:
Bonjour, tout le monde.
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la troisième réunion du Comité permanent des anciens combattants de la Chambre des communes.
Le Comité se réunit pour une séance d'information par l'ombudsman des vétérans.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule en formule hybride, conformément au Règlement. Certains députés sont présents dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
Avant de poursuivre, je demanderais à tous les participants en personne de consulter les lignes directrices écrites sur les cartes qui se trouvent sur la table. Ces mesures sont en place pour aider à prévenir les incidents acoustiques et les retours de son et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
[Français]
Comme toujours, nous remercions grandement les interprètes.
[Traduction]
Vous remarquerez également un code QR sur la carte, qui renvoie à une courte vidéo de sensibilisation.
[Français]
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais transmettre certaines consignes aux témoins et aux députés.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre microphone, et veuillez le mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
En ce qui concerne l'interprétation, ceux qui sont sur Zoom peuvent choisir, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et choisir le canal désiré.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Je demande aux députés dans la salle de lever la main s'ils veulent prendre la parole. Ceux qui sont sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier du Comité et moi ferons de notre mieux pour maintenir l'ordre de parole, et nous vous remercions de votre patience et de votre compréhension à cet égard.
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins: la colonelle à la retraite Nishika Jardine, ombudsman des vétérans, et Duane Schippers, ombudsman adjoint des vétérans.
Nous allons passer aux déclarations préliminaires de nos témoins, qui seront suivies d'une période de questions et réponses.
[Français]
Pour ma part, chers témoins, je vous remercie infiniment d'être ici. Vous êtes officiellement les premiers témoins que nous recevons. Nous avons bien hâte de vous entendre.
Madame Jardine, vous avez la parole.
:
Bonjour, madame la présidente et membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invitée à m'adresser à vous au sujet des travaux du Bureau de l'ombudsman des vétérans. Aujourd'hui, j'ai l'honneur d'avoir à mes côtés mon ombudsman adjoint et conseiller juridique, M. Duane Schippers.
Comme vous le savez sans doute, le Bureau a été créé par décret en 2007, et je suis la quatrième ombudsman des vétérans. En termes simples, notre mandat consiste à enquêter sur les plaintes et à remettre en question les politiques et les décisions d'Anciens Combattants Canada lorsqu'une injustice individuelle ou systémique est soulevée.
Lorsque j'ai été nommée, en novembre 2020, il m'a semblé que la majorité des membres en service et des vétérans ignoraient l'existence de notre bureau. Après la levée des restrictions de voyage liées à la pandémie, nous avons donc entrepris un ambitieux programme de sensibilisation.
[Traduction]
En date de la semaine dernière, nous nous étions rendus sur toutes les principales bases militaires pour tenir des assemblées générales sur place et dans la région environnante pour expliquer ce que nous faisons et obtenir directement l'opinion des militaires, des membres en service de la GRC, des vétérans, des membres de leur famille et des survivants.
Je dois dire que la majorité des vétérans sont satisfaits d'Anciens Combattants Canada et des prestations qu'ils reçoivent du ministère. Bon nombre d'entre eux m'ont dit qu'ils avaient le sentiment d'être bien pris en charge par ACC. Cependant, nous avons aussi entendu le contraire, dont certains problèmes qui échappent au contrôle d'ACC. Le plus important est l'accès à un médecin de famille ou aux soins primaires.
Comme il est précisé dans la Loi sur la défense nationale, les membres de la Force régulière et de la Force de réserve reçoivent tous leurs soins de santé auprès du système médical militaire. Au moment de leur libération, ils peuvent obtenir une carte d'assurance-maladie provinciale, mais ils doivent se débrouiller seuls pour trouver un médecin, et un grand nombre d'entre eux n'y arrivent pas. Sans accès aux soins primaires, il peut s'avérer impossible de faire renouveler des ordonnances, surtout lorsqu'elles sont complexes, et d'obtenir un diagnostic requis pour présenter une demande de prestations d'invalidité à ACC. Il s'agit d'un problème complexe qui relève à la fois de la compétence fédérale et provinciale.
