Monsieur le Président, normalement, c'est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre, mais je trouve cela un peu plus difficile pour le projet de loi C-21.
Dans une vie antérieure, j'ai été maire d'une petite ville de la Saskatchewan. Un de mes nombreux rôles en tant que maire était de présider la commission de police. J'ai pu constater de visu toutes les différences existant entre les propriétaires d’armes à feu responsables et les membres de gangs. Je connais bien le tir sportif et je sais combien il est important de savoir manier les armes à feu en toute sécurité. Quand j'étais jeune, j'ai été reconnu meilleur tireur des cadets de l'air à de nombreuses reprises, et j’ai obtenu la deuxième place en tir dans mon peloton durant la formation de base des officiers que j'ai suivie à Saint‑Jean, au Québec. Je pense que ce talent me vient de mon grand-père, qui a été tireur d'élite pendant l'offensive de la Seconde Guerre mondiale.
Je connais personnellement plusieurs personnes — et d'autres qui appartiennent à des organismes — qui sont des propriétaires d’armes à feu responsables qui font la promotion de la sécurité dans le maniement des armes à feu. Aujourd'hui, nous débattons à la Chambre d'un sujet sur lequel le gouvernement prétend agir, sans qu'il le fasse pour autant. Le gouvernement a beaucoup d'expérience en la matière. On pourrait même dire qu'il légifère pour produire de bons discours, au lieu de produire de bonnes politiques. Il y a un vieil adage qui dit que pour être pris au sérieux, il faut se promener avec un bloc-notes et avoir l'air occupé. C'est exactement ce que le gouvernement essaie de faire: avoir l'air occupé tout en n'accomplissant absolument rien.
Comme le savent probablement tous ceux qui nous regardent, le projet de loi C‑21 est l'attaque la plus récente lancée par le gouvernement libéral contre les propriétaires d'arme à feu responsables du Canada. Il s'agit d'une autre solution de fortune, d'une autre politique qui punirait les Canadiens plutôt que de les aider. Le gouvernement a pris l'habitude de punir les particuliers ou les industries pour des raisons idéologiques. Je nomme quelques exemples: sa taxe sur le carbone, ses étiquettes d'avertissement sur les emballages de bœuf haché et, aujourd'hui, cette attaque contre les propriétaires d'arme à feu respectueux des lois.
Le gouvernement néo-démocrate—libéral croit que les gens ne devraient pas chasser, que les agriculteurs n'ont pas besoin d'arme à feu, que le tir à la cible n'est pas un sport légitime. Il croit tout simplement que nul ne devrait posséder une arme à feu. Bref, il ne comprend pas le Canada rural. Il s'en prend à nous et à notre mode de vie.
Aujourd'hui, j'aimerais prendre un moment pour parler de l'un des aspects de ce projet de loi ayant suscité le plus l'attention, notamment dans les médias: l'arme de poing. Les propriétaires d'arme de poing détenteurs d'un permis en règle au Canada sont des propriétaires d'arme à feu responsables. Dans l'intérêt de mes collègues libéraux en face, qui ne connaissent probablement pas le processus mais qui se croient des experts, j'aimerais informer la Chambre du long processus qu'une personne doit suivre pour se procurer une arme de poing au Canada.
Tout d'abord, les gens doivent suivre le processus pour obtenir leur PPA. À titre d'information pour mes collègues libéraux, cela veut dire permis de possession et d'acquisition. Pour l'obtenir, il faut suivre le cours de sécurité dans le maniement des armes à feu, réussir l'examen et, enfin, remplir les formulaires de demande et se soumettre aux vérifications nécessaires des antécédents. Pour obtenir un permis pour une arme de poing, les gens doivent également suivre un cours de sécurité supplémentaire, soit le cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu à autorisation restreinte. Ils doivent enregistrer l'arme de poing et respecter des exigences particulières en matière d'entreposage, d'exposition, de transport et de maniement. Ils ne peuvent pas porter les armes à feu sur eux, ils peuvent seulement les utiliser à des fins de tir à la cible ou de collection. Ils ne peuvent les utiliser que dans des champs de tir approuvés et il est probablement nécessaire d'être un membre en règle dans ces champs de tir, et ceux-ci font leur propre vérification des antécédents.
Après avoir franchi toutes ces étapes, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les propriétaires d'armes de poing sont si responsables. Le coût et le temps requis pour mener à bien ce processus dissuaderaient à eux seuls quiconque d'enfreindre l'une de ces règles. Voici la question que je veux poser à mes collègues néo-démocrates et libéraux: qu'est-ce que l'interdiction des armes de poing accomplirait que ces règles strictes n'accomplissent pas déjà?
