Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de Rosemont—La Petite-Patrie.
Je suis fière d'appuyer la motion parce qu'elle permettrait d'aider la majorité des gens de ma circonscription. L'actuelle baisse d'impôt des libéraux, elle, ne les aidera pas.
Le directeur parlementaire du budget a constaté que la proposition fiscale des libéraux coûtera 6,9 milliards de dollars par année lorsqu'elle sera pleinement mise en œuvre. Ce sont les personnes qui ont un revenu d'au moins 113 000 $ qui en profiteraient le plus avec une somme de 325 $ par année. Ce n'est pas une mesure qui viendrait en aide à la majorité des gens qui vivent dans ma circonscription.
Dans London—Fanshawe, le revenu moyen d'un particulier en 2015 s'élevait à un peu plus de 30 000 $. Le revenu familial moyen se situait juste en dessous des 60 000 $. Ces gens ne profiteraient pas de cette baisse d'impôt. Ce serait d'ailleurs le cas pour 47 % de la population canadienne.
Ce que le gouvernement nous présente est l'exemple parfait d'une politique libérale. Je pourrais aussi citer des exemples de choix précédents faits par le gouvernement libéral. Il y avait les 14 milliards de dollars en réductions d'impôt pour les sociétés, annoncés dans l'Énoncé économique de l'automne 2018. En juin 2019, le directeur parlementaire du budget a déclaré que les sociétés canadiennes évitaient de payer jusqu'à 25 milliards de dollars par année en impôt fédéral sur le revenu. Le gouvernement libéral pourrait aller chercher cet argent. Les conservateurs parlent d'enrichir les coffres de l'État. Les libéraux pourraient le faire, mais ils refusent.
Selon les dossiers de l'Agence du revenu du Canada, les gens riches et les sociétés possèdent au moins 9 % de l'ensemble des richesses financières du Canada, qu'ils dissimulent à l'étranger, ce qui entraîne un manque à gagner d'au moins 8 milliards de dollars pour le gouvernement fédéral. Il est évident que les libéraux sont déterminés à donner aux Canadiens les plus riches une part encore plus grande des richesses.
Il est clair que ce plan des libéraux ne sera d'aucune utilité pour les résidants de ma circonscription. Ce qui leur serait utile, cependant, c'est assurance-soins dentaires. Selon les statistiques, chaque dollar dépensé par un gouvernement pour des programmes sociaux en injecte cinq fois plus dans l'économie. Le programme de soins dentaires que nous proposons pourrait faire économiser aux ménages 1 200 $ par année.
Au total, les Canadiens dépensent environ 12 milliards de dollars par année pour les soins dentaires qu'ils reçoivent. Ils en récupèrent une partie grâce aux assurances, mais ils doivent assumer une grande partie de ces coûts. D'ailleurs, les coûts sont si exorbitants que six millions de Canadiens évitent d'aller consulter un dentiste ou de se faire soigner. Outre la carie dentaire, les maladies des gencives et la perte de dents, les problèmes de santé buccodentaire sont liés à d'autres maladies comme le diabète de type 2, le cancer et les maladies cardiaques. L'inflammation semble aussi être associée à ces maladies parce que les bactéries prolifèrent dans la plaque dentaire.
Les régimes de soins dentaires publics doivent être universels et ils doivent fournir les soins essentiels à ceux qui en ont le plus besoin, y compris les enfants des familles à faible revenu, les aînés en milieu institutionnel, les personnes handicapées, les sans-abri, les réfugiés, les immigrants, les Autochtones et les bénéficiaires de l'aide sociale.
L'ensemble des provinces et des territoires paient les chirurgies dentaires en milieu hospitalier, et dans certains cas, on offre aussi des programmes de prévention pour les enfants. De plus, un certain nombre de programmes spéciaux et de programmes de bienfaisance offrent des soins dentaires pour les pauvres. Nombre de ces programmes sont mis en œuvre dans les 10 écoles de dentisterie du Canada, mais ils sont très loin de répondre à tous les besoins.
Le pourcentage des soins dentaires subventionnés par l’État au Canada est l'un des moins élevés au monde. En effet, selon un rapport de l'Académie canadienne des sciences de la santé, l'État paie uniquement 6 % du coût total des soins dentaires. Même les États-Unis ont un pourcentage plus élevé: 7,9 %. Bon nombre de pays européens incluent les soins dentaires dans leur régime universel de soins de santé. Par exemple, en Finlande, 79 % des soins dentaires sont payés par l'État.