[Français]
Sans doute en raison de notre programme de sensibilisation, notre bureau a enregistré une augmentation de 35 % des plaintes individuelles depuis 2020. Parmi les principaux types de plaintes que nous recevons, il y a des plaintes concernant les délais d'attente relativement aux prestations d'invalidité, pour lesquelles nous ne pouvons pas faire grand-chose, les plaintes concernant le refus de prestations d'invalidité et les plaintes concernant le programme de réadaptation. Les plaintes sont examinées par nos analystes qualifiés, qui doivent déterminer si le plaignant a été traité de manière équitable. Lorsqu'il y a une injustice, nous le signalons au ministère des Anciens Combattants, ou ACC, qui, dans la plupart des cas, prend des mesures pour y remédier.
[Traduction]
De la même manière, nos enquêtes systémiques visent à résoudre les injustices dans l'administration des programmes et des avantages destinés aux vétérans. Notre site Web contient tous les rapports systémiques que nous avons rédigés, et notre bulletin Pleins feux présente la liste de chacune des recommandations encore valides, avec leur état de mise en œuvre et une indication à savoir si ACC accepte la recommandation.
Ce comité a récemment publié un rapport historique sur les vétéranes. Nous avons également effectué des travaux dans ce domaine. Nous avons reçu une plainte selon laquelle d'anciennes membres de la GRC avaient vu leur pension d'invalidité réduite après qu'on y ait retranché le montant du règlement qu'elles avaient reçu dans le cadre du Recours collectif relatif à l'inconduite sexuelle Merlo Davidson. J'ai écrit au ministre pour lui faire part de nos constatations, à savoir qu'ACC réduisait injustement la pension d'invalidité d'anciennes membres de la GRC qui avaient reçu une compensation au titre du règlement dans l'affaire Merlo Davidson. ACC a alors communiqué avec chacune des femmes touchées et a remédié à cette injustice.
[Français]
Par ailleurs, nous avons été informés d'une possible iniquité dans les processus d'ACC en ce qui a trait au traitement des demandes concernant la dysfonction sexuelle liée à des troubles psychiatriques. Nous avons fait enquête et nous avons constaté une injustice systémique envers les vétéranes dans certains processus décisionnels. Depuis, ACC a mis en œuvre nos recommandations.
[Traduction]
Ma première comparution devant ce comité portait sur notre rapport et notre recommandation en vue d'accorder aux membres de la famille un accès de plein droit aux avantages pour soins de santé mentale pour des affections liées au service. On dit que lorsqu'un membre est en service, sa famille l'est aussi. J'ai entendu de nombreuses histoires déchirantes à propos de membres de famille aux prises avec des problèmes de santé mentale parce qu'ils font partie d'une famille militaire ou de la GRC. Je dois accorder du crédit à Anciens Combattants Canada qui fait de son mieux dans les limites des lignes directrices législatives établies pour offrir un soutien en santé mentale aux membres de la famille, dans la mesure où le ministère peut établir un lien avec le bien-être du vétéran, mais cela ne suffit pas. Cette recommandation exigera des modifications législatives.
Pour être honnête, les FAC et la GRC ont pendant longtemps compté sur le soutien tacite des membres de la famille. Il en va de même pour les lois, les règlements et les politiques visant les vétérans. Par exemple, le Programme pour l'autonomie des anciens combattants vise à offrir un soutien aux vétérans pour les aider à vivre à leur domicile aussi longtemps que possible, mais la politique d'ACC relative à l'administration de ce programme suppose qu'un parent vivant avec le vétéran assumera les tâches domestiques que ce dernier ne peut plus faire. J'ai écrit à la ministre l'an dernier pour lui signaler qu'il était injuste de demander au parent vivant avec le vétéran d'effectuer les tâches qui ne peuvent pas être accomplies par le vétéran dont la maladie ou blessure est liée au service. Il est temps d'arrêter de demander sans cesse aux familles de porter le fardeau du service du vétéran.
