Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de parler de la motion du NPD sur les soins dentaires. C'est ahurissant tout ce qu'on a pu entendre au fil des ans. Le gouvernement a toujours une excuse pour ne pas aider les enfants et les Canadiens à se faire soigner.
Quoi qu'on en dise, c'est d'abord et avant tout une question de volonté politique. On nous abreuve de prétextes, le premier étant qu'il n'y a pas assez d'argent, mais c'est drôle, il n'en manque jamais, d'argent, quand il s'agit de réparer des sous-marins ou d'acheter des avions qu'on attend encore et dont les coûts ont explosé.
Voici un exemple classique dont on souligne justement l'anniversaire et pour lequel il a fallu emprunter de l'argent pour imposer une nouvelle taxe aux Canadiens. Quand la taxe de vente harmonisée a vu le jour, nous avons donné de l'argent à la Colombie-Britannique et à l'Ontario pour qu'ils se joignent au programme. Il y a même eu une analyse sur les coûts d'emprunt sur 10 ans. L'Ontario a reçu 4,6 milliards de dollars, et la Colombie-Britannique, 1,6 milliard. On parle maintenant de plus de 7,1 milliards de dollars au total.
Lorsqu’il est question des soins dentaires des Canadiens, il est aussi question des économies que nous réaliserions pour tant de gens qui n’ont pas l’assurance nécessaire. Il est aussi question de bonifier notre économie en ayant une main-d’œuvre plus en santé. Ces éléments ne sont pas impossibles à quantifier dans les formules que nous appliquons ici aujourd’hui, mais ils sont tangibles au bout du compte pour l’économie canadienne.
Il ne fait aucun doute que lorsqu’on se penche sur la question des soins dentaires, on constate que c’est l’un des investissements les plus sous-estimés dans le dossier des soins de santé. Un certain nombre de facteurs aident les gens à prendre soin de leurs dents. Il n’est pas seulement question de les brosser et d’éviter la douleur. On parle aussi d’autres soucis de santé, comme les troubles respiratoires, les maladies cardiovasculaires, la démence, les infections, les complications liées au diabète, les complications liées aux maladies rénales, les naissances avant terme et l’insuffisance de poids à la naissance. Ces conditions sont toutes liées à une mauvaise hygiène dentaire.
Nous pouvons toujours trouver une excuse pour ne pas commencer quelque chose, d’où la motion. Elle porte précisément sur le besoin de faire un choix budgétaire dans le cadre de la présente législature. Elle est vraiment d’actualité côté économie et responsabilité à l’égard du public.
Nous demandons à la Chambre d'appeler le gouvernement à modifier les réductions d’impôts proposées en s’efforçant de procurer des avantages aux personnes qui gagnent moins de 90 000 $ par année et d'utiliser ces économies pour investir dans des priorités qui apportent une aide réelle aux Canadiens, y compris l’assurance des soins dentaires des familles qui n’ont pas d’assurance et dont le revenu annuel est inférieur à 90 000 $.
Des millions de Canadiens seront maintenant en mesure de se payer certains types de soins dentaires de base. Lorsque nous avons fait le travail de partenariat et de mobilisation concernant cette motion, les statistiques révélaient que 35,4 % des Canadiens disaient ne pas avoir d’assurance dentaire.
Certaines personnes dans nos voisinages sont incapables d’obtenir de l’assurance. Une partie importante de la population n’a pas la moindre assurance. L’argent qu’elles consacrent à l’hygiène dentaire et aux soins de santé est utilisé au détriment de leur loyer, de leur nourriture ou de leurs investissements dans l’éducation.
Il importe de souligner que ces personnes sont plus susceptibles d'être sous-employées, d'être au chômage ou de travailler à temps partiel. La Chambre a tant de mal à comprendre que nous souhaitons simplement mettre sur pied un programme important qui pourrait au moins aider les membres les plus défavorisés de la société canadienne. Il est incroyable que nous trouvions toujours une raison de ne pas le faire, mais que nous croyions qu'il est justifié d'acheter un pipeline et d'acheter des sous-marins qui ne fonctionnent pas correctement. Nous pouvons trouver toutes sortes de raisons pour justifier la réalisation de nos projets favoris et l'octroi de subventions à des sociétés comme Mastercard et Loblaws. On nous explique toujours pourquoi de telles choses sont possibles et pourquoi elles sont nécessaires.
Cependant, nous trouvons toujours une raison de ne pas offrir une couverture de base aux familles les plus défavorisées et à leurs enfants. Nous trouvons toujours une raison de ne pas protéger ces enfants.
