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ENVI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION

Comité permanent de l'environnement et du développement durable


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le lundi 23 février 2004




¹ 1535
V         Le président (L'hon. Charles Caccia (Davenport, Lib.))
V         M. Greg Farrant (directeur, Government Relations and Communications, Centre de préservation de l'Ontario, La Fédération de la Chasse et Pêche de l'Ontario)
V         Mme Francine MacDonald (biologiste des espèces envahissantes et de la vie aquatique, Centre de préservation de l'Ontario, La Fédération de la Chasse et Pêche de l'Ontario)

¹ 1540

¹ 1545

¹ 1550

¹ 1555
V         Le président
V         M. Bob Mills (Red Deer, PCC)
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald

º 1600
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         M. Bob Mills
V         M. Bernard Bigras (Rosemont—Petite-Patrie, BQ)
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Greg Farrant
V         M. Bernard Bigras

º 1605
V         M. Greg Farrant
V         Le président
V         M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.)
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Paul Szabo
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Paul Szabo
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Paul Szabo

º 1610
V         Le président
V         M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)

º 1615
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Clifford Lincoln
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Clifford Lincoln
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Greg Farrant

º 1620
V         Le président
V         M. Bob Mills
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Bob Mills
V         M. Greg Farrant
V         M. Bob Mills

º 1625
V         Le président
V         M. Bob Mills
V         Le président
V         L'hon. Diane Marleau (Sudbury, Lib.)
V         M. Greg Farrant
V         Mme Francine MacDonald
V         L'hon. Diane Marleau
V         Mme Francine MacDonald

º 1630
V         L'hon. Diane Marleau
V         Mme Francine MacDonald
V         L'hon. Diane Marleau
V         M. Bob Mills
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         L'hon. Diane Marleau
V         M. Greg Farrant
V         L'hon. Diane Marleau
V         M. Greg Farrant
V         Le président
V         M. Paul Szabo

º 1635
V         Mme Francine MacDonald
V         M. Paul Szabo
V         Le président
V         M. Clifford Lincoln

º 1640
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald

º 1645
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président
V         Mme Francine MacDonald
V         Le président

º 1650
V         M. Clifford Lincoln
V         Le président
V         M. Clifford Lincoln
V         Le président
V         M. Greg Farrant
V         Le président
V         M. Greg Farrant
V         Le président










CANADA

Comité permanent de l'environnement et du développement durable


NUMÉRO 003 
l
3e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 23 février 2004

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    Le président (L'hon. Charles Caccia (Davenport, Lib.)): Bonjour.

[Français]

    Bonjour et bienvenue, mesdames et messieurs. Nous avons aujourd'hui à l'ordre du jour les espèces envahissantes.

[Traduction]

    Nous avons le plaisir aujourd'hui d'accueillir la Ontario Federation of Anglers and Hunters. Bienvenue.

    Souhaitez-vous faire une brève déclaration pour que les membres du comité puissent ensuite vous poser des questions? Au cours de votre exposé, n'oubliez surtout pas le cladocère épineux; ce serait une terrible méprise. Nous allons vous écouter avec beaucoup d'attention.

+-

    M. Greg Farrant (directeur, Government Relations and Communications, Centre de préservation de l'Ontario, La Fédération de la Chasse et Pêche de l'Ontario): Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Merci beaucoup de nous donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Comme beaucoup d'entre vous le savez, je suis accompagné aujourd'hui de Francine MacDonald, biologiste des espèces envahissantes et de la vie aquatique.

    Je vais pour commencer vous donner un bref aperçu de ce que nous sommes. La Ontario Federation of Anglers and Hunters qui a été fondée en 1928 est le plus grand organisme de conservation non gouvernemental à but non lucratif de l'Ontario et elle est le deuxième du genre au Canada. L'OFAH est également le porte-parole d'un groupe appelé la National Coalition of Provincial and Territorial Wildlife Federations, pour ce qui est des questions nationales touchant les personnes concernées par le plein air; cette coalition englobe toutes les fédérations de la faune des provinces et territoires du Canada.

    Depuis plus de 15 ans, l'OFAH est au premier plan de la lutte contre les espèces envahissantes terrestres et aquatiques et, à ce titre, vise à informer autant le public que divers ordres de gouvernement des dommages éventuels causés à nos écosystèmes, aux poissons et à la faune et des coûts afférents, ainsi que des avantages récréatifs et économiques que nous offrent nos ressources naturelles. Nous croyons que le gouvernement du Canada, et plus précisément les ministères de l'Environnement, des Pêches et des Océans, des Transports, ainsi que leurs homologues provinciaux, ont la responsabilité conjointe d'affecter les ressources nécessaires au règlement de cette grave question nationale.

    Nous sommes heureux de constater qu'au cours des deux dernières années, les organismes et gouvernements cités plus haut ont montré une plus grande volonté de travailler ensemble pour trouver une réponse cohésive aux espèces envahissantes et mettre sur pied un cadre national visant à empêcher l'introduction de ces espèces qui menacent nos ressources naturelles. En fait, plus tard cette semaine, plusieurs organismes vont se rencontrer à Montréal pour la mise en place de la première ébauche d'un plan national relatif à cette question.

    Toutefois, au moment où se déroule un tel exercice, on constate de nouvelles introductions d'espèces envahissantes par la voie de l'importation de produits de bois, d'aquariums, de l'horticulture, de motomarines et de l'industrie des produits vivants de la pêche, qui menacent nos forêts, lacs, rivières et marécages.

    Cet après-midi, nous voulons dans le cadre de notre exposé souligner qu'il faut agir sans plus tarder pour empêcher comme il le faut toute nouvelle introduction d'espèces envahissantes grâce à un programme global de sensibilisation du public, tout en précisant certaines des lacunes que l'on retrouve actuellement dans les plans élaborés par le gouvernement.

    Je vous remercie de m'avoir permis de faire quelques remarques d'ouverture. Je vais maintenant céder la parole à Mme MacDonald.

+-

    Mme Francine MacDonald (biologiste des espèces envahissantes et de la vie aquatique, Centre de préservation de l'Ontario, La Fédération de la Chasse et Pêche de l'Ontario): En résumé, cet exposé va permettre de définir ce que sont les espèces envahissantes, la menace qu'elles représentent pour les eaux, la flore et la faune canadiennes et les lacunes de la réaction canadienne à cet égard, sans compter le rôle particulier que joue l'OFAH pour la prévention des espèces envahissantes.

    Pour commencer, que sont les espèces envahissantes? Il y a souvent confusion quant à la définition des « espèces envahissantes », si bien que j'aimerais en donner une description exacte. Une espèce est dite étrangère ou exotique si elle est introduite à l'extérieur de son habitat naturel, dans le passé ou plus récemment; elle peut englober des plantes comme le pétunia commun des jardins, ou des cultures agricoles comme le maïs ou le blé, mais lorsque l'on commence à qualifier l'espèce exotique d'« envahissante », on parle d'une espèce qui se répand et qui menace des écosystèmes, des habitats ou d'autres espèces, tout en ayant des conséquences économiques et environnementales néfastes; de nombreux exemples bien connus en existent, comme celui de la moule zébrée ou de la lamproie marine.

    Pourquoi les espèces envahissantes prolifèrent-elles? Elles ne connaissent aucun prédateur naturel dans leur nouvel environnement et sont très adaptables. Elles se reproduisent très rapidement et peuvent souvent accaparer la nourriture et l'habitat des espèces indigènes. Les espèces envahissantes s'introduisent par trois voies différentes, le transport, le commerce et les voyages. Pour ce qui est du transport, l'introduction des espèces envahissantes aquatiques se fait essentiellement par l'évacuation des eaux de lest des navires. En ce qui concerne le commerce, c'est l'importation d'espèces étrangères pour les aquariums, l'horticulture et l'industrie des produits bio du poisson qui sont le plus gros problème. Quant aux voyages, nous voulons parler d'activités de loisirs comme la navigation de plaisance et la pêche sportive, qui peuvent amener ces espèces dans nos eaux intérieures une fois qu'elles ont été introduites dans l'environnement.

    Les espèces envahissantes menacent la biodiversité du Canada, ainsi que nos espèces indigènes. D'après le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, 25 p. 100 des espèces en péril, 31 p. 100 des espèces menacées et 16 p. 100 des espèces vulnérables du Canada sont, d'une façon ou d'une autre, à risque à cause d'espèces non indigènes. Les pourcentages pour les États-Unis sont encore plus alarmants, puisque plus de 40 p. 100 des espèces en péril ou menacées selon la définition de la United States Endangered Species Act sont jugées vulnérables à cause essentiellement de la compétition et de la prédation des nouvelles espèces.

    En outre, les effets du changement climatique et du réchauffement de la planète ne font qu'exacerber le problème des espèces envahissantes.

    Les espèces envahissantes menacent les eaux du Canada. Les eaux et les écosystèmes aquatiques du Canada sont particulièrement menacés. D'après les chercheurs, les espèces envahissantes aquatiques vont contribuer à la disparition des espèces indigènes d'eau douce en Amérique du Nord au rythme de 4 p. 100 par décennie. C'est un rythme plus rapide que celui que l'on observe dans les forêts pluviales tropicales. Les espèces envahissantes aquatiques menacent particulièrement la productivité et la fonction des Grands Lacs. Plus de 160 espèces étrangères sont établies dans le bassin des Grands Lacs, dont plus de 10 p. 100 ont déjà eu un grand impact écologique et économique. Ces impacts menacent la santé de notre pêche dans les Grands Lacs, dont la valeur dépasse les 4 milliards de dollars, pour l'économie du Canada et celle des États-Unis.

