Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de La Prairie.
Je tiens à nouveau à saluer les gens de ma circonscription. Ma collègue parlait plus tôt de la résilience de nos citoyennes et nos citoyens. Je salue également leur courage et leurs démonstrations de solidarité en ces temps difficiles. Être tricoté serré pour réussir à s’en sortir fait partie du positif que l’on peut observer durant cette pandémie.
Aujourd’hui, nous sommes ici pour débattre une motion visant à adopter un projet de loi qui prévoit l’instauration d’une prestation canadienne d’urgence pour les étudiants. Le Bloc québécois est évidemment favorable à un soutien financier pour les étudiants. Il s’agit d’une mesure nécessaire et essentielle et c’est pourquoi nous l’avons demandée.
Il ne faut pas s’y tromper: les étudiants ressentent eux aussi les contrecoups de la crise et ceux-ci sont importants. Certains collègues d’autres formations politiques ont soulevé leurs préoccupations en lien avec cette prestation. Selon eux, la mesure proposée fera que les étudiantes et les étudiants ne voudront pas travailler puisqu’ils auront calculé qu’il sera plus payant de rester à la maison. Au Bloc québécois, nous n’adhérons pas du tout à cette idée.
Nous reconnaissons que les étudiantes et les étudiants ont besoin d’un soutien financier parce que, dès le début, des étudiants ayant terminé leur formation ou qui retourneront aux études ont pris la peine de venir dans nos bureaux de circonscription pour nous dire qu’ils ne savaient pas s’ils se trouveraient un emploi ni quand. Nous devions trouver une solution et déterminer les mesures nécessaires, et nous l’avons fait. Cette crise sera effectivement qualifiée d’historique, mais personne ne doit être laissé pour compte ni passer au travers des mailles du filet.
Je tiens aussi à rappeler que nous demandons dans la motion que des mesures soient mises en œuvre sans attendre afin d’offrir un soutien additionnel aux aînés. Nous avons revendiqué ces mesures et nous les attendons toujours, car elles sont nécessaires.
J’ai parlé d’équité et des laissés-pour-compte. J’aimerais que cela nous mène à une certaine réflexion. La crise actuelle nous a enseigné que nous devions répondre, parfois au cas par cas, aux situations qui nécessitent un soutien d’urgence.
Par ailleurs, en tant que parlementaires, nous devrions nous demander si notre filet social et si nos programmes de protection sociale comme l’assurance-emploi n’ont pas failli à leur tâche. Le Bloc québécois a déjà demandé la refonte globale de ce régime. Aujourd’hui, plus de huit millions de travailleurs ont perdu leur emploi et nous sommes obligés de nous demander s’ils auraient été admissibles à l’assurance-emploi. Plusieurs tâches nous attendent donc, y compris de faire ce constat et de réviser le régime dans sa totalité.
Le projet de loi a un double objectif: offrir un soutien financier aux étudiantes et aux étudiants, et le faire de sorte à les inciter à se trouver un emploi. À ce dernier égard, nous pouvons affirmer que certains obstacles ont fait que le projet de loi n’est pas tout à fait parfait.
Le premier est ce discours sur les emplois, sur la création d’emplois et sur les occasions d’emplois. La ministre a parlé d’un programme qui créera plus de 60 000 emplois additionnels, mais nous ne savons pas dans quels secteurs ils seront, pas plus que les types d’emplois visés ni leurs conditions. Il aurait été préférable d’avoir une meilleure coordination et une harmonisation avec les provinces.
Deuxièmement, et c'est très important, le contexte a changé. Il y a eu une crise, il y a six semaines, et nous commençons peut-être maintenant un déconfinement. Or on se demande s'il y aura des emplois. Avec la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, tout comme avec la Prestation canadienne d'urgence, on offre tout ou rien. Ceux qui gagnent 1 000 $ ou moins auront droit à une prestation de 1 250 $ ou de 1 750 $. Ceux qui gagnent 1 001 $ se feront couper leur prestation de 1 250 $ par mois. Dans le contexte actuel, cela cause un problème d'équilibre, d'où l'importance de soutenir la motion qui est à l'étude pour déterminer assez rapidement comment on fera les choses. La PCU et la PCUE doivent être offertes de manière à remplir l'objectif de soutien aux étudiants, tout en étant un incitatif en toute circonstance. Nous avions proposé certaines mesures. Nous avons encore des mesures à proposer et nous pensons qu'elles devraient être mises en œuvre.
Aucun étudiant ou étudiante veut ne rien faire. Le travail durant la période d'été est une richesse. Cela permet aux étudiants de parfaire leurs connaissances des métiers ou des professions qu'ils ont choisis. Cela peut aussi être un gagne-pain majeur qui va les soutenir dans leurs études. En ce sens, je pense qu'il faut aller de l'avant en ne perdant pas de vue qu'il faut absolument travailler à des mesures qui seront des incitatifs à l'emploi. J'ajouterai qu'il faut que ces emplois soient de qualité. Ces mesures seront un soutien de base majeur pour les étudiantes et les étudiants.
On parle du contexte qui change. Nous sommes à 48 heures du 1er mai, la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs. Durant cette crise, nous avons salué bien des travailleuses et des travailleurs des services essentiels, ces héros et ces héroïnes qui se trouvent dans de nombreux secteurs. Il s'agit notamment de l'alimentation, des transports, des emplois étudiants, du secteur de la santé et des services sociaux dans le secteur communautaire. Comme par hasard, on a pris conscience de leur travail. On a pris conscience de la valeur de leur emploi. On a reconnu des travailleurs essentiels qui sont les travailleurs les plus vulnérables et qui ont les conditions de travail et les conditions salariales les plus précaires. Quand on parlera d'incitatifs à l'emploi, il faudra se rappeler que les emplois qu'on veut combler doivent être bien rémunérés pour tous celles et ceux, comme les étudiants et les étudiantes, qui veulent les occuper. Nous avons un travail à faire là-dessus aussi.