Monsieur le Président, je remercie la députée, une ancienne collègue au sein du comité des affaires autochtones, de ses observations. Nous avons abordé un certain nombre de questions ensemble et je sais qu'elle en connaît beaucoup sur les problèmes auxquels se heurtent les Autochtones au Canada.
Je suis l'un des rares députés qui vivent toujours dans une collectivité autochtone. Dans ma collectivité, 95 % des habitants sont des Autochtones, alors on constate ce genre de problème tous les jours. Chaque mois, une fois par mois, l'équipe judiciaire arrive par avion. C'est presque un spectacle, parce que la collectivité doit en quelque sorte mettre fin à ses activités. Je vis dans une collectivité qui compte 800 habitants. S'il y a un appel pour 200 jurés, le magasin doit fermer parce que tout le personnel doit se présenter. L'école doit fermer parce que les enseignants doivent se présenter. Il y a une liste de gens, et le dossier est si rempli que l'équipe judiciaire doit parfois rester deux ou trois jours. Habituellement, l'équipe ne reste pas et doit revenir. Par conséquent, le rôle d'audience augmente sans cesse. C'est dommage, parce que ce sont des gens que je connais. Ce sont des gens qui ont des liens avec moi. Ce sont mes amis. Nous sommes conscients des difficultés dans nos collectivités. Nous sommes conscients des répercussions des pensionnats indiens. Nous sommes conscients des problèmes de toxicomanie et de violence sexuelle. Nous savons que tous ces problèmes existent, mais nous continuons de ne pas en tenir compte, et le système demeure le même. Il y a 25 ans, une commission royale a fait des recommandations, qui n'ont à peu près pas été prises en compte jusqu'à maintenant. Nous devons faire davantage.
Il y a des femmes dans ma circonscription qui ont communiqué avec moi parce qu'elles sont incapables d'obtenir une pension alimentaire ou de régler un divorce puisqu'elles ne s'y retrouvent pas dans le système existant. Comment les membres d'une petite communauté autochtone éloignée située en plein coeur des Territoires du Nord-Ouest peuvent-ils faire appel au système? Au fil des ans, la situation s'est détériorée. Des programmes de soutien ont été éliminés. Il n'y a plus de programmes d'assistance parajudiciaire aux Autochtones. Comment les gens peuvent-ils s'y retrouver dans le système? Ils ont besoin que quelqu'un leur vienne en aide. Le temps est venu de commencer à aller de l'avant.
Nous avons besoin d'un système qui permet aux aînés autochtones, qui sont très respectés dans leur communauté respective, de participer au processus et de faire partie de la solution. Nous avons besoin d'un système de soutien qui aidera certaines des personnes qui se retrouvent dans les établissements correctionnels, les prisons.
J'ai entendu mes collègues dire que le système est trop lent et que nous aurions dû en faire davantage. Est-ce un bon moment pour commencer à mettre en oeuvre des réformes visant à apporter des changements pangouvernementaux, y compris dans le secteur de la justice?