Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre.
Je tiens à remercier tout d'abord mes concitoyens de m'avoir réélu. J'ai eu l'un des meilleurs résultats au Canada. Je tiens à les remercier tous de leur appui ainsi que de leur aide pendant la campagne. Je remercie également mes bénévoles et mes partisans et, bien sûr, ma famille, sans qui je ne pourrais pas être ici. J'en suis à mon deuxième mandat à la Chambre des communes.
Je veux aussi prendre le temps de remercier tous les Calgariens et les Albertains d'avoir fait élire une solide équipe conservatrice de 33 députés sur 34. Ils ont fait le bon choix pour s'assurer que leur voix sera entendue à la Chambre des communes du Parlement du Canada. On ne profitera plus des Albertains.
Avant de poursuivre, madame la Présidente, je veux mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de Durham. Je suis convaincu qu'il contribuera de manière significative au débat et qu'il nous fera part de ce que les Ontariens attendent du Parlement du Canada.
Le discours du Trône s'est révélé profondément décevant, un affront aux Albertains. Notre province traverse l'une des conjonctures économiques les plus difficiles depuis de nombreuses générations. Les Albertains ont l'habitude des ralentissements économiques dans le secteur pétrolier et gazier, dans le secteur de l'énergie. Ce n'est rien de nouveau. Lorsque j'ai déménagé en Alberta en 2005, tous les travailleurs du secteur de l'énergie que j'ai rencontré m'en ont parlé. Je me rappelle que durant la dernière récession, ils préconisaient d'épargner en prévision de la prochaine récession. Le temps allait passer et la province connaîtrait un nouveau cycle d'expansion. Des projets allaient voir le jour. De nouvelles occasions s'offriraient à nous pour stimuler la croissance économique et créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne dans le secteur de l'énergie.
Or, on voit que ces quatre dernières années, le gouvernement a failli à la tâche. Bien que les sociétés pétrolières et gazières investissent dans les énergies renouvelables et le capital humain, le gouvernement a plutôt décidé d'éliminer progressivement le secteur de l'énergie. Il n'y a pas d'autres entreprises qui souhaitent autant mettre à profit le savoir, les capacités et le type de travail que les gens accomplissent. Je dis souvent aux gens de chez nous et à tous les Canadiens que je rencontre que nous avons passé une génération à convaincre les jeunes de poursuivre des études dans les domaines des sciences, des technologies, du génie et des mathématiques en leur faisant miroiter des emplois bien rémunérés dès la fin de leurs études. Dans le secteur privé, des emplois et des stages coopératifs les attendaient. Certains d'entre eux n'ont même pas eu besoin de finir leurs études pour gagner des salaires à six chiffres en tant qu'ingénieurs, dans le secteur pétrolier et gazier, dans les installations de Suncor partout dans le monde.
Nous venons d'apprendre de terribles nouvelles. La société Haliburton a annoncé qu'elle allait fermer ses cimenteries en Alberta. Nous avons des nouvelles de sociétés comme Suncor Énergie. Encana a changé de nom et elle déménage aux États-Unis. La société y a déjà transféré la plupart des membres de son conseil d'administration. Les décisions d'une entreprise canadienne sont maintenant prises aux États-Unis. Autrefois, Encana était considérée comme un fleuron. Elle était la principale société de gaz naturel au Canada, et maintenant, les décisions sont prises à Denver. Trans Canada a fait disparaître le mot « Canada » de son nom parce que son avenir au pays est devenu incertain. Maintenant, elle s'appelle TC Énergie pour cacher aux investisseurs américains le fait qu'il s'agit d'une société canadienne. C'est une occasion manquée. Je suis venu ici pour veiller à ce qu'on ne rate plus pareille occasion en ce lieu et à ce que les Albertains aient des possibilités au sein de la Confédération, au sein d'un Canada uni.
La grande majorité des gens chez qui je suis allé, quelle que soit la rue, m'en ont parlé. Ils en ont assez de se faire manger la laine sur le dos. Je l'ai déjà dit et je le répète: les Albertains n'en peuvent plus de se faire traiter comme des colonisés. Nous ne sommes pas des colonisés. Notre contribution au Canada est immense. Notre province a transféré au-delà de 600 milliards de dollars. Les Albertains s'en plaignent, mais il faut les comprendre, parce que c'est vrai. Nous voulons pouvoir créer de la richesse, et à cette condition nous sommes disposés à partager une partie de cette richesse avec le reste du Canada et à en faire profiter la Confédération. Pour le moment, nous faisons plus que notre part et tout ce que nous demandons, c'est que le gouvernement tende l'oreille. Le premier ministre Kenney, qui est à Ottawa aujourd'hui, a présenté cinq demandes toutes simples, mais aucune d'elle ne s'est frayé un chemin jusqu'au discours du Trône. Le gouvernement fédéral n'a donné suite à aucune de ces demandes. Elles n'avaient pourtant rien de nouveau et reprenaient au contraire des choses déjà maintes fois réclamées par le premier ministre de la province.
Celui-ci demandait notamment que le fonds de stabilisation doit déplafonné. À l'heure où on se parle, le gouvernement de l'Alberta est forcé de faire des déficits même s'il voudrait revenir à l'encre noire, ce que le gouvernement fédéral actuel est incapable de faire. En déplafonnant le fonds de stabilisation, la province pourrait récupérer les « trop-payés », comme je les appelle, qu'elle a versés à la Confédération et stabiliser les services sociaux ainsi que les services de santé et d'éducation sur lesquels comptent les Albertains.