Anciens Combattants Canada est chargé d'offrir des avantages et des programmes à une communauté unique de Canadiens qui accordent une grande importance à la confiance et à la vérité, lesquelles sont fondamentales dans le cadre de leur service. Nous savons que la confiance institutionnelle est renforcée par une communication claire, franche et cohérente. Les vétérans sont très sensibles aux questions liées à la confiance. Certains vétérans et membres de leur famille m'ont dit que leur confiance en ACC s'était effritée. Ils disent: « Je ne comprends même pas pourquoi on m'a refusé cet avantage! »
Je crois fermement que l'objectif principal de notre bureau consiste à rétablir le lien entre les vétérans et Anciens Combattants Canada lorsque les vétérans perdent confiance envers le ministère. Cela ne signifie pas que nous prenons toujours le parti des vétérans lorsqu'ils viennent à nous pour nous faire part d'une plainte. De fait, nous rendons un service d'égale valeur lorsque nous disons à un vétéran: « Voici les faits à votre dossier. Voici les règles qui s'appliquent. Le ministère vous a traité de manière équitable. » À mon avis, la clé est la transparence.
Mon bureau continuera de se concentrer sur la façon dont Anciens Combattants Canada communique avec les vétérans et leur famille, et plus particulièrement avec ceux dont les besoins sont les plus criants. Nous continuerons d'appuyer les vétérans en leur fournissant de l'information sur les avantages et services d'ACC et, là où il y a injustice, nous nous efforcerons de cerner les lacunes et les obstacles afin que tous les vétérans et les membres de leur famille puissent demander et recevoir le soutien que le Parlement a mis en place pour leur permettre de s'épanouir dans leur vie civile une fois que leur service envers le Canada est terminé.
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Merci, madame la présidente.
J'appuie tout ce que la présidente vient de dire. Je sais que vous avez déjà comparu devant nous.
Je vous remercie de votre service. Je vous remercie du rôle que vous jouez comme ombud. J'ai lu votre rapport, et j'aimerais vous féliciter. C'est un très bon rapport, très complet. J'aime bien le tableau présentant les diverses échéances et le fait que vous nous informiez de ce qui a été mis en œuvre et de ce qui ne l'a pas été.
J'ai lu attentivement quand vous avez indiqué « accord partiel » et « partiellement mise en œuvre ». Qu'est‑ce que cela signifie pour le lecteur? C'est seulement un tableau, et j'aurais besoin de comprendre un peu mieux, si vous pouvez m'aider.
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Je vous remercie de votre question. J'ai parfois de la difficulté à m'exprimer dans ma langue seconde. Habituellement, je blague en disant que j'ai besoin d'un verre de vin rouge pour faciliter les choses, mais peut-être pas aujourd'hui.
Tout d'abord, je crois que la personne qui occupe ce poste doit être un ancien combattant. Pour être crédible au sein de la communauté des anciens combattants, la personne qui occupe ce poste doit faire partie de cette communauté. J'apporte mon expérience de service dans les trois secteurs, soit la force aérienne, la Marine et l'armée, bien que ce ne soit pas au sein d'une unité de combat, car lorsque je me suis enrôlée dans l'armée, les femmes ne servaient pas dans des rôles de combat et je n'ai donc pas eu cette possibilité.
Dans mon travail d'officière, j'ai dirigé des soldats à tous les grades et j'ai eu le privilège de commander une unité, ce qui représente le sommet du service dans l'armée. J'apporte donc aussi une expérience en matière de commandement.
De plus, à titre d'officière supérieure, j'ai travaillé au Quartier général de la Défense nationale dans le domaine de l'acquisition d'immobilisations et j'ai participé à l'achat de camions militaires. J'ai également servi à l'étranger, soit en Afghanistan, pendant près d'un an. J'ai été libérée il y a de nombreuses années et mon déploiement remonte à plus de 15 ans, mais j'ai dû laisser mon jeune fils à la maison pendant un an lors de ce déploiement. J'apporte donc ce type d'expérience.
