Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Le comité a changé un peu depuis la dernière fois que je suis venu.
Je suis très heureux d'être ici pour la deuxième fois pour discuter avec le comité de la Colombie et de l'Accord de libre-échange Canada-Colombie. Je vais aussi parler de la relation générale entre nos deux pays.
Comme je viens de le dire, le comité a un peu changé; pour cette raison, je devrais peut-être prendre une ou deux minutes de mon temps pour parler de FOCAL. Pour les personnes qui n'étaient pas ici la dernière fois, FOCAL est la Fondation canadienne pour les Amériques. L'acronyme est basé sur le nom français parce que c'est bien plus intéressant qu'avec le nom anglais.
Nous sommes la seule organisation indépendante de recherche sur les politiques au Canada vouée aux relations et à l'engagement du Canada dans l'hémisphère occidental. Cela inclut l'Amérique latine, comme notre nom l'indique, mais nous sommes aussi présents dans les Caraïbes et aux États-Unis. Nous traitons de l'hémisphère en entier, du 48e parallèle jusqu'à la Terre de Feu.
Vous constaterez notre présence à plusieurs endroits partout dans l'hémisphère. À Port of Spain, dans le cadre du Sommet des Amériques, nous menions une coalition de groupes de réflexion de partout dans l'hémisphère dont le but était d'appuyer le processus du sommet; nous fournissions donc une nouvelle ressource pour protéger un intérêt canadien essentiel et stratégique, le sommet, notre unique relation et la seule réunion de chefs d'État de l'hémisphère à laquelle nous sommes invités.
Vous nous remarquerez aussi à des endroits comme le Mexique, où nous venons de lancer une nouvelle initiative sur la relation entre le Canada et le Mexique dans le but de tenter de renforcer cette relation. En fait, c'est la première fois qu'une telle mesure est prise. Il y avait, au Canada, trop peu d'activités et d'instituts axés sur le Mexique.
Je serais heureux d'en parler en privé tout à l'heure, mais je souligne que Rosario Green mène cette initiative du côté du Mexique; certains d'entre vous le connaissez à titre d'ancien ministre des Affaires étrangères et de président actuel du comité sénatorial mexicain des relations étrangères. Du côté du Canada, l'initiative est menée par Bill Graham, ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires étrangères. La nouvelle initiative vient d'être lancée. Nous revenons tout juste du Mexique, où elle a très bien été reçue, tout comme à Toronto.
Vous nous remarquerez aussi à des endroits comme le Panama, où nous avons apporté de l'aide dans le cadre d'une conférence sur l'exploitation minière socialement responsable. Comme votre président, M. Richardson, l'a dit, c'est là que j'ai fait la connaissance de bon nombre d'entre vous, il y a 18 mois; vous reveniez de la Colombie, où vous aviez parlé des négociations en cours. À ce moment-là, l'accord de libre-échange avec la Colombie inspirait beaucoup d'espoir et d'optimisme. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, 18 mois plus tard; c'est une bonne occasion de revenir sur les discussions et de voir où nous en sommes.
Le président a mentionné une « brève déclaration ». Je ne sais pas si beaucoup de vos témoins réussissent à faire une « brève déclaration », mais nous allons faire de notre mieux pour y arriver. Très brièvement, nous aimerions aborder trois points relatifs à l'accord.
Comme dans le cadre de n'importe quel accord, la première question qu'on pose est: l'accord est-il avantageux pour le Canada? Je présume que c'est la question qui préoccupera le comité; elle préoccupera aussi les gens de partout au Canada, de toutes les villes, de toutes les municipalités et de toutes les circonscriptions au pays. C'est la question fondamentale: l'accord sera-t-il avantageux pour le Canada?
La deuxième question qu'on pose — et on la pose parce que nous sommes au Canada et non aux États-Unis —, c'est: l'accord sera-t-il aussi avantageux pour la Colombie? Dans le cas présent, nous sommes certains qu'il le sera.
Enfin, la troisième question n'est pas une question qu'on pose habituellement en rapport avec les accords de libre-échange. Or, étant donné la situation de la Colombie et les propos qu'on émet au sujet de ce pays, il est nécessaire de se pencher sur la question des droits de la personne. Je vous ai fourni de nouvelles données, des recherches empiriques qui proviennent de la Colombie et qui portent sur les droits de la personne; j'en parlerai brièvement à la fin de ma déclaration.
De plus, je ne parlerai pas des faits et des chiffres au cours de mon exposé; je vais garder cela pour la partie pertinente de la discussion. Je ne vais pas vous ennuyer en vous parlant des chiffres relatifs au commerce et des échanges bilatéraux de 1,3 milliard de dollars. Je suis sûr que vous en avez amplement entendu parler; nous allons donc nous concentrer plutôt sur de nouveaux renseignements.
D'abord, l'accord est-il avantageux pour le Canada? Selon ce que nous avons tiré de nos analyses et de nos conversations avec des universitaires et d'autres spécialistes de partout dans l'hémisphère — des gens qui travaillent dans le secteur du commerce, pour des institutions multilatérales comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et la Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes —, et selon ce que nous avons tiré de notre participation à des séminaires et de nos discussions avec des Colombiens, cet accord est important pour le Canada pour deux raisons.
