:
Bonjour à tous. J'espère que vous avez passé une bonne semaine jusqu'à présent. Je suis désolé que nous ayons une minute de retard. Je viens d'apprendre une grande leçon. Il ne faut pas rappeler un électeur 25 minutes avant le début d'une réunion de comité, parce que vous risquez de ne pas arriver à temps.
[Français]
J'espère que tous les députés ont passé quelques jours agréables dans leur circonscription.
[Traduction]
Il s'agit de la cinquième réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Je rappelle à mes collègues et à nos témoins que les casques d'écoute sont destinés à l'interprétation. S'ils ne sont pas branchés, ils peuvent être n'importe où. Cependant, s'ils sont branchés, mais qu'ils ne sont pas sur votre oreille, nous vous demandons simplement de les déposer sur les autocollants devant vous. L'objectif est de protéger la santé, la sécurité et le bien-être de nos interprètes, qui travaillent très fort pour nous.
Chers collègues, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous avons tout récemment adopté une motion, le 22 septembre, pour faire l'étude d'une stratégie industrielle de défense au Canada., et il s'agit de notre toute première réunion sur le sujet. Nous avons eu une bonne conversation sur la productivité la semaine dernière.
Nous accueillons aujourd'hui quelques fonctionnaires. Nous recevons Mme Kendal Hembroff, sous-ministre adjointe déléguée du ministère de l'Industrie, qui se joint à nous par vidéoconférence. Nous avons les représentants du ministère de la Défense nationale: Mme Wendy Hadwen, sous-ministre adjointe de Politiques-Industrie, et le major-général Jeff Smyth, chef d'état-major du Développement de la Force aérienne et spatiale à l'Aviation royale canadienne.
Mesdames Hadwen et Hembroff, je crois que vous parlerez au nom de vos ministères respectifs. Nous vous accorderons donc un maximum de cinq minutes chacune, dans la langue de votre choix. Nous passerons ensuite aux questions des députés à la table. Nous commencerons par les conservateurs, puis nous poursuivrons à tour de rôle.
Puisque des membres des forces armées en uniforme et en civil sont présents, je veux simplement profiter de l'occasion — en mon nom, en tant que député, et au nom de tout le monde à la table — pour vous remercier sincèrement du service que vous avez rendu à notre pays.
Sur ce, je cède la parole à Mme Hembroff pour sa déclaration préliminaire.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis vraiment désolée de ne pas être présente en personne avec vous tous cet après-midi, mais j'ai malheureusement eu un incident il y a quelques semaines, de sorte que je suis en béquilles. Je suis quand même très heureuse de vous donner le point de vue d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada sur la stratégie industrielle de défense.
Les dépenses prévues en matière de défense représentent une occasion historique d'investir dans l'industrie et l'économie de la défense au Canada alors que de nombreux secteurs manufacturiers au pays rencontrent des défis sans précédent. En 2022, l'industrie canadienne de la défense comptait plus de 620 entreprises, qui ont rapporté plus de 9,6 milliards de dollars au PIB et créé 81 200 emplois dans l'économie canadienne.
L'industrie canadienne de la défense est à la fine pointe de la technologie, et notre secteur de la défense est un moteur d'innovation, puisqu'il investit plus de trois fois plus en recherche et développement que le secteur manufacturier. Outre ses capacités de calibre mondial dans la conception et la fabrication d'aéronefs commerciaux, le Canada dispose également de solides capacités en matière d'entretien, de réparation et de révision, de systèmes d'instruction et de simulation, de systèmes aériens sans pilote, d'observation de la Terre, de robotique spatiale, de véhicules de combat terrestre, de munitions, de construction navale, de technologies sonar et plus encore. Le Canada a également des capacités établies et émergentes dans des domaines à double usage comme l'intelligence artificielle, le cyberespace, la quantique, la biofabrication et les minéraux critiques.
[Français]
Comme vous le savez, le gouvernement s'est engagé à publier plus tard cette année une stratégie industrielle de défense visant à renforcer notre capacité industrielle nationale, afin de répondre aux besoins des Forces armées canadiennes et à ceux de nos alliés. Notre objectif est de réduire la dépendance de longue date du Canada à l'égard de fournisseurs étrangers en mettant à profit les secteurs traditionnel, commercial et à double usage de la défense pour répondre, dans la mesure du possible, aux besoins des Forces armées canadiennes. Cet objectif nécessitera des investissements ciblés en fonction de priorités industrielles clés en matière de défense, ainsi que l'utilisation de l'approvisionnement fédéral pour renforcer la capacité industrielle à l'aide de divers outils. Le marché intérieur canadien est assez restreint. C'est pourquoi nous nous engageons également à créer une industrie bien positionnée pour saisir les occasions d'exportation.
[Traduction]
La stratégie industrielle de défense, ou SID, n'est pas encore finalisée, mais Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ou ISDE, et le ministère de la Défense nationale travaillent ensemble pour faire avancer ce dossier. Nous en saurons plus au cours des prochains mois, mais d'ici là, monsieur le président, je me ferai un plaisir de discuter de certains des éléments constitutifs d'une stratégie plus complète.
