Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon fantastique collègue de Courtenay—Alberni. Je profite de l'occasion pour le féliciter pour tout le travail qu'il fait en ce qui a trait au cyclisme au pays et à la réduction de la pollution par le plastique. Mon collègue de la Colombie-Britannique fait un travail formidable.
J'ai écouté avec attention le discours du secrétaire parlementaire, et je voudrais revenir sur le dernier point qu'il a soulevé en répondant à la question de notre collègue conservateur. Effectivement, contrairement à ce que le secrétaire parlementaire a affirmé, certains secteurs industriels du Canada ont des passe-droits et des cadeaux en ce qui concerne le prix qu'ils doivent payer pour leur large contribution aux émissions de gaz à effet de serre. Tout cela leur est accordé parce qu'on craint que certaines compagnies de secteurs industriels qui sont soumis à une compétition internationale trop élevée soient tentées de déménager ou de mettre fin à leurs activités au Canada.
Évidemment, dans son argumentaire, le secrétaire parlementaire a utilisé le motif du marché pour justifier ces passe-droits qui augmentent de 10 % la quantité de gaz à effet de serre que ces compagnies ont le droit d'émettre sans avoir à payer. Ce qu'il ne dit pas, c'est qu'il n'existe absolument aucun critère objectif vérifiable qui justifie cette exemption, ce cadeau donné à certains secteurs industriels. En théorie, la logique sous-jacente à cette exemption pourrait être justifiée, mais il est impossible de savoir sur quels critères objectifs, rationnels et indépendants le gouvernement libéral se base. Plusieurs militants environnementalistes l'ont déjà demandé. C'est donc une démarche qui n'a aucune crédibilité. Encore une fois, cela ressemble à des cadeaux offerts par les libéraux à leurs amies les grandes compagnies des secteurs industriels.
Je trouve cela intéressant d'avoir cette discussion sur le prix sur la pollution. S'il y a une chose que nous ne pouvons pas reprocher aux conservateurs, c'est de manquer de cohérence. Quand ils mordent quelque chose, ils ne lâchent pas prise. Ils n'aiment pas l'idée de mettre un prix sur la pollution, et ils déposent la même motion de l'opposition qu'ils ont proposée il y a un mois ou deux, comme s'il ne s'était rien passé d'autre dans notre société ou dans notre pays. Cela semble être la seule chose dont ils veulent parler jusqu'à la prochaine élection. Tant mieux, parlons-en!
Je suis le porte-parole du NPD en matière d'environnement. Cela va me faire plaisir de parler de notre plateforme extraordinaire qui s'appelle « Le courage d'agir », que le leader du NPD a présentée à Montréal dernièrement. Il s'agit d'un document extraordinaire et exhaustif qui comprend une panoplie de mesures nous permettant de relever les défis de la lutte contre les changements climatiques. J'aurai le plaisir d'y revenir dans quelques minutes.
Par contre, s'il y a une chose qu'on peut reprocher aux libéraux, c'est leur manque de cohérence. Le gouvernement verse des larmes de crocodile et joue du violon en nous parlant des générations futures, de l'importance de la planète, de la nature, des grenouilles et des petits oiseaux, mais il ne fait rien. Il traîne les pieds depuis des années. Le bilan environnemental des libéraux n'est vraiment pas à la hauteur de ce qu'ils nous avaient promis en 2015 ou des discours qu'ils tiennent encore aujourd'hui. J'en veux pour preuve ce qui s'est produit hier soir. Le gouvernement libéral nous a fait voter sur une motion déclarant l'urgence climatique. C'est quand même important. Le Canada est un pays du G7. Le gouvernement a pris l'initiative de déclarer l'urgence climatique et de dire qu'il faut se retrousser les manches et agir. Or les libéraux nous ont fait voter sur cette motion la veille de l'annonce de l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Il faut avoir du front tout le tour de la tête! C'est insensé.
L'expansion du projet Trans Mountain va tripler la production de pétrole des sables bitumineux, la faisant passer de 300 000 à 900 000 barils par jour. C'est un projet qui est extrêmement dangereux pour la côte de la Colombie-Britannique et qui ne bénéficie d'aucune acceptabilité sociale. Plusieurs communautés autochtones s'y opposent, tout comme le gouvernement de la Colombie-Britannique. Il est complètement incompatible avec l'ambition du gouvernement libéral de réduire nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Passer de 300 000 à 900 000 barils par jour, c'est l'équivalent de mettre 3 millions de voitures de plus sur nos routes.
Trois millions de véhicules à essence de plus sur nos routes, c'est cela le projet du gouvernement libéral relativement à la lutte contre les changements climatiques. Que quelqu’un me pince, car je crois rêver. Cela est complètement incohérent, et cela va tout à fait dans la mauvaise direction.
