Madame la Présidente, je voudrais d'abord signifier que je vais partager mon temps avec la très honorable députée de Shefford.
Il est absolument nécessaire de prendre la mesure du drame qui s'ajoute, celui que vivent les gens de la Nouvelle-Écosse aujourd'hui. J'ai peine à fermer les yeux et à imaginer ce que doit être cette traînée de violence insensée sur quelque 120 km. Cette violence, quelle qu'en soit la raison, ne peut pas se justifier et nous devons faire appel à toute notre intelligence pour comprendre comment de telles choses peuvent se produire et comment les prévenir. Nos pensées et notre cœur sont avec les gens de la Nouvelle-Écosse.
Nous avons passé les derniers jours et les dernières heures et sacrifié beaucoup d'espace média à une discussion — qui, à bien des égards, fait figure de tergiversations — sur la manière dont nous allions nous réunir ici aujourd'hui. Je doute sincèrement que les citoyens et les citoyennes du Canada et du Québec s'intéressent beaucoup à des parlementaires qui se parlent en parlementaires de questions de parlementaires pour voir comment ils vont les résoudre comme parlementaires. Même moi, cela m'intéressait assez peu. Cependant, une fois rendus ici, nous avons un travail à faire et nous devons régler un certain nombre de choses.
Même si elles ne se veulent pas partisanes, des questions comme qui va parler le plus ou le moins, qui va poser trois questions de plus le mercredi ou le mardi après-midi, ou s'il faut siéger deux jours et demi au lieu de deux jours, en ont Dieu sait toutes les apparences.
J'aurais pu dire que je n'ai pas grande envie de cela ni beaucoup de respect pour quelqu'un qui prétend que le Bloc ne parle pas au nom de ses électeurs. C'est presque de l'humour et je me familiarise avec celui de la Saskatchewan. Les gens se sont déjà exprimés et, à un moment donné, ils vont avoir l'occasion de s'exprimer de nouveau pour désigner la personne qui parlera le mieux en leur nom. Ce jour-là, on prendra la mesure de ce genre de propos passablement stériles.
Je me suis permis devant les médias de parler de « tataouinage ». Au Canada anglais, il y a eu tout un débat pour savoir ce que voulait dire « tataouinage ». Les gens au nom desquels nous parlons savent tous ce que c'est du « tataouinage ». Les dictionnaires s'en enrichiront peut-être un jour: il s'agit de maudites niaiseries.
À un moment donné, on en arrive à la troisième période de ce genre d'activité. On veut négocier et on veut passer à la télévision. Je comprends qu'il faut nourrir sa base électorale, mais pas au détriment des intérêts de ceux qui souffrent. On dit que le Parlement est un service essentiel. Pourtant, j'aimerais que l'on me nomme quelque chose de plus essentiel que la santé et les banques pour bien des gens. J'imagine qu'un conservateur normalement constitué trouve que les banques sont essentielles, et j'aimerais que l'on m'en trouve une qui ne soit pas virtuelle.
Nous sommes capables de travailler de façon virtuelle et de siéger à distance, même si nous comprenons que le Règlement exige que nous soyons physiquement présents lors des votes. Nous allons vivre avec cette exigence. Nous aurions pu dire que nous ne viendrions que lorsqu’il y aurait des votes, mais cela aurait été chaque fois un « ReFeLeMeLe », pour reprendre une autre expression difficile à traduire, celle-là du groupe Rock et Belles Oreilles. Chaque fois, nous nous serions interrogés sur la nature des négociations, le besoin de notre vote, le fait que nous ne sommes pas d'accord ou que nous allons faire semblant de ne pas être d'accord, et le fait que nous allons voter quand même. J'aimerais mieux que l'on s'attarde à mettre en place les règles d'un Parlement virtuel, une transition par laquelle il va falloir passer.
Je veux surtout que l'on s'attarde à nos aînés. Cela fait deux semaines que j'ai formulé des demandes. Je ne m'attends évidemment pas à ce que le gouvernement se dise que le député de Belœil—Chambly a formulé des demandes et qu'il faut donc toutes les satisfaire.
À ce jour, les exemples démontrent que cela s'est assez bien passé. Le gouvernement a discuté avec à peu près tout le monde, et tout le monde a un sentiment d'urgence et un sentiment de nécessité.
Je ne veux pas dire que lorsque l'été va arriver, ce sera grâce à moi, mais le Bloc québécois a contribué à la subvention salariale, à l'ajout des frais fixes, à la reconnaissance des entreprises de l'économie sociale et aux changements apportés aux entreprises en forte émergence.