ISDE est bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans l'élaboration et la mise en œuvre de la stratégie industrielle de défense, ou SID. D'ailleurs, la a discuté publiquement de sa vision de la stratégie, en parlant d'acquérir, de construire et de s'associer. Ainsi, il faut tirer parti du pouvoir d'achat gouvernemental pour créer des retombées tout au long de la chaîne d'approvisionnement, renforcer la capacité industrielle du Canada dans des domaines clés et instaurer une collaboration stratégique avec des alliés internationaux.
Comme vous le savez peut-être, depuis la fin des années 1950, ISDE a offert divers programmes pour financer des entreprises pour des activités civiles et en défense. Aujourd'hui, le ministère dispose d'un certain nombre de programmes, comme le Fonds de réponse stratégique, Solutions innovatrices Canada et le programme des Grappes d'innovation mondiales, qui favorisent le développement et la commercialisation de technologies dans l'ensemble de l'économie industrielle, y compris la défense. Il est possible de tirer parti des programmes d'innovation existants à court terme pour verser rapidement des fonds à l'industrie canadienne.
Toujours dans le portefeuille de mon ministère, le Conseil national de recherches du Canada, ou CNRC, est un partenaire clé de l'industrie canadienne qui aide à faire le pont entre les nouvelles technologies et le marché grâce à des initiatives comme le Programme d'aide à la recherche industrielle. Nous examinons les façons dont le CNRC, avec ses installations d'essai et de recherche de calibre mondial, peut jouer un plus grand rôle dans le soutien à la défense.
Je tiens également à souligner le rôle que les agences de développement régional peuvent jouer pour soutenir le développement et l'intégration des entreprises, principalement des PME, dans les chaînes d'approvisionnement de la défense. Parmi nos outils, nous avons la Stratégie nationale de construction navale qui, depuis 2010, contribue au rétablissement de nos chantiers navals, à la reconstruction de notre industrie maritime et à la création d'emplois durables au Canada.
Le Canada a également une politique de compensation, soit la Politique des retombées industrielles et technologiques, ou RIT. En vertu de cette politique, les entreprises qui se voient attribuer des marchés d'approvisionnement en matière de défense ou pour la Garde côtière canadienne sont tenues de mener des activités commerciales au Canada, dont la valeur équivaut à celle du marché. On estime qu'elle a apporté environ 4,7 milliards de dollars au PIB du Canada et créé plus de 40 000 emplois par année au pays. Bon nombre des entreprises dans les domaines de la défense, l'aérospatiale et la marine qui connaissent le plus de succès au Canada ont bénéficié de cette politique, y compris CAE, MDA Space, Héroux-Devtek, IMP, PAL Aerospace et Genoa Design.
Le dernier point que j'aimerais soulever, c'est qu'une stratégie industrielle de défense doit englober l'approvisionnement, qui est notre outil le plus puissant. Les entreprises de défense canadiennes ont indiqué que la première chose que le gouvernement peut faire pour soutenir leur croissance, c'est que les Forces armées canadiennes achètent auprès de l'industrie canadienne. Nous examinons donc des façons d'améliorer le processus d'approvisionnement et de veiller à ce que l'industrie canadienne participe dès le début.
En conclusion, et avant de céder la parole à ma collègue, Mme Hadwen, la future SID fera en sorte que nos investissements historiques favorisent l'établissement et le maintien de l'industrie de la défense au pays pour répondre aux besoins des FAC et de nos alliés, tout en stimulant la croissance économique, la résilience et l'innovation dans l'ensemble de l'économie canadienne.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie sincèrement de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet de la stratégie industrielle de défense.
Je tiens d'abord à souligner que nous nous réunissons sur le territoire non cédé du peuple anishinabe. Dans le contexte de la journée d'hier consacrée à la réconciliation, je tiens à dire que l'engagement de mon équipe envers la réconciliation et le renforcement des relations avec les communautés autochtones est essentiel au travail que nous accomplissons à la Défense nationale dans le cadre de la stratégie industrielle de défense.
Ce travail nous offre une occasion unique d'intégrer dès le départ la collaboration avec les communautés autochtones. Nous disposons de forums tels que le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne pour travailler ensemble, afin de planifier l'équipement des Forces armées canadiennes avec une plus grande portée, une plus grande mobilité et une plus grande capacité à opérer dans le Nord, et d'améliorer l'accès aux ressources clés de la chaîne d'approvisionnement de la défense, tout en apportant des avantages aux communautés locales.
Permettez-moi de revenir au début.
[Français]
Il y a près d'un an, j'ai commencé à occuper un nouveau poste au ministère de la Défense nationale, à savoir celui de sous-ministre adjointe aux politiques et à l'industrie. Notre sous-ministre a créé ce poste afin de diriger l'ensemble de l'Équipe de la Défense dans le cadre d'un effort coordonné visant l'élaboration d'une stratégie industrielle de la défense pour tout le Canada. Le major-général Jeff Smyth, chef du Programme de développement des forces aérienne et spatiale, est l'un de mes partenaires très proches dans ce travail.
[Traduction]
Le major-général Smyth s'est joint à moi au cas où vous auriez des questions sur les capacités dont les Forces armées canadiennes pourraient avoir besoin, et sur la façon dont leurs exigences sont établies. Je travaille aussi en étroite collaboration avec de nombreux collègues des Forces armées canadiennes, principalement ceux qui sont chargés du développement des forces.
Comme vous pouvez le voir, il s'agit déjà d'un effort de toute la défense qui nécessite l'expertise de nos membres civils et militaires.