J'ai également fréquenté le collège militaire, où j'ai fait partie de la troisième promotion qui acceptait les femmes. J'ai donc l'expérience d'avoir servi en tant que femme à une époque où les femmes n'étaient pas nécessairement accueillies à bras ouverts, si l'on peut dire.
:
Je vous remercie de vos questions.
[Traduction]
Lorsque j'étais dans l'armée — j'ai servi jusqu'en 2019 —, j'ignorais complètement qu'il y avait un Bureau de l'ombud des vétérans. Je savais qu'il y avait un ombudsman de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, mais j'ignorais complètement qu'il y avait aussi un ombudsman des anciens combattants. Je me suis dit que si je ne connaissais pas ce bureau, de nombreux militaires et anciens combattants ne le connaissaient pas non plus.
Je me suis dit qu'il serait important d'aller sur le terrain et de mettre en œuvre un programme de sensibilisation. Nous nous sommes concentrés sur les bases militaires afin d'expliquer aux commandants ce qu'ils doivent faire pour aider les soldats lorsqu'ils quittent l'armée et pour indiquer les renseignements qui doivent se trouver dans le dossier médical relatif au service de ces soldats s'ils présentent une demande à Anciens Combattants Canada. En général, les militaires ne consultent pas de médecin lorsqu'ils ne se sentent pas bien ou lorsqu'ils sont blessés. Si ces renseignements ne figurent pas dans leur dossier médical relatif au service, il est beaucoup plus difficile de faire approuver une demande de prestations d'invalidité.
Ce lien avec le service est essentiel. Nous avons abordé le sujet avec les commandants.
Nous avons visité des centres de transition et des centres de ressources pour les familles des militaires afin que les intervenants nous disent eux-mêmes comment ils aident les militaires à faire la transition de la vie militaire à la vie civile et, surtout — ou tout aussi important —, comment ils aident aussi les familles dans cette transition.
Nous avons tenu des assemblées publiques en soirée à plusieurs endroits dans les bases et les environs. La plupart des militaires prennent leur retraite près de la dernière base où ils ont servi. C'est ce que j'ai fait. Nous avons donc décidé de concevoir notre programme de sensibilisation en tenant compte de ces facteurs, et vous avez tout à fait raison de dire que nous avons entendu énormément de commentaires.
:
Merci, madame la présidente.
Colonelle Jardine et monsieur Schippers, je vous remercie de votre présence et je vous salue.
Je salue également tous les vétérans et toutes les vétéranes qui suivent nos travaux. Il est important qu'ils sachent que le Bureau de l'ombudsman des vétérans existe.
Colonelle Jardine, j'ai quelques questions qui me paraissent surprenantes, étant donné l'engagement des vétéranes et vétérans, dont plusieurs sont venus à mon bureau pour me dire qu'ils se sentaient abandonnés. On ne leur accorde peut-être pas une valeur à la hauteur de leur service.
Dans votre allocution, vous avez mentionné que les plaintes individuelles ont augmenté de 35 % depuis 2020. Est-ce exact?
:
Je vous remercie de la question.
[Traduction]
La majorité des plaintes que nous recevons sont formulées par d'anciens combattants qui ont un problème de santé approuvé et donc une prestation d'invalidité, et qui reçoivent maintenant des traitements parce qu'ils ont droit à des prestations de traitement pour ce problème de santé à vie. La majorité des plaintes que nous recevons concernent le fait que les prestations de soins demandées ont été refusées par le ministère des Anciens Combattants. C'est probablement la plainte la plus fréquente que nous recevons.
Nous recevons également des plaintes au sujet du programme de réadaptation et du lien avec la prestation de remplacement du revenu. Nous recevons toujours des plaintes liées au temps d'attente pour obtenir une décision au sujet des prestations d'invalidité, mais ce type de plainte se retrouve maintenant en deuxième place.
Je tiens à répéter que la majorité des anciens combattants sont satisfaits des services qu'ils reçoivent d'Anciens Combattants Canada. Ils ne le crient pas sur tous les toits, mais ils viennent me voir en privé et me disent qu'ils sont très satisfaits du ministère des Anciens Combattants et qu'ils ne pourraient pas être plus heureux ou satisfaits.