    Les impacts des espèces envahissantes aquatiques sur nos eaux intérieures sont moins connus mais plus dévastateurs. L'abondance et la diversité des écosystèmes lacustres du Canada représentent l'un de nos plus grands atouts, les Canadiens en retirant de nombreux avantages sociaux, récréatifs et économiques. En Ontario seulement, plus de 250 000 lacs permettent la pêche sportive dont la valeur atteint 2 milliards de dollars. Ces écosystèmes lacustres essentiels sont plus vulnérables aux impacts étant donné que leur taille plus petite et la diversité moins importante des espèces qu'on y retrouve permettent des invasions beaucoup plus rapides et systématiques. Selon les scientifiques, ces invasions seront la cause principale des extinctions et de la perte de biodiversité dans nos écosystèmes lacustres au XXIe siècle et les exemples d'invasion aquatique sont nombreux. Par exemple, l'invasion de la moule zébrée dans les lacs intérieurs de l'Ontario, qui a modifié l'habitat et perturbé les populations de poissons. Le cladocère épineux est un petit crustacé européen qui a diminué la diversité du zooplancton dans plus de 40 p. 100 des 50 lacs intérieurs où on le retrouve.

¹  +-(1540)  

    Au sujet du cladocère épineux, on se demande également les genres d'impact qu'il peut avoir en tant qu'accumulateur de mercure, ainsi que sur le poisson dans la chaîne alimentaire.

    Les espèces envahissantes représentent également une menace importante pour les marécages du Canada. De telles espèces comme la salicaire pourpre l'emportent sur les plantes indigènes et détruisent les lieux de couvaison du gibier d'eau ainsi que les aires de frai et de nurserie du poisson. La salicaire pourpre qui s'est répandue comme plante ornementale a envahi l'est et le centre du Canada et s'étend rapidement dans les provinces des Prairies et de la Colombie-Britannique.

    Je tiens à parler aussi de la châtaigne d'eau européenne, autre espèce qui touche les marécages. Il s'agit d'un nouvel envahisseur signalé par nos filiales de la Fédération québécoise de la faune. La châtaigne d'eau, plante flottante originaire d'Europe peut recouvrir toute la surface des marécages, des étangs, des baies et des voies d'eau. La photo qui se trouve dans votre documentation représente une invasion de la châtaigne d'eau dans le Richelieu et les rivières sud du Québec. C'était à l'origine une voie entièrement navigable et elle se retrouve maintenant complètement obstruée par la châtaigne d'eau européenne. Les activités de loisirs, comme la navigation, la natation et la pêche sont devenues impossibles dans certaines parties de cette voie d'eau.

    Les espèces envahissantes représentent également une menace énorme pour les écosystèmes forestiers ainsi que pour l'industrie forestière du Canada. Par exemple, de récentes invasions d'insectes des arbres, comme le longicome étoilé de Chine dans la région de Toronto, menacent la santé d'une partie importante des forêts caducifoliées canadiennes, y compris l'érable, symbole national du Canada. L'invasion de la sésie émeraude du frêne, insecte destructeur des espèces de frêne, a été signalée pour la première fois dans la région de Windsor et de Détroit en 2002 et a détruit des milliers de frênes. L'Agence canadienne d'inspection des aliments a récemment lancé une vaste campagne pour maîtriser cet insecte au cours de l'hiver. Pour ce qui est de l'impact que ces insectes pourraient avoir, il faut savoir que les forêts caducifoliées canadiennes représentent plus d'un 1,2 milliard de dollars chaque année pour l'économie de notre pays.

    Les espèces envahissantes menacent également la faune canadienne. Ces nouvelles espèces peuvent gravement modifier l'habitat et diminuer la disponibilité d'aliments et d'abris pour la faune. En outre, l'introduction d'espèces peut avoir des effets non prévus. Par exemple, c'est cinq dernières années, on a observé de nombreux foyers de botulisme de type E dans le bassin des Grands Lacs, notamment dans le lac Érié, qui ont littéralement décimé des milliers d'oiseaux piscivores, comme les huards, les harles et les cormorans, sans compter de nombreux poissons.

    Selon les scientifiques, il pourrait exister un lien potentiel entre ces poussées épidémiques inhabituelles et l'introduction de la moule zébrée. D'après la théorie retenue dans le cas de la moule zébrée, cette espèce qui se nourrit sur le fond des lacs l'a modifié, créant une zone à teneur réduite en oxygène dans une région très riche en nutriments au fond des lacs, favorisant ainsi l'éclosion de la bactérie clostridium et celle de botulisme de type E, tout en facilitant le transfert de cette toxine aux poissons qui se nourrissent sur le fond et aux oiseaux, comme les huards. Alors que les scientifiques continuent de se pencher sur cette théorie, il faut dire qu'elle démontre les effets généralisés de l'introduction d'espèces envahissantes dans la faune canadienne qui touchent l'ensemble de l'écosystème.

    Face aux importants effets des espèces envahissantes sur la biodiversité du Canada, sur la santé de la faune, de la flore et des eaux, et compte tenu de notre développement économique, le gouvernement a pris plusieurs grands engagements pour traiter de cette question, tant sur la scène internationale qu'au Canada même. Je veux parler de la ratification de la Convention sur la biodiversité des Nations Unies en 1992 et de la Stratégie canadienne de la biodiversité en 1996.

    Pour répondre à ces engagements, ces deux dernières années finalement, le Canada a commencé à élaborer un plan national sur les espèces envahissantes, que nous avons hâte d'examiner au moment de la consultation organisée plus tard cette semaine. L'élaboration de ce plan national touche de nombreuses organisations gouvernementales fédérales, dont Environnement Canada, Pêches et Océans, Transports Canada, Douanes Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et bien d'autres.

    Même si nous n'avons pas eu le temps d'examiner le plan national, nous aimerions saisir l'occasion qui nous est offerte ici pour souligner certaines des lacunes qui, selon nous, existent dans la réaction canadienne actuelle face aux espèces envahissantes. Il faut tout d'abord parler de l'absence d'un leader unique pour coordonner la réaction à cet égard.

¹  +-(1545)  

    Si de nombreuses organisations réagissent face à l'invasion des espèces, l'approche qui en résultera risque d'être fragmentée. En outre, comme nous n'avons pas un seul organisme responsable des espèces envahissantes, souvent ceux qui sont responsables en la matière peuvent ne pas avoir l'expertise nécessaire ni le financement voulu. Un bon exemple du contraire serait le rôle de leader de l'Agence canadienne d'inspection des aliments dans la crise de la sésie émeraude du frêne. Un organisme essentiellement responsable des insectes et animaux nuisibles pour l'agriculture et des maladies dans ce domaine n'a-t-il pas l'expertise et le personnel voulus pour s'occuper d'un insecte des arbres et des problèmes environnementaux connexes?

    Pour les habitants de la région de l'Essex, où le programme de confinement de la sésie émeraude du frêne va entraîner la création d'une zone sans frêne de 30 kilomètres de long et de 10 kilomètres de large, leurs arbres étant abattus par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, la question qu'ils se posent essentiellement est la suivante : qui va diriger le programme de restauration une fois les arbres abattus? Qui va replanter les arbres perdus et qui va mettre en application l'interdiction actuelle de l'Agence canadienne d'inspection des aliments à propos du bois de foyer dans la région? Si l'on ne peut mettre un terme à ces procédés, pourquoi tentons-nous même de stopper la propagation de cet insecte?

    Le Canada doit également avoir un programme ciblé contre les espèces envahissantes qui mette l'accent sur la prévention et comprenne ce qui suit.

    Règlements : nous avons besoin de règlements pour les navires sur lest. À l'heure actuelle, il n'y en a pas, nous n'avons que des lignes directrices. Même si Transports Canada a présenté une ébauche de règlements, il faut savoir que ceux-ci ne visent toujours pas la question essentielle, soit celle des navires délestés, c'est-à-dire des navires qui n'ont aucun lest à bord et qui sont en fait considérés comme le principal vecteur des espèces envahissantes.

    Nous avons également besoin d'évaluations des risques, qui sont essentielles si l'on veut détecter les espèces envahissantes préoccupantes importées pour l'horticulture, les aquariums et l'industrie des produits vivants de la pêche. Nous avons besoin de programmes de détection et de contrôle précoces pour identifier rapidement l'invasion des espèces et prendre des mesures efficaces de confinement ou de contrôle.

    Le gouvernement doit également encourager la profession de chercheurs spécialistes qui peuvent permettre d'identifier de nouvelles introductions d'espèces et déterminer les programmes de contrôle qui s'appliquent. Des plans de réaction rapide sont essentiels et permettent de préciser les étapes et les organismes chargés de régler les problèmes de manière opportune. Par ailleurs, ces plans de réaction doivent également déterminer qui est responsable du financement de ces programmes.

    L'application est également essentielle. Nous avons besoin de règlements et de mises en quarantaine d'importations d'espèces, et ces mesures doivent être appliquées.

    Les programmes de rétablissement sont probablement le volet le plus important du programme relatif aux espèces envahissantes. Ils sont essentiels puisqu'ils permettent de rétablir les écosystèmes touchés et de s'assurer du soutien du public en matière de contrôle.

    Parmi les autres besoins essentiels du programme canadien relatif aux espèces envahissantes, citons : des engagements financiers à long terme; une coordination avec les organisations internationales; une collaboration avec les agences provinciales; des partenariats avec des organisations non gouvernementales comme l'OFAH, l'industrie et les intervenants.

    Bon nombre de ces problèmes ne sont pas nouveaux; on les retrouve dans le rapport du Commissaire à l'environnement sur les espèces envahissantes, dans le Onzième rapport biennal de la Commission mixte internationale concernant la qualité de l'eau dans les Grands Lacset dans le récent rapport du Comité permanent des pêches et des océans : Les espèces aquatiques envahissantes : des invités surprise.

