Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de Regina—Lewvan.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du discours du Trône. J'aimerais d'abord remercier les électeurs de ma circonscription de m'avoir donné leur confiance lors de la dernière élection pour une troisième fois de ma carrière politique. J'en suis très heureux. J'aimerais aussi remercier ma famille, les bénévoles et tous les employés qui m'ont appuyé durant cette campagne électorale. Cela a été de loin la plus belle campagne électorale que nous avons menée et nous sommes parvenus à ce résultat grâce à nos accomplissements.
Je veux prendre la parole sur ce discours du Trône pour parler de ma circonscription dans laquelle on retrouve une grande diversité de métiers, de cheminements professionnels et de parcours scolaires. Ce qui unit les gens de ma circonscription, c'est l'esprit entrepreneurial et la volonté d'avoir un représentant de la région qui comprend l'importance d'appuyer et de mettre en valeur les organismes et les entreprises. Ceux-ci sont des piliers économiques de chez nous. Je parle notamment de l'agriculture, des entreprises manufacturières, des organismes communautaires, du tourisme et bien d'autres sphères d'activités.
Le travail de proximité que j'ai accompli avec les gens de ma circonscription au cours des quatre dernières années a été très remarqué. C'est ce qui explique le résultat que j'ai obtenu à la dernière élection. Récemment, j'ai été très fier d'apprendre que mon chef avait décidé de m'offrir un poste au sein du cabinet fantôme et d'être porte-parole en matière de développement économique rural et des régions du Québec. Étant entrepreneur moi-même, c'est une grande fierté d'obtenir ces fonctions qui m'ont été confiées par mon chef.
Je dois noter que la vaste majorité des électeurs ne partagent pas nécessairement la vision aux lunettes roses du gouvernement libéral en matière de développement économique depuis les quatre dernières années.
Par ailleurs, la région de Rivière-du-Loup figure régulièrement au palmarès des villes les plus entrepreneuriales au pays. Lorsque les libéraux ont voulu s'attaquer aux PME en modifiant les règles fiscales sous prétexte que ces entreprises étaient des échappatoires fiscales, les électeurs s'en sont souvenus. Cela avait soulevé toute une grogne.
Le premier ministre demeure en poste, mais avec ce gouvernement minoritaire, l'avenir de son parti devient de plus en plus incertain. On remarque que ses appuis sont à la baisse partout au pays. La semaine dernière, on attendait de voir dans le discours du Trône si le gouvernement prendrait enfin l'économie des régions au sérieux. À première vue, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas eu à feuilleter tout le discours du Trône, puisque la recherche du terme « développement économique rural » donnait un seul résultat, dans un passage que je vais lire.
Où qu’ils vivent, que ce soit dans de petites communautés rurales ou dans de grandes villes, dans les contreforts des Rocheuses ou dans les villages de pêcheurs du littoral, dans le Grand Nord ou le long de la frontière canado-américaine, tous les Canadiens veulent faire de leur pays un meilleur endroit où vivre pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour leurs communautés.
Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire? À mon avis, cela ne veut absolument rien dire. C'est un poème. C'est de l'art. Il n'y a rien d'accrochant dans ce discours qui nous fait croire qu'on prend au sérieux le développement économique et rural dans nos communautés. Quels gestes le gouvernement va-t-il poser pour améliorer la qualité de vie des communautés rurales?
C'est à cela que devrait servir le discours du Trône. Un discours du Trône sert à énumérer les priorités que nous avons. Quand on ne peut pas retrouver le mot « rural » dans une expression qui voudrait dire quelque chose ni le terme « développement économique », cela indique quelles sont les priorités de ce gouvernement pour les prochaines années. Le gouvernement est censé énumérer une liste des priorités, pas nous endormir avec un beau poème.
Le gouvernement va-t-il abolir la Banque de l’infrastructure, qui détourne l’argent promis pour réaliser des projets d’infrastructure partout au pays pour plutôt financer des mégaprojets dans des villes ou dans des centres urbains, et même, dans certains cas, en Chine, notamment des pipelines.
À titre d'exemple — des exemples que je ne vends pas au gouvernement, mais que je lui donne —, le gouvernement va-t-il remettre en place le Programme d’infrastructure communautaire qui existait à Développement économique Canada à l’époque des conservateurs pour financer des projets en milieu rural? Ce programme, que l'on appelait le PIC 150, était l'un des plus beaux programmes que le gouvernement fédéral ait jamais eus.