Nous recevons des plaintes de gens qui ne sont pas satisfaits de la décision qu'ils ont reçue, et nous pouvons les aider à cet égard. Il y a toutefois une cohorte d'anciens combattants qui ont de la difficulté à répondre aux exigences administratives du ministère et qui ont l'impression de subir une forme de trahison institutionnelle. C'est une situation complexe, car la confiance est essentielle pour les anciens combattants et lorsqu'ils sont aux prises avec ces problèmes, ils ont beaucoup plus de mal à demander et à recevoir ce dont ils ont besoin.
[Traduction]
Encore une fois, la plupart des anciens combattants sont satisfaits des services du ministère des Anciens Combattants. Ils peuvent demander ce dont ils ont besoin et l'obtenir.
J'ai l'impression que les gens qui éprouvent des difficultés — et j'essaie toujours de mieux comprendre la situation — ont des besoins plus aigus. Ils ont peut-être un sentiment de trahison institutionnelle plus prononcé ou ils ont simplement du mal à répondre aux exigences administratives. Quoi qu'il en soit, ce processus est beaucoup plus difficile pour eux.
La notion de confiance et de confiance envers les institutions est très importante pour les anciens combattants. Lorsque nous servons dans l'armée, on nous dit que si nous sommes blessés ou si nous tombons malades plus tard, Anciens Combattants Canada sera là pour nous. Ces gens voient leurs collègues obtenir leurs prestations d'invalidité et leurs prestations de soins, mais dans leur cas, pour une raison ou une autre, il y a des problèmes. Pour eux, ces problèmes représentent une trahison, et c'est maintenant un combat sans merci. C'est une bataille à mener.
Nous avons commencé par la base, mais la Légion royale canadienne a été extrêmement généreuse avec nous. Mon collègue s'adresse aux différentes filiales de la Légion et demande si quelqu'un est prêt à nous accueillir. Nous avons approché les hôtels, mais cela semble très bien fonctionner avec la Légion. Nous allons là où une filiale de la Légion est prête à nous accueillir, habituellement dans les environs.
Nous sommes allés à Smoky Lake. Même si nous n'y avons pas tenu d'assemblée publique, on nous avait invités à aller là‑bas.
Nous recevons donc des invitations et c'est une autre façon pour nous de décider où nous tiendrons nos assemblées. Comme nous sommes de plus en plus connus, les gens communiquent avec nous pour nous inviter à faire une présentation, qui se transforme en une sorte d'assemblée publique à mesure que nous entendons les gens.
Nous sommes allés à Métis Crossing pour contribuer à la formation des agents de service métis, puis nous sommes allés à Cold Lake.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Bienvenue, madame Jardine et monsieur Schippers. Nous sommes heureux de vous accueillir au Comité. Je vous suis reconnaissant du travail que vous faites au nom des anciens combattants.
J'aimerais revenir sur le sujet qui a été soulevé par M. Tolmie. Après un examen approfondi des documents que vous avez fournis, il a remarqué qu'il y avait beaucoup plus de crochets verts avant 2015 qu'après cette date.
Je remarque que vous avez indiqué, dans les renseignements que vous nous avez fournis, que 19 recommandations formulées avant 2015 ne font plus l'objet d'un suivi. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez indiqué que, dans certaines circonstances, les événements ont pris le pas sur les recommandations, de sorte qu'elles ne font plus l'objet d'un suivi.
Pouvez-vous nous parler du fait que 19 recommandations formulées avant 2015 ne font plus l'objet d'un suivi? Si une tendance peut être dégagée, pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette catégorisation des recommandations antérieures à 2015 est si répandue?
:
... se soucier de l'équité et des évaluations.
Maintenant que notre bureau et d'autres bureaux d'ombudsman au pays ont gagné en maturité, nous nous sommes fixé certaines normes en matière d'équité. Vous constaterez un changement de ton dans les recommandations et leur formulation entre nos débuts et aujourd'hui.