    Le rapport du Comité permanent des pêches et des océans recommande d'appuyer un renvoi à la CMI pour coordonner la coopération transfrontalière sur les espèces envahissantes, le financement complet du programme de lutte contre la lamproie marine de la CPGL et le programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l'OFAH.

    Si je souligne ces points, c'est parce que je crois que la collaboration nationale et le partenariat avec les intervenants vont essentiellement être ce qui va permettre de régler efficacement le problème des espèces envahissantes.

    J'aimerais maintenant décrire brièvement le rôle de l'OFAH en tant que ONG s'occupant du problème des espèces envahissantes. Reconnaissant l'importance de la protection des lacs, l'OFAH a lancé en 1992 le programme de sensibilisation aux espèces envahissantes en partenariat avec le ministère des Ressources naturelles. Pendant plus d'une décennie, nous avons travaillé pour sensibiliser le public aux espèces envahissantes, afin de prévenir leur propagation, nous avons contribué à la recherche et avons instauré des programmes de surveillance à l'échelle de la province. En 2003, l'OFAH et le ministère des Ressources naturelles ont affecté conjointement 1,2 million de dollars sur trois ans aux initiatives de sensibilisation aux espèces envahissantes.

¹  +-(1550)  

    La ligne téléphonique sur les espèces envahissantes est l'élément central de notre programme. Il s'agit d'un numéro sans frais qui permet au public de nous contacter pour obtenir de l'information sur les espèces envahissantes et pour nous signaler la présence de telles espèces. Ces rapports de citoyens ont permis de détecter de nouvelles espèces envahissantes dans la province et sur le continent. Nous sommes l'un des premiers organismes à avoir détecté l'arrivée du gobie à taches noires qui pose un grand problème dans le bassin des Grands Lacs.

    Au cours de la décennie, cette ligne a reçu des milliers de demandes d'information et distribué des centaines de milliers de documents éducatifs. Notre programme a également été très fructueux, puisqu'il a permis de coordonner des partenariats avec plusieurs gouvernements et ONG dans le cadre de nos efforts de sensibilisation.

    Avec la Federation of Ontario Cottagers' Associations et l'Université York, nous avons organisé plus de 170 associations de bénévoles de lacs qui participent à nos programmes à l'échelle de la province relatifs à la surveillance de la moule zébrée et du cladocère épineux. Ce réseau a également coordonné les programmes de sensibilisation communautaires dans les secteurs que nous avions jugés vulnérables aux espèces envahissantes.

    L'OFAH a également participé aux initiatives de lutte contre la salicaire pourpre. Nous avons aidé des centaines de groupes de bénévoles à lutter contre la salicaire pourpre dans les marécages de la province.

    Récemment, nous avons créé un partenariat avec Canards illimités Canada pour mettre en place un programme biologique de lutte contre la salicaire pourpre. Les coléoptères dont la mise en circulation a été approuvée par Agriculture Canada et le U.S. Department of Agriculture se nourrissent des feuilles de la salicaire pourpre et peuvent en réduire les densités de plus de 80 p. 100.

    L'OFAH a participé à beaucoup d'autres activités de sensibilisation et a travaillé, entres autres, avec les navigateurs de plaisance, les propriétaires d'aquarium, les pêcheurs sportifs. Nous avons également oeuvré à l'échelle internationale avec la Great Lakes Fishery Commission et avec la Commission mixte internationale pour assurer la sensibilisation politique à l'égard de cette question et pour collaborer aux documents éducatifs. Nous sommes également membres du U.S. Great Lakes Panel on Aquatic Nuisance Species et, à ce titre, sommes la seule organisation non gouvernementale canadienne à siéger au sein de ce comité.

    Comment tirer profit de ce succès? En tant qu'organisation non gouvernementale travaillant avec de nombreux partenaires, l'OFAH a fait de grands progrès dans sa campagne de sensibilisation du public au sujet des espèces envahissantes. Toutefois, pour tirer profit de ce succès et véritablement avoir un impact important sur les perceptions et comportements du public, nous avons besoin autant de l'appui fédéral que de celui des organisations gouvernementales provinciales.

    Nous avons présenté une proposition de programme national de sensibilisation à Environnement Canada et au MPO, dont nous pouvons vous fournir copie. Travaillant avec nos fédérations provinciales et territoriales affiliées de la faune, nous voulons que ce programme mise sur les partenariats existants avec divers groupes industriels et récréatifs.

    Les espèces envahissantes sont l'une des plus grandes et des plus récentes menaces contre la biodiversité canadienne et la santé de notre faune, de notre flore et de nos eaux. On note plusieurs lacunes dans la démarche actuelle du Canada face à la menace que représentent les espèces envahissantes. Il faut combler ces lacunes pour bien régler le problème.

    Il existe des occasions de partenariats entre les organisations internationales, les gouvernements, l'industrie, les établissements de recherche et les ONG comme l'OFAH pour contribuer à relever ce défi de taille.

    Merci beaucoup.

¹  +-(1555)  

+-

    Le président: Merci, madame MacDonald et monsieur Farrant.

    Nous passons maintenant à une première série de questions, et cinq minutes sont accordées à chaque intervenant. Il y aura peut-être une deuxième série de questions.

    Nous commençons avec M. Mills. Je vous en prie.

+-

    M. Bob Mills (Red Deer, PCC): Merci. Je remercie nos invités pour leur présence aujourd'hui.

    J'ai quelques questions. Tout d'abord, avez-vous une idée du coût du traitement des eaux de ballast? S'il faut traiter toutes ces eaux pour atténuer le problème, savez-vous combien ça peut coûter?

+-

    Mme Francine MacDonald: Je ne sais pas combien ça coûterait, mais je pense que le Canada n'investit pas assez dans la recherche pour le développement des technologies nécessaires au traitement des eaux de ballast. Rien n'a encore été fait à ce sujet.

    À mon avis, il faut mettre nos énergies sur la recherche afin de mettre au point des technologies appropriées pour le traitement des eaux de ballast et ensuite examiner l'industrie du transport maritime pour commencer à lui faire assumer certains coûts, une fois que nous avons mis au point des technologies pour cette industrie.

+-

    M. Bob Mills: Je sais que dans certains endroits, comme au port de Singapour, des règlements sévères obligent les navires qui entrent et qui vident leurs eaux de ballast à effectuer un certain traitement. Je ne sais pas combien de ports fonctionnent ainsi, mais il me semble que les technologies existent déjà. Il ne s'agit que de les trouver. D'ailleurs, je crois que le plus important dans votre argument, et dans le nôtre, serait de déterminer les coûts et de montrer que c'est un bon investissement.

    Vous semblez croire que la Commission mixte internationale, ou la CMI, peut tout faire. Mais selon mon expérience récente, la CMI peut discuter de bien des choses, mais n'a en réalité aucun pouvoir pour l'application de quoi que ce soit. Elle ne peut que faire des recommandations au gouvernement, si on lui demande de le faire. Ça semble une avenue très faible.

    Qu'en pensez-vous?

+-

    Mme Francine MacDonald: Je crois que le rôle de la CMI est d'encourager la collaboration entre les États-Unis et le Canada dans leurs efforts contre les espèces envahissantes. Il faut de la coordination. La CMI est responsable de l'Accord sur la qualité de l'eau dans les Grands Lacs et doit s'assurer que le Canada et les États-Unis remplissent leurs obligations à ce titre; vous avez cependant raison, il en revient aux pays de remplir leurs obligations...

+-

    M. Bob Mills: Le message que j'ai eu, en ce qui concerne les questions transfrontalières, c'est qu'à moins qu'un gouvernement ne demande officiellement une recherche sur un sujet quelconque, nous ne le faisons pas. Autrement dit, ils peuvent savoir qu'il y a un problème; ils peuvent être sollicités par le public, ou par des organisations; mais tant qu'il n'y a pas de demande officielle d'un gouvernement, rien ne bouge. C'est apparemment une façon assez déficiente de traiter les problèmes, car la plupart du temps, les personnes qui sont proches du problème, comme vous, connaissent l'existence du problème bien avant le gouvernement. Mais je ne parle que pour moi.

    Au sujet des choses comme la salicaire, lorsque vous dites que vous comptez introduire telle espèce pour qu'elle se nourrisse des feuilles de je ne sais trop quoi, je me demande—étant donné que j'ai moi aussi une formation en biologie—si nous n'avons pas déjà introduit par le passé des espèces qui sont devenues des prédateurs encore plus dommageables que l'espèce que nous essayons d'éliminer. Je suppose que c'est une préoccupation constante dans votre programme d'éducation et que vous tenez compte de cela.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je tiens à préciser, au sujet du programme de contrôle biologique de la salicaire pourpre, que de nombreuses années de recherche ont été faites avant l'introduction des coccinelles aux États-Unis et au Canada. La recherche a été menée par Agriculture Canada et le département de l'Agriculture des États-Unis. Ils ont étudié la salicaire pourpre en Europe et divers insectes se nourrissant de la salicaire pourpre ont été examinés et, ensuite, ils ont sélectionné des espèces qui s'alimentent de cette plante tout au long de leur cycle de vie. Les scientifiques étaient confiants dans une large mesure que lorsque l'insecte allait être introduit au Canada, il n'aurait pas d'effet sur les espèces indigènes. Les coccinelles sont utilisées depuis dix ans et nous n'avons pas vu d'effets indésirables.

+-

    M. Bob Mills: Enfin, le Comité des pêches a fait une vaste étude sur les espèces envahissantes et a formulé un certain nombre de recommandations. Trouvez-vous que le gouvernement a répondu à ces recommandations et en a fait assez pour la question des espèces envahissantes? Il y avait un certain nombre de recommandations.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je crois que le comité permanent a fait un excellent travail. Le rapport était très bien écrit et je pense que les recommandations étaient excellentes.