La première est liée à la concurrence et à la protection des emplois. Évidemment, étant donné que nous échangeons majoritairement avec les États-Unis, les chiffres liés à tout nouvel accord de libre-échange que nous signons et tout nouvel accord commercial que nous envisageons ne seront pas énormes. Ce sont des changements et des ajouts marginaux; or, étant donné la situation économique actuelle du Canada et le point où nous en sommes dans la reprise, chaque emploi compte. L'Accord de libre-échange Canada-Colombie nous donne la possibilité de créer des emplois au Canada dans certains secteurs, ainsi que de protéger des emplois.
Il importe de souligner que les échanges que nous faisons avec la Colombie sont de nature complémentaire. Nous ne supplantons pas les producteurs colombiens en envoyant du blé; les Colombiens ne cultivent pas le blé. De plus, la Colombie ne fabrique pas les véhicules tout-terrain utilisés pour faire l'exploration minière; ils sont fabriqués au Canada. En outre, les produits agricoles et les minéraux que nous importons servent de complément à ce que nous avons ou ce que nous produisons au Canada.
Toutefois, les Américains, eux, nous supplanterons et nous ferons concurrence en Colombie. Nous sommes en concurrence directe avec les États-Unis relativement à presque tout ce que nous vendons à la Colombie. Le premier pays à signer un accord de libre-échange avec la Colombie aura un avantage concurrentiel sur ce marché.
Je le répète, pour nous, la différence ne sera pas énorme; or, étant donné l'état actuel de la reprise, à mon sens, chaque emploi compte. Et je trouve très difficile de dire à des personnes de différentes parties du pays que nous pouvons nous passer d'emplois et que nous ne faisons pas le nécessaire pour protéger les emplois. Je conseillerais vivement... Même si les sommes ne sont pas énormes, je le répète, tout compte.
L'autre raison pour laquelle l'accord est important et avantageux pour le Canada, c'est la vue d'ensemble en ce qui a trait à la concurrence. Au cours des années 1990 et au début des années 2000, notre programme commercial était centré sur la signature d'accords multilatéraux. À l'époque, c'était la chose sensée, la meilleure chose à faire. D'autres pays faisaient de même, avec la Zone de libre-échange des Amériques, l'Organisation mondiale du commerce, le Cycle de Doha et les cycles subséquents. Nous avons placé tous nos efforts et toute notre foi dans le multilatéralisme, dans les accords commerciaux multilatéraux.
Récemment, il n'est devenu que trop évident que ce processus est bloqué. La ZLEA, la Zone de libre-échange des Amériques, ne fait pas de progrès. L'OMC est à un point mort. En réponse à cela, des pays de partout dans le monde s'empressent de signer des accords bilatéraux; c'est donc important sur ce plan pour la concurrence et pour la création d'emploi. C'est aussi important au Canada et à l'étranger.
La mauvaise nouvelle, c'est que le Canada est en retard dans ce processus. Je crois que nous avons mis en vigueur environ quatre accords de libre-échange, et que nous en avons signé deux ou trois autres. Si l'on jette un coup d'oeil à l'ensemble de la concurrence dans les Amériques, on voit que nous sommes presque au bas de la liste en ce qui concerne la concurrence relativement aux accords de libre-échange.
Même à l'échelle de l'Amérique du Nord, nous traînons de la patte. En ne signant pas d'accords de libre-échange, nous avons porté un coup dur à la capacité concurrentielle de l'Amérique du Nord. Les Américains en ont 17. Les Mexicains ont signé des accords avec 30 pays; ils nous regardent aller et ils se demandent ce que nous attendons.
Ainsi, en ce qui a trait à la concurrence, c'est important de signer des accords. Il s'agit d'une réaction au cycle qui a suivi l'OMC, à l'échec de la Zone de libre-échange des Amériques. Cela montre très bien que le gouvernement a décidé de favoriser les accords de libre-échange; or, cela montre encore mieux que le personnel du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a fait un travail remarquable pour que ces accords soient négociés et signés.
Les progrès accomplis dans le cadre de l'accord avec le Panama étaient tout simplement exceptionnels. J'aimerais prendre un instant pour louer le MAECI pour tout son travail. Au bout du compte, c'est le personnel du MAECI qui obtient les résultats. Cette fois-ci, ils ont vraiment réussi.
L'accord est-il avantageux pour la Colombie? Oui. L'économie de la Colombie est actuellement sous pression étant donné que le pays n'échange plus avec le Venezuela, un partenaire commercial important. Les Vénézuéliens commencent à empêcher les Colombiens d'expédier des fleurs par l'aéroport de Caracas. KLM et plusieurs fournisseurs européens importants expédient les fleurs par avion et combinent les chargements à Caracas; or, on a mis fin à cela. Cette mesure a porté un coup très dur aux Vénézuéliens, qui s'inquiètent beaucoup des conséquences qu'elle aura sur l'économie.
Or, cela donne aussi à la Colombie la possibilité de multiplier les échanges et les emplois avec le Canada, et elle y tient beaucoup. Fait intéressant, certains syndicats colombiens appuient aussi l'accord de libre-échange. Notre ambassadeur à Medellín vient de rencontrer une confédération de syndicats qui annonçaient leur appui à l'accord de libre-échange.