Souvent, les recommandations étaient ouvertes. Elles visaient des aspects qu'il aurait été très bien d'avoir, au lieu d'être fondées sur une évaluation de l'équité. Certaines recommandations ont été retirées pour cette raison, alors que d'autres l'ont été simplement par manque de temps.
S'il s'agit toujours d'un enjeu vraiment pertinent et persistant, il fera l'objet d'une mise à jour. Après 10 ans, nous commençons vraiment à y songer. Si le ministère n'y a pas donné suite après ce temps, soit nous laissons tomber la recommandation, soit nous produisons un nouveau rapport à jour pour insister à nouveau sur l'enjeu.
:
Merci, madame la présidente.
J’ai quelques questions à poser, mais je veux d’abord revenir sur ce qui a été soulevé par certaines personnes, à savoir les PSRVC et les services de réadaptation.
Madame Jardine, vous avez très rapidement répondu à la question de savoir si vous aviez reçu des plaintes au sujet du contrat avec les PSRVC, en disant que oui, vous en aviez certainement. Lorsqu’on vous a posé des questions sur les services de réadaptation avant les PSRVC, vous n’en étiez pas aussi certaine. M. Schippers a ensuite indiqué que très peu d’entre elles provenaient d’anciens combattants.
Je me demande si vous êtes d’accord avec l’affirmation selon laquelle il y aurait eu très peu de plaintes d’anciens combattants, car ce n’est pas ce que j’entends, en tant que membre du Comité. Je reçois beaucoup de plaintes. Diriez-vous qu’il y a eu très peu d’anciens combattants qui se sont plaints des PSRVC?
:
Merci, madame la présidente.
Colonelle Jardine et monsieur Schippers, je vous remercie d’être ici aujourd’hui. Je vous suis vraiment reconnaissant du temps que vous nous avez accordé et des réponses que vous nous avez données jusqu’à présent.
J’aimerais revenir sur la question que M. Richards a posée à la fin. J’ai siégé à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse et, bien sûr, l’accès à un médecin de famille était probablement le principal problème que nous rencontrions là‑bas. En Nouvelle-Écosse, entre 10 et 15 % de la population générale n’y a pas accès; évidemment, c’est différent d’une région à l’autre.
Il y a une interaction évidente entre les gouvernements provinciaux, ACC et d’autres intervenants pour faire avancer ce dossier. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Quels sont les rapports entre les deux ordres de gouvernement pour que les anciens combattants aient réellement accès à des soins et que nous commencions à régler le principal problème dont vous avez entendu parler au cours de l’été?
:
Je vous remercie. Je vous en suis reconnaissant.
Je pense que c’est M. Tolmie qui a posé des questions tout à l’heure sur la difficulté de mettre en œuvre les recommandations que vous avez formulées.
Lorsque votre bureau formule des recommandations à présenter au ministère, quels éléments entrent en ligne de compte? Tenez-vous compte, par exemple, des répercussions qu’une recommandation pourrait avoir sur le plan juridique, financier ou des ressources humaines? Comment ces facteurs influencent-ils votre décision sur la vitesse raisonnable à laquelle une recommandation doit être mise en œuvre?
Vous classez pratiquement les recommandations sur une courbe, à certains égards. Elles ne sont pas toutes aussi difficiles à mettre en œuvre.
Pourriez-vous nous donner une idée de la façon dont vous envisagez ce processus?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis ravie de vous revoir, colonelle Jardine, monsieur Schippers. C'est important de vous avoir ici. Je vous remercie pour les fois où mon bureau s'est adressé à vous pour obtenir des éclaircissements sur différentes choses; l'information reçue a toujours été exacte et juste. Nous avons d'excellents outils à notre disposition.
Dans vos notes ici, en 2021, vous avez parlé de quelque chose que vous vouliez voir, et que le gouvernement voulait apparemment voir, mais qui n'a pas été mis en œuvre. C'est une chose qui a fait l'objet de nombreuses discussions au Comité au cours des 10 dernières années. Il s'agit des répercussions uniques du service militaire sur la santé mentale et le bien-être non seulement des anciens combattants, mais aussi des membres de leur famille.