C'est ce qui est décevant. Étant donné tous les problèmes qui affligent actuellement le Canada, l'un des pays les plus civilisés au monde, nous ne pouvons pas aider nos concitoyens à s'occuper de leurs problèmes de santé dentaire et buccodentaire. Le problème est-il trop gros pour que nous le corrigions? Si c'est le cas, devrions-nous attendre jusqu'à une autre législature pour le faire? Les parlementaires qui siégeront lors de cette législature auront peut-être la sagesse requise. Ne pouvons-nous pas réaffecter une petite somme dans le budget pour concrétiser cette proposition?
J'ai parlé de la taxe de vente harmonisée, qui nous a légué une dette et un déficit dont nous ne sommes pas encore débarrassés. Nous continuons de financer ce déficit pour nous imposer une taxe. Je dois ajouter que nous ne sommes toujours pas en situation excédentaire. Nous payons encore de l'intérêt sur cette dette. Nous n'avons eu aucun mal à trouver de l'argent pour cette taxe.
Par contre, on ne voit pas comment on pourrait payer ceci. Je ne comprends pas. Je pense que la plupart des Canadiens appuient cette mesure. Je pense que la plupart des Canadiens comprennent les vulnérabilités. Si on regarde les chiffres, on voit que les femmes sont également touchées. Pour un gouvernement qui prétend vouloir régler certains des problèmes systémiques auxquels font face les femmes dans la société, voilà, encore une fois, une occasion manquée. Selon les statistiques, le coût est un obstacle pour 24,1 % des femmes comparativement à 20 % des hommes. Les gens disent ne pas obtenir les soins dont ils ont besoin pour cette raison. C'est une question de finances. Avec une proportion de 28 %, les Canadiens de 18 à 34 ans sont les plus susceptibles de citer le coût comme obstacle à l'obtention de soins dentaires.
Nous vivons à une époque où les jeunes finissent leurs études postsecondaires endettés comme jamais auparavant. Nous leur laissons une dette et tout un lot de problèmes à régler. Qui plus est, ils connaissent un des taux de chômage et de sous-emploi les plus élevés et ceux qui ont un emploi n'ont pas d'avantages sociaux dans bien des cas.
Le message que nous envoyons aux jeunes Canadiens, c'est que nous sommes en train d'abandonner, que nous ne pouvons rien faire, que c'est trop compliqué pour nous, que nous sommes incapables de trouver des solutions. La Chambre ne parvient pas à dégager un consensus. Personne d'autre n'a un amendement à présenter? Un amendement aurait pu être possible pour que tout s'enclenche. Pas de problème, nous sommes ouverts à cela. Cependant, le gouvernement dit non, qu'il ne peut rien faire, qu'agir est trop compliqué, trop difficile. Le gouvernement ne veut tout simplement pas se donner la peine d'agir. C'est triste.
Ces jeunes sont notre avenir. On pourrait penser que nous aurions le bon sens d'agir de manière réellement préventive. L'une des raisons pour lesquelles nous parlons de ce modèle de prévention est que nous disposons d'une somme d'environ 155 millions de dollars supplémentaires à consacrer aux patients qui se rendent aux urgences des hôpitaux pour obtenir des soins dentaires. Toutefois, nous ne connaissons pas les coûts réels, car les gens ne s'y rendent même pas.
Je ne connais pas un seul Canadien qui souhaite se rendre dans une salle d'urgence encombrée par des cas de problèmes de santé mentale et d'autres types de rendez-vous inutiles. Les gens doivent se rendre aux urgences parce qu'ils sont désespérés et n'ont nulle part ailleurs où aller. Je ne connais personne qui ne serait pas d'accord pour dire que certains cas n'ont pas leur place dans les salles d'urgence, et qu'il faut donner la priorité aux personnes aux prises avec des problèmes réellement urgents.
Ce serait l'une des meilleures façons de rationaliser le système de santé. De combien d'argent sommes-nous privés parce que les gens sont incapables d'obtenir une assurance dentaire de base convenable?
Aucun soutien concret n'est fourni pour de nombreux problèmes de santé mentale. Les gens finissent par aller à l'hôpital parce qu'ils n'ont pas d'autres options ou, s'ils sont vraiment désespérés, ils vont dans une clinique. Nous payons pour cela. Cela n'a aucun sens.
Je le répète, cette mesure aurait une valeur économique pour les employeurs qui cherchent à investir au Canada. C'est important parce que cela réduirait leur charge financière et ils pourraient alors investir dans une main-d'œuvre en bonne santé, plus forte, plus compétitive et plus productive. C'est bon pour tous les Canadiens, car ces personnes peuvent ensuite payer des impôts.