Les coûts pour l'ensemble du système de santé sont élevés. Imaginons un patient dont l'infection dentaire n'a pas été traitée. Une visite à l'urgence pour soulager une douleur dentaire coûte au moins 124 $ au système de santé. Si la personne doit être hospitalisée, ce coût grimpe à plus de 7 000 $ par visite. Un tel coût est difficile à justifier quand on sait que le problème aurait pu être traité plus tôt, pour beaucoup moins cher, en arrachant la dent infectée. C'est une simple question de logique.
Beaucoup de personnes n'ayant pas d'assurance dentaire ressentent tellement de douleur et d'inconfort qu'elles doivent se rendre à l'urgence pour se faire extraire une dent ou, pire encore, finissent par contracter d'autres maladies liées à leur mauvaise santé buccodentaire. Quels sont les coûts pour notre système de santé quand il faut hospitaliser des personnes dont l'état s'est aggravé parce qu'elles n'ont pas pu visiter un dentiste? Les Canadiens prennent des congés de maladie qui coûtent environ 16,6 milliards de dollars par année à l'économie canadienne. L'économie se porterait mieux si les Canadiens étaient en meilleure santé.
Ce ne sont là que les effets sur la santé, mais qu'en est-il des effets sur la vie sociale? La douleur et les infections buccales, ou les dents manquantes peuvent avoir des répercussions sur la façon dont une personne s'exprime, mange et socialise. Ces problèmes peuvent porter atteinte à la qualité de vie d'une personne en réduisant son bien-être physique, mental et social. Les personnes qui ont une mauvaise dentition peuvent être stigmatisées lors d'événements sociaux ou pendant leur recherche d'emploi.
Au cours de nombreux échanges qui ont porté sur la nécessité d'avoir un régime universel de soins dentaires, notre chef, le député de Burnaby-Sud, a parlé d'une femme qu'il a rencontrée durant la campagne électorale et à qui il manquait plusieurs dents. Elle était gênée de lui parler. Elle lui a dit qu'elle avait du mal à se trouver un emploi qui lui verse plus que le salaire minimum et qu'elle aimerait bien atteindre ses objectifs professionnels, mais que sa santé buccodentaire et son apparence constituaient un obstacle.
Je peux dire aux députés que lorsque je faisais du porte-à-porte dans ma circonscription, c'est le genre de situation à laquelle j'étais confrontée tous les jours. Je me suis entretenue de nombreuses fois avec des gens de London qui étaient aux prises avec exactement le même problème. Nous considérons trop souvent que les soins dentaires sont un choix et nous jugeons les parents ou les personnes qui n'ont pas les moyens de prendre soin de leur santé ou celle de leur famille. Or, le problème réside dans notre régime de soins ou, pour être plus réaliste, dans l'absence d'un régime de soins.
On ne peut pas continuer à considérer les soins dentaires comme une procédure cosmétique facultative, financée par des fonds privés, destinée à quelques chanceux et exclue du régime de soins de santé. Le régime de soins de santé devrait viser toutes les parties du corps. Nous ne pouvons vivre dans une société où de bonnes dents et une bonne santé sont réservées aux riches. Ce n'est pas l'idée que je me fais du Canada.
Nous savons que les libéraux n'ont aucun problème à servir les plus riches. Ils ont récemment dépensé des deniers publics pour de grandes sociétés prospères et bien placées, comme Loblaws et Mastercard, et pour des subventions au secteur pétrolier et gazier. Il est temps de s'occuper de la classe ouvrière et des familles qui ont besoin de changement.
Les néo-démocrates ont une solution. Au lieu de dépenser 6 milliards des recettes fédérales sur une chose qui exclut 47 % des Canadiens — et la vaste majorité des gens de ma circonscription — et des montants minimes à ceux qui gagnent un revenu inférieur à 90 000 $, investissons 1,6 milliard de dollars dans un programme qui aidera tout le monde. Le programme viendrait immédiatement en aide à 4,3 millions de personnes et économiserait au régime de soins de santé des millions de dollars chaque année. Voilà pourquoi j'appuie fièrement la motion à l'étude.