Vous avez demandé au gouvernement de veiller à ce que les membres de la famille aient accès à des soins de santé mentale de façon indépendante, peu importe si l'ancien combattant suit un plan de traitement. Il ne fait aucun doute que lorsque les anciens combattants éprouvent des difficultés, il y a des conséquences pour leurs familles, ce qui a des conséquences pour les anciens combattants. Il serait grandement utile pour ces anciens combattants que les membres de leur famille puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin. Je sais que cela les aide à rétablir la situation et à obtenir l'aide qu'ils ont attendue pendant une dizaine d'années.
Quels sont les obstacles à surmonter pour en arriver là?
:
C'est une question qui me tient beaucoup à cœur. Lorsqu'un ancien combattant reçoit des soins de santé mentale payés par le ministère, si le clinicien croit que le bien-être de l'ancien combattant s'améliorera, qu'il progressera plus ou qu'il se rétablira mieux si sa famille reçoit également des soins... Tout est axé sur l'ancien combattant.
Je dois reconnaître le mérite du ministère. Il fait de son mieux pour les familles. S'il peut établir un lien avec le traitement suivi par l'ancien combattant, c'est ce qu'il fait. Dès que la famille éclate ou qu'il y a un divorce ou une séparation, le conjoint et les enfants, s'il y en a, ne peuvent plus être considérés comme faisant partie de la famille de l'ancien combattant. S'il ne souhaite pas recevoir des soins ou ne veut pas inclure sa famille, la famille n'a pas cet accès aux soins.
Lorsque l'ancien combattant décède, la famille se retrouve immédiatement seule. C'est vraiment déchirant à voir. Cela m'est arrivé dans une assemblée publique. Tout ce que j'ai pu dire à la veuve, c'est que la loi dit que les soins doivent être pour l'ancien combattant. C'est la loi. On ne peut pas demander au ministère de l'enfreindre, mais c'est un bien piètre réconfort pour une veuve.
:
Merci, madame la présidente.
Colonelle Jardine, monsieur Schippers, merci encore de vous joindre à nous. Nous vous sommes très reconnaissants de votre contribution aujourd'hui.
Pour revenir au rapport « Pleins feux », je suis étonnée du nombre de recommandations mises en œuvre. Je vois cela comme un signe encourageant — je suis certaine que c'est la même chose pour vous —, car les gouvernements ont écouté et ont cherché à donner suite aux recommandations de votre bureau.
Bien entendu, je sais que des recommandations sont en suspens et qu'il y a encore plus de travail à faire. Pouvez-vous brièvement nous aider à comprendre comment vous êtes arrivés à ces recommandations?
:
Merci, madame la présidente.
Si j'ai bien compris, puisque nous sommes dans un tournant conjoncturel, ce serait peut-être un bon moment pour réviser la loi.
De plus, j'ai cru comprendre qu'on doit faire un examen de conscience relativement à l'apport des vétérans et des vétéranes. Ainsi, on pourrait, à la suite des recommandations de la colonelle Jardine, établir des priorités.
J'aimerais demander à la colonelle Jardine si elle a des recommandations à nous faire. Il y en avait 35 il y a 10 ans. Quelles seraient les cinq recommandations prioritaires à présenter à la nouvelle ? Que devrions-nous faire de façon urgente au cours des prochains mois?
Je pense qu'un changement de culture doit être fait, afin de ne pas faire vivre aux familles des vétérans ce qu'elles vivent présentement. Personnellement, je n'ai absolument aucune expérience en la matière, mais j'ai été proche aidante pendant 15 ans. Ce que j'entends, c'est que, lorsqu'un changement survient en ce qui a trait à la situation familiale, la personne qui était dans les Forces canadiennes se retrouve seule et n'en fait plus partie. C'est comme si ça n'existait plus. Il y a sûrement autre chose que nous pourrions évaluer. Cela dit, la situation me touche vraiment beaucoup.