+-

    M. Bob Mills: Est-ce qu'il y a eu des actions?

+-

    Mme Francine MacDonald: Je ne pense pas que l'on a donné suite à ces recommandations, alors qu'il le fallait.

    Comme vous l'avez mentionné, la CMI émet des recommandations dans son rapport biennal et le comité permanent a aussi fait des recommandations, mais il semble que rien n'ait été fait par la suite.

º  +-(1600)  

+-

    M. Bob Mills: Il y a beaucoup de discussions, beaucoup de recommandations, mais très peu de mesures sont prises pour régler ces problèmes.

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui.

    Le problème des espèces envahissantes est connu depuis plus de dix ans, et nous en sommes au même point qu'il y a quinze ans. Il n'y a toujours pas de règlement sur les eaux de ballast et il n'y a pas encore de plan national sur les espèces envahissantes. C'est donc clair, il faut agir davantage.

+-

    Le président: Merci, monsieur Mills.

[Français]

    C'est maintenant à M. Bigras, qui sera suivi de M. Szabo et de M. Lincoln.

[Traduction]

+-

    M. Bob Mills: Merci.

[Français]

+-

    M. Bernard Bigras (Rosemont—Petite-Patrie, BQ): Merci beaucoup, monsieur le président.

    Dans votre présentation, vous nous indiquez entre autres qu'il y avait des partenariats. Il y a des lois et des programmes, ainsi qu'un engagement de 1,2 million de dollars sur trois ans, et il existe des programmes de sensibilisation du public. On sait aussi qu'en 1995, le Bureau de la Convention sur la biodiversité a produit une stratégie dans laquelle le gouvernement fédéral s'engageait « à prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir l'introduction d'organismes exotiques nuisibles et à éliminer ceux déjà présents... ». Toutefois, il me semble qu'il y a tout un écart entre les décisions prises et la pratique.

    Au mois d'octobre dernier, si je ne m'abuse, le ministre des Transports est venu au Comité de l'environnement et nous a annoncé que le gouvernement fédéral appuyait le principe du projet du Corps des ingénieurs de l'armée américaine visant à élargir et à creuser la Voie maritime du Saint-Laurent pour faire en sorte que des bateaux de plus de 1 000 pieds puissent passer par la Voie maritime à partir de l'océan Atlantique. Actuellement, la longueur des bateaux passant par la Voie maritime pour aller vers les Grands Lacs et certains États américains est limitée à 736 pieds. Donc, entre les principes énoncés par le gouvernement et l'appui de principe à ce projet, il y a tout un écart.

    Croyez-vous que ce projet aurait pour conséquence d'amplifier le phénomène des espèces envahissantes, non seulement dans les Grands Lacs, mais aussi dans la Voie maritime du Saint-Laurent et le Saint-Laurent? Est-ce que ce projet de l'armée américaine est dommageable pour nos écosystèmes canadiens?

[Traduction]

+-

    Mme Francine MacDonald: L'agrandissement de la voie maritime des Grands Lacs est une énorme préoccupation pour l'Ontario Federation of Anglers and Hunters. Nous sommes très inquiets du fait que l'on songe à augmenter le trafic dans les Grands Lacs alors que nous n'avons même pas abordé la question des eaux de ballast d'une manière convenable. Avec cette initiative, l'on encourage déjà le trafic maritime dans les Grands Lacs. C'est pour moi tout un paradoxe.

+-

    M. Greg Farrant: Je crois que cela va vraiment à l'encontre de notre orientation. Toutes les recommandations qui ont été faites par le Comité des pêches et des océans et par nous, par la CMI, par la Commission des pêcheries des Grands Lacs et par Great Lakes United—des groupes touchés par la question soit pour les Grands Lacs, soit pour la voie maritime—seraient davantage en faveur de mesures contraires. Tant que les règlements nécessaires sur les eaux de ballast n'existent pas, nous devrions peut-être songer à stopper le transport dans certains points pour transférer la marchandise à bord d'expéditeurs sur les lacs, ou quelque chose de similaire, plutôt que d'agrandir la voie maritime et de permettre ainsi aux grands navires de rejeter de plus grandes quantités d'eaux de ballast dans les Grands Lacs. Cela semble contraire à la logique et à toutes les recommandations faites jusqu'à présent par de nombreux ONG et par les comités du gouvernement.

[Français]

+-

    M. Bernard Bigras: Comme nous le savons, quelques semaines après que l'ancien ministre des Transports a accordé son appui de principe à ce projet, une somme de 500 000 $ a été autorisée par le Conseil des ministres pour financer des études de faisabilité.

    En tant que président de l'organisme, croyez-vous que le Canada et le nouveau ministre des Transports devraient retirer l'appui de principe qui a été accordé au projet et cesser le financement?

º  +-(1605)  

[Traduction]

+-

    M. Greg Farrant: Je vais aborder la question à titre de responsable des relations gouvernementales, à la place de Francine, qui est biologiste.

    Selon moi, et selon l'OFAH, il serait exact de dire que l'on met la charrue avant les boeufs. Tant que des mesures ne sont pas en place, c'est-à-dire un régime réglementaire sur le déversement des eaux de ballast, et que nous ne déterminons pas la situation actuelle et la situation passée à ce sujet dans les Grands Lacs et dans la voie maritime du Saint-Laurent, je ne crois pas qu'il faille prendre cette orientation, car nous n'avons pas la méthodologie ni les pouvoirs de réglementation en place pour traiter de plus grands volumes d'eaux de ballast. Tant que nous n'avons pas ça, je ne vois pas vraiment pourquoi nous voudrions aller de l'avant.

+-

    Le président: Merci, monsieur Bigras.

    Monsieur Szabo et ensuite monsieur Lincoln.

+-

    M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Je remercie l'Ontario Federation of Anglers and Hunters d'être ici aujourd'hui, je connais le travail de la Fédération et les préoccupations au sein de l'industrie touristique. Je crois que tout le monde pensait que seul le SRAS était en cause, mais le problème dure depuis beaucoup plus longtemps que le SRAS. Je sais que la question que vous abordez aujourd'hui a eu un impact important sur la fréquentation de nos sites touristiques.

    J'aimerais vous interroger au sujet de la stratégie contre les espèces envahissantes. Nous avons eu des présentations sur les espèces exotiques envahissantes de la part de la CMI et de la table ronde nationale sur l'environnement. Une des choses dont je me souviens, c'est que pour chaque espèce à laquelle nous nous attaquons et pour laquelle nous faisons des progrès, par exemple la moule zébrée, une autre est introduite, de manière que le nombre d'espèces envahissantes demeure relativement le même. Il y a simplement un roulement. Du point de vue stratégique, cela semble un échec, car vous ne faites pas de réels progrès.

    Il me semble que, du point de vue stratégique, peu importe ce que nous faisons—vous pouvez peut-être commenter à ce sujet—nous n'affectons pas assez de ressources pour régler le problème, pour réellement diminuer le problème.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je suis tout à fait d'accord avec ça. Je crois que le taux d'introduction dans les Grands Lacs est de deux par année. Il est donc clair que le taux d'introduction est très important et qu'il dure de nombreuses années.

    Est-ce que je pense que nous dépensons assez d'argent pour régler le problème? Non, nous ne dépensons absolument pas l'argent nécessaire pour faire face d'une manière efficace à la question. Je crois que nous n'avons pas la bonne perspective. Nous tenons compte du coût de la prévention, mais pas des conséquences économiques de l'introduction des espèces dans le bassin des Grands Lacs et dans le Canada au complet en l'absence de mesures efficaces.

+-

    M. Paul Szabo: Votre définition des espèces envahissantes exotiques m'a intéressé, et vous avez parlé de leurs caractéristiques, notamment qu'elles n'ont pas de prédateurs naturels, qu'elles sont hautement adaptables, qu'elles se multiplient rapidement, etc. La première chose à laquelle j'ai pensé, c'est aux constructeurs et aux promoteurs. Il y a en ce moment une autre menace qui pèse sur nos espèces protégées : le développement qui est fait dans tout le Canada.

    À ce sujet, je connais le problème de la couleuvre tachetée de l'Est et de la salamandre de Jefferson dans ma région, qui sont menacées parce que la zone tampon autour d'un grand terrain boisé est rongée par le développement.

    Il y a de nombreuses menaces qui pèsent sur les espèces. Vous avez dit je crois que 31 p. 100 des espèces étaient à risque. Est-ce que cela comprenait uniquement les espèces aquatiques?

+-

    Mme Francine MacDonald: Toutes les espèces, toutes les espèces qui sont couvertes par le COSEPAC.

+-

    M. Paul Szabo: Voici ma dernière intervention. Je crois que c'est très important.

    Vous avez donné un certain nombre d'exemples et vous avez décrit en gros la situation. Selon vous, quelle est l'importance ou la gravité du problème du point de vue économique et social? À quelle échelle se pose le problème? Dans quelle mesure est-ce important et quelle priorité les gouvernements devraient-ils accorder au problème? Dans quelle mesure est-ce prioritaire actuellement, selon vous?

+-

    Mme Francine MacDonald: Bien, les espèces envahissantes sont la deuxième cause du déclin de la biodiversité, après la destruction des habitats. Les espèces envahissantes peuvent avoir un effet énorme sur les activités récréatives et socio-économiques d'un pays, mais en plus, leur impact économique est inimaginable.

