d'exhorter les libéraux à ajouter certaines de ces mesures concrètes dans leur budget. Ils ont raté l'occasion de le faire dans le discours du Trône et dans l'énoncé économique de l'automne. Assurons-nous de faire tout notre possible pour que le budget en tienne compte.