Colonelle Jardine, comme je n'ai pas assez de temps de parole pour vous laisser répondre à mes questions, je vous invite à nous soumettre par écrit ce qui devrait être prioritaire. Cela nous permettra de vous aider, dans la mesure du possible. Nous voulons éviter que certaines situations se reproduisent et que des individus aient besoin de déposer des plaintes à votre bureau.
Qu'en pensez-vous?
Je veux revenir sur deux choses.
Quelques personnes ont abordé le problème concernant la santé mentale, plus précisément pour les familles des anciens combattants. Vous avez eu l'occasion d'en parler un peu aujourd'hui, mais sauf erreur, il y a une chose que je n'ai pas entendue. Vous avez mentionné qu'une modification législative est nécessaire. Que devrait être cette recommandation selon vous?
Dites-vous tout simplement que nous devons nous assurer que la famille a accès aux avantages, que l'ancien combattant soit encore parmi nous ou pas? Ou est‑ce plus vaste? Faut‑il tout simplement accorder un peu plus de latitude en ce qui a trait aux avantages auxquels on a accès?
Le recours collectif Merlo Davidson concernait les femmes de la GRC qui avaient déposé un recours collectif en lien avec des cas d'inconduite sexuelle au travail. Le règlement prévoyait six niveaux de compensation. La loi stipule qu'Anciens Combattants ne peut pas donner une compensation deux fois pour la même affection. Ces femmes ont présenté leur demande de pension d'invalidité et ont indiqué en toute honnêteté si elles avaient reçu une compensation au titre du règlement dans le cadre du recours collectif Merlo Davidson. Le ministère s'est vu obligé de réduire leur pension d'invalidité en y retranchant le montant du règlement qu'elles avaient reçu.
Nous avons entendu ces plaintes. Le Conseil des vétéranes de la GRC nous les a soumises.
Nous avons examiné en profondeur l'ensemble du règlement, y compris sa structure et ce qu'il visait à compenser. Nous avons constaté que les deux premiers niveaux ne prévoyaient aucune compensation en raison de maladies chroniques alors que la pension d'invalidité accorde une telle compensation aux anciens combattants; l'objectif n'était donc manifestement pas le même. Pour ce qui est des autres niveaux, le ministère n'avait jamais fourni d'explications relatives à l'ampleur des réductions qu'il effectuerait.
J'ai envoyé une lettre à la ministre à ce sujet. Je crois savoir que les représentants du ministère ont communiqué avec chaque ancienne combattante et ancienne agente de la GRC et que tout ce qui devait être fait pour remédier à cette injustice a été fait.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais faire un aveu. Je pense que le moment où je me sens le plus seul dans ma vie est lorsque je dépose mes enfants et que je pars pour Ottawa. Je me sens ainsi parce que j'ai appris que pour mes enfants, « amour » rime avec « temps ».
Dans votre témoignage d'aujourd'hui, vous avez parlé de votre séparation et du fait que vous étiez loin de votre fils. Nous vous sommes reconnaissants de votre service. Je tiens à ce que vous sachiez que notre comité est sincère, car nous comprenons ce que vous avez enduré et ce que vous avez fait non seulement pour notre pays, mais aussi pour votre fils.
Je tiens à vous remercier au nom du Comité. Merci de votre service.
Des députés: Bravo!
:
Je suis certaine que nous allons avoir l'occasion de nous revoir. Je vous dis donc à la prochaine.
Chers membres du Comité, je tiens à vous rappeler que la date limite pour soumettre vos listes de témoins pour l'étude sur la prévention du suicide chez les vétérans est le vendredi 26 septembre, à 16 heures. Vous pouvez envoyer vos listes par courriel au greffier.
J'aimerais aussi souligner autre chose.
[Traduction]
Nous nous préparons à entamer notre étude sur l'expérience vécue par nos vétérans noirs. Vous recevrez un avis à cet effet.
À titre de confirmation, notre a accepté notre invitation et sera ici le 21 octobre.
[Français]
Sur ce, le Comité souhaite-t-il que je mette fin à la réunion?
Monsieur Richards, je vois que vous voulez intervenir.