Merci, monsieur le président.
Chers collègues, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
J'ai le plaisir d'être accompagné de mon sous-ministre, M. Jean, et de M. Rigby. Avant de l'oublier, je voudrais remercier tous les fonctionnaires qui travaillent si fort et avec un tel professionnalisme. Nous pouvons être fiers de la diplomatie canadienne.
Je voudrais dire aussi que cette première rencontre, notamment les propos que nous échangerons, est très importante pour moi. Aucun parti n'a le monopole des bonnes idées et des faits exacts. Nous apprenons les uns des autres, et je suis sûr que votre comité va créer une chimie interpartisane qui sera très utile aux affaires étrangères du Canada. J'envisage avec beaucoup d'optimisme notre coopération à ce sujet.
Pendant ces 10 minutes, je vais tenter de procéder rapidement, étant donné que j'ai beaucoup de choses à dire. S'il y en a trop, interrompez-moi, monsieur le président. Il faut respecter le temps de parole de chacun d'entre nous.
Je vais donc me lancer tout de suite, en m'inspirant de la lettre de mandat que j'ai reçue de la part du premier ministre du Canada. C'est la première fois que les lettres de mandat des ministres sont rendues publiques. Comme c'est ce que je suis tenu de suivre, je vais beaucoup m'en inspirer au cours de ces 10 minutes de cette présentation.
Bien sûr, la lettre de mandat me demande de promouvoir dans le monde les intérêts du Canada, en l'occurrence les intérêts économiques et les intérêts en matière de sécurité. Or elle me demande aussi de satisfaire ce que le premier ministre a appelé la volonté profonde des Canadiens d'apporter une contribution réelle et significative à la paix et à la prospérité mondiales.
Pour réaliser ce mandat, qui est assez ambitieux comme vous pouvez le voir, j'ai annoncé que je me laisserais guider par un principe que j'ai nommé « l'éthique de la conviction responsable ». Cela veut dire que les décisions que l'on prend doivent tenir compte de leur impact prévisible sur les autres êtres humains. Je pourrai en dire davantage à ce sujet si on me le demande.
Pour atteindre les objectifs de mon mandat, je suis aussi tenu de travailler en collégialité étroite avec tous les membres du Cabinet. Je vais mentionner notamment la ministre du Commerce international, Mme Freeland, la ministre du Développement international et de la Francophonie, Mme Bibeau, et mon collègue, le ministre de la Défense nationale, M. Sajjan.
Je vais commencer par le commencement, soit notre relation avec l'Amérique du Nord, plus particulièrement avec les États-Unis. Il s'agit pour le Canada d'une relation fondamentale qu'il ne faut jamais tenir pour acquise et qu'il faut toujours améliorer.
Le premier ministre Trudeau a souligné la nécessité de renforcer la coopération nord-américaine et nos relations avec le Mexique. En janvier, j'ai accueilli à Québec mes homologues américain et mexicain. Nous avons réalisé des progrès en ce qui concerne les changements climatiques, l'énergie verte, des questions liées à l'économie et à la sécurité, les opérations de maintien de la paix et la santé, y compris des efforts concertés pour lutter contre le virus Zika.
Lors de la visite d'État historique du premier ministre à Washington, les gouvernements canadien et américain se sont mis d'accord sur les mesures en vue de réduire les lourdeurs administratives, de faciliter le commerce et de simplifier les mouvements transfrontaliers, tout en assurant la sécurité des deux pays. Les voyageurs canadiens en verront les effets concrets grâce à un accord de principe au sujet de nouvelles mesures de prédédouanement à l'Aéroport Billy Bishop de Toronto et à l'Aéroport Jean Lesage de Québec et de l'élargissement des mesures de prédédouanement pour les services ferroviaires à Montréal et à Vancouver. Par ailleurs, nous nous sommes engagés à travailler d'arrache-pied pour trouver une solution au conflit du bois d'oeuvre d'ici 100 jours.
Dans le budget de 2016, nous avons annoncé des investissements de 9,5 millions de dollars à l'appui de la Commission mixte internationale. Cela aidera toutes les parties à élaborer une stratégie à long terme pour veiller à la santé du secteur des Grands Lacs, et je considère que les Grands Lacs incluent le lac Winnipeg.
En ce qui a trait précisément au Mexique, nous continuons de réaliser des progrès en vue d'éliminer l'obligation pour les Mexicains d'obtenir un visa. Cela améliorera nos relations avec l'un de nos principaux partenaires commerciaux.