Malheureusement, lorsqu'il est question des aînés, il n'y a pas de son, pas d'image, c'est-à-dire que nous n'avons pas de réponses à nos questions. Pourtant, lors d'une pandémie, il n'y a pas plus fragiles que les aînés, surtout sur le plan de la santé, évidemment. Lorsqu'il s'agit des aînés, on peut dire que les chiffres ne parlent pas, mais qu'ils crient, qu'ils hurlent.
De plus, les aînés sont également très fragiles sur le plan économique. Ainsi, nous avons fait un certain nombre de demandes. Ces dernières ne sont pas parfaites, mais nous pouvons en discuter. Nous pouvons les étudier, les moduler et les étaler. Nous pouvons faire beaucoup de choses. La seule chose que nous ne pouvons pas faire, c'est ne rien faire. Il faut faire quelque chose pour les aînés.
Je me permets de profiter de notre présence à la Chambre pour insister fortement sur les enjeux avec lesquels les aînés sont aux prises.
Nos demandes concernent la pension de la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, le prix des médicaments et l'accès à Internet. Tout cela est expliqué clairement, et je suis convaincu que le gouvernement en a pris connaissance.
Je me permets de donner quelques chiffres. Le total des liquidités déployées par le gouvernement dans le cadre de la crise atteint 250 milliards de dollars. Les dépenses directes sont d'environ 107 milliards de dollars. Augmenter la pension de la Sécurité de la vieillesse de 110 $ par mois pour les aînés du Canada et du Québec, pour une période de 3 mois, coûterait 1 milliard de dollars. C'est une proportion de 1/250 de ce qui a déjà été engagé pour des gens qui sont très nombreux, en plus d'être les plus vulnérables de la population. Comment peut-on ne pas l'avoir fait?
On aurait pu retourner le coup de fil et proposer d'en parler. Cependant, la dernière fois que nous avons fait cela, nous avons eu droit à un breffage. Lors d'un breffage, quelqu'un nous parle de ce qui a déjà été décidé, sans que nous ayons notre mot à dire. Nous aimerions être davantage impliqués lorsque cela concerne les aînés.
La semaine dernière, j'ai fait, de façon très amicale, une comparaison avec l'industrie pétrolière. À mon avis, les travailleurs de l'industrie pétrolière de l'Alberta n'ont pas à souffrir davantage que ceux de n'importe quelle autre industrie. Ce sont des employés, et ils travaillent pour une entreprise.
Selon moi, le statu quo ante voulant que les employés retrouvent leur travail est correct. Je ne suis pas en train de dire que je ne suis pas méfiant, mais je suis certain que mon collègue de Laurier—Sainte-Marie veille au grain.
À priori, investir dans la restauration de sites orphelins n'est pas une mauvaise idée. Allons-nous soutenir des entreprises qui auraient dû assumer leur part des responsabilités? Peut-être, mais, au moins, il y a quelque chose là.
Je me méfie de la suite des choses. Il ne faudrait pas que cela devienne le cheval de Troie qui va servir à lancer de l'argent à l'industrie pétrolière. Les aînés ne devraient-ils pas passer au moins en même temps que le pétrole? C'est une question qui m'est venue à l'esprit, mais la réponse me paraît évidente.
Je veux soulever deux autres cas, et j'aimerais qu'on en discute.
La plupart des étudiants n'ont pas accès à la Prestation canadienne d'urgence. Il y a probablement plusieurs personnes parmi nous qui ont étudié assez longtemps. Rappelons-nous que l'anxiété économique pendant les études, ce n'est pas drôle.
Ces jeunes vivent de l'anxiété économique, et il n'y a rien de précis pour eux. À mon avis, il ne s'agit pas de faire intervenir le gouvernement fédéral dans les champs de compétence des provinces, mais plutôt de retourner aux étudiants du Québec et d'ailleurs l'argent payé par leurs parents. Cela pourrait être fait au moyen d'une mesure. La Prestation canadienne d'urgence devrait faire cela. J'y reviendrai.
Comme je l'ai déjà mentionné, ce sont les connaissances et la science qui nous permettront de sortir de la crise que nous vivons actuellement. Il faut reconnaître les apports de la recherche. Il faut aussi offrir de l'aide supplémentaire en matière de recherche.
Je terminerai mon discours en paraphrasant Jean Gabin. On pense tout savoir, mais le lendemain, ce que l'on disait, on ne le sait plus. En effet, chaque fois que l'on pense savoir une chose et que l'on pense avoir trouvé une solution à quelque chose, ce n'est pas nécessairement le cas.
Nous ne sommes pas sortis de la crise, et j'espère que nous travaillerons en collaboration et, surtout, de bonne foi.