Madame la Présidente, nous débattons aujourd’hui du projet de loi C-19, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 7 avril 2022 et mettant en œuvre d’autres mesures. Pour mes concitoyens, les lois d’exécution du budget sont les mécanismes permettant au Parlement d’approuver les dépenses prévues dans le budget annuel du gouvernement. Autrement dit, c’est le moment où la rhétorique rencontre la réalité.
Mes concitoyens espéraient que le budget de 2022 apporterait un soulagement bien nécessaire et s’attaquerait aux principaux défis auxquels les Canadiens sont confrontés, comme la pénurie de main-d’œuvre et de logements et, bien sûr, l’augmentation du coût de la vie. Bien qu’on y trouve de nombreuses promesses, le budget de 2022 ne s’attaque pas de manière significative aux problèmes cruciaux auxquels les Canadiens sont confrontés. Il alourdit la dette des contribuables et augmente les impôts sans s’attaquer à l’évasion fiscale. Le projet de loi C‑19 est très long, mais il réussit à omettre la plupart des choses que les libéraux avaient promis de faire. Pensons-y. Pourquoi la ministre des Finances a-t-elle déposé un budget qui fait autant de promesses si elle n’a l’intention de les mettre en œuvre à ce moment crucial?
Pendant mon temps de parole, je vais aborder brièvement le marché du travail, le développement économique du Pacifique, le logement et certains enjeux locaux.
En ce qui concerne le marché du travail, je ne cesse de m’étonner du nombre d’entreprises de ma circonscription qui ont besoin d’employés. Je vois des affiches « Nous embauchons » sur les panneaux publicitaires de ma circonscription, dans les vitrines, dans les journaux et sur les véhicules des entreprises. Il y a une importante pénurie de travailleurs qualifiés non seulement dans ma circonscription et ma province, mais dans tout le pays.
Nous savons tous que la population du Canada vieillit. En fait, nous le savons depuis longtemps. Depuis des années, on nous met en garde contre un « tsunami gris » imminent. Je dirais aujourd’hui que la pandémie de la COVID‑19 a exacerbé le problème. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, de plus en plus de personnes quittent le marché du travail pour prendre leur retraite et moins de personnes entrent sur le marché du travail pour les remplacer.
Le budget de 2022 contient beaucoup de promesses pour combler les pénuries de main-d’œuvre et attirer de nouveaux travailleurs qualifiés, mais quand je lis le projet de loi C‑19, je n’y vois que deux des neuf engagements pris dans le budget.
Le premier concerne la modification de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Il prévoit une augmentation du nombre de résidents permanents acceptés chaque année. C’est un objectif louable, mais il y a le revers de la médaille, et le budget ne prévoit rien pour y remédier. Je veux dire que si nous augmentons le nombre d’immigrants qualifiés, ces derniers voudront acheter un logement, ce qui ne fera qu’aggraver la pénurie de logements. Le gouvernement ne s’est jamais préoccupé de cet aspect-là des choses. L’augmentation du nombre de résidents permanents ne fera qu’aggraver la pénurie de logements.
Deuxièmement, même si j’appuie le principe d’un crédit d’impôt jusqu’à concurrence de 4 000 $ par an de frais de voyage et de réinstallation, comme le prévoit le projet de loi C‑19, cela ne contribuera ni à augmenter le nombre de travailleurs ni à assurer la formation des Canadiens en quête d’une promotion ou d’une nouvelle carrière.
Les libéraux auraient pu inclure un autre engagement, dont ils ont pourtant eux-mêmes parlé, à savoir la reconnaissance des diplômes étrangers. Un grand nombre de travailleurs qualifiés qui arrivent au Canada sont acceptés au motif qu’ils occuperont des emplois de médecins, d’infirmières ou de travailleurs spécialisés de la santé. Le gouvernement actuel, qui ne collabore pas avec les provinces, n’aborde pas ce problème. Ce serait pourtant une bonne façon de pallier les pénuries de médecins et d’infirmières dans ma province, à l’heure actuelle.
Une autre promesse importante qui ne figure pas dans le projet de loi C‑19 concerne le Fonds d’intégration pour les personnes handicapées. C’est un segment de la population active auquel on ne s’intéresse pas suffisamment. Et pourtant, ce sont des gens qui s’investissent dans leur travail. Le gouvernement avait promis de les écouter, mais manifestement, ce n’est pas pour lui une priorité puisqu’il n’en est pas question dans le projet de loi C‑19. J’invite les députés libéraux à faire pression auprès de leur gouvernement pour qu’il inclue les promesses qu’il a faites au sujet des travailleurs handicapés. C’est très important.
Troisièmement, le gouvernement a fait d’innombrables promesses en ce qui concerne les travailleurs étrangers temporaires, mais qui sont eux aussi exclus du projet de loi C‑19. Je pose cette question parce que je viens d’une région fortement agricole. Les circonscriptions de Mission—Matsqui—Fraser Canyon, d’Abbotsford et de Chilliwack—Hope sont celles qui enregistrent les niveaux les plus élevés de ventes à la ferme. Les serristes, les producteurs laitiers et les producteurs de fruits veulent tous pouvoir engager davantage de travailleurs étrangers temporaires afin d’assurer notre sécurité alimentaire. Le gouvernement, malheureusement, n’a rien fait à ce sujet.