    Prenons l'exemple de l'introduction de la sésie émeraude du frêne et du longicorne étoilé de Chine; ces insectes nuisibles des forêts peuvent détruire nos forêts de feuillus d'une valeur de 1,2 milliard de dollars. Nous parlons d'une industrie de centaines de millions de dollars qui peut être détruite à cause d'une introduction d'espèces envahissantes qui aurait pu être évitée s'il y avait eu les mesures nécessaires en place.

+-

    M. Paul Szabo: Ce que je sais actuellement, et c'est plus par ouï-dire que par connaissances scientifiques, c'est que pour chaque 100 palettes de bois qui entrent au pays, un des vecteurs de l'introduction des coccinelles, l'Agence canadienne d'inspection des aliments en inspecte une—ce qui fait un sur cent. C'est vraiment minime. Ce n'est certainement pas un procédé de contrôle en lequel on peut avoir une grande confiance pour arrêter l'intrusion de cet envahisseur.

    Il ne s'agit pas seulement d'une question d'argent. C'est toujours souligné par les personnes qui font des demandes au gouvernement, ils disent qu'ils veulent de l'argent. Écoutez, il existe des solutions très simples qui n'ont pas été appliquées dans ce pays.

    Premièrement, l'OFAH propose depuis trois ans de mettre en place un programme d'éducation et de sensibilisation du public à l'échelle nationale qui serait coordonné par le truchement de nos affiliés provinciaux. C'est certain, ça coûte un peu d'argent, mais par rapport à l'ensemble du problème, 1,4 million de dollars pour un programme national, ça me semble assez raisonnable.

    Nous n'avons reçu aucune réponse depuis trois ans, ni d'Environnement Canada, ni du ministère des Pêches et des Océans. Nous avons entendu dire qu'ils examinent la proposition. Qu'ils en ont discuté. Mais nous n'avons jamais reçu de réponse officielle pour nous informer si c'était ou si ce n'était pas faisable. Et là, ils essaient de mettre au point un programme national pour l'éducation et la sensibilisation du public. Mais c'est ce que nous voulons depuis trois ans.

    De plus, il n'y a pas d'organisation principale. Nous n'avons pas des choses simples. Aux États-Unis, le Congrès travaille sur la troisième version d'une loi nationale pour lutter contre les espèces aquatiques envahissantes. Nous n'en avons même pas une. Pourquoi? Je ne comprends pas. Si vous me le permettez, il ne faut pas être un génie pour faire une loi qui dit qui doit être à la tête de la question, qui identifie les organisations participantes qui doivent suivre; une telle loi donne l'autorité réglementaire nécessaire pour aborder telle et telle chose, et pour aller de l'avant. Mais nous ne faisons pas ça ici.

    Nous faisons du sur-place depuis 12, 14 ou 16 ans, en permettant à de plus en plus d'espèces envahissantes de coloniser nos forêts, nos lacs, nos terres humides, etc. Et nous continuons. Nous en sommes seulement à l'ébauche d'un plan sur un aspect particulier du problème. Il nous faut bien trop de temps pour faire avancer les choses.

    Entre temps, nous songeons à dépenser encore plus d'argent pour élargir la voie maritime, ce qui pourrait permettre l'introduction de tonnes d'espèces envahissantes sur nos rives. Il n'existe aucun organisme de réglementation ni aucune norme pour faire face à une telle éventualité.

    De plus, il y a Environnement Canada. La semaine dernière, ils ont mis en vigueur ou ont annoncé leur intention de mettre en vigueur une interdiction de certaines tailles et de certains types d'équipement de pêche, de plombs et de leurres parce qu'une vingtaine de huards pourraient en ingérer.

    Si vous tenez compte des milliers et des milliers d'oiseaux de rivage et de sauvagines qui atterrissent sur les plages du lac Érié et qui meurent du botulisme du type E, je serais bien plus inquiet de ça et du lien qu'il pourrait y avoir avec les espèces envahissantes—les scientifiques semblent croire qu'il existe un lien—au lieu de m'inquiéter de quelques plombs et leurres. Je ne dis pas que ce n'est pas important—c'est important—mais est-ce une priorité?

º  +-(1610)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Szabo.

    Monsieur Lincoln.

+-

    M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.): Monsieur le président, je suis très heureux que vous ayez invité nos collègues de l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, car je crois que s'il y a un problème qui doit être mis en lumière, c'est bien celui-là. L'année dernière, la Commission de coopération environnementale de l'ALENA m'a demandé de parler des espèces envahissantes. Je n'étais pas très au courant de la question, alors j'ai fait des recherches. J'ai trouvé des livres de Charles Elton qui dataient de 1958 au sujet des espèces envahissantes et qui mettaient en garde contre les bouleversements terribles qui allaient éventuellement s'abattre sur la nature. Puis, des scientifiques comme Andrew Hamilton affirment que c'est la plus grande menace de tous les temps qui pèse sur la biodiversité. C'est énorme.

    Il y a eu tellement d'avertissements à l'échelle internationale à la Convention sur la biodiversité à l'effet que 20 p. 100 des espèces vont disparaître ou sont en train de disparaître maintenant. Les Nations Unies ont mis en place un programme international sur les espèces envahissantes qui est financé par le Fonds pour l'environnement mondial et d'autres organisations. Nous avons la Commission pour la coopération environnementale, les lignes directrices de l'Union mondiale pour la nature et, à l'échelle locale, le rapport de la CMI, le rapport du commissaire et le rapport sur les pêches et les océans. Et rien ne semble changer.

    Je voulais ensuite vous interroger au sujet des arguments que vous avez avancés, en nous comparant aux américains. Aux États-Unis, le président Clinton a mis sur pied en 1999 un conseil national pour la lutte contre les espèces envahissantes et les américains ont mis en oeuvre des plans de gestion complets et coordonnés. Il y a ensuite eu les trois lois dont vous faites référence. Je lisais dans le rapport de la CMI... je crois qu'il s'agissait du port d'Anvers, où l'on a remis pour la première fois des prix écologiques pour le transport maritime. À chaque fois qu'un navire entrait avec un ballast propre, il recevait un prix et avait la priorité pour l'accostage. Il pouvait ainsi entrer et sortir du port plus rapidement que les autres navires. Ces mesures étaient des incitatifs pour l'adoption de bonnes pratiques dans le transport maritime.

    La CMI précisait qu'un des gros problèmes, c'est que les sociétés de transport maritime ont échappé à toute responsabilité pour leurs eaux de ballast. Elles introduisent la moule zébrée et d'autres espèces partout dans le monde, en Europe, partout, mais elles ne sont pas tenues responsables. Elles disent que tant qu'il n'y aura pas de mesures à l'échelle internationale et tant qu'il n'y a pas de lois dans nos pays pour punir les entreprises de transport qui rejettent des eaux de ballast contaminées, cela se poursuivra. D'une manière ou d'une autre, les coupables sont totalement à l'abri.

    Je me demande comment, selon vous, nous devons coordonner nos actions et quel ministère devrait prendre la direction de la question, car comme vous le dites, tout le monde y travaille mais personne n'est présent. Qui verriez-vous à la tête? Est-ce qu'on devrait mettre sur pied un conseil national pour la lutte contre les espèces envahissantes? Est-ce qu'on devrait donner cette responsabilité à un ministre qui ferait la coordination et serait responsable de la question?

    Selon vous, qui devrait se charger de la coordination et être à la tête? Est-ce que ça devrait être Transports Canada, Pêches et Océans, Environnement? Qu'est-ce qui serait le plus efficace?

º  +-(1615)  

+-

    Mme Francine MacDonald: C'est difficile à dire qui devrait être à la tête—apparemment, tout le monde se bat pour ça—

+-

    M. Clifford Lincoln: Oui, mais selon vous, qui êtes impartiale.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je crois que je mettrais Environnement Canada à la tête, car ce ministère est responsable des menaces environnementales et peut entreprendre la réforme des programmes. Cela étant dit, il y a des espèces envahissantes aquatiques et d'autres terrestres, alors il faut un suivi à ce sujet. Nous avons besoin de la participation du ministère des Pêches et des Océans, qui pourrait peut-être prendre la direction pour le volet aquatique.

+-

    M. Clifford Lincoln: Si nous avions un genre de conseil national de lutte contre les espèces envahissantes, similaire à celui des États-Unis, qui pourrait en premier coordonner les politiques, lesquelles seraient ensuite appliquées par ces ministères, croyez-vous que ce serait un grand pas en avant, en supposant que des lois particulières appuieraient ce conseil?

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui, il y a beaucoup à apprendre avec ce que les États-Unis ont fait avec leur loi nationale sur les espèces aquatiques envahissantes. Aux États-Unis, ils ont pris beaucoup de temps et fait beaucoup d'efforts pour créer cette loi et je crois que nous devrions vraiment nous en inspirer au Canada, et que nous devrions apprendre de ce que les Américains ont déjà fait.

+-

    M. Greg Farrant: En donnant le mandat au nouvel organisme national que vous proposez, cela permettrait de dépolitiser la question et de remettre la responsabilité du problème à un organisme de coordination et non à un ministère; et ainsi les différends dont vous avez été témoins entre les ministères pour l'obtention de la responsabilité pourraient être résolus par cet organisme neutre. L'enjeu n'est pas de savoir quel est le budget ici ou quel est le budget là, ni même combien chaque ministère dépense; l'organisme serait plutôt un arbitre neutre qui examinerait les questions et déterminerait qui sont les mieux placés pour les résoudre. Je crois qu'il s'agit donc d'une très bonne idée.

º  +-(1620)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Lincoln.

    Pour la deuxième série de questions, monsieur Mills.

