propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je souhaite le bonjour à mes collègues et aux Canadiens qui regardent le débat d'aujourd'hui. Je suis heureux de prendre la parole pour lancer le débat à l'étape de la deuxième lecture au sujet du projet de loi , Loi sur la modernisation du système de justice militaire.
Le nouveau gouvernement du Canada, qui effectue un investissement générationnel dans les Forces armées canadiennes, sait que tout travail pour soutenir les troupes doit commencer par les gens. En termes simples, ce projet de loi vise à assurer la sécurité des femmes et des hommes des Forces armées canadiennes.
[Français]
Les gens des Forces armées canadiennes sont au cœur de toutes nos activités, qu'ils défendent notre souveraineté au pays, soutiennent nos alliés à l'étranger ou servent dans les bases et escadres à l'échelle du Canada. Depuis que j'ai assumé ce rôle plus tôt cette année, j'ai eu l'immense privilège de rencontrer des centaines de membres des Forces armées canadiennes partout au pays et à l'étranger.
[Traduction]
Ils comptent parmi les personnes les plus remarquables que l'on puisse rencontrer, et — comme tous les parlementaires, j'en suis sûr — je leur suis profondément reconnaissant de leur dévouement indéfectible envers le Canada et les Canadiens. Il nous incombe de créer un environnement où ils se sentent protégés, respectés et habilités à servir, un environnement exempt de tout comportement qui leur cause du tort, menace le moral et mine la cohésion de l'équipe, y compris l'acte répréhensible qu'est l'inconduite sexuelle. L'éradication de ces comportements est essentielle à notre efficacité opérationnelle, au recrutement et au maintien en poste, mais par-dessus tout, c'est la bonne chose à faire.
Dans le cadre du projet de loi , nous proposons une série de modifications importantes à la Loi sur la défense nationale en vue de soutenir ce travail indispensable. Le système de justice militaire du Canada doit non seulement refléter les valeurs d'équité, de responsabilité et de respect, mais aussi maintenir la confiance des Canadiens dans les institutions qui les servent. Grâce au projet de loi C‑11, nous donnerions suite aux recommandations des anciens juges de la Cour suprême Arbour et Fish, et nous prenons des mesures décisives pour rétablir et renforcer la confiance au sein des Forces armées canadiennes.
Premièrement, ce projet de loi retirerait aux Forces armées canadiennes la compétence en matière d'infractions sexuelles au Code criminel commises au Canada. Avec ce projet de loi, les autorités civiles auraient la responsabilité exclusive d'enquêter sur ces infractions et d'intenter des poursuites à cet égard.
Deuxièmement, le projet de loi donnerait suite à huit recommandations clés formulées par l'ancien juge Fish de la Cour suprême dans son troisième examen indépendant. Il établirait notamment des processus de nomination plus solides et plus transparents pour les hauts gradés des Forces armées canadiennes qui jouent un rôle crucial dans le système de justice militaire. Nous modