Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour discuter de cette très importante motion sous l'angle de la sécurité publique. Je tiens à remercier la ministre de l'Environnement et du Changement climatique d'avoir présenté la motion dont nous débattons ce soir.
Le gouvernement prend les mesures nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et positionner le Canada comme chef de file dans l'économie axée sur une croissance propre. Nous nous efforçons d'aider les Canadiens et les différents ordres de gouvernement à affronter les répercussions dévastatrices des changements climatiques. De plus, nous collaborons avec les intervenants de tous les ordres de gouvernement et de tous les secteurs industriels pour trouver les meilleurs moyens de prévenir les ravages des dérèglements climatiques.
C'est ce à quoi les Canadiens et les Canadiennes s'attendent de notre part. C'est pour cette raison qu'ils nous ont élus, et c'est ce que nous ferons.
Les Canadiens n'ont que faire des discours grandiloquents, des jeux politiques et des vaines dénégations. Les changements climatiques sont bien réels, ils se produisent maintenant, et nous en ressentons déjà les effets.
Depuis quelques années, et 2019 ne fait pas exception, de nombreuses localités sont le théâtre d'inondations, de feux de forêt et d'orages d'une ampleur inédite. Nous savons que les catastrophes naturelles sont plus fréquentes et plus dévastatrices que jamais. L'été arrive à peine, mais les changements climatiques ont déjà fait des ravages en Alberta, qui a été presque entièrement recouverte par la fumée des feux de forêt. Là où je vis, à Edmonton, on voyait à peine le soleil, et il faisait tellement sombre que les lampadaires s'allumaient en plein jour.
Il y a deux semaines, le 31 mai, Edmonton avait la pire qualité de l'air de toute la planète, devant des milliers de villes réparties dans 85 pays. Les gens qui ont passé la journée dehors ce jour-là, et ils sont nombreux à ne pas avoir le choix, ont ingéré l'équivalent d'au moins 40 paquets de cigarettes. Imaginons 40 paquets de cigarettes empilés les uns par-dessus les autres; eh bien, c'est ce que les Edmontoniens ont respiré ce jour-là.
Mike Flannigan, qui enseigne au Département des ressources renouvelables de l'Université de l'Alberta, estime que la fumée des feux de forêt est comme une « soupe chimique » qui reste emprisonnée dans les poumons et qui peut causer toutes sortes de problèmes de santé. Or, cette soupe est au menu de certains enfants d'Edmonton tous les étés depuis qu'ils sont nés.
Pendant ce temps, alors que l'Alberta brûlait et que des milliers de personnes innocentes fuyaient leur domicile, Jason Kenney, premier ministre de la province, abrogeait la taxe sur le carbone. « Nous avons toujours eu des feux [...] », a-t-il dit. Selon lui, les changements climatiques n'avaient rien à voir avec ce qui se passait dans notre province.
Pour résumer, le même jour où la fumée provenant des feux de forêt était si épaisse que les conducteurs ne pouvaient pas voir la voiture qui les précédait sur la route, que les gens ne pouvaient pas voir de l'autre côté de la rue et que les lampadaires se sont allumés au milieu de la journée à Edmonton à cause de la fumée, le premier ministre de la province a dit, « Nous avons toujours eu des feux [...] »
Je me demande si Néron a dit la même chose alors que Rome brûlait. C'est une bonne question. Les Albertains et les Canadiens en général aimeraient peut-être connaître la réponse.
C'est tout simplement faux de dire qu'il y a toujours eu des feux en Alberta. Nous avons eu des feux auparavant, mais moins intenses, moins fréquents et moins ravageurs que ceux des cinq dernières années. Selon les statistiques, la température annuelle a déjà augmenté de 2,4 degrés Celcius à Edmonton au cours des 100 dernières années, et c'est sans parler du fait que les phénomènes météorologiques violents en été entraînent des dommages plus importants qu'ils ne le faisaient depuis des décennies en Alberta. En 2017, 61 % de tous les dommages assurés au Canada sont survenus en Alberta, représentant plus de 5 milliards de dollars en prestations d'assurance versées entre 2010 et 2017, et ce ne sont là que les dommages causés par le vent, la grêle et les inondations. Les choses ne vont pas s'améliorer toutes seules.
Nous ne pouvons plus nous permettre de rester dans l'ignorance la plus totale. Il est temps que les politiciens conservateurs, comme le premier ministre Kenney et le chef de l’opposition ici, comprennent, acceptent et reconnaissent que les changements climatiques ont des effets dévastateurs et qu'ils cessent de pratiquer la politique de l'autruche au lieu de protéger les Canadiens.
Il n'y a pas de quoi rire, comme le font les gens à l'extérieur de cette enceinte en ce moment. Le problème des changements climatiques est grave. Il a un effet réel sur nos vies et notre économie.
Il est temps que les gouvernements conservateurs et l'opposition prétendument conservatrice cessent de jouer avec la vie des Canadiens au nom de la petite politique et de principes idéologiques vieux de plusieurs décennies.
Sous l'ancien gouvernement conservateur, le Canada a remporté le prix Fossile colossal cinq années de suite. Qu'est-ce que ce prix? Il est décerné au pays qui a causé le plus de dommages au climat au cours d'une année donnée. En 2013, en raison de l'inaction continue du gouvernement Harper face aux changements climatiques, le Canada a eu le grand déshonneur de recevoir le prix d'excellence pour l'ensemble de ses réalisations. Les conservateurs ont reçu cinq prix dinosaures d'affilée. Je n'ai pas besoin du pays pour obtenir des prix dinosaures. Tout ce que j'ai à faire pour voir les dinosaures des changements climatiques, c'est regarder de l'autre côté de l'allée. Les conservateurs pensent en quelque sorte que les changements climatiques vont disparaître s'ils se mettent la tête dans le sable. Ce n'est pas le cas.
Pendant que l'inaction se poursuit de l'autre côté, alors que nous avons attendu plus de 400 jours pour obtenir un plan conservateur, nous passons à l'action. Le gouvernement libéral continuera de faire ce qu'il faut pour assurer la croissance de l'économie, la protection de l'environnement et l'utilisation de nos ressources énergétiques à bon escient au Canada et dans le monde.
Nous savons que les coûts liés aux activités de secours, de rétablissement et de reconstruction continuent d'augmenter d'une année à l'autre à cause des effets dévastateurs des changements climatiques. Nous savons aussi que les changements climatiques à l'échelle de la planète constituent une très grande partie de notre nouvelle réalité. D'ici 2020, les changements climatiques pourraient coûter 5 milliards de dollars par année à l'économie canadienne. D'ici 2050, on estime que ce chiffre pourrait atteindre environ 43 milliards de dollars par année.
Heureusement, le gouvernement dispose d'un système solide pour soutenir les collectivités déjà touchées. Les situations d'urgence se produisent à l'échelle locale. Lorsque les besoins dépassent la capacité locale, le gouvernement fédéral assume ses responsabilités.
J'ai été témoin de cela lors des incendies survenus à Fort McMurray. J'ai travaillé en très étroite collaboration avec le ministre de la Sécurité publique dans ce dossier. Le centre d'intervention provincial-fédéral est d'ailleurs situé dans ma circonscription, Edmonton-Centre. Je m'émerveille devant le travail des gouvernements fédéral et provincial, du ministère de la Défense nationale et de la GRC, ainsi que de partenaires comme la Croix-Rouge canadienne, lorsque vient le temps de soutenir les Canadiens dans le besoin.
Comme on le constate de plus en plus souvent, les provinces ont besoin de l'aide du gouvernement fédéral en cas de catastrophe, notamment pour pouvoir assumer les coûts. La priorité du gouvernement fédéral est de veiller à ce que les Canadiens soient en sécurité et à ce qu'ils obtiennent tout le soutien nécessaire. Pour ce faire, il faut travailler en étroite collaboration avec les partenaires provinciaux et territoriaux afin de coordonner les efforts d'intervention en cas de catastrophe naturelle en veillant à ce que les provinces et les territoires disposent des ressources dont ils ont besoin.
Lors des inondations records de cette année, le gouvernement fédéral est intervenu immédiatement. Au nombre des mesures qu'il a prises, mentionnons le déploiement de membres des Forces armées canadiennes et le soutien à la coordination assuré par le Centre des opérations du gouvernement du Canada. De plus, le 3 mai dernier, nous avons annoncé l'octroi d'une subvention de 2,5 millions de dollars à la Croix-Rouge canadienne pour appuyer les efforts de rétablissement dans les collectivités touchées par les inondations.
Il est très important que le gouvernement du Canada continue à agir avec ses partenaires provinciaux et territoriaux ainsi qu'avec les ONG et les organismes auprès desquels les Canadiens peuvent contribuer pour soigner des Canadiens.
Le gouvernement fédéral appuie également les gouvernements provinciaux dans le cadre des Accords d'aide financière en cas de catastrophe, ou AAFCC, pour couvrir les coûts associés à la reconstruction et au rétablissement à long terme dans les collectivités touchées.