On sait que le gouvernement fédéral ne peut pas avoir de relation directe avec les municipalités au Québec. Cependant, avec les organismes communautaires et les organisations de développement économique, il était possible de faire accepter des projets dans le cadre de ce programme. Mes collègues doivent s’en souvenir. C'était un programme absolument fantastique.
On ne retrouve absolument rien de comparable dans les cartons du gouvernement actuel. Il n’y a rien à ce sujet. Il n’y a rien pour nos entreprises forestières, agricoles et manufacturières. Il n’y a rien au sujet d'une déclaration de revenus unique ni en faveur d'un meilleur arrimage de l'immigration avec le marché du travail.
Il n'y a rien non plus sur le sort de nos marinas. On sait que, dans ma région particulièrement et partout au Québec, plusieurs marinas le long de notre beau fleuve Saint-Laurent sont aux prises avec des problèmes importants liés au dragage. Les bénévoles sont essoufflés. Il faut absolument agir dans ce dossier. J’aurai d’ailleurs des conversations avec la ministre à ce sujet. Il faut prendre le taureau par les cornes et régler ce problème une fois pour toutes.
C’est sans parler des déversements d'eaux usées dans le fleuve. C’est un élément que nous avons soulevé durant la campagne électorale. Nous avons donné ce dossier en cadeau au gouvernement, qui aurait pu le reprendre. Il aurait pu mettre sur pied un programme d’infrastructure au lieu d’envoyer cela en Chine, et financer nos programmes pour garantir qu’on ne déverse plus d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. Cela n’a aucun bon sens.
Pourtant, les gens des régions du Québec sont des Canadiens au même titre que les gens de Montréal ou de Toronto. Ils paient leurs impôts comme tout le monde. Le gouvernement a le devoir de ne pas les oublier comme il l’a fait ces quatre dernières années.
Un autre élément qui manque au discours du Trône est une stratégie pour assurer la relève des petites et moyennes entreprises, les PME. Il y a un an à peine, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a révélé que 72 % des propriétaires de PME envisageaient de céder leurs entreprises, une vaste majorité d'entre eux prévoyant prendre leur retraite. On parle ici d’un transfert potentiel de 1 500 milliards de dollars: c'est énorme.
Je suis moi-même entrepreneur et ma fille veut prendre la relève de mon entreprise. Il faut être capable d’aider ces jeunes qui veulent prendre la relève d'entreprises ayant acquis une certaine valeur. Il faut les aider à en être capables. Les statistiques indiquent que 46 % des propriétaires d'entreprises souhaitent les céder à un membre de la famille. Or, à l'heure actuelle, le gouvernement pénalise les transferts d’entreprises, particulièrement dans le monde agricole. On en parle depuis plusieurs années. Quand on transfère une entreprise à quelqu’un de la famille, c’est moins payant que de la vendre à un étranger.
Cette semaine, l’Institut de la statistique du Québec a confirmé que le déclin démographique se poursuivait dans le Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord et en Gaspésie.
Est-ce que le gouvernement souhaite aider les entreprises familiales — dont certaines existent depuis des générations — à demeurer sur notre territoire, ou préfère-t-il que celles-ci ferment boutique ou soient vendues à des intérêts chinois?
L’élite urbaine des libéraux et du NPD ne semble pas prendre l’affaire au sérieux.
En plus d’être déçu de ce gouvernement, je suis très déçu de constater à quel point le Bloc québécois s’est rangé si rapidement derrière les libéraux en appuyant le discours du Trône dans les minutes qui ont suivi sa sortie. D'après moi, le choix des libéraux d'inclure dans ce discours l’engagement du NPD de créer une assurance-médicaments fédérale est un point contre lequel le Bloc québécois aurait dû s’insurger au lieu de l’appuyer. En effet, il est question ici d’une intrusion dans le champ des compétences des provinces. Le Bloc semble toujours prêt à accepter cette vision d'un fédéralisme centralisateur si le Québec se voit accorder un droit de retrait avec compensation. Essentiellement, le fédéral achète la paix et le Bloc tombe dans le piège.
De toute évidence, nous n'appuierons pas ce discours du Trône. Je pense qu’il n’y a rien dedans pour les régions ni en faveur du développement économique. Le Québec est différent et il est fier de sa différence.