propose:
Que la Chambre demande au premier ministre et à la ministre de l’Environnement et du Changement climatique de déclarer une urgence environnementale et climatique à la suite des conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et exhorte le gouvernement à présenter une stratégie de lutte contre les changements climatiques qui: a) priorise la réconciliation avec les peuples autochtones; b) investit dans une transition qui n’abandonne pas à leur sort les travailleurs et travailleuses ni les collectivités; c) augmente l’ambition de l’objectif gouvernemental de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour éviter un dépassement du seuil de 1,5 degré Celsius du réchauffement de la planète, tel que recommandé dans le rapport du GIEC; d) comprend des règles fermes pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris; e) prescrit des mécanismes de transparence et de reddition de comptes pour faire face aux changements climatiques; f) ne donne pas suite au projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain; g) élimine immédiatement toutes les subventions fédérales aux combustibles fossiles, incluant celles provenant du financement octroyé par Exportation et développement Canada; h) intègre la santé humaine aux engagements climatiques du Canada.
— Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec l'extraordinaire député de New Westminster—Burnaby.
Je suis extrêmement fier de prendre la parole aujourd'hui en tant que chef du Nouveau Parti démocratique pour présenter notre motion, qui demande qu'on déclare une urgence environnementale et climatique. Cependant, nous ne voulons pas simplement discuter de la question.
Le temps des belles paroles est révolu. En ce moment, nous avons besoin que des gestes concrets soient posés.
En plus de reconnaître l'urgence d'agir, nous devons, plus que jamais, prendre des mesures concrètes, et je tiens à en exposer quelques-unes aujourd’hui.
Notre motion reconnaît parmi ces étapes clés le fait d’accorder la priorité à la réconciliation. Nous savons que nous ne pourrons atteindre nos objectifs en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques sans reconnaître l’importance de la réconciliation.
Par ailleurs, dans la lutte contre les changements climatiques, des milliers de personnes devront travailler ensemble à la réduction de nos émissions. Nous ne pourrons y arriver seuls. C’est pourquoi notre plan fera en sorte que nous ne laisserons en plan aucun travailleur ni aucune collectivité. Nous devons tous agir ensemble.
Il y a d’autres éléments. Comme l'indique clairement le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les données scientifiques sont irréfutables et il y a une prépondérance de preuves. Tout le monde souligne que, si nous n’agissons pas, nous serons confrontés à la grave menace que posent les changements climatiques et, pire encore, nous nous dirigeons vers une catastrophe climatique.
Par le passé, d’autres initiatives et plans ont été proposés. En fait, les libéraux ont parlé de cibles et les ont complètement ratées, sans aucune conséquence. Notre motion vise à réclamer de solides mesures de transparence et de reddition de comptes pour faire en sorte que le gouvernement atteigne ces objectifs, sans quoi il devra en subir les conséquences.
Notre motion souligne qu’à l’heure actuelle, au niveau fédéral, on a proposé un projet qui augmentera sensiblement les émissions. Il mettra en péril notre littoral de la Colombie-Britannique. Il menacera la diversité marine. La circulation de pétroliers toxiques aura de graves répercussions et menacera l’ensemble du littoral, et nous ne savons toujours pas comment nettoyer le bitume dilué. En cas de déversement, tout le littoral sera dévasté, ce qui menacera les emplois, la diversité marine et les collectivités. C’est une perspective carrément effrayante.
De plus, si nous sommes vraiment déterminés à lutter contre les changements climatiques, nous devons éliminer, une fois pour toutes, les subventions accordées aux secteurs des combustibles fossiles. C’est une exigence de base. On ne peut pas continuer à subventionner ces secteurs. Au lieu de cela, nous devrions mettre l’argent des contribuables à profit pour investir dans les énergies vertes et propres afin de créer de solides emplois et des économies durables.
Enfin, nous voulons intégrer la santé humaine au débat sur le climat, parce que nous constatons l’impact des changements climatiques sur la santé. Les députés savent que l’été dernier a été le deuxième été consécutif à donner lieu aux pires incendies de l’histoire de la Colombie-Britannique.
J’ai rencontré la mère d’une petite fille. Elle m’a dit que les changements climatiques constituaient sa principale préoccupation. J’ai vu sa fille et j’ai supposé qu’elle parlait de l’avenir. Je lui ai dit que je comprenais qu’elle s’inquiète de la planète et de l’environnement dans lequel sa fille grandirait. Elle a dit qu’elle s’inquiétait de l’environnement et de l’avenir, mais pas comme je le pensais. Elle ne s’inquiétait pas de l’avenir lointain, mais bien de l’été prochain. Cela allait être le premier été de sa fille et elle se demandait si elle pourrait respirer comme il faut avec cet air vicié.
L’été dernier, il y a eu de nombreux jours où on nous a dit que nous ne pouvions pas sortir. On nous a dit que nous ne pouvions pas respirer l’air parce que c’était dangereux pour notre santé. Elle craint que son bébé ne puisse pas respirer l’air du dehors cet été.
Nous avons été témoins d’inondations massives dans l’Est du Canada. Les inondations ont ravagé des collectivités au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario. Le coût de la pollution est réel. L’impact des changements climatiques est concret.