Ce n’est pas pour rien que des groupes comme ENvironnement JEUnesse poursuivent actuellement le gouvernement libéral pour non-responsabilité envers les générations futures. Ce sont des jeunes inquiets qui manifestent, qui s’organisent et qui traînent le gouvernement en cour parce qu’il ne fait pas ses devoirs et qu’il ne prend pas les décisions courageuses qu’il faudrait prendre pour faire notre part dans le défi de notre génération, qui est la lutte contre les changements climatiques. Si on ne contrôle pas les émissions de gaz à effet de serre et qu’on n’empêche pas le réchauffement planétaire de 1,5 à 2 degrés Celsius, il va y avoir des conséquences extrêmement coûteuses. Il y aura des conséquences sociales, humaines, financières et économiques. Nous n'avons pas le droit de nous en laver les mains. Nous n'avons pas droit à l’inaction. Malheureusement, nous avons un gouvernement libéral qui tient de très beaux discours, mais qui n’agit pas.
Au NPD, par contre, avec notre leader, le député de Burnaby-Sud, nous avons mis en avant un plan extrêmement ambitieux et complet. Je suis heureux d’avoir l’occasion d’en parler aujourd’hui, parce que nous nous attaquons à tous les grands secteurs qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre.
L’erreur du gouvernement, c’est justement de penser que la taxe sur le carbone ou le prix sur la pollution est une baguette magique qui va régler tous les problèmes. Ce n’est pas le cas. C’est un outil nécessaire, mais, à lui seul, il est insuffisant. Je pense que c’est très important de le dire. C’est pour cela que, nous, au NPD, nous mettons en avant d’autres mesures, qui vont faire que nous serons sérieux et responsables. Dans notre engagement de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, nous visons 450 mégatonnes pour 2030. C’est réalisable et c’est également conséquent avec la science et le rapport du GIEC.
Premièrement, nous voulons agir sur le logement. Nous voulons faire des rénovations écoénergétiques dans l’ensemble des bâtiments et des maisons au Canada d’ici 2050. Cela va faire économiser de l’argent aux gens et va réduire également notre empreinte carbone. Nous voulons changer le code du bâtiment pour que tous les nouveaux bâtiments soient éconeutres en 2030, c’est-à-dire capables de n’émettre aucun gaz à effet de serre. Ce sera réglementaire et s’appliquera partout. Le gouvernement n’a pas eu le courage de le faire et il ne semble pas vouloir emprunter cette direction non plus.
Deuxièmement, il y a le transport. Le transport est un secteur majeur d’émission de gaz à effet de serre. Il faut pouvoir faire deux choses: l’électrification des transports individuels et des transports de marchandises — nous visons les deux et pas juste le transport des individus — et l’électrification des transports en commun.
L’électrification des transports est extrêmement importante. Nous allons beaucoup plus loin que le gouvernement libéral actuel. Nous nous engageons à enlever la TPS sur tous les modèles de voitures électriques ou à zéro émission fabriquées au Canada. Non seulement cela va aider les consommateurs à se procurer des véhicules électriques ou à hydrogène à zéro émission, mais ce sera également un stimulus important pour que le secteur automobile puisse faire ce virage.
Dans le transport en commun, il y a des investissements majeurs. Nous prévoyons 6,5 milliards de dollars dans un premier mandat néo-démocrate, et nous nous engageons à travailler avec les municipalités pour réduire le coût pour les usagers du transport en commun, et même pour en arriver à avoir un transport en commun gratuit, comme cela se fait ailleurs dans le monde, afin d’encourager les gens à utiliser davantage le transport en commun ou le transport actif, c’est-à-dire aller au travail ou se promener à vélo ou à pied.
Troisièmement, il y a les énergies renouvelables. Il faut arrêter de subventionner les compagnies gazières et pétrolières, comme le gouvernement s’entête à le faire à coup de milliards de dollars par année. Il faut prendre cet argent et le réinvestir dans le secteur des énergies renouvelables, qui crée déjà le plus d’emplois au Canada, beaucoup plus que le secteur pétrolier.
Nous nous engageons à le faire, avec l’appui d’une banque climatique, qui pourra accorder des prêts, donner des garanties de prêts à des entrepreneurs, à des investisseurs et à des gens qui vont se mobiliser pour avoir des projets écoénergétiques ou de développement d’énergie renouvelable.
Voilà, le plan de match du NPD. Je pense que c’est beaucoup plus ambitieux que celui de n’importe quelle formation politique de la Chambre.
Les Canadiens et les Québécois vont l’apprécier à sa juste valeur, le 21 octobre prochain.