Ce sont des choses extrêmement importantes qu'il faut faire. Le premier ministre a demandé une modification cruciale au projet de loi C-69 afin que certains grands projets bénéficient d'une dispense. Le projet de loi « anti-pipeline », comme on l'appelle en Alberta, garantit qu'il n'y aura pas de nouveaux projets proposés. Lorsque je me rends au centre-ville de Calgary et que je parle aux gestionnaires, aux directeurs et aux personnes qui prennent la décision de poursuivre ou non un projet au Canada, ils me disent qu'on ne pense pas à de nouveaux projets susceptibles d'être proposés pour le marché canadien.
La plupart des emplois bien rémunérés dans le secteur pétrolier et gazier sont dans la construction. Grâce aux tout nouveaux projets qui voient le jour, des dizaines de milliers de personnes peuvent être embauchées pendant toute la saison de la construction. Au cours des quatre dernières années, le gouvernement n'a pu faire valoir que l'expropriation d'une société de pipeline et la prise en charge du contrat TMX de Kinder Morgan. Après avoir tergiversé pendant des années et essayé d'empêcher la construction du pipeline, le Parti libéral a eu une conversion de dernière minute. Soudainement, le gouvernement est en faveur de la construction d'un pipeline, mais d'un seul. Il a annulé le pipeline Énergie Est. Il a annulé l'oléoduc Northern Gateway d'Enbridge. Il a annulé plus de kilomètres de pipelines qu'il n'en a réellement construit. Le seul qui a peut-être une chance de voir le jour est en fait le dernier grand projet d'infrastructure énergétique au Canada. La même chose s'est produite avec le projet de gaz naturel liquéfié, où les emplois sont bien rémunérés. Depuis une génération, nous convainquons les gens d'aller dans les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques.
Nous avons aussi passé beaucoup de temps à convaincre des gens des autres régions du Canada et des États-Unis à déménager en Alberta pour y gagner leur vie. Nous ne disposons pas des avantages qu'offrent de magnifiques provinces comme la Colombie-Britannique, qui possède des montagnes et l'océan. L'Alberta se compose simplement de contreforts onduleux, et le territoire est passablement plat dans l'est de la province. Cependant, la province disposait alors d'une excellente qualité de vie et elle offrait de grandes possibilités d'emplois dans un secteur qui tentait toujours de faire de son mieux et qui se trouvait à l'avant-garde du progrès. L'Alberta compte des biologistes de la faune et des gens qui s'intéressent à l'assainissement de l'environnement. En faisant du porte-à-porte, j'ai rencontré ces gens, c'est-à-dire ceux qui travaillent pour des entreprises pétrolières et gazières en vue d'assainir l'environnement. Ils m'ont dit être fiers de leur travail et de leur contribution pour faire en sorte que, pour chacun des projets, l'environnement finisse par être assaini et remis le plus possible dans son état original.
Suncor est l'une de ces excellentes sociétés qui ont réussi à faire cela. L'avant-dernier gouvernement provincial lui a même remis un certificat d'excellence en environnement. Il se trouve maintenant des bisons sauvages sur le territoire, ce qui ne s'était pas vu depuis très longtemps. Soit dit en passant, le parc national Wood Buffalo héberge une population de bisons sauvages en excellente santé.
Comme le discours du Trône renferme très très peu de choses pour les Albertains, nous nous attendons à ce que le gouvernement leur tende la main et s'efforce véritablement de combler le fossé entre la situation telle qu'elle est, ce que les Albertains vivent depuis quatre ans, et ce qu'on attend en situation de gouvernement minoritaire. À l'heure actuelle, il y a toute une province qui se sent oubliée. Nous ne demandons pas qu'on nous fasse la charité. Nous demandons au gouvernement fédéral de nous laisser le champ libre, de nous laisser créer de la richesse. Qu'il nous laisse créer des emplois, les emplois bien rémunérés dans le secteur privé dont a regorgé la province pendant les deux dernières décennies.
Depuis que je me suis installé à Calgary, j'ai constaté à quel point cette ville a connu une croissance incroyable. Je représente les banlieues les plus au sud-est de la ville. Il y a des collectivités entières qui n'existaient pas quand je suis arrivé. Un hôpital a été construit dans ma circonscription. Il n'était pas là en 2005. Entre 30 000 et 40 000 personnes sont venues s'établir dans ma région. Cranston, Mahogany, Auburn Bay, Seton, Rangeview et Copperfield sont toutes de nouvelles collectivités.
Des dizaines de milliers de personnes ont choisi Calgary. Elles ont choisi l'Alberta pour ses emplois bien rémunérés dans le secteur de l'énergie. Nous avons diversifié notre économie bien au-delà de ce qu'on pourrait penser.
Le secteur pétrolier et gazier représente une proportion beaucoup plus petite de l'économie de l'Alberta qu'en 1997. La province a diversifié son économie. Elle était sur la bonne voie, mais le gouvernement fédéral actuel l'a empêchée de continuer à créer la même richesse.
Le discours du Trône est tout simplement inacceptable. Il n'y a pas assez de mesures concrètes pour rassurer ou réconforter les Albertains qui ont perdu leur emploi et qui ont épuisé leurs indemnités de départ. Il n'y a aucune possibilité de travailler dans le secteur auquel ils ont consacré 20 années de leur vie, depuis leurs études et leurs premiers pas sur le marché du travail. Ils ne sauraient y trouver du travail leur permettant d'apporter une contribution à leur famille.
C'est avec fierté que je voterai contre le discours du Trône, car il ne contient rien qui vaille.