Aujourd’hui, j’ai été choqué d’entendre un député du Parti conservateur parler de propos alarmistes. Il ne s’agit pas de propos alarmistes. Ce sont les faits, et nous voyons en ce moment même les répercussions des changements climatiques sur la vie des Canadiens, sur la vie des Canadiens dans les circonscriptions conservatrices. Ce n’est pas une question de partisanerie politique, mais d’équité et de justice pour les gens et pour la planète sur laquelle nous vivons.
Je désire aussi parler de l’engagement que j’ai pris à titre de chef de bâtir un meilleur avenir pour l’environnement et de lutter contre les changements climatiques. J’ai proposé un certain nombre d’initiatives, mais je ne l’ai pas fait isolément. J’ai fait fond sur le travail acharné de Jack Layton, qui a été l’un des premiers élus à faire passer les questions environnementales à la prochaine étape en proposant des mesures de responsabilisation à l’égard des changements climatiques et de solides approches novatrices en matière de défense de l’environnement. J’ai tablé sur le travail de Megan Leslie, qui s’est battue courageusement pour mettre fin aux microbilles, aux côtés de plusieurs autres députés qui siègent actuellement à la Chambre.
Mon engagement n'était pas que de belles paroles. Mon équipe et moi avons travaillé sans relâche pour pousser les libéraux à mettre fin aux demi-mesures, à arrêter leur cassette politique et à se concentrer sur des mesures concrètes.
Malheureusement, le gouvernement libéral a toujours choisi le camp des sociétés riches et puissantes plutôt que celui des Canadiens ordinaires. L’an dernier, les libéraux ont voté contre deux de nos motions concernant Trans Mountain et l’investissement dans une économie propre qui profite à tout le monde.
Ils ont démontré que ce n’est pas une priorité pour le gouvernement libéral. Le premier ministre nous a donné la preuve éclatante que les initiatives et le travail du gouvernement visent à protéger les plus puissants plutôt que les gens qui ont réellement besoin d’aide.
Ils ont refusé de faire du Québec un leader mondial en électrification des transports. Le Québec possède déjà l'infrastructure nécessaire et des entreprises qui sont parmi les plus innovatrices au monde.
Nous avons proposé une interdiction des plastiques parce qu’il est très clair que cette pollution augmente dans l’océan, au point où les experts croient que si nous ne changeons pas de cap, il y aura davantage de plastique que de poissons dans l’océan. C’est la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Ce ne sont pas des propos alarmistes; ce sont des faits et des preuves.
Au lieu d’appuyer notre motion et notre plan visant à mettre fin à l’utilisation de plastiques à usage unique et d’appuyer l’initiative présentée par la députée de l’île de Vancouver, qui proposait une façon audacieuse de procéder, les libéraux ont voté contre.
Ils ont préféré donner 12 millions de dollars à Loblaws pour qu'elle change ses réfrigérateurs plutôt que de renouveler tout le parc immobilier d'ici 2050, alors que cela créerait des milliers d'emplois, ferait épargner près de neuf cents dollars par famille et aiderait à lutter contre les changements climatiques.
C’est une question qui touche les jeunes. Nous avons vu des milliers et des milliers de jeunes descendre dans la rue parce qu’ils craignent pour leur avenir. Ils sont inquiets parce qu’ils imaginent une planète qui sera inhabitable pour les humains.
Voici certaines des manchettes que nous avons lues: « Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde », « Le Canada produit plus de gaz à effet de serre que tout autre pays du G20 », « Le Canada fournit plus de soutien gouvernemental aux sociétés pétrolières et gazières que tout autre pays du G7; il est parmi les moins transparents en matière de subventions aux combustibles fossiles », « La nature est dans le pire état de l’histoire de l’humanité »; « Le Canada est en bonne voie d’atteindre l’objectif de Paris en matière de changements climatiques... avec deux siècles de retard ».
La nouvelle encourageante est que nous aurons de meilleurs résultats si nous prenons de meilleures décisions. Tous les experts disent qu’il est possible de changer de cap. Il est possible de sauver notre planète et de lutter contre les changements climatiques. Il s’agit d’avoir le courage de le faire. Il s’agit de nous unir et de nous rendre compte que c’est ce que nous devons faire tous ensemble.
Si nous faisons de meilleurs choix, nous obtiendrons de meilleurs résultats. Pour faire de meilleurs choix, il faut mettre fin aux investissements et aux subventions dans les secteurs des combustibles fossiles. Il faut bâtir une économie durable. Il faut veiller à protéger les intérêts des jeunes qui hériteront de la planète. Il faut mettre fin aux emplois précaires et investir dans une économie axée sur l’énergie propre, qui crée de bons emplois pour aujourd’hui et pour demain.
Nous pouvons y arriver si nous avons le courage nécessaire. Les néo-démocrates ont le courage de faire les bons choix. Nous demandons à tous les députés de la Chambre de s’engager à appuyer notre motion et de montrer qu’ils se soucient des changements climatiques. Il faut joindre le geste à la parole. Les députés devraient avoir le courage de transposer leurs discours en mesures concrètes et appuyer notre motion. Ensemble, nous bâtirons un avenir meilleur.