+-

    M. Bob Mills: Je me demande, quand j'entends toute cette discussion, dans quelle mesure nous pouvons vraiment freiner les espèces envahissantes. La seule situation similaire que je connais et qui a fonctionné, c'est le contrôle des rats en Alberta. Nous avons une patrouille pour la lutte contre les rats et lorsqu'une personne indique la présence d'un rat, mon dieu, une dizaine de personnes inondent la région et détruisent complètement tout signe de passage d'un rat. Cela fonctionne. Nous n'avons aucun rat ici.

    Je viens de la Saskatchewan et je sais qu'il y avait beaucoup de rats. Je connais les problèmes et les pertes économiques dont ils sont responsables, car ils s'attaquent aux compartiments à grains. Dans des pays comme l'Inde, les rats détruisent la moitié de la récolte. Je sais que ça fonctionne ici, mais nous n'avons jamais eu de rats, alors je suppose que c'est la raison pour laquelle ça fonctionne.

    Outre les espèces que nous avons, combien de nouvelles s'ajoutent? Peut-on freiner ça? Est-ce réaliste de penser que nous pouvons le faire?

+-

    Mme Francine MacDonald: C'est très réaliste de penser que nous pouvons arrêter l'invasion d'une espèce. Par exemple, l'Australie possède un excellent programme pour contrôler les espèces envahissantes. Je crois que ce programme a été très efficace pour freiner l'introduction de nouvelles espèces dans le pays. Ils ont été à l'avant-garde et très dynamiques avec leurs lois et leurs mesures.

    De plus, la prévention est la clé du contrôle de ces espèces. C'est la raison pour laquelle l'OFAH a mis au point le programme d'éducation et de sensibilisation en Ontario. Nous voulons que les espèces introduites dans les Grands Lacs ne colonisent pas nos lacs intérieurs, qui sont beaucoup plus vulnérables aux effets des espèces envahissantes.

    Des sommes considérables ont été injectées dans des programmes d'éducation et de sensibilisation, comme par exemple au Minnesota, où ils ont dépensé des millions de dollars pour des programmes d'éducation visant à arrêter l'introduction de la moule zébrée et du myriophylle en épi dans les eaux intérieures. Il y a eu une diminution significative du taux d'introduction depuis la mise en place de ces programmes. Cela a vraiment changé la perception et le comportement de la population.

    Alors, s'il y a de l'argent et de la volonté, nous pouvons tout à fait empêcher l'introduction de ces espèces.

+-

    M. Bob Mills: Je comprends ce que vous dites. Vous dites essentiellement qu'une grande partie de la population ne connaît rien au sujet de ces espèces, alors l'éducation est la priorité. C'est exactement ce que le Comité des pêches a proposé, que l'on vous accorde des fonds et que ce soit mis en branle.

    Je crois que votre message, c'est qu'il faut commencer à agir.

    Merci d'avoir accepté de comparaître devant nous.

+-

    M. Greg Farrant: Je voudrais ajouter que le programme de lutte contre la lamproie de la Commission des pêcheries des Grands Lacs a eu un énorme succès. Il a permis de faire de grands progrès. Mais en dépit du succès de ce programme, le Canada ne respecte pas son entente. Il a conclu un accord international Canada-États-Unis prévoyant que chacun des deux pays financent proportionnellement le programme, et le Canada n'a pas tenu ses obligations à ce sujet. Je sais que cette question a été soulevée par vos collègues à la Chambre et ailleurs.

    Lorsque vous avez un programme dont le succès est éprouvé, pourquoi ne pas remplir les obligations que vous avez dans le cadre d'un traité international et pourquoi ne pas octroyer les fonds convenus; pourquoi ne pas créer un poste pour ça dans le budget afin de permettre la poursuite des travaux?

+-

    M. Bob Mills: Maintenant vous avez attiré mon attention au sujet de ces accords internationaux. Comme le président le sait sûrement, nous avons signé, avec les Sumas et la Fraser Valley, trois accords internationaux, y compris l'ALENA qui comprend une clause précisant que les deux gouvernements travailleront ensemble et qu'il vous faut seulement une étude d'impact sur l'environnement. Cependant, aucun des gouvernements n'a pris la peine de concrétiser ces accords. Ils signent, mais rien n'est fait.

    Ça devient très frustrant—deux années de négociation avec eux. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'enquête? Pourquoi n'avez-vous pas posé de questions? L'Office national de l'énergie donne son accord pour un projet avant toute étude environnementale. Ils ont mis la charrue avant les boeufs. Alors je comprends votre frustration à l'égard de ces accords internationaux. On les signe, aucun problème, mais ensuite on les ignore totalement.

    C'est ce que j'avais à dire. Merci, monsieur le président.

º  +-(1625)  

+-

    Le président: J'espère que cela vous a fait un peu de bien.

+-

    M. Bob Mills: Oui, je me sens un peu mieux maintenant.

[Français]

+-

    Le président: Monsieur Bigras, avez-vous une question?

    Madame Marleau.

[Traduction]

+-

    L'hon. Diane Marleau (Sudbury, Lib.): Je suis nouvelle à ce comité, alors vous comprendrez qu'il ne se souvient pas toujours de mon nom.

    Depuis tout à l'heure que j'écoute, je connais le programme de lutte contre la lamproie marine. J'ai été une des personnes qui ont fait des pressions pour augmenter les fonds, car c'est trop facile d'arrêter de financer des choses. Les gens ne savent pas les problèmes que ça cause. Certains sont au courant, alors que d'autres, non. Alors oui, il est bon d'éduquer les personnes.

    Avez-vous déjà songé à mettre sur pied un projet et à déterminer comment seraient les choses dans 25 ans si rien n'est fait? Beaucoup de personnes qui sont des profanes entendent de telles histoires et se regardent et disent « Oh, quel dommage. » Ensuite, elles vaquent à leurs occupations. Alors, est-il possible de créer un modèle qui montre ce qui va se produire si nous ne faisons rien au sujet de ces questions? Il faut attirer un peu plus l'attention des personnes afin d'obtenir plus d'argent et plus de lois.

    Vous dites que les Américains ont appliqué une nouvelle loi. C'est bien, mais cela a-t-il porté fruit? Parfois, on applique une nouvelle loi, mais les règlements ne fonctionnent pas... C'est beau en principe, mais rien ne se produit concrètement. Alors je me demande si vous connaissez un avantage direct de la loi qui a été adoptée.

    Ma deuxième question, c'est qu'en est-il des relations fédérales-provinciales auxquelles nous sommes toujours confrontés? Vous affirmez qu'il faut un organisme puissant au niveau fédéral pour traiter ces questions, mais qu'en est-il des responsabilités provinciales?

+-

    M. Greg Farrant: Je peux parler du cas de l'Ontario. Le gouvernement de l'Ontario est venu à notre conférence il y a environ un an, et le premier ministre Eves a promis un financement de 600 000 $—soit 200 000 $ par année—en contrepartie du programme sur les espèces envahissantes de l'OFAH. Nous n'avons reçu aucun fonds de contrepartie du gouvernement fédéral. Jusqu'à maintenant, l'OFAH a jumelé les 200 000 $ par année. À la fin de la première année, nous avons jumelé la contribution du gouvernement provincial. Il est clair que cela est un peu difficile pour un organisme caritatif à but non lucratif, mais si c'est nécessaire pour continuer à recevoir des fonds, nous allons le faire.

    La province a fait un pas en avant et a participé à l'élaboration du premier cadre national qui sera dévoilé jeudi prochain à Montréal. Le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario est à la tête de ces travaux. D'autre organismes provinciaux ont-ils participé? Je l'ignore. Francine peut peut-être nous éclairer à ce sujet; je ne peux parler que pour l'Ontario.

+-

    Mme Francine MacDonald: Bien sûr, toutes les provinces ont participé à l'élaboration du plan national. C'est ce que j'ai compris. Mais nous voyons les choses de l'extérieur. Nous n'avons pas participé à la mise sur pied du plan national. Mais je sais que toutes les provinces ont été invitées à participer.

+-

    L'hon. Diane Marleau: Personne n'a répondu à l'idée de mettre au point des modèles qui peuvent illustrer ce qui se produira dans 25 ans si nous n'agissons pas maintenant. Peut-être vaut-il mieux ne rien faire? Quelqu'un a-t-il pensé à regarder la question à long terme? Dans la nature, même s'il n'y a pas d'introduction d'espèces, il y a toujours des changements.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je crois tout à fait que nous devons communiquer à la population l'ampleur de ce problème. Une des citations de ma présentation affirme que les espèces dans les cours d'eau douce s'éteignent à un taux de 4 p. 100 par dix ans. C'est plus que la disparition des forêts tropicales humides.

    Je ne crois pas que la population sait à quel point il s'agit d'une menace énorme et inégalée. C'est quelque chose que nous allons devoir expliquer si l'on veut obtenir l'appui du public et si l'on veut que le gouvernement légifère, qu'il applique sa loi et qu'il s'engage à injecter les sommes nécessaires pour commencer à agir.

º  +-(1630)  

+-

    L'hon. Diane Marleau: Vous avez abordé le traitement des eaux de ballast. Vous revenez toujours sur ce sujet, il s'agit donc d'une question importante. Est-ce exact?

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui.

+-

    L'hon. Diane Marleau: M. Mills semble penser que le traitement de toutes les eaux de ballast coûterait très cher.

+-

    M. Bob Mills: Je ne sais pas combien ça coûterait.

+-

    Le président: En fait, Mme Marleau voudrait savoir quelles seraient les conséquences de l'inaction à long terme.

+-

    Mme Francine MacDonald: Je ne sais pas quels seraient les coûts, mais des espèces vont disparaître.

+-

    L'hon. Diane Marleau: S'il faut beaucoup d'argent, il nous faut obtenir l'appui de la population. Est-ce que ça vaut la peine?

