Monsieur le Président, le premier ministre se préoccupe davantage de ses propres intérêts, de ses propres atouts, de son programme personnel et de son image, qu'il tient à soigner et à préserver, que du bien-être des Canadiens. Il ne cherche pas à répondre aux besoins et aux aspirations des citoyens ni à faire en sorte que le Canada dans son ensemble demeure un pays fort et libre.
Il nous a donné un bel exemple aujourd'hui, à la Chambre, de ce que je viens de dénoncer. En effet, le gouvernement compte distribuer 600 millions de dollars à des médias prétendument libres et indépendants. Soyons clairs. Je crois en la nécessité d'une presse libre et indépendante, et c'est également le cas de tous les députés de ce côté-ci de la Chambre. Les médias doivent conserver leur liberté et leur indépendance, à l'abri de la manipulation du gouvernement en place et des conséquences de ses décisions. C'est un fait. Cette liberté et cette indépendance représentent les piliers de notre démocratie. Nous ne sommes pas la Turquie. Nous ne sommes pas la Chine. Nous ne sommes pas non plus la Russie. Nous sommes le Canada, et je suis fière d'être Canadienne, à l'instar de tous mes collègues et de la grande majorité des Canadiens.
En fait, tant de gens sont fiers d'être Canadiens que ceux qui ne sont pas Canadiens veulent l'être. Beaucoup de personnes souhaitent venir au Canada et s'y établir. Elles le souhaitent notamment en raison de la liberté dont nous jouissons au pays et du fait que nos libertés et droits individuels y sont protégés. Or, l'un des fondements de l'identité canadienne réside dans l'indépendance des médias ou de la presse par rapport au gouvernement. Par conséquent, le fait que le gouvernement actuel ait donné 600 millions de dollars aux médias est extrêmement problématique.
Les Canadiens s'inquiètent bien sûr, à juste titre, de ce don. C'est ce que m'ont dit de nombreux habitants de ma circonscription, Lethbridge, en Alberta. Lorsque j'ai parcouru le Canada et que j'ai visité d'autres circonscriptions, j'ai entendu la même chose de gens là-bas. Toutefois, les électeurs ne sont pas les seuls à s'inquiéter de la situation. C'est aussi une source d'inquiétude pour les journalistes. En effet, bon nombre de journalistes chevronnés ont affirmé qu'ils sont très préoccupés par ce qui se passe.
Je vais en parler dans un instant, mais je vais d'abord présenter la motion dont la Chambre est saisie aujourd'hui. Les membres du caucus conservateur ont proposé la motion suivante:
Que la Chambre:
a) prenne note de l’importance d’une presse libre et indépendante pour une démocratie en santé;
b) exprime sa conviction que des acteurs engagés dans la politique partisane ne devraient pas choisir, en pleine année électorale, les gagnants et les perdants dans le secteur des médias;
c) condamne l’inclusion d’Unifor, un groupe qui a défendu et qui continue de défendre des positions politiques partisanes, dans le comité qui supervisera la distribution des 600 millions de dollars consacrés à l’aide aux médias;
d) demande au gouvernement de cesser immédiatement ses manœuvres destinées à lui donner avantage aux prochaines élections et de remplacer son plan d’aide aux médias par une proposition qui ne permet pas au gouvernement de choisir des gagnants et des perdants.
Voilà la motion à l'étude. C'est ce qu'on appelle une motion de l'opposition. Mes collègues conservateurs et moi-même, de l'opposition, pouvons présenter une idée qui reflète ce que nous entendons de la part de nombreux Canadiens d'un bout à l'autre du pays et essayer de convaincre le gouvernement de l'accepter. Tous les partis, tous les députés de la Chambre peuvent se prononcer pour ou contre la motion.
Les libéraux ont déjà décidé que le plan d'aide aux médias de 600 millions de dollars était une bonne idée et que d'intervenir auprès d'une presse libre et indépendante au Canada ne constituait pas un problème. Ils ont l'intention de s'engager dans cette voie, mais je répète que, de ce côté-ci de la Chambre, nous voulons défendre l'indépendance des médias.
Les libéraux diront que le processus demeure indépendant, qu'un groupe de huit personnes a été constitué et que ce sont ces huit personnes qui détermineront où iront les fonds et comment ils seront répartis. Ce qui est intéressant, c'est que ce groupe de huit personnes est empreint de partisanerie.
L'exemple le plus évident est celui d'Unifor, un syndicat qui fait partie du groupe d'experts qui prendra ces décisions. Le président d'Unifor a dit qu'il serait, pour reprendre ses mots, le « pire cauchemar d'Andrew Scheer ». En déclarant qu'il sera le « pire cauchemar d'Andrew Scheer », il...