D'un point de vue politique, nous travaillons avec des collègues de toute la fonction publique, mais surtout avec l'équipe de Mme Hembroff à l'ISDE, afin de conseiller le gouvernement sur une stratégie industrielle de défense canadienne.
[Français]
Je remercie les membres du Comité d'avoir entrepris cette étude à un moment très important pour le Canada. En effet, les menaces s'intensifient et nous sommes témoins d'une rupture des structures économiques et des partenariats qui sous-tendaient notre approche par le passé et que nous avons peut-être tenus pour acquis.
Pourquoi le Canada devrait-il se doter d'une stratégie industrielle pour la défense? C'est la première question qu'on devrait se poser aujourd'hui.
[Traduction]
Lorsque nous réfléchissons à la raison pour laquelle nous voulons faire ce travail, nous pensons qu'il s'agit d'une occasion d'assurer la cohérence des dépenses de défense qui, à tous égards, représentent une somme colossale. Dans la politique de défense de l'année dernière, intitulée Notre Nord, fort et libre, le gouvernement s'est engagé à élaborer une stratégie industrielle de défense, ou SID.
Cependant, en seulement un an, la situation a radicalement changé. Le vient tout juste de s'engager à ce que le Canada investisse 2 % de son PIB dans la défense. Cette année, cette somme représente un supplément de 9 milliards de dollars. La SID est d'autant plus justifiée.
Cette stratégie peut, selon nous, expliquer comment les dépenses de défense profiteront à l'économie canadienne et comment les résultats profiteront aux Canadiens en ce qui concerne la défense du Canada et notre sécurité nationale partagée.
Nous croyons également que la SID aidera à renouveler et dynamiser la relation entre l'industrie et l'équipe de la Défense — non seulement les Forces armées canadiennes, mais aussi les civils qui les soutiennent et d'autres membres de la famille tels que la Garde côtière canadienne et le Centre de la sécurité des télécommunications.
La SID nous aidera à acquérir les capacités industrielles nécessaires pour contrer les menaces actuelles et futures. Comme vous le savez, nos adversaires — la Corée du Nord, l'Iran, la Russie et la République populaire de Chine — renforcent vigoureusement leurs écosystèmes militaro-industriels et ont l'alliance occidentale dans leur ligne de mire. En réponse, le Canada et ses alliés se réarment, rapatrient leurs productions et se livrent à une course effrénée pour s'assurer l'accès aux technologies de défense de nouvelle génération.
Nous sommes guidés par un sentiment d'urgence lorsque nous réfléchissons aux trois priorités de la SID: renforcer la base industrielle canadienne, comme Mme Hembroff l'a décrit, et garantir un accès sûr aux capacités dont nous avons besoin pour défendre le Canada; améliorer la résilience de l'économie canadienne en harmonisant les investissements dans la défense aux atouts industriels nationaux; et surtout, préserver notre souveraineté nationale.
Nous avons établi ces priorités au cours des dix derniers mois. Permettez-moi de vous dire à quoi cela ressemblait.
Nous avons établi des indicateurs en menant une analyse approfondie des stratégies industrielles de défense de plus de 15 alliés et partenaires. Bien sûr, nous avons trouvé l'information sur Internet, mais nous avons également interrogé les auteurs, et nos attachés de défense et nos responsables des politiques ont rencontré ces 15 entités. Nous n'hésitons pas à reprendre les bonnes idées.
Nous avons commencé à discuter avec les acteurs de l'industrie pour connaître leur vision d'une stratégie industrielle de défense. Grâce à beaucoup plus de contacts que je ne peux en compter, nous en avons beaucoup appris sur les attentes qui existent. Et elles sont élevées.
Nous avons rassemblé ces données et nous les avons analysées. Nous avons fait des constats importants. Nous avons cherché à comprendre comment l'accès au capital peut constituer un obstacle pour les industries opérant dans ce secteur. Nous avons commencé à examiner le rôle de la chaîne d'approvisionnement dans les industries de la défense. Nous avons également examiné les avantages uniques de certains volets des secteurs canadiens, comme la quantique, par exemple. Nous avons un écosystème unique, et c'est un avantage.
Il y a d'autres secteurs, comme les exportations dans le domaine de la défense.
[Français]
L'importance de la communication et de la collaboration entre le gouvernement, les Forces armées canadiennes et l'industrie est un sujet qui revient souvent lors de nos interactions. Cette stratégie nous offre une occasion exceptionnelle de créer des partenariats stratégiques. Vous avez peut-être remarqué l'annonce de premiers éléments, notamment la maintenance des aéronefs de prochaine génération et la formation de pilotes.
Un autre élément qui a été soulevé concerne les nombreux avantages au sein de l'industrie canadienne. Nous disposons de chercheurs renommés dans les grandes universités et les instituts de recherche, d'innovations de pointe dans le domaine quantique et celui de l'intelligence artificielle, ainsi que de réserves de ressources clés.
[Traduction]
L'un des objectifs de notre stratégie serait d'optimiser la relation entre tous ces avantages au pays pour atteindre un but qui convient à la défense du Canada.
[Français]
Nos alliés sont très habiles pour trouver et obtenir ce dont ils ont besoin pour se défendre. Nous avons la possibilité de faire de même.
[Traduction]
Heureusement, de nombreux ministères, programmes et organismes gouvernementaux existent déjà pour soutenir l'industrie. Mme Hembroff a déjà passé en revue une partie de cette liste.
Je conclurai en disant que notre objectif pour la SID est simple: nous voulons garantir au gouvernement du Canada un accès sécurisé, rapide et fiable aux capacités nécessaires pour défendre le pays, protéger la souveraineté nationale et contrer les menaces actuelles et futures. Et, ce faisant, nous demeurons des gestionnaires responsables des fonds publics et pouvons aider l'écosystème industriel du Canada.
Nos équipes ont hâte de suivre vos travaux et d'intégrer certaines de vos conclusions dans le développement de la SID.
Merci beaucoup de nous avoir donné cette occasion.
:
En termes simples, tout ce dont les membres des Forces armées canadiennes ont besoin pour accomplir la tâche que le gouvernement leur confiera est une capacité à laquelle nous aimerions avoir accès, de préférence au Canada. C'est notre point de départ. Cela va de l'alimentation à l'équipement de pointe et tout le reste.
Lorsqu'on réfléchit à la question, la Stratégie consiste à cerner les lacunes structurelles qui nous empêchent de prévoir les conflits futurs et les capacités dont nous aurons besoin à ce moment‑là. Dans cette optique, nous savons que les technologies de pointe, l'intelligence artificielle, la technologie quantique, la robotique et les systèmes sans pilote feront tous partie des besoins militaires que nous pouvons prévoir.
Nous savons également qu'il existe certains obstacles structurels qui empêchent l'industrie de travailler avec les Forces armées canadiennes. Parmi ceux‑ci, on peut citer les petites entreprises qui ont du mal à avoir accès au capital parce qu'elles mènent leurs activités dans le secteur de la défense ou parce qu'elles fabriquent des produits qui pourraient causer des dommages dans un conflit militaire.
Certaines des questions ou frustrations que nous entendons de la part de l'industrie concernent les personnes à qui il faut s'adresser. Certains représentants d'entreprises viennent à Ottawa, où ils rencontrent de nombreux sous-ministres adjoints, comme moi, et ils ont l'impression de ne pas comprendre comment ils peuvent résoudre leurs problèmes ou les transformer en contrats.
Nous savons que nous voulons doter le Canada de capacités en matière de souveraineté. Le processus de fabrication devrait idéalement se dérouler au Canada du début à la fin et nous voulons pouvoir tirer parti de cette capacité, notamment parce que nous sommes très doués dans ce domaine et parce que c'est essentiel en temps de guerre.
Notre Stratégie nationale de construction navale représente une capacité en matière de souveraineté, mais on pourrait imaginer d'autres possibilités.
Je terminerai en mentionnant un autre domaine très important, soit celui de la recherche et développement, ainsi que la commercialisation des technologies et des capacités, depuis les systèmes de train d'atterrissage jusqu'à l'intégration des données. Il y a tellement d'entreprises formidables et compétentes au Canada, et nous avons l'occasion d'améliorer la façon dont elles répondent à la demande dans le secteur de la défense.
:
Permettez-moi de répondre en anglais.
[Traduction]
Si je comprends bien la question — et je paraphrase —, vous demandez quelles analyses ont été effectuées pour garantir que nous avons accès aux capacités dont nous avons besoin.
Il est très important de ne pas oublier qu'un très petit nombre de pays sont en mesure de fabriquer de l'équipement comme des avions de chasse ou d'autres capacités de technologie de pointe. Dans les années 1950, le Canada a pris la décision stratégique de ne plus produire d'avions de chasse. Le défi qui se pose actuellement concerne les pays qui ont investi pendant des décennies pour mettre au point ces types de capacités. Il n'existe pas de moyens simples de mettre en place rapidement cette industrie au Canada. Il faudra du temps, beaucoup de financement et le soutien du gouvernement pour nous permettre d'atteindre un point où nous n'aurons plus à dépendre d'autres pays pour ce type de technologie.
La menace à laquelle nous faisons face tous les jours est extrêmement sophistiquée sur le plan technologique. Ce n'est pas aussi simple que cela aurait pu l'être pendant la Deuxième Guerre mondiale, où nous pouvions transformer une usine automobile pour produire des bombardiers. Lorsque nous atteignons un tel niveau de complexité dans les systèmes d'armes, il est extrêmement important d'avoir un écosystème en mesure de fournir le soutien nécessaire.
Pour répondre plus précisément à la question, dans le cadre de notre évaluation — et cela ne concerne pas seulement le ministère de la Défense, mais aussi SPAC et ISDE —, lorsque nous évaluons les capacités, nous évaluons aussi la capacité de soutien connexe.
Même si nous pouvons souhaiter que toutes les composantes restent au Canada, et même si nous disposons d'une industrie de pointe dans de nombreux domaines — par exemple, nous avons de grandes capacités industrielles pour le soutien aux aéronefs —, nous ne disposons toujours pas, au Canada, de toutes les capacités nécessaires pour répondre à nos besoins opérationnels.
Par conséquent, nous comptons souvent sur d'autres pays pour fabriquer certains équipements dont nous avons besoin. Nous en sommes très conscients et nous en tenons compte lorsque nous déterminons nos exigences en matière d'approvisionnement.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du Comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
À l'heure où le Canada prend des mesures historiques pour se doter d'une stratégie industrielle de défense plus autonome, nos établissements postsecondaires doivent être considérés comme des atouts stratégiques. Ils fournissent une infrastructure de pointe, forment la prochaine génération d'innovateurs et relient la recherche prospective aux défis pratiques auxquels font face la sécurité et la souveraineté nationales dans les secteurs essentiels de la défense et des technologies à double usage, qui vont de la fabrication et des matériaux de pointe à la détection et à la navigation, en passant par l'intelligence artificielle et l'informatique quantique.
