Monsieur le Président, ce sont surtout les rédacteurs qui se plaignent du projet de loi. Je sais d'expérience que les rédacteurs n'aiment jamais voir le personnel prendre des décisions dans la salle de nouvelles. Ils ont toujours cru que c'est la rédaction, et non les vaillants journalistes, qui protège l'indépendance journalistique. J'étais en désaccord avec eux tous les jours lorsque j'étais journaliste. C'est probablement pour cette raison que je suis maintenant politicien plutôt que journaliste.
Cependant, lorsque nous nous penchons sur ce secteur, nous devons cesser de penser aux gens que nous rencontrons dans le couloir et aux conversations que nous avons avec les commentateurs. Nous devrions retourner dans nos villes pour consulter les gens qui travaillent dans une station de radio un vendredi soir à 19 heures ou les gens qui diffusent une émission de télévision en après-midi à 16 heures et voir ce qui se passe dans les salles de nouvelles. Ces gens voient la technologie changer plus vite que leur salaire. Ils voient les rédacteurs se faire remplacer par des outils technologiques et les cadreurs se faire remplacer par des journalistes vidéastes. L'industrie décline aussi vite que les plateformes et les ressources financières à sa disposition, et c'est terrifiant pour ces personnes.
Les gens qui ont passé toute leur vie dans une salle de nouvelles — j'ai moi-même travaillé dans ce secteur près de 25 ans, en grande partie pour la même organisation médiatique — ont vu des gens commencer comme des nouveaux stagiaires, devenir ensuite des employés, puis gravir les échelons jusqu'au poste de directeur du service pour, par la suite, tout perdre du jour au lendemain. Ces personnes doivent payer leur hypothèque, s'occuper de l'éducation de leurs enfants, répondre aux besoins de leur famille et prendre soin de leurs parents vieillissants. Quand nous voyons une salle de nouvelles après l'autre être décimée, nous devons vraiment nous ouvrir les yeux.
Les mesures proposées, qui prévoient la création d'une fondation, visent à empêcher la disparition de certaines de ces entreprises familiales et à assurer leur survie lors de la prochaine décennie. Elles cherchent à garantir que les abonnements à des médias sont déductibles d'impôt afin que les gens qui choisissent de les appuyer soient encouragés à en faire un peu plus, un peu plus souvent, au lieu de contourner le pare-feu. Enfin, ces mesures servent à s'assurer que lorsque des gens sont embauchés, ils engagent à leur tour des journalistes de façon à renforcer la profession et à veiller à ce que les jeunes étudiants ne soient pas formés pour travailler dans une industrie qui n'existera plus. Nous devrions penser à ces gens et à ce que le projet de loi fera pour eux. Puis, les conservateurs devraient s'atteler à la tâche pour protéger l'indépendance journalistique en n'allant pas dans les salles de nouvelles du pays chaque jour pour menacer les journalistes. Je peux dire à tout le monde que j'ai observé ce comportement de la part des députés de ce parti plus que de n'importe quel autre parti à la Chambre.