Passons au développement économique du Pacifique. En août dernier, le gouvernement a lancé Développement économique Canada pour le Pacifique. Cette agence a été présentée comme étant un partenaire à long terme ayant pour mission de soutenir le développement économique de la Colombie‑Britannique sur le terrain et dans les collectivités. De fait, elle est arrivée en fanfare et les grandes annonces n’ont pas manqué, mais presque un an après son lancement, Développement économique Canada pour le Pacifique n’a pas ouvert son nouveau bureau à Surrey. L'agence est toujours dans le vieux bureau de Diversification de l’économie de l’Ouest Canada dans le centre-ville de Vancouver, et elle n’a tenu aucune de ses promesses de servir les régions rurales.
Je le mentionne aujourd’hui parce que, comme tout le monde à la Chambre le sait, ce dont je parle le plus, c’est la reprise des activités après une catastrophe et la gestion des situations d’urgence. Développement économique Canada pour le Pacifique et, par ricochet, le Programme de développement des collectivités, qui est, à mon sens, l’organisation gouvernementale la plus efficace, pourraient faire beaucoup plus. J’encourage donc le gouvernement à financer le Programme de développement des collectivités pour aider à remédier aux pénuries de main-d’œuvre et au manque d’investissement des entreprises pour beaucoup de monde dans les régions rurales de la Colombie‑Britannique. Il aurait pu déjà le faire.
Enfin, en ce qui concerne le développement économique du Pacifique, ce qui m’irrite le plus, c’est qu’en parcourant le budget, j’ai découvert que PacifiCan recevra seulement 48,44 $ par habitant, autrement dit par citoyen de la Colombie‑Britannique. Les députés peuvent comparer avec l’Ontario, dont l’agence recevra 55,14 $ par habitant, et le Québec, où ce sera 67,85 $.
Pourquoi la Colombie‑Britannique est-elle encore une fois sous-financée? Pourquoi est ce que le gouvernement ne charge pas un organisme fédéral ou le Programme de développement des collectivités de faire le travail qui doit être fait maintenant pour aider les citoyens qui se trouvent dans des situations critiques, alors même que la province doit faire face à des défis sans précédent? Ce sous-financement est injuste pour les contribuables britanno-colombiens. En fait, on pourrait presque dire que l’élite laurentienne se fiche de la Colombie‑Britannique.
Je vais passer au logement. L’an dernier, en tant que porte-parole de l’opposition en matière de logement, j’ai souligné que le budget de 2021 échouait à remédier à une offre très insuffisante, à s’attaquer au problème du blanchiment d’argent et de l’investissement étranger qui contribue au coût élevé des maisons. De ce côté de la Chambre, nous ne cessons de répéter que l’offre est le principal facteur de l’envolée des prix de l’immobilier. Nous ne sommes pas les seuls. Il y a un consensus dans l’industrie, et la Société canadienne d’hypothèques et de logement dit la même chose. L’offre ne suffit pas à répondre à la demande.
Le gouvernement affirme qu’il s’attaque enfin au problème des investisseurs étrangers qui inondent le marché canadien de l’immobilier en interdisant temporairement aux non-résidents étrangers d’acheter des propriétés résidentielles. Cependant, le projet de loi C-19 est très vague sur les détails. Il dit que les résidents temporaires ne sont pas visés par cette interdiction. Il nous reste à deviner ce que le gouvernement entend par résidents temporaires. De riches familles étrangères peuvent-elles encore acheter de l’immobilier par l’intermédiaire de leurs enfants qui viennent étudier au Canada? Les failles sont stupéfiantes.
Dans les mois qui ont précédé le dépôt du budget, nous avons beaucoup entendu les libéraux dire qu'ils étaient à l'écoute des Canadiens et qu'ils allaient s'attaquer à la crise du logement. Les libéraux ont fait de grandes promesses dans ce budget; parmi celles-ci figurent un fonds pour accélérer la construction de 100 000 logements, un paiement direct à ceux qui ont du mal à se payer une maison, le doublement du crédit d'impôt pour l'achat d'une première habitation, un nouveau compte d'épargne et un financement accru pour lutter contre l'itinérance. Or, le projet de loi C‑19 ne prévoit que l'interdiction de l'achat de propriétés par des étrangers, que j'ai déjà évoquée, et une taxe sur les reventes rapides de propriétés. Les principales promesses des libéraux n'y figurent même pas. Les Canadiens veulent simplement trouver un endroit abordable où vivre. Force est donc de constater une disparité entre les beaux discours et la réalité, car le gouvernement ne s'en tient qu'à des paroles creuses dans le dossier du logement. Il ne fait même pas ce qu'il prétend vouloir accomplir.
En conclusion, voici ce que les gens de ma circonscription espéraient trouver dans ce budget: un engagement à améliorer les infrastructures, ce dont le gouvernement a complètement fait fi; un partenaire prêt à soutenir le développement économique dont la Colombie-Britannique a tant besoin après les inondations et les feux de forêt dévastateurs; une augmentation considérable de l'offre de logements; et un plan, dont je n'ai pas eu l'occasion de parler, pour résorber l'arriéré à Passeport Canada qui empêche les gens de voyager en ce moment.
Sur ce, j'aimerais terminer mes observations d'aujourd'hui en proposant un sous-amendement au projet de loi C‑19. Je propose, avec l'appui du député de Baie de Quinte:
Que l'amendement soit modifié par adjonction de ce qui suit:
« et ne parvient pas à combattre l’évasion fiscale. »