Les universités sont des établissements publics de confiance solidement ancrés dans les régions. Ils ont la capacité de réunir les chercheurs, l'industrie et les utilisateurs finaux militaires dans des environnements sécurisés et axés sur la mission. Ils peuvent reconstruire et développer nos capacités industrielles souveraines. Ils peuvent fournir les mécanismes nécessaires afin d'aider les entreprises canadiennes à tirer parti des possibilités qui s'offrent dans les chaînes d'approvisionnement mondiales de la défense.
L'Ouest canadien, en particulier, est un nouveau bastion pour la sécurité nationale, qui sert de lien économique et stratégique avec les actifs essentiels dans les domaines de l'énergie, de la logistique, de la fabrication de pointe et de l'innovation. Sa proximité géographique avec l'Arctique, combinée à un vaste secteur des ressources et à une solide expertise régionale, le place dans une position de premier plan pour répondre aux besoins en matière de défense dans des domaines émergents tels que la surveillance à distance, les systèmes sans équipage et les opérations par temps froid. Bénéficiant d'infrastructures de pointe et de chaînes d'approvisionnement résilientes dans des secteurs adjacents, comme l'énergie, l'Ouest canadien est bien placé pour jouer un rôle central dans la stratégie industrielle de défense du pays.
L'Alberta possède la plus grande concentration d'actifs de défense dans l'Ouest canadien. Le tiers de la puissance de combat de l'armée canadienne se trouve à la base des Forces canadiennes d'Edmonton. La 4 e Escadre Cold Lake est le principal centre de formation des chasseurs au pays, tandis que la base des Forces canadiennes Suffield abrite la plus grande zone d'entraînement militaire terrestre au monde.
L'aéroport international d'Edmonton sera la principale base d'opérations dans l'Ouest de la flotte de CC‑330 Husky de l'Aviation royale canadienne et assurera l'entretien à long terme des chars de combat principaux Leopard 2 du Canada. À l'abondance des ressources dont dispose Edmonton en matière de défense s'ajoute l'écosystème solide et en croissance de l'aviation et de l'aérospatiale de Calgary.
De plus, une constellation d'entreprises de défense multinationales viennent dynamiser toute cette activité. En effet, Lockheed Martin Canada, General Dynamics Mission Systems, Arcfield Canada, QinetiQ Target Systems et d'autres ont des installations importantes dans la province. L'Alberta compte également plusieurs petites et moyennes entreprises dynamiques dans le secteur de la défense, notamment Landing Zones, Canadian UAVs, UVAD, Scope AR, GN Corporations et Guardian Chemicals Inc.
L'Université de l'Alberta illustre bien comment les établissements universitaires peuvent mobiliser les forces régionales pour soutenir la stratégie de défense et la prospérité économique du Canada. Historiquement, il s'agissait d'une école de formation des officiers de premier plan pendant les deux guerres mondiales, et elle a créé l'Université Khaki pour consolider la formation des soldats canadiens en service à l'étranger pendant la Première Guerre mondiale.
Aujourd'hui, elle continue d'exercer son leadership en matière de défense en tant que membre fondateur de l'initiative du Consortium des campus connectés pour les militaires, les vétérans et leurs familles du Canada, et en tant que l'un des deux seuls centres d'essai du DIANA en milieu universitaire de l'OTAN au Canada. L'université est inscrite au Programme de sécurité des contrats et des marchandises contrôlées, ce qui garantit la sécurité des infrastructures et le respect des exigences en matière de sécurité nationale.
Le Centre for applied research in defence and dual-use technologies, le CARDD-Tech, de l'Université de l'Alberta, est le seul centre universitaire canadien consacré exclusivement à l'innovation en défense et en technologies à double usage. Le CARDD-Tech a collaboré étroitement avec des entrepreneurs principaux, des fournisseurs canadiens et internationaux de premier niveau, des petites et moyennes entreprises et Recherche et développement pour la défense Canada, en mobilisant plus de 25 millions de dollars en projets de R‑D au sein de l'écosystème de défense du Canada au cours de la dernière année seulement.
L'Université de l'Alberta a donc réussi à concrétiser la vision d'un écosystème régional où l'industrie et les utilisateurs finaux, en particulier les Forces armées canadiennes, sont colocalisés dans des environnements sécurisés pour la recherche, le développement, les essais et l'évaluation. Ce modèle d'innovation collaborative constitue un exemple à suivre pour d'autres établissements postsecondaires au Canada, et montre comment les forces locales peuvent être mobilisées pour répondre aux besoins de la défense nationale. Cette approche s'harmonise étroitement avec l'initiative du Carrefour sécurisé de l'innovation pour la défense récemment annoncée par le gouvernement du Canada, et place les universités et les régions en bonne position pour accélérer l'état de préparation et la commercialisation des technologies de défense à l'échelle du pays.
