Madame la Présidente, nous en sommes à l'étape de la troisième et dernière lecture du projet de loi C‑31. Nous venons tout juste de voter, et je soupçonne que la plupart des Canadiens seraient probablement un peu déçus d'apprendre que les conservateurs et les bloquistes ont voté contre la motion d'adoption du projet de loi C‑31 à l'étape du rapport. C'est préoccupant, compte tenu du contexte dans lequel nous tenons le débat.
Les députés d'en face parlent du problème de l'inflation et de la façon d'aider les Canadiens. Il s'agit d'une mesure législative qui permettra de mettre de l'argent dans les poches des Canadiens de toutes les régions du pays de façon très concrète.
J'ai eu l'occasion d'écouter le débat pendant quelques heures, que ce soit à l'étape de la deuxième lecture ou plus tôt aujourd'hui à l'étape du rapport. Je peux dire aux députés que, selon moi, les arguments présentés par le Bloc et le Parti conservateur décevraient la majorité des Canadiens. Je crois que les deux partis de l'opposition ne tiennent pas compte de ce que réclament la majorité des Canadiens, surtout si nous prenons en compte le problème de l'inflation.
Au cours des derniers jours, les conservateurs ont parlé de l’inflation, déclarant que le problème est si grave au Canada qu’il faut agir. Quand vient le temps de prendre de vraies mesures, ils ne soutiennent pas le gouvernement dans son action. J’espère aborder deux ou trois points dans mon discours.
Mon premier point porte sur la prise en compte de la situation mondiale. Je l’ai mentionné plus tôt. L’inflation est présente partout dans le monde. Le Canada, comme le leader à la Chambre vient de le mentionner, s’en sort plutôt bien en ce qui concerne son taux d’inflation par rapport à d’autres pays, comme les États‑Unis, l’Angleterre et de nombreux pays de l’Union européenne. Cela ne signifie pas que nous ne devrions pas agir pour soutenir les Canadiens.
Le projet de loi C‑31 représente l’une de ces lois comportant des mesures budgétaires servant à soutenir les Canadiens de toutes les régions du pays. Cependant, nous constatons que, même si les conservateurs aiment parler des mesures pour lutter contre l’inflation, quand vient le temps de défendre les Canadiens en votant pour des mesures qui leur seraient vraiment utiles, ils font le contraire. Cependant, pour donner l’heure juste, ce n’est pas complètement vrai.
Après tout, le crédit pour la TPS a été doublé, comme je l’ai mentionné plus tôt aujourd’hui, ce qui permet de redonner des sommes à 11 millions de Canadiens. Imaginez cela. Onze millions de Canadiens obtiendront une remise doublée pour la TPS. Au départ, les conservateurs en particulier voulaient voter contre ce projet de loi. Finalement, ils ont été convaincus. Ils ont constaté que les Canadiens auraient accès à des sommes supplémentaires, et ils ont changé d’idée. Bravo. Cependant, ce n’est pas ce que nous observons dans le cas du projet de loi C‑31.
Le projet de loi C‑31 met en place deux mesures. Une mesure permettra aux gens de garder plus d’argent dans leurs poches, et l’autre fournira un programme de soins dentaires pour enfants qui empêchera les enfants de devoir se rendre à l’hôpital.
J’aimerais parler plus amplement de ces deux points. Si nous nous penchons sur la question des soins dentaires pour enfants, dans presque toutes les provinces, nous constaterons que des enfants vont à l’hôpital parce qu’ils sont incapables d’obtenir les soins dentaires nécessaires. Nous savons que nos hôpitaux sont le dernier recours, en raison du manque de soins dentaires offerts aux enfants.
Si on prend un moment pour y réfléchir, nous sommes saisis d'un projet de loi qui dirait aux mères, aux pères, aux grands-parents, aux tuteurs et à d’autres personnes que les enfants âgés de moins de 12 ans, où qu’ils vivent au Canada — et je dois avouer que certaines provinces offrent de meilleurs soins dentaires que d’autres, mais nous n’exerçons pas de discrimination —, en fonction du niveau de revenu de leur tuteur, obtiendront une aide financière pour recevoir des soins dentaires.