Ce qui est remarquable, c'est que l'intensification des catastrophes causées par les changements climatiques se manifeste de manière évidente dans les paiements récents versés par l'entremise de ce fonds. Depuis la création du programme des AAFCC, en 1970, plus de 5,1 milliards de dollars ont été versés aux provinces. Je connais bien cette période, puisqu'elle correspond à ma vie sur cette planète. Au cours des six dernières années, les versements aux provinces en application des AAFCC ont totalisé 2,8 milliards de dollars. C'est frappant. Cela signifie que le programme a versé plus d'argent dans les six dernières années qu'il ne l'a fait au cours des 40 années précédentes. L'imprévisibilité, la fréquence et la gravité croissantes des catastrophes n'ont fait qu'augmenter la responsabilité du gouvernement fédéral en vertu des AAFCC, la responsabilité impayée du fédéral étant estimée à environ 2,4 milliards de dollars.
Les AAFCC sont issus d'un engagement fédéral à fournir tôt de l'aide financière sous forme d'avance aux provinces. Après les récentes inondations, le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile a encouragé ses collègues à utiliser les dispositions novatrices sur la reconstruction dans le cadre des AAFCC. Toutefois, nous devrions toujours nous rappeler que c'est le contribuable qui paye. En principe, ce n'est pas le gouvernement fédéral qui a versé 2,8 milliards de dollars en seulement six ans en raison de l'inaction face aux changements climatiques; ce sont les familles canadiennes d'un océan à l'autre qui font les frais de l'inaction et de l'absence de plan du gouvernement précédent. Ce ne sont pas seulement des dizaines de milliers de personnes qui ont été touchées par des catastrophes naturelles, mais les contribuables canadiens de tout le pays.
Pour atténuer les dommages, l'aide fédérale ne se limite pas aux AAFCC. Dans le cadre du Programme national d'atténuation des catastrophes, ou PNAC, des fonds ont été fournis pour 363 projets d'atténuation des inondations un peu partout au Canada. J'ai été très heureux de voir, dans le budget de 2019, qu'un million de dollars étaient affectés à Diversification de l'économie de l'Ouest Canada pour l'expertise hydrique, la planification liée aux inondations, les mesures d'atténuation et l'utilisation des bassins hydrographiques afin d'atténuer les prochaines inondations. C'est maintenant dans le budget et ce sera coordonné par Diversification de l'économie de l'Ouest Canada. Le Programme national d'atténuation des catastrophes a contribué à faire face à l'augmentation des risques d'inondation et des coûts et sert de base aux investissements judicieux dans les mesures d'atténuation dans le but de réduire, voire d'annuler, les effets des inondations et des changements climatiques.
Le Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes fournit également aux provinces et aux territoires du financement pour des projets d'infrastructure de grande envergure afin d'aider à réduire les répercussions des catastrophes futures. Il s'agit d'un fonds de 2 milliards de dollars sur 10 ans qui investit dans des projets provinciaux et communautaires. Il permettra d'obtenir une infrastructure publique plus résiliente et mieux à même de résister aux dommages causés par les cycles de tempêtes, d'inondations, de sécheresses et de feux de forêt qui s'aggravent.
Dans l'ensemble, nos engagements envers les Canadiens sont clairement énoncés dans la récente Stratégie de sécurité civile pour le Canada intitulée « Vers un 2030 marqué par la résilience ». Cette stratégie, qui a été publiée en janvier dernier, est le point culminant de plus de deux ans de travail. Elle témoigne d'un engagement ferme entre les partenaires et intervenants fédéraux, provinciaux et territoriaux. Elle appuie une méthode de gestion des urgences qui s'applique à l'ensemble de la société, décrit les principaux domaines prioritaires pour bâtir une société canadienne plus résiliente d'ici 2030 et se conforme très étroitement au Cadre d'action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe de l'ONU.
Au bout du compte, cette stratégie fournit une feuille de route pour renforcer la capacité du Canada à mieux prévenir les catastrophes, à mieux s'y préparer, à mieux intervenir en cas de catastrophe et à mieux s'en remettre. Je souligne que toutes les provinces et tous les territoires, y compris l'Ontario, la Saskatchewan et l'Alberta, ont appuyé cette stratégie.
J'aimerais prendre un instant pour lire un paragraphe aux pages 1 et 2 de la Stratégie de sécurité civile pour le Canada que tous les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont appuyé. On y lit ceci:
Les répercussions des changements climatiques se font déjà sentir partout au Canada et ont une incidence sur l’intensité et la fréquence d’aléas tels que les inondations, les feux de forêt, la sécheresse, la chaleur extrême, les tempêtes tropicales, la fonte du pergélisol, l’érosion côtière, et, dans le Nord canadien, les dommages causés aux routes de glace saisonnières. Ces aléas représentent des risques considérables pour les collectivités, la santé et le bien-être des personnes, l’économie et les milieux naturels.