Des écosystèmes intégrés situés dans les universités, ancrés dans les régions, seront essentiels pour accélérer l'état de préparation de la défense nationale, pour conserver les emplois, l'expertise et les technologies essentielles au Canada, et renforceront par la même occasion les chaînes d'approvisionnement locales. Les universités constituent le socle de la recherche axée sur la mission, des filières de production de talents et des partenariats agiles et fiables dont le Canada a besoin pour assurer son avenir et respecter ses obligations internationales.
Je crois que l'initiative stratégique la plus importante qui peut libérer le plein potentiel des universités canadiennes en tant que partenaires stratégiques dans l'élaboration d'une solide stratégie industrielle de défense consiste à accorder un financement durable à l'infrastructure de recherche sécurisée, en le destinant à des partenaires universitaires qui ont fait leurs preuves et qui réussissent à transformer des concepts en technologies opérationnelles avec les utilisateurs finaux et l'industrie.
Ces universités ont besoin d'investissements fédéraux dédiés à l'établissement et au maintien d'environnements de recherche sécurisés et conçus de manière optimale pour l'innovation en matière de défense. Les priorités urgentes en matière d'infrastructure comprennent des installations pour simuler et tester la résilience des technologies canadiennes contre les attaques de guerre électronique, des laboratoires pour mettre au point des matériaux de pointe essentiels aux plateformes de drones et hypersoniques, et la capacité de soutenir un secteur de fabrication de semi-conducteurs souverain et sécurisé. Les universités servent de lien idéal pour gérer ces pôles régionaux sécurisés, en s'appuyant sur les directives opérationnelles de leurs partenaires militaires et industriels de la défense colocalisés. Cette approche accélérera l'état de préparation des technologies canadiennes, renforcera les chaînes d'approvisionnement nationales et facilitera l'accès aux chaînes d'approvisionnement mondiales.
En conclusion, j'inviterais le Comité à imaginer un avenir où la sécurité du Canada — le bouclier d'une importance vitale qui protège notre souveraineté, notre peuple et notre prospérité — est forgée dans les salles de classe, les laboratoires et les centres d'innovation de nos universités, où certains de nos esprits les plus brillants transforment la science-fiction en technologies essentielles à la mission, en fournissant des solutions aux menaces d'aujourd'hui tout en renforçant les capacités de demain. C'est un avenir où nos universités et leurs réseaux sont considérés comme des puissances stratégiques, très axées sur l'idée de réunir la recherche, l'industrie et l'armée au sein d'un écosystème unique et sécurisé où les concepts deviennent des innovations, où les étudiants deviennent des spécialistes et où la capacité collective et la souveraineté de la base industrielle de défense du Canada sont renforcées.
Aujourd'hui, le Canada fait face à des défis mondiaux complexes...
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je me joins à vous depuis Washington, D.C., où mon groupe de réflexion a coorganisé un événement axé sur le Sommet du G7 sur l'énergie et les minéraux.
Nous avons tous constaté à quel point la politique étrangère et nationale du Canada a été recentrée, comme l'a dit le à Berlin en août, sur l'énergie et les minéraux au cours de la dernière année. Le Canada a la chance de disposer d'énormes ressources, mais nous avons rarement pensé à les utiliser de manière stratégique. Comme nos adversaires tirent parti de leur domination du marché dans les secteurs de l'énergie et des minéraux d'une manière qui nuit à nos intérêts et à ceux de nos alliés, il est essentiel que nous envisagions des façons pour le Canada de contribuer à la sécurité de l'approvisionnement.
En ce qui concerne les minéraux critiques et la chaîne d'approvisionnement de la défense, l'alliance de l'OTAN n'a mis l'accent sur cette question que récemment, en publiant une liste de matériaux critiques pour la défense en décembre dernier. Les États-Unis ont agi avec plus d'empressement depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022. Ils ont accordé beaucoup de subventions, de prêts et d'achats de capitaux, notamment dans le cadre de leur Defense Production Act, ou DPA, en vertu de laquelle le Canada est considéré comme un fournisseur national. Les États-Unis ont attribué au Canada sept contrats dans le domaine de l'extraction et de la transformation des minéraux critiques au cours des deux dernières années et demie, six sous l'administration Biden et un sous Trump.
La principale préoccupation qui retient l'attention de tout le monde est la suivante: en cas de conflit prolongé — par exemple, avec la Chine au sujet de Taïwan —, l'adversaire aurait une capacité inacceptable de restreindre les matériaux et les composantes clés nécessaires à la chaîne d'approvisionnement de la défense. Dans une guerre d'usure, la Chine aurait certainement l'avantage grâce à sa chaîne d'approvisionnement verticalement intégrée et à sa capacité de produire plus de chars d'assaut, plus de navires, plus d'avions, plus de munitions et plus de drones. Nous voyons déjà en Ukraine à quel point un approvisionnement adéquat en équipement et en matériel de défense est important et comment un pays comme la Russie, dont le PIB est tout juste de la taille de celui de l'Espagne, peut tirer parti de son importante base manufacturière de défense.