Nous savons tous que les plus grandes villes du Canada connaissent une montée de violence liée aux armes à feu. C'est un problème qui doit être réglé, et ce, rapidement, mais le projet de loi ne ferait rien pour y remédier.
Le gouvernement n’a même jamais essayé de comprendre les raisons pour lesquelles certaines personnes décident de se joindre à des gangs de rue. Les jeunes le font par désespoir et par manque de sentiment d’appartenance. Leur désespoir provient du fait qu’ils n’ont pas le sens des responsabilités. Qui peut se sentir responsable quand le gouvernement tente de surprotéger ses citoyens et de prendre les décisions qui leur appartiennent à leur place dans presque tous les aspects de leur vie?
Nous voulons des citoyens responsables qui prennent leurs propres décisions et qui comprennent que chaque décision entraîne des conséquence, parfois indésirables. Chaque fois que l'on doit prendre une décision, il faut faire un choix entre le bien et le mal. On peut soit contribuer à la vie en société en aidant son prochain, soit soutirer quelque chose à la société au détriment de son prochain. Ce qu'il faut inculquer dans notre pays et aux générations futures, c'est l'importance d'avoir le sens des responsabilités, un sentiment d’appartenance et des exemples clairs de la différence entre le bien et le mal.
Les gangs qui courtisent nos jeunes sont à l’origine de fusillades perpétrées avec des armes illégales et non enregistrées. Ces gangs utilisent des armes à feu issues de la contrebande à la frontière. L’Agence des services frontaliers du Canada nécessite plus de ressources pour s’attaquer à ce problème. Or, le projet de loi C‑21 ne propose aucune solution pour le faire.
Récemment, le comité de la sécurité publique a déposé son rapport sur les armes à feu et les gangs, qui comprenait plusieurs recommandations visant à lutter contre la violence armée au Canada, des recommandations qui semblent avoir été totalement ignorées lors de la rédaction de ce projet de loi. Le rapport recommandait notamment la création d'un programme de visites de jeunes délinquants dans les pénitenciers; le maintien de peines minimales obligatoires pour les crimes liés à la drogue et aux armes à feu; la suppression du coûteux programme de rachat d'armes à feu et la réaffectation de l'argent ainsi économisé à des programmes de lutte contre les gangs; le financement adéquat des forces de police autochtones pour lutter contre les gangs et la contrebande d'armes à feu; et la reconnaissance par le gouvernement du fait que la majorité des armes à feu illégales au Canada proviennent de la contrebande.
Si les néo-démocrates-libéraux étaient plus intéressés à élaborer de bonnes politiques que de bons arguments, ils auraient porté attention à l'important travail du comité, ce qui n'a malheureusement pas été le cas.
Le projet de loi C‑21 ne prévoit pas assez de ressources pour l'ASFC ou la GRC. Un habitant de ma circonscription, en propriétaire d'armes à feu responsable, a essayé de communiquer avec la GRC pour enregistrer une arme de poing avant la date limite. La GRC n'a absolument aucune ressource pour gérer cet afflux de demandes causé par l'annonce du gouvernement. J'ai parlé à cet homme et il est très préoccupé, car c'est un propriétaire d'armes à feu responsable et il veut faire les choses dans les règles, mais il en est incapable à cause des ressources limitées que le gouvernement a allouées pour lui permettre de le faire.
Comme je l'ai dit plus tôt, je suis presque certain que les membres de gangs du centre-ville de Toronto n'ont pas réussi de cours de sécurité dans le maniement des armes à feu à autorisation restreinte. Plus tôt, j'ai aussi parlé de se promener, l'air occupé, une planchette à pince à la main. Le gouvernement est un expert pour ce qui est de présenter des projets de loi qui accomplissent très peu de choses, mais qui lui permettent de faire étalage de sa vertu aux yeux de sa base électorale. C'est exactement le cas du projet de loi C‑21. C'est un étalage de vertu à l'intention de la base électorale du gouvernement aux dépens de la Saskatchewan et de l'ensemble du Canada rural.
Enfin, comme c'est la dernière fois que je prends la parole à la Chambre avant l'ajournement estival, j'en profite pour remercier les pages, les interprètes, les agents de sécurité, le personnel des technologies de l'information et tous les autres employés qui assurent le bon fonctionnement de la Chambre. Je leur souhaite à tous un été bien mérité.