Monsieur le Président, nous rendons hommage, aujourd'hui, à Audrey O'Brien, une figure incontournable de la Chambre depuis plus de 35 ans. Devenue greffière en 2005, première femme à occuper ce poste, elle a dirigé le bureau sous des gouvernements minoritaires et les mandats de deux premiers ministres.
On a dit d'Audrey O'Brien qu'elle a un profond respect pour tout ce qui se rapporte de près ou de loin au Parlement. Elle a contribué à moderniser les institutions au sein desquelles nous évoluons jour après jour et elle en a farouchement défendu l'indépendance par rapport à l'exécutif. Nous l'en remercions.
L'une de ses réalisations les plus concrètes a été la rédaction d'un excellent manuel de procédure à la couverture verte.
La deuxième édition de La procédure et les usages de la Chambre des communes est une ressource précieuse pour tout adjoint qui s'intéresse un peu au processus parlementaire.
Cet ouvrage, qu'on surnomme tout simplement l'O'Brien et Bosc, énonce de façon claire et compréhensible les règles qui régissent la Chambre et le Parlement. Quiconque veut en savoir plus sur la pierre angulaire de nos institutions démocratiques peut le consulter. C'est une lecture très intéressante. C'est plus passionnant qu'une soirée passée à regarder des émissions sur Netflix.
La contribution de Mme O'Brien va bien au-delà de l'interprétation du Règlement de la Chambre. Ce que nous retiendrons de son passage ici, c'est son incroyable capacité à établir un délicat équilibre entre le respect des règles parlementaires et les précédents associés au modèle parlementaire de Westminster, qui existe depuis plusieurs siècles, ainsi qu'à produire des résultats concrets.
Comme nous le savons tous, le gouvernement précédent a convenu de réparer les torts historiques causés par la politique sur les pensionnats indiens; encore aujourd'hui, on considère qu'il s'agit de l'un des plus sombres épisodes de l'histoire canadienne. La Chambre s'est retrouvée avec un problème d'ordre pratique, car elle devait pouvoir accueillir les chefs autochtones sur le parquet pour la cérémonie. Il était absolument essentiel que les personnes pour qui ces excuses étaient le plus importantes soient présentes. Comme nous le savons tous, les gens qui ne sont pas députés, les étrangers, comme on les appelle, n'ont pas le droit d'être présents dans cette enceinte lorsque la Chambre siège.
C'est Mme O'Brien qui a trouvé la solution. Elle a proposé que la Chambre se forme en comité plénier. Cette solution s'est avérée tout à fait pratique et conforme aux règles parlementaires. C'est un exemple très représentatif de la compétence d'Audrey O'Brien.
Mme O'Brien était non seulement un leader en matière procédurale, mais elle a aussi été un mentor pour plusieurs femmes élues au Parlement. Au cours de ses années de service, elle a pris plusieurs nouvelles députées sous son aile, et elle leur a offert de précieux conseils en plus de leur prêter une oreille attentive.
Se voir décerner le titre de greffier émérite est un rare privilège. Stanley Knowles, ancien député néo-démocrate de Winnipeg-Centre et maître légendaire de la procédure parlementaire, est l'une des rares personnes à avoir reçu cette distinction. Stanley prenait très au sérieux l'honneur de pouvoir entrer à la Chambre après avoir pris sa retraite en tant que député; on pourrait dire qu'il s'en faisait un devoir. On le voyait régulièrement exercer son droit de prendre place à la table que l'on trouve dans cette enceinte. Sa maîtrise de la procédure était souvent une épine au pied du gouvernement de l'époque. Si les députés avaient su à quel point Stanley allait continuer de se faire voir et entendre, ils auraient peut-être trouvé une autre façon de l'honorer.
Cela étant dit, j'espère sincèrement que nous allons revoir Mme O'Brien à sa place, au bureau, une place qu'elle a bien méritée.
Au nom des députés néo-démocrates et de toute la famille du NPD, je lui souhaite de passer une longue et heureuse retraite en santé.
Si Mme O'Brien voulait s'asseoir sans rien faire et poser ses pieds sur le bureau, même celui de la Chambre, nous devrions obtenir le consentement de la Chambre pour que nous fermions les yeux, parce qu'elle le mériterait amplement après les nombreux services qu'elle nous a rendus.