J'aimerais maintenant parler des autres enjeux internationaux, en particulier les institutions multilatérales.
Je pourrais dire beaucoup de choses au sujet de la COP21 à Paris, et au sujet du rôle très positif qu'y a joué la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Mme McKenna, à la demande du premier ministre. Si on me le demande, je le ferai. Comme j'ai peu de temps à ma disposition, j'insiste sur le volet international, soit une aide de 2,5 milliards de dollars canadiens sur cinq ans pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques.
Notre engagement à l'égard du multilatéralisme et des Nations unies a été mis en évidence lorsque le premier ministre a annoncé que le Canada se présentait aux élections du Conseil de sécurité des Nations unies pour le mandat de 2021-2022. La même semaine, la ministre Hajdu a annoncé que le Canada se porterait candidat en vue de siéger à la Commission de la condition de la femme des Nations unies pour le mandat de 2017 à 2020. Elle a affirmé avoir tenu, juste avant, une réunion très intéressante sur la condition féminine. Eh bien, sachez que, le 5 avril, le Canada a été élu membre de la Commission.
Ma lettre de mandat demande que nous augmentions le soutien du Canada aux opérations de paix des Nations unies et à ses efforts en matière de médiation, de prévention des conflits et de reconstruction après les conflits. À cette fin, le budget de 2016 prévoit 586,5 millions de dollars sur trois ans pour la stabilisation, le renforcement des capacités antiterroristes et les opérations policières de maintien de la paix.
J'ai récemment annoncé que nous renouvellerons le Plan d'action du Canada sur les femmes, la paix et la sécurité. Je suis au courant des travaux du Comité sur le sujet et j'attends avec intérêt de connaître les résultats de votre étude.
En outre, plus tard dans l'année, je compte déposer le Traité sur le commerce des armes devant le Parlement dans le cadre du processus d'adhésion du Canada.
Fidèle à l'objectif de promouvoir la gouvernance inclusive et responsable, le pluralisme pacifique et le respect de la diversité et des droits de la personne, y compris des droits des femmes et des réfugiés, le budget 2016 prévoit des fonds dédiés à la promotion du pluralisme et du respect de la diversité et des droits de la personne partout dans le monde. En effet, le ministère est résolu plus que jamais à adopter une approche globale à l'égard des droits de la personne, approche qui couvre l'ensemble des priorités du gouvernement: égalité entre les sexes, autonomisation des femmes, migration, droits des membres de la communauté LGBTQI, droits des Autochtones, changements climatiques, et j'en passe. Nous adopterons une approche globale à l'égard des droits de la personne pour obtenir des résultats efficaces dans la promotion de tous les droits fondamentaux universels, ce qui comprend, bien entendu, la liberté de religion.
En février, à l'occasion de la visite du haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, nous avons annoncé un nouveau financement de 15 millions de dollars sur trois ans pour financer le travail du Commissariat. Nous soutenons maintenant tous les droits en matière de santé, de sexualité et de reproduction; c'est pourquoi nous avons abandonné la politique qui interdisait l'aide canadienne aux interruptions de grossesse, même dans les pays qui les autorisent.
Par ailleurs, nous avons mis fin à la politique du cas par cas de l'ancien gouvernement dans le dossier de la peine de mort. Nous demandons maintenant la clémence pour tous les Canadiens menacés de peine de mort, où que ce soit dans le monde, afin de maximiser les chances de l'obtenir pour certains.
Le premier ministre m'a aussi demandé d'être plus transparent et rigoureux que jamais en ce qui concerne les licences d'exportation et les rapports sur les droits de la personne. J'aurai quelque chose à annoncer à ce sujet dans un futur pas trop lointain.
Passons maintenant à la question de la sécurité. Aux termes de ma lettre de mandat, je dois veiller au maintien d'un lien solide entre la politique de défense, la politique étrangère et la sécurité nationale. J'ai travaillé avec mes collègues à l'élaboration de la nouvelle stratégie du gouvernement pour lutter contre le groupe État islamique et pour réagir aux crises en Syrie et en Irak. La stratégie est globale, intégrée et soutenue; d'ailleurs, elle a été bien reçue par nos partenaires locaux et internationaux, y compris au sein de la coalition mondiale dirigée par les États-Unis.
Au cours des trois prochaines années, nous investirons 1,6 milliard de dollars dans la défense, la sécurité, le développement et l'aide humanitaire dans la région. Nous travaillons avec tous nos partenaires pour trouver une solution diplomatique à la crise et pour préparer la longue route vers la paix.
