Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole pour appuyer le projet de loi C-49, qui crée le Musée canadien de l'histoire.
Au cours des débats antérieurs, on a beaucoup parlé de la nécessité de préserver, au sein du nouveau musée, une capacité de recherche aussi forte que celle du Musée canadien des civilisations. Nous reconnaissons tous, je pense, que la recherche doit être un élément important des activités du nouveau musée et de son personnel professionnel.
Que la recherche soit une activité permanente ou qu'elle soit liée à un projet particulier, elle se trouve au coeur même de l'activité des grands musées, et elle sera au coeur même de l'activité du Musée canadien de l'histoire. Le comité permanent a recueilli le témoignage de M. Mark O’Neill, président et directeur général de la société du Musée canadien des civilisations qui, en consultation avec des universitaires de l'ensemble du pays, a élaboré la première stratégie de recherche de son histoire. M. O'Neill a indiqué que cette stratégie allait orienter le travail du musée dans ses activités de recherche au cours des 10 prochaines années, confirmant qu'elle serait utilisée après l'adoption du projet de loi C-49 et la transformation du Musée canadien des civilisations en Musée canadien de l'histoire.
Le dévouement et le professionnalisme du personnel du musée méritent toute ma confiance. Ces professionnels vont continuer à se charger du travail et de la recherche nécessaires à l'exécution du mandat du Musée et à proposer de précieux services au public canadien.
La stratégie de recherche du musée, élaborée en consultation auprès d'experts du musée et de l'ensemble du pays, va orienter la recherche du nouveau musée. Je peux assurer à mes collègues que l'absence du mot « essentielle » dans la description du mandat du musée n'aura aucun effet sur sa capacité de recherche. J'irais même jusqu'à dire que l'absence de ce mot apporte peut-être un peu de soulagement à certains chercheurs du musée. Des députés vont sans doute me demander pourquoi. Je leur demanderai, en retour, comment ils définissent la « recherche essentielle ». Le texte actuel de la Loi sur les musées ne la définit pas. Quelqu'un est-il prêt à suggérer qu'en l'absence de ce mot dans le texte du projet de loi C-49, les professionnels hautement qualifiés qui font de la recherche de pointe au musée risquent désormais de renoncer à leur éthique et à leur jugement professionnel? En tout cas, ce n'est pas mon avis.
Ce n'est pas l'objectif du projet de loi C-49 et ce n'est pas ce qui arriverait. Nous voulons simplement accorder au nouveau musée et aux professionnels compétents qui y travaillent la liberté et la souplesse de déterminer la nature et les modalités des travaux de recherche nécessaires.
Au cas où il persisterait des préoccupations à cet égard, examinons ce qui s'est fait ailleurs, dans certains des grands musées du monde. La loi créant le Smithsonian Institute, à Washington, ne mentionne pas que la recherche doit être « critique ». On y mentionne l'enrichissement et la diffusion des connaissances partout au pays. Qui plus est, le terme « recherche » n'est même pas mentionné dans la loi sur le British Museum.
Examinons aussi le cas du musée d'avant-garde Te Papa, créé en 1992, en Nouvelle-Zélande. Dans sa loi fondamentale, on énonce simplement que, parmi ses fonctions essentielles, le musée doit faire de la recherche sur toutes questions relatives à ses collections ou à des domaines d'intérêt connexes, et collaborer avec d'autres institutions à cet égard. Précise-t-on quel genre de recherche? Non. On laisse cela aux professionnels hautement qualifiés du domaine, et c'est ce que la mesure législative devrait faire.
L'enseignement et la communication sont des concepts centraux qui gouvernent le Musée de l'histoire allemande, à Berlin. C'est un musée qui offre d'impressionnantes expositions permanentes et temporaires, dont le mandat et les activités ont été évalués et actualisés au fil des ans. L'absence du terme « recherche » dans son mandat ne diminue en rien la capacité du musée de mener à bien des recherches valables.
Il se fait de la recherche muséologique depuis longtemps chez nous. Des travaux de recherche étaient exécutés à la fin des années 1800, quand le musée faisait partie de la Commission géologique du Canada. Les noms de Marius Barbeau et de Diamond Jenness, deux chercheurs connus et respectés dans le monde entier, viennent à l'esprit. Il se faisait aussi de la recherche quand le musée s'appelait le Musée de l'Homme. Les noms de MM. J.V. Wright et William Taylor nous viennent en tête. En fait, M. Taylor, un archéologue, a été le directeur du Musée de l'Homme pendant de nombreuses années.
On continue de faire de la recherche au Musée des civilisations. Je note que le Comité permanent du patrimoine canadien a entendu la semaine dernière le témoignage de M. David Morrison, directeur de la recherche et du contenu de la nouvelle salle consacrée à l'histoire canadienne. La stratégie de recherche récemment élaborée par le Musée canadien des civilisations témoigne du rôle central que la recherche jouera au musée canadien de l'histoire. Cette stratégie inclut des sujets comme l'évolution du Nord et des histoires autochtones.
Dans le projet de loi C-49, rien ne va diminuer le rôle de la recherche au Musée canadien de l'histoire. La capacité et les pouvoirs d'effectuer des recherches sont prévus à l'article 9 du projet de loi, de la même façon qu'ils sont prévus dans les articles de la Loi sur les musées qui portent sur la capacité et les pouvoirs. Le fait que le mot « recherche » ne soit pas inclus dans la disposition qui porte sur la mission du nouveau musée n'est pas attribuable à l'indifférence à l'égard de la fonction de recherche du nouveau musée. Elle reflète tout simplement les normes de rédaction modernes pour définir une mission globale. Autrement dit, on précise ce que le musée peut faire. Cet énoncé est ensuite complété par une déclaration plus détaillée sur la capacité et les pouvoirs du musée, c'est-à-dire sur la façon dont le musée doit s'acquitter de sa mission.
En terminant, je sais que nous voulons tous nous assurer que la fière tradition de recherche du Musée canadien des civilisations n'est aucunement compromise par le projet de loi C-49 et par la création du Musée canadien de l'histoire. Un tel changement ne se produira pas parce que j'ai confiance en la compétence et le professionnalisme du musée et de ses employés.