    Je suis certaine que ça vaut la peine. Je suis prête à plaider en faveur de la question et je vais le faire. Mais comment faire pour obtenir l'appui de la population dans la campagne importante que nous devons entreprendre? C'est ce qui est vraiment nécessaire.

+-

    M. Greg Farrant: Je comprends où vous voulez en venir. Malheureusement, le cladocère épineux, la moule zébrée et la saisie émeraude du frêne, ou toute autre espèce, ne sont pas—et j'utilise ce mot délibérément—très à la mode.

    Quand on parle de la destruction de la forêt tropicale humide et du monarque, par exemple, tout le monde comprend. Quand il s'agit de la destruction d'habitats de centaines d'espèces d'animaux, les personnes connaissent le nom de ces animaux. Les personnes peuvent comprendre.

    Mais lorsqu'on parle du cladocère épineux, qui est microscopique, ou du gobie à taches noires, du crapet de roche, etc., ce n'est pas vraiment des sujets à la mode. Il faut savoir comment vendre de tels sujets.

+-

    L'hon. Diane Marleau: Puis-je dire quelque chose?

    Si l'on prend l'exemple du myriophylle en épi, les personnes qui vivent au bord d'un lac envahi par cette plante savent de quoi il s'agit.

+-

    M. Greg Farrant: Oui. C'est la même chose pour le cabomba, par exemple, une plante d'aquarium qui a été jetée dans un lac près de Peterborough, où se trouve notre bureau principal. Tout le lac est maintenant envahi par cette plante d'aquarium parce que quelqu'un a jeté un échantillon dans l'eau. La plante détruit maintenant les pêcheries dans ce lac. C'est un problème important. Comment faire comprendre ça à la population?

    Prenons l'exemple de la carpe asiatique, qui a attiré l'attention de la population. Ce terrible poisson a attiré l'attention du public, car il s'agit d'une créature que nous n'avions jamais vue avant—un poisson de cette taille qui peut faire des choses comme bondir à bord de bateaux, qui peut devenir aussi gros qu'une petite Volkswagen, etc. Si vous aviez vu les films sur ces poissons, c'est vraiment impressionnant de voir ces poissons sauter à bord de bateaux ou de voir un spécimen se déplacer sur le sol et survivre dans la boue pendant six mois. Cela attire l'attention de la population.

    Je n'aime pas les arguments fallacieux pour promouvoir ce sujet, mais vous devriez peut-être utiliser ces exemples pour captiver l'attention des personnes. C'est plus intéressant pour les gens d'entendre parler de barrières électriques et de poissons qui sautent, plutôt que d'entendre parler de gobie, de cladocère épineux, de myriophylle ou autre. Il faudrait peut-être davantage parler des prédateurs plus visibles et plus envahissants pour faire avance les choses à l'égard de toutes les espèces. Je ne sais pas.

+-

    Le président: Merci, madame Marleau.

    Nous passons maintenant à M. Szabo, puis à M. Lincoln et ensuite au président.

+-

    M. Paul Szabo: Discutons de cela plus en détail. Il semble que les personnes qui font des activités à l'extérieur et que celles qui s'intéressent à l'environnement, comme ma fille qui vient de terminer une maîtrise en biologie marine et des eaux douces, sont probablement plus sensibilisées que d'autres personnes au sujet de certaines espèces, etc. Mais il me semble que les décideurs ne font pas partie de ce groupe.

    Les décideurs sont des personnes qui se font concurrence pour obtenir de l'argent, et je crois que le problème dont vous parlez doit être défendu en montrant qu'il faut prendre des fonds ailleurs et les mettre sur ce problème. Comment faire pour que la population comprenne—les personnes qui vivent au centre-ville de Calgary, d'Ottawa ou de Toronto, les banquiers, des personnes de ce type—les conséquences économiques qui peuvent survenir si l'on ne fait rien à ce sujet?

    Il faut s'adresser aux personnes qui vivent dans les villes—les personnes qui vivent au centre-ville, les banquiers, les avocats—de manière à ce qu'elles comprennent. Vous avez besoin de leur appui. Il faut faire de l'éducation, et il faut peut-être s'adresser en premier aux personnes qui n'ont aucune idée du problème, car ce problème ne relève pas de leur domaine de travail et elles n'en ont jamais entendu parler.

    La question consiste à déterminer la gravité de ce problème par rapport aux autres problèmes auxquels les Canadiens doivent faire face. Quelle est l'importance de cette question pour qu'on lui accorde une partie des ressources limitées, et qu'en est-il par rapport aux soins de santé—et je sais que presque toutes les questions environnementales qui ont un lien avec les soins de santé deviennent plus prioritaires dans le budget... Je crois que ce lien avec la santé est la raison pour laquelle Mme Marleau vous a demandé de déterminer ce qui arriverait dans 25 ans si le débat s'arrête maintenant et si rien n'est fait.

    À quoi ça ressemblerait? Est-ce qu'on verrait de l'herbe à cochon dans les endroits où il y avait avant de beaux champs? Est-ce qu'il y aurait des lacs asséchés? Y aurait-il des régions sans oiseaux? Y aurait-il des régions sans insectes? À quoi ça ressemblerait selon vous? Vous n'avez pas à faire un modèle informatique; je crois que vous savez jusqu'où ça pourrait aller. Je crois qu'il faut savoir si c'est un phénomène graduel qui peut prendre des milliers d'années à se produire ou si, par exemple, dans 25 ans, il se produira quelque chose de vraiment visible et vous seriez vraiment touchée si une telle chose se produisait et si rien n'est fait pour l'éviter. C'est ça la question.

º  +-(1635)  

+-

    Mme Francine MacDonald: Une des raisons pour laquelle je travaille à cette question, c'est probablement parce que je suis vraiment inquiète au sujet de l'introduction non autorisée d'espèces de poissons dans nos lacs. J'aime la pêche à la truite et je crois que dans 20 ans, si quelqu'un a introduit le crapet de roche ou une autre espèce de poisson dans mon lac, je ne pourrai plus pêcher la truite, car il n'y aura peut-être plus de truite ou il n'y en aura pas assez.

    C'est ce que je pense, que je ne pourrai plus faire quelque chose que j'aime. Je crois que ce qu'il faut faire comprendre aux gens, c'est qu'ils risquent de perdre quelque chose qu'ils aiment dans l'environnement si rien n'est fait pour régler la question maintenant.

    Du point de vue économique, au Canada, rien n'a été vraiment fait pour déterminer les conséquences économiques de l'introduction des espèces envahissantes. Mais aux États-Unis, il y a eu quelques travaux pour déterminer les conséquences environnementales et économiques de ce problème. Les coûts s'élevaient à des milliards et des milliards de dollars par année. Je ne me souviens plus du chiffre exact, mais je crois que c'est environ 9 milliards de dollars par année.

+-

    M. Paul Szabo: Monsieur le président, j'ai terminé mon interrogation. Cependant, je me préoccupe un peu du fait que la fédération de la chasse et de la pêche n'a pas obtenu de réponse—ou je suppose que c'est les groupes environnementaux qui n'ont pas obtenu de réponse—de la part d'Environnement Canada pour des questions qui à mon avis sont importantes.

    Je ne connais pas très bien les pratiques du comité, mais je pense que lorsque nous sommes mis au courant de choses comme ça, notre comité devrait aborder la question avec le ministre par lettre ou autre, pour lui faire part du problème qui a été soulevé et pour lui signaler que nous laissons les choses entre ses mains pour qu'il prenne les mesures appropriée.

+-

    Le président: Ou alors ce serait une excellente question à poser demain à la période des questions, si quelqu'un veut soulever la chose et y donner de la visibilité.

    Merci.

    Monsieur Lincoln, allez-y. 

+-

    M. Clifford Lincoln: Je peux comprendre exactement ce que dit Mme MacDonald au sujet de ce qui la motive, car c'est aussi ce qui me motive : la perte de la biodiversité, la modification de la nature qui est elle-même changeante.

    En même temps, je comprends ce que disent Mme Marleau et M. Szabo, que malheureusement, pour attirer l'attention de la population, il faut parler de choses concrètes et d'argent, de pertes d'argent ou de problèmes de santé.

    Ce que je trouve réellement triste dans toute cette affaire, c'est qu'il y a beaucoup d'information disponible—une quantité énorme. J'ai lu qu'en 1988, les États-Unis avaient fait une annonce de cinq milliards de dollars américains sur les dommages causés par la moule zébrée, et cela ne tient pas compte de la lamproie ou d'autres espèces—cinq milliards de dollars américains. Tous ces chiffres sont disponibles. Les modèles législatifs aussi. Le programme mondial des Nations Unies sur les espèces envahissantes dispose d'une quantité énorme d'information. L'ONU se penche sur ce problème depuis des années. Elle dispose d'un comité technique et scientifique. Ici, nous avons le rapport du commissaire, le rapport sur les pêches et le rapport de la CMI.

    À moins de coordonner tout cela en un seul organisme qui va dire « nous devons sensibiliser la population, faire de la prévention, responsabiliser les sociétés de transport maritime et leur demander de traiter les eaux de ballastes, et cela de manière concertée, coordonnée et globale », nous allons faire du sur-place. J'espère que quelqu'un, monsieur le président, nous recommanderons d'examiner ce qui est fait.

    Nous n'avons pas à aller très loin. Je crois que les États-Unis ont fait un énorme travail dans ce domaine. Peut-être pouvez-vous amener le comité à examiner ce qu'a fait le conseil national consultatif sur les espèces envahissantes des États-Unis lorsqu'il a recommandé la loi, ou ce que le Congrès a fait, et peut-être devrait-on faire de même? Ils ont fait une quantité énorme de travail en ce qui concerne l'aspect économique aussi, par rapport à certaines espèces envahissantes.