La base industrielle de défense du Canada s'est malheureusement atrophiée pendant de nombreuses années, et il faudra du temps pour la reconstruire. Cependant, nous pouvons jouer un rôle très important au sein de l'alliance à court et à moyen terme en fournissant à nos alliés les matières premières dont ils ont besoin pour améliorer leur production d'équipement de défense. De quoi s'agit‑il? La liste devrait probablement être tirée d'un recoupement entre les minéraux et les produits minéraux sur lesquels la Chine a un monopole ou sur lesquels elle a imposé des restrictions à l'exportation, et la liste des matières premières critiques de l'OTAN; il y a un chevauchement considérable entre ces deux listes. Le Canada peut, en particulier, jouer un rôle pour accroître la disponibilité du gallium, du germanium, du tungstène, du titane, du bismuth, du graphite et de certaines terres rares, et le Canada est déjà un producteur assez important de cobalt et d'aluminium.
Même s'il faut beaucoup de temps pour mettre en valeur de nouvelles mines au Canada, la plupart des produits que je viens de mentionner sont des produits que nous produisons et raffinons déjà, des sous-produits de produits que nous produisons ou raffinons déjà, ou des produits pour lesquels nous avons de vieilles mines où la production pourrait être relancée. Nous pouvons faire beaucoup de choses en quelques années, et non pas en une décennie, et c'est là qu'une stratégie industrielle entre en jeu. Pour la plupart de ces minéraux de niche, la Chine a manipulé le marché, et il n'y a pas d'analyse de rentabilisation solide pour que des acteurs privés les produisent. Normalement, je suis une conservatrice partisane du laisser-faire, mais dans le cas des matériaux de défense, le marché n'est pas libre. Il incombe au gouvernement d'intervenir pour assurer l'approvisionnement.
Le Canada s'est engagé à augmenter considérablement ses dépenses de défense. L'approvisionnement prend du temps, mais le Canada peut faire des investissements stratégiques dans la production et le traitement des minéraux critiques à court terme et, si c'est à des fins de défense, il pourrait les compter comme des dépenses de défense.
Je tiens à souligner que le financement accordé par les États-Unis dans le cadre de la DPA a été égalé au Canada par Ressources naturelles Canada, et non par le ministère de la Défense nationale. Je pense qu'il serait très avantageux de financer et de prioriser ces projets par l'entremise du ministère de la Défense nationale, d'augmenter considérablement le financement, d'agir de toute urgence et de les compter comme des dépenses de défense.
Il faudra probablement une décennie ou plus pour régler le problème de la dépendance à la Chine à l'égard des minéraux critiques, mais la chaîne d'approvisionnement de la défense en tant que telle est un marché relativement petit, et le Canada pourrait contribuer à détrôner la Chine. C'est un problème dont le Canada devrait se saisir, pour lequel il devrait prendre l'initiative et qu'il devrait aider à résoudre pour ses alliés. Nous ne voulons pas nous empêcher d'acquérir les actifs et les systèmes dont nous avons besoin pour notre défense, mais les minéraux critiques peuvent nous aider à accomplir beaucoup à court terme, pendant que nous mettons en place les autres éléments à moyen terme.
Je vous remercie de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Parfait. Merci beaucoup.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis une femme autochtone d'Iqaluit, la capitale du Nunavut. Je travaille dans les secteurs de la haute technologie et de l'innovation des télécommunications, du numérique, des transports et de l'énergie. Je suis cheffe de l'exploitation de CanArctic Inuit Networks. L'objectif est de construire 3 000 kilomètres de câbles de fibres optiques maritimes dans l'Arctique canadien et de les relier au plus grand nombre possible de réseaux de fibres optiques sous-marins et terrestres existants ou prévus. Nous avons besoin de structures complémentaires. Bien sûr, je sais que la fibre optique est étroitement liée aux satellites.
Je suis également PDG de SednaLink Marine Systems. Nous voulons installer des capteurs sur certains éléments stratégiques de la fibre optique sous-marine. Ce faisant, nous pourrons surveiller et obtenir les données nécessaires sur les milieux marins en ce qui a trait aux changements climatiques, mais aussi savoir ce qui se trouve dans notre environnement marin, qu'il s'agisse de sous-marins ou de systèmes sous-marins sans pilote.
Je suis également la directrice d'Arctic360 dans le Nord. Il s'agit du seul groupe de réflexion sur l'Arctique au Canada.
Enfin — j'occupe de nombreuses fonctions, comme de nombreux habitants du Nord —, je suis conseillère spéciale aux Laboratoires Nucléaires Canadiens et membre autochtone de la table sur le leadership en matière d'énergie nucléaire. Notre objectif est de soutenir et d'examiner les microréacteurs et les petits réacteurs modulaires qui peuvent fournir une solution énergétique permanente dans les régions rurales, éloignées et nordiques du Canada. Presque toutes les grandes infrastructures, des câbles de fibres optiques aux stations terrestres, en passant par les centres de données et les systèmes de radar transhorizon, nécessitent de l'énergie. Nous avons besoin d'une énergie stable, fiable, abondante, abordable et, idéalement, propre, bien sûr.
J'ai oublié de dire que je suis également une directrice de la Canadian Arctic Innovation Association. Nous avons publié une étude sur la viabilité des dirigeables à des fins civiles et commerciales qui s'ajoute à l'étude sur les dirigeables réalisée par le ministère de la Défense nationale. La capacité d'acheminer de gros articles vers l'Arctique canadien à longueur d'année est une initiative vraiment transformatrice qui soutiendra non seulement nos collectivités, mais aussi l'armée.
