Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet de l'importante motion de l'opposition. Pour nous rafraîchir la mémoire, je vais en relire le libellé. Je crois qu'il est essentiel que l'on soumette à la Chambre les documents « concernant des avertissements ou des craintes de ralentissements économiques, leurs effets potentiels sur le cadre financier ou des avis ou recommandations sur la façon d’y faire face », produits par tout ministère, organisme ou société d’État depuis 2015. Voilà ce dont nous discutons aujourd'hui.
En 2015, le premier ministre a promis qu'il n'accumulerait que quelques modestes déficits de 10 milliards de dollars avant de rétablir l'équilibre budgétaire en 2019. Les députés se souviennent-ils de cette promesse? De tout petits déficits, puis tout baignerait dans l'huile en 2019.
Nous savons ce qui s'est produit. Les déficits budgétaires se sont révélés de loin supérieurs à 10 milliards de dollars par année. L'année 2019 est derrière nous et, malgré les promesses formulées, l'équilibre budgétaire est loin d'être rétabli. Durant les quatre années de son premier mandat, le premier ministre a fait gonfler la dette nationale de plus de 72 milliards de dollars. C'est une véritable honte. La Banque du Canada vient d'abaisser radicalement ses taux d'intérêt, invoquant de sombres perspectives économiques pour le Canada et le monde entier.
Un gouvernement responsable nous aurait préparés à un ralentissement. Un gouvernement responsable aurait mis de l'argent de côté en cas d'imprévu. Or, la situation actuelle est certainement imprévue. La situation financière est absolument désastreuse. Un gouvernement responsable aurait réduit la dette en période de croissance économique. Or, le gouvernement libéral ne s'est pas montré responsable. Au lieu de faire preuve de leadership, les libéraux en ont rajouté en faisant d'autres dépenses inutiles. Ils ont appelé cela des investissements et investir dans les Canadiens.
Pensons à certains de ces judicieux investissements. Les libéraux ont donné 50 millions de dollars à Mastercard, une multinationale qui a fait des profits de 16 milliards de dollars en 2019 seulement. Ils ont donné 12 millions de dollars à Loblaws pour que l'entreprise s'achète de nouveaux réfrigérateurs. Ils ont essentiellement décidé d'accorder une aide financière de plus de 600 millions de dollars aux médias. Fait encore plus absurde, ils ont dépensé 1 900 $ pour des effigies en carton du premier ministre. Est-ce là une utilisation judicieuse des fonds publics? Après avoir fait fuir les investisseurs, les libéraux ont dépensé plus de 12 milliards de dollars pour le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain, qui n'a toujours pas été lancé. Pensons aussi aux 256 millions de dollars que les libéraux ont donnés à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures pour que l'on construise des pipelines en Asie. On dirait que les projets de pipeline étrangers sont les seuls que les libéraux sont capables de mener à bien.
Il y a aussi le programme d'infrastructure de 186 milliards de dollars, qui s'est avéré un échec monumental. D'ailleurs, le vérificateur général se penche actuellement là-dessus à cause du manque de transparence et de responsabilité dont les libéraux ont fait preuve envers les Canadiens. Bref, les libéraux n'ont pas su gérer l'argent des contribuables canadiens de façon responsable. À cause de cet échec, le Canada est beaucoup plus vulnérable aux ralentissements économiques mondiaux. C'est ce que nous constatons en ce moment même.
Les Canadiens dans l'ensemble du pays font de grands efforts pour vivre selon leurs moyens. Ils savent qu'il n'est pas judicieux d'accumuler des dettes avec des cartes de crédit parce que cela les empêcherait de faire face aux dépenses imprévues. Or, c'est exactement ce que les libéraux font au Canada. Les libéraux ont choisi la voie facile plutôt que de faire ce qu'il y a de mieux pour notre pays.
Comparons leur feuille de route à celle de l'ancien gouvernement conservateur.
Avant la récession mondiale de 2008-2009, les conservateurs avaient remboursé plus de 37 milliards de dollars sur la dette. Cela a donné au gouvernement la flexibilité nécessaire pour affronter les défis financiers engendrés par la récession. C'est pour cette raison qu'au Canada la récession a été moins forte et plus courte que dans tous les autres pays du G7.
Dans un rapport de 2010, Philip Cross, qui était alors analyste économique en chef à Statistique Canada, a dit ce qui suit:
Une raison expliquant la faiblesse relative de la récession observée au Canada tenait à ce qu’il était en meilleure position pour faire face à la récession mondiale que d’autres grandes économies occidentales, principalement grâce aux épargnes telles qu’elles sont reflétées dans notre bilan national.
Il a ajouté ceci:
[...] la bonne santé des bilans du Canada a permis au pays d’endurer la récession et d’entrer en phase de reprise. La récession a été plus courte et moins forte au Canada que dans d’autres pays du G7, en partie parce que le flux de crédit n’a pas été perturbé comme il l’a été dans d’autres pays, et que l’épargne a permis de financer les dépenses lorsque les revenus ont temporairement baissé.
Il s'agissait là d'une bonne politique financière du gouvernement conservateur.
Toutefois, le gouvernement libéral a délibérément fait le contraire. On dirait un mauvais épisode de Seinfeld. C'est pourquoi, lors des campagnes électorales de 2015 et de 2019, les conservateurs ont promis aux électeurs qu'ils agiraient de façon responsable en équilibrant le budget. En effet, nous savions qu'un gouvernement responsable devait être préparé à affronter une récession mondiale.
Il faut maintenant payer les pots cassés. Nous voyons actuellement les effets du ralentissement de l'économie mondiale. Pas plus tard qu'aujourd'hui, les marchés boursiers ont dégringolé. Les transactions ont même été interrompues. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les perspectives économiques sont très sombres. Or, les libéraux devront faire face à cette situation à partir d'une position de faiblesse. Un véritable leadership exige de faire preuve d'une certaine prudence sur le plan financier.
Même si les libéraux ont gaspillé des milliards de dollars, ils n'ont pas assuré la réalisation des projets clés qui auraient aidé les Canadiens à traverser cette tempête. Le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain est encore loin d'être achevé. De plus, les projets Énergie Est et Northern Gateway ont tous les deux été annulés à cause des libéraux. Quant au projet Frontier de la société Teck, qui promettait la création de milliers d'emplois et la génération de milliards de dollars de revenus, il n'a jamais vu le jour à cause des tergiversations et des atermoiements du gouvernement. Même Warren Buffett retire son argent d'un projet québécois en invoquant « le contexte politique canadien ».
Au total, plus de 160 milliards de dollars d'investissements sont passés à la trappe pendant le mandat du premier ministre. C'est la conséquence directe des politiques que lui et le gouvernement libéral ont mises en place.
Prenons, par exemple, le projet de loi C-69, ou projet de loi anti-pipelines, qui complique la construction des pipelines. Nombreux sont ceux qui disent ne pas comprendre comment il serait possible de construire un nouveau pipeline dans le cadre de ce nouveau processus réglementaire. Tout le monde s'est dit contre cette mesure législative, notamment les gouvernements provinciaux, l'industrie, les collectivités et les groupes autochtones. Les libéraux sont pourtant quand même allés de l'avant avec ce projet de loi néfaste.
En fin de compte, nous devons revenir à la responsabilité fiscale, à des budgets équilibrés et au remboursement de la dette. Ce qui se passe aujourd'hui est un désastre.