Concernant l'enjeu des réfugiés, je suis fier du rôle joué par mon ministère, et par la diplomatie canadienne en général, dans l'accueil des 25 000 réfugiés syriens en sol canadien. Cela a demandé beaucoup de concertation avec les autres pays, notamment la Jordanie et le Liban un peu aussi la Turquie. Ce sont des milliers et des milliers de nouveaux dossiers qui ont dû être traités dans des délais très serrés. Je les remercie de leur dur travail à cet égard.
Par ailleurs, je tiens à souligner l'annonce faite hier par ma collègue, la ministre Marie-Claude Bibeau, au sujet d'une contribution financière de 100 millions de dollars pour aider les collectivités les plus vulnérables touchées par la crise syrienne. Les Canadiens se sont montrés très généreux, et le Canada va donc épauler cette générosité.
Rappelons également notre contribution de 100 millions de dollars à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, afin de venir en aide aux populations affectées notamment par la crise syrienne.
Dans d'autres domaines, j'ai lancé un appel clair à la Conférence du désarmement à Genève pour qu'elle se remette au travail et pour lui indiquer que le Canada est prêt à prêter son assistance. Nous avons annoncé que le Canada investira 42 millions de dollars de plus dans le Programme de partenariat mondial pour améliorer la sécurité nucléaire et radiologique à l'échelle internationale. En fait, le Canada dirigera la campagne visant à garantir l'assentiment et l'adhésion au traité interdisant la production de matières fissiles.
Ma lettre de mandat mentionne également mon devoir de contribuer à augmenter l'interaction du Canada avec le monde sur les plans de l'éducation et de la culture et de recréer la diplomatie culturelle canadienne. Je le ferai en relation étroite avec, notamment, la ministre de Patrimoine canadien, Mme Joly.
Le budget de 2016 propose d'investir 35 millions de dollars sur deux ans à compter de 2016-2017, afin de soutenir la promotion des artistes et les industries culturelles du Canada à l'étranger. Comme je viens de le dire, je vais travailler à cette question avec Mmes Joly et Freeland.
Ce financement aidera dès maintenant les missions canadiennes à l'étranger à faire la promotion de la culture et de la créativité canadiennes sur la scène mondiale, d'autant plus que le Canada s'apprête à célébrer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, et non du Canada, car ce dernier existait bien avant.
Nous estimons qu'il est important de continuer à jouer un rôle actif sur la scène mondiale, tout en reconnaissant que l'établissement de relations ne signifie pas que nous sommes d'accord et que nous devons procéder en gardant les yeux ouverts. L'établissement de relations est essentiel pour regagner le respect de nos alliés et poursuivre nos intérêts à l'intérieur du cadre de gouvernance multilatérale.
En ce qui concerne l'Iran, nous en sommes aux étapes très préliminaires d'une reprise de dialogue. Des différences fondamentales continuent de séparer nos deux pays; par exemple, le Canada est très préoccupé par les violations persistantes des droits de la personne en Iran et la position agressive du régime iranien à l'égard d'Israël. Malgré cela, les voies de communication sont ouvertes, ce qui est un premier pas important.
De concert avec nos partenaires aux vues similaires, nous avons apporté des modifications à notre régime de sanctions afin de le rendre conforme au Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, négocié par les membres du P5 + 1. Ainsi, le Canada n'est plus désavantagé par rapport à ses alliés.
Pour ce qui est de la Russie, la politique de la chaise vide adoptée par l'ancien gouvernement a empêché le Canada de diriger des réunions internationales, d'organiser des événements et de jouer pleinement son rôle dans le cadre des négociations relatives à l'Ukraine. À l'instar de nos partenaires européens et américains aux vues similaires, nous avons imposé de nouvelles sanctions contre la Russie. Nous travaillons maintenant à rétablir progressivement le dialogue dans les domaines où nous avons des intérêts communs évidents, comme dans le dossier de l'Arctique et celui de la sécurité internationale, même si nous continuons à dénoncer fermement les gestes posés par la Russie en Ukraine.
Monsieur le président, madame et messieurs les membres du Comité, le gouvernement a déjà commencé à répondre aux priorités énoncées dans les lettres de mandat des ministres. Mon adjoint pourra vous confirmer que le ministère a du pain sur la planche.
J'ai hâte d'entendre vos questions et vos commentaires. Je crois que les échanges que nous aurons aujourd'hui et au cours des mois et peut-être des années à venir seront très prometteurs et très fructueux pour le Canada et pour son rôle dans le monde.