Nous savons que des investissements sont nécessaires dans l'Arctique canadien. Nous avons besoin des meilleures solutions technologiques à long terme qui soutiennent non seulement nos collectivités, mais aussi nos objectifs en matière de sécurité nationale; non seulement maintenant, mais aussi pour les 50 prochaines années. J'ai été mairesse d'Iqaluit pendant deux mandats, présidente de l'Association des municipalités du Nunavut et membre de l'Arctic Mayors' Forum, qui comptait des membres de toutes les nations de l'Arctique, sauf de la Russie. Ce sont, en grande partie, ces expériences qui m'ont poussée à m'intéresser et à participer aux initiatives dont je vous fais part.
Dans ces divers domaines et fonctions, les discussions ont souvent porté sur ce qui est indispensable en matière d'infrastructures essentielles pour nos collectivités dans nos régions. Comme je l'ai dit plus tôt, on s'est bien sûr concentré sur le transport, comme l'agrandissement des pistes existantes ou l'asphaltage de ces pistes afin que plus d'aéronefs de plus grande taille ou spécialisés puissent atterrir dans ces collectivités. Il a aussi été question d'avoir recours à de plus gros avions pour la livraison de nourriture ou de permettre aux avions des forces aériennes d'atterrir.
Nous savons que dans l'Arctique, il y a de nombreuses intersectionnalités et que l'intégration est nécessaire. Or, les différents paliers de gouvernement et les divers ministères créent souvent des cloisonnements et, par le fait même, des incohérences et des divisions. Ce que j'ai appris, c'est qu'au bout du compte, les priorités et les besoins de nos collectivités nordiques en matière d'infrastructure correspondent bien à ce que veut l'armée et à ce dont elle a besoin. Mais, malgré cela, il existe encore malheureusement de nombreux investissements non stratégiques et morcelés dans les infrastructures dans l'Arctique canadien.
Même si le gouvernement du Canada parle de l'importance des investissements à double objectif et à objectifs multiples, il n'en demeure pas moins que presque aucun de nos ministères ne sait comment mettre cela en pratique. De fait, lorsqu'on leur présente une véritable infrastructure à double usage, la plupart des ministères affirment qu'ils n'ont aucun rôle ou responsabilité en la matière. Je pourrais vous donner de nombreux exemples, mais je sais que le temps file.
En conclusion, nous reconnaissons que l'industrie joue un rôle clé, puisqu'elle fait partie de la solution, tout comme, comme vous l'avez également entendu, les universités, le secteur de la défense, nos collectivités nordiques, nos dirigeants du Nord et nos dirigeants autochtones.
Le défi consiste à savoir comment nous pouvons nous assurer, à mesure que nous déterminons les investissements stratégiques dont l'Arctique a besoin, de choisir les investissements de façon judicieuse afin d'obtenir les meilleurs résultats qui soutiennent non seulement notre sécurité à l'échelle communautaire et nos aspirations sur le plan du développement économique, mais aussi nos grands objectifs en matière de sécurité nationale.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Redfern, je vous remercie beaucoup de vos observations. J'aimerais parler davantage de ce qu'il faut faire pour la sécurité dans l'Arctique.
Bien sûr, lorsqu'on parle de la sécurité de l'Arctique, comme vous le savez tous, on ne parle pas seulement de la sécurité de notre Arctique. On parle de la sécurité nationale des 40 millions de Canadiens. On parle également de la défense nord-américaine.
Lorsque les Canadiens regardent une carte, ils savent que l'Arctique nous appartient et ils veulent le garder, mais nous savons que la Russie et la Chine, qui viennent dans nos eaux territoriales, s'intéressent de plus en plus à la façon dont nous réagissons et à nos capacités, entre autres. Il est clairement établi que nous devons en faire plus dans l'Arctique pour protéger notre souveraineté.
Par où commenceriez-vous?
Qu'est‑ce qui vous paraît essentiel dans la politique industrielle de défense et les investissements dans l'Arctique? Que vous faudrait‑il pour avoir la certitude que nous avançons dans la bonne direction pour assurer la défense continentale?
:
Merci, monsieur Ste‑Marie.
[Traduction]
Chers collègues, merci beaucoup.
J'aimerais saisir l'occasion de remercier encore une fois les témoins d'avoir pris le temps de venir rencontrer le Comité. Nous avons entendu beaucoup d'idées intéressantes de divers points de vue. Merci beaucoup.
Chers collègues, je vais libérer les témoins, mais juste avant que vous-mêmes ne partiez, nous avons une petite question à régler. La greffière vous a envoyé les chiffres du budget prévu pour nos études.
J'ai une brève remarque à faire. Vous avez peut-être sourcillé, comme moi, en voyant certains chiffres. Il importe de souligner qu'il s'agit d'estimations, au cas où nous recevrions des témoins de toutes les régions du pays, qui tiennent compte des coûts associés. Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas du budget réel pour les témoins confirmés. Si nous estimons avoir besoin d'approfondir la conversation pour creuser dans les détails, nous pourrons nous permettre de le faire, mais je voulais d'abord présenter le budget au Comité afin que nous puissions aller de l'avant, s'il y a consentement unanime.
Je vois que le Bloc est pour, le Parti conservateur aussi. Je ne vois pas d'opposition du côté des libéraux. Je considère la motion adoptée.
Encore une fois, il ne s'agit pas de ce que nous allons dépenser, mais simplement du plafond que nous nous fixons.
Chers collègues, cette réunion a été très productive. Merci beaucoup. Nous nous reverrons bientôt.
La séance est levée.