    Et au sujet des mesures prises pour contrôler le transport maritime, leur garde côtière est beaucoup plus dynamique en ce qui concerne le nettoyage des eaux de ballast en haute mer, beaucoup plus que nous. Nous n'attrapons jamais personne. Nous laissons tout le monde emprunter les canaux et les voies maritimes avec impunité et nous ne faisons jamais rien.

    Je crois qu'il est vraiment temps. Si le comité pouvait examiner ce que nos voisins font, ce serait un bon commencement pour avoir une idée de l'ampleur du problème. Ceci étant dit, j'ai lu une étude scientifique faite par la Commission nord-américaine de coopération environnementale qui affirme qu'il s'agit de la plus grande menace mondiale à la biodiversité qui nous touchera d'ici 25 ans. Le problème se multiplie à un taux tel que personne ne peut le contrôler, non seulement ici mais en Europe—partout. Les pêcheries dans le Danube ont été entièrement dévastées par des espèces envahissantes venant de la Russie qui se sont introduites dans les rivières et les canaux, et ainsi de suite. Consultez les rapports, qu'il s'agisse de la situation en Asie, au Mexique ou ailleurs; c'est dévastateur. Je crois que M. Farrant est juste. Il ne s'agit pas d'une question à la mode, alors tout le monde l'oublie—ce n'est pas grave—mais un jour il sera trop tard.

    Nous pourrions peut-être commencer par regarder ce que les Américains font, car ils en font beaucoup plus que nous, c'est certain.

º  +-(1640)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Lincoln.

    Pour conclure, je vais tenter de résumer la question et de déterminer quelles mesures nous pouvons prendre collectivement. Mais avant, j'aimerais poser deux questions. La première a trait au rôle de la fédération ontarienne.

    Dans la section intitulée « Activités de sensibilisation : Plaisanciers », le premier point de la publicité que vous avez publiée et qui s'intitule « Stop The Invasion » demande aux personnes d'inspecter leur bateau, leur remorque et leur équipement. D'enlever les plantes ou les animaux visibles. Que faut-il faire après avoir retiré la plante ou l'animal? Est-ce qu'il faut l'incinérer? Le rejeter dans l'eau? L'enterrer? Qu'est-ce que ça veut dire, « enlever »?

+-

    Mme Francine MacDonald: Nous demandons aux gens de faire ça une fois qu'ils quittent la rampe de lancement avec leur embarcation. Leur remorque et l'hélice de leur embarcation ramassent des plantes aquatiques et des choses comme ça. Il s'agit de les enlever à ce moment-là afin de ne pas les introduire dans un autre lac. Les plantes qu'ils enlèvent viennent déjà du lac où ils se trouvent, alors il n'y a pas...

+-

    Le président: Excusez-moi. Je devrais le dire autrement. Croyez-vous que le verbe « enlever » est le bon terme pour que les gens fassent ce que vous voulez?

+-

    Mme Francine MacDonald: Il ne s'agit pas seulement d'enlever les plantes. Vous devez aussi laver le bateau. Il faut utiliser un jet d'eau pulvérisée à haute pression pour enlever tous les organismes microscopiques ou utiliser de l'eau chaude.

+-

    Le président: Et s'il y a une lamproie ou une moule zébrée sur le bateau? Pourquoi seulement l'enlever? Est-ce suffisant?

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui, c'est ce qu'il faut faire, car vous enlevez ces organismes du plan d'eau où ils étaient et vous évitez de les introduire dans un nouveau plan d'eau. Vous évitez qu'ils colonisent un nouveau...

º  +-(1645)  

+-

    Le président: Il faut donc seulement les laisser là, sur le sol.

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui, ils vont mourir.

+-

    Le président: Et c'est ce qu'il faut faire.

    Ma deuxième question porte sur le crapet de roche. Dans une des diapositives que vous avez présentées, sur la menace qui pèse sur les eaux canadiennes, êtes-vous certaine que le déclin de 30 p. 100 de la croissance du touladi n'est pas causé par la surpêche? Comment en êtes-vous arrivé à un tel chiffre?  

+-

    Mme Francine MacDonald: Le pourcentage est tiré d'une étude menée par un scientifique de notre bureau, Dave Brown, et par John Casselman.

+-

    Le président: Un scientifique et qui?

+-

    Mme Francine MacDonald: Il fait partie de la fédération, et M. John Casselman, du ministère des Richesses naturelles. Cette étude a été examinée par de nombreux scientifiques et on la juge précise.

+-

    Le président: On parle du touladi dans la section intitulée « Crapet de roche ». Quel est le lien entre le crapet de roche et le taux de croissance du touladi dont il est question dans le même paragraphe?

+-

    Mme Francine MacDonald: La raison, c'est que le crapet de roche ne vient pas des lacs du centre de l'Ontario. Ces poissons ont été introduits soit par des seaux à appât, soit par des personnes qui les ont mis dans le lac. Ce qui se passe, même si le touladi est une espèce des eaux profondes, à certains moments dans son cycle de vie, il partage le même habitat que le crapet de roche, et le crapet de roche ingère en grande quantité la nourriture qui est consommée normalement par le touladi pour croître. C'est ainsi que l'un a un effet sur l'autre.

+-

    Le président: Alors vous êtes contre le crapet de roche, en principe?

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    Mme Francine MacDonald: Non, nous n'approuvons pas l'introduction du crapet de roche.

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    Le président: Parce qu'il n'est pas indigène?

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui.

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    Le président: C'est donc un poisson exotique, et le pays abrite de nombreux exotiques. C'est un poisson exotique qui se vend très cher sur le marché, je crois, car son prix de vente est élevé en ce moment—le crapet du Chili, par exemple. Est-ce dommageable?

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    Mme Francine MacDonald: Oui.

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    Le président: Les dommages qu'il cause au touladi sont inacceptables selon vous.

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    Mme Francine MacDonald: Oui.

    Les introductions non autorisées de poissons dans le nord et dans le centre de l'Ontario sont probablement la plus grande menace qui pèse sur la pêche dans ces régions. La marigane noire est une autre espèce non indigène qui a causé des dommages énormes à nos populations de poissons indigènes.

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    Le président: Avec la quantité d'échanges maritimes, le passage de plus en plus de bateaux et de navires, etc., ne croyez-vous pas qu'il est inévitable que des espèces envahissent toutes les parties du globe, et pas seulement le Canada?

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    Mme Francine MacDonald: Oui, c'est un problème mondial; c'est un problème auquel chaque pays doit faire face.

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    Le président: D'accord.

    Est-ce que vous croyez qu'on peut arrêter ce phénomène?

+-

    Mme Francine MacDonald: Oui, je le crois. Je ne pense pas que c'est naïf pour moi de le penser. Vous savez, il y a 10, 15 ou 20 ans, quand nous avions le problème des pluies acides, cela semblait impossible à régler, mais maintenant nos lacs se sont remis des pluies acides et on voit des espèces indigènes qui recommencent à vivre dans ces lacs. C'était un problème il y a 20 ans, et maintenant ça devient moins grave, car nous y avons fait face. Je crois que les espèces envahissantes sont un problème similaire, et que si nous mettons nos efforts à le régler et si nous dépensons les ressources nécessaires, nous pouvons le régler.

+-

    Le président: Bien, Environnement Canada nous dit que le problème des pluies acides est le même qu'il y a vingt ans.

    Quoi qu'il en soit, je vous remercie de vos commentaires et de l'exemple que vous nous avez donné.

    Tim Williams peut préparer une lettre destinée au ministre des Transports et au ministre des Pêches et des Océans. Les principaux arguments qui ont été soulevés aujourd'hui et les principales recommandations peuvent être mises sur papier dans une ébauche, qu'on pourra ensuite distribuer. Puis vous pourrez améliorer le document à différents niveaux. Nous pourrons peut-être l'envoyer aux deux principaux ministres, afin d'obtenir leur point de vue politique.

    Deuxièmement, nous allons examiner la possibilité de voyager, comme l'a suggéré M. Lincoln. Il n'est pas certain que les leaders parlementaires des différents partis vont approuver un voyage en cette période-ci de l'année, mais nous pouvons explorer cette possibilité.

    Monsieur Lincoln.

º  -(1650)  

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    M. Clifford Lincoln: Je me demande si vous pouvez ajouter la question de M. Szabo dans la lettre et demander pourquoi il n'a reçu aucune réponse d'eux.

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    Le président: M. Williams en a pris note.

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    M. Clifford Lincoln: D'accord.

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    Le président: Monsieur Farrant.

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    M. Greg Farrant: Avec tout le respect que je vous dois, le représentant américain Vernon Ehlers est celui qui dépose actuellement la National Aquatic Invasive Species Act au Congrès. Il représente l'État du Michigan. Vous pourriez peut-être l'inviter pour témoigner devant le comité éventuellement, si ça devient un problème de voyager. Il y a également d'autres politiciens, comme le sénateur Levin et la sénatrice Debbie Stabenow du Michigan, qui ne sont pas très loin.

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    Le président: C'est très aimable à vous de nous faire cette suggestion. Le comité a un emploi du temps déjà très chargé pour d'autres questions, alors je ne crois pas que nous allons envisager cette possibilité. Mais nous serons heureux de faire le meilleur usage possible des idées et des recommandations qui ont été communiquées pendant cette séance. Elles nous permettront à tout le moins de faire avancer la question au niveau parlementaire au sein du gouvernement.

    S'il n'y a pas d'autres questions ou commentaires, je vais ajourner la séance jusqu'à mercredi.

    Nous avons beaucoup apprécié votre participation et nous vous remercions beaucoup.

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    M. Greg Farrant: Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité. Nous vous en sommes reconnaissants.

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    Le président: La séance est levée.