Il s'agit en définitive d'un pas en avant vers un véritable programme national de soins dentaires. Si nous faisions un sondage, je crois que la plupart des Canadiens verraient cela du bon œil. Pourquoi s'y oppose-t-on? Non seulement cette mesure offre un programme de prestations de haute qualité, mais elle permet également à des Canadiens d'obtenir de l'argent pour des soins dentaires, surtout à une période où les gens sont préoccupés par le coût de l'épicerie, de sorte qu'ils n'ont pas nécessairement à décider si leur enfant de sept ans aura plus à manger ou qu'il obtiendra les soins dentaires dont il a besoin.
De nombreux ménages sont confrontés à une telle décision. Les conservateurs, et apparemment le Bloc, d'après le dernier vote, affirment que cela ne les concerne pas. Cela ne concerne pas les députés de l'opposition, qui disent ne pas avoir besoin de fournir ce type de service.
Je dirais que le projet de loi dont nous sommes saisis contribue grandement à faire en sorte que de bonnes décisions soient prises au nom des enfants du Canada, et que, quelle que soit la région, quelle que soit la province ou quel que soit le territoire où il vit, s'il répond aux critères, chaque enfant puisse être aidé à obtenir les soins dentaires dont il a besoin.
Le Bloc québécois va encore plus loin. S'il n'en tenait qu'aux bloquistes, il n'y aurait pas du tout d'aide parce que, souvent, ils considèrent qu'Ottawa n'est qu'un guichet automatique. Les bloquistes ne réalisent pas que, peu importe la région du Québec, du Manitoba ou tout autre endroit d'un océan à l'autre, les Canadiens comprennent et acceptent que le gouvernement fédéral joue un rôle dans le domaine de la santé. En fait, la Loi canadienne sur la santé existe justement pour veiller à ce que le gouvernement du Canada continue de jouer ce rôle essentiel.
Depuis le début de la pandémie, il y a eu de graves problèmes en ce qui concerne les soins de longue durée ou encore la santé mentale; ainsi, personne ne devrait être surpris de voir le gouvernement du Canada faire ce qu'il faut pour offrir du soutien, que ce soit par des moyens directs ou indirects.
Ce qu'il faut retenir, c'est que, de leur point de vue, les séparatistes ne veulent pas de programmes nationaux. Je suis totalement en désaccord. Même si je respecte ce qui les motive, je suis absolument et entièrement en désaccord avec eux.
Les conservateurs, quant à eux, ne semblent pas vouloir admettre ce que les Canadiens comprennent depuis des années, à savoir que le gouvernement national a un rôle à jouer dans les services de santé. Ce principe s'applique aussi à la question des soins dentaires. Il n'y a pas d'empiètement sur les compétences provinciales.
La meilleure façon d’aller de l’avant avec un véritable programme national, c’est de rallier tous les intervenants. Entretemps, nous mettons en place un programme national de prestations. Cette année, il sera destiné aux enfants, et l’an prochain, il sera destiné aux aînés et aux personnes handicapées. J'espérais que le Parti conservateur soit capable de le comprendre.
Nous attachons de l'importance aux services de santé, car nous savons à quel point ils sont importants pour les Canadiens. Voilà pourquoi nous avons conclu des accords sur les services de santé avec toutes les provinces. Voilà aussi pourquoi nous envoyons aux provinces des sommes qui atteignent un sommet historique sous forme de transferts en matière de santé, sans compter les centaines de millions de dollars consacrés à la santé mentale.
Qu’il s’agisse d’une motion du député d’Avalon sur les soins de longue durée ou de mesures répondant à d'autres besoins, les députés libéraux défendent les intérêts de leurs électeurs lorsqu’ils s'acquittent de leurs fonctions à Ottawa. C’est ce que nous voyons. Ce n’est pas ce que font les conservateurs, et c’est très malheureux. C’est l'une des propositions contre lesquelles le Parti conservateur et le Bloc votent.
Ils votent aussi contre l'aide aux locataires. Or, 1,8 million de personnes pourront profiter de ce volet du projet de loi et auront ainsi plus d’argent dans leurs poches. Celles qui éprouvent des difficultés pourront payer leur loyer.
Je dirais que ce sont des centaines, voire des milliers d’électeurs qui sont concernés dans chaque circonscription. Que l'on ne s'y méprenne pas: toutes les circonscriptions du pays auront accès à ce programme. L'aide pourra atteindre 500 $. Lorsque le Parti conservateur parle d’inflation et nous demande ce que nous faisons pour lutter contre l’inflation et aider les Canadiens, voilà notre réponse: c'est ainsi que nous aidons les Canadiens de façon très concrète et directe.
Voici la différence: les conservateurs aiment parler d'inflation en essayant de tourner ce sujet à leur avantage. Ils essaient de donner l'impression que le Canada fait cavalier seul ou, peut-être, que c'est lui qui décide que le monde traversera une période d'inflation. Ils ont toutes sortes de fausses informations.
Les conservateurs veulent que le gouvernement agisse. Pourtant, tandis que nous prenons des mesures, que l'inflation sévit dans le monde entier et que le Canada s'en sort bien, comme je l'ai dit au début, eux disent que ce n'est pas suffisant.
Les députés libéraux, à tout le moins, et d'autres députés constatent que leurs concitoyens ont du mal à faire leurs achats à l'épicerie, où les hausses de prix sont visibles. Lorsque des gens célèbrent l'anniversaire de quelqu'un, il est compréhensible qu'ils veuillent se rendre au magasin pour lui acheter un cadeau d'anniversaire. Cependant, leurs achats coûtent de plus en plus cher.
Les gens doivent se rendre compte que le temps des fêtes approche. Les mesures que nous prenons visent en grande partie à aider les Canadiens à court terme, là où nous le pouvons, afin qu'ils aient plus d'argent dans les poches.
Au cours de la période de questions d'aujourd'hui, les conservateurs ont dénigré le programme de la Prestation canadienne d'urgence. Ce programme a coûté des milliards de dollars, mais il était là pour soutenir les Canadiens à un moment où le gouvernement se devait d'être présent. Lorsque l'économie était paralysée dans certaines régions et que les gens n'étaient pas en mesure d'aller travailler, le gouvernement du Canada les soutenait. Nous avons envoyé des chèques toutes les deux semaines. Cet investissement était important parce que nous voulions être là pour les Canadiens, et nous l'avons été d'une manière très tangible.
Aujourd'hui, les conservateurs nous critiquent pour avoir dépensé des milliards afin d'aider les Canadiens à traverser la pandémie. Au moment où les Canadiens cherchaient du soutien, nous étions là. Nous continuons de l'être. Les conservateurs étaient réticents et nous reprochent maintenant d'avoir emprunté de l'argent à l'époque. Ils disent qu'il y a de l'inflation parce que nous avons emprunté cet argent. Les conservateurs doivent prendre conscience de la réalité. Soit ils soutiennent la population du Canada, soit ils ne la soutiennent pas.
Il me semble que les conservateurs ont appuyé les nombreuses mesures que nous avons prises et qui nécessitaient que nous empruntions de l'argent, à l'époque de la pandémie. Or, ils nous critiquent aujourd'hui pour avoir emprunté cet argent. Ils disent que notre taux d'inflation actuel est attribuable à l'argent que nous avons emprunté pour aider les Canadiens. Je tiens à signaler que notre taux d'inflation est inférieur à celui des États‑Unis, de l'Angleterre et de nombreux pays de l'Union européenne.
Les conseils stratégiques des conservateurs manquent de cohérence. Nous nous rappelons tous que, il y a moins d'un an, le chef actuel du Parti conservateur a dit à la population qu'investir dans la cryptomonnaie était l'un des moyens de combattre l'inflation. Il a conseillé aux Canadiens de se servir de leur argent durement gagné pour investir dans ce secteur. Ceux qui ont suivi ce conseil auront perdu plus de 30 % de leur argent, ce qui est un montant considérable.
Les conservateurs parlent en anglais de « triple, triple, triple ». Je pense qu'ils se sont inspirés du « double-double » de Tim Horton. « Triple, triple, triple », ce slogan est trompeur. En effet, 80 % des gens de Winnipeg‑Nord reçoivent plus d'argent que ce qu'ils paient en raison de la tarification de la pollution. Ce n'est pas le Parti libéral qui le dit, mais le directeur parlementaire du budget, qui est indépendant. D'ailleurs, les sommes que ces gens reçoivent sont en train d'augmenter. Les conservateurs tentent de donner une fausse impression de la situation, et ce n'est pas la première fois.
Les conservateurs essaient de créer des slogans qu'ils pourront vendre aux Canadiens sous forme d'autocollants à apposer sur les pare-chocs. Le plus souvent, il s'agit de faussetés.
Je suis déçu que les conservateurs aient voté contre le projet de loi C‑31. Ils ont une dernière chance, qui se présentera dans les six ou sept prochaines heures. J'espère qu'ils reviendront sur leur vote par rapport à ce projet de loi, qu'ils soutiendront leurs concitoyens et qu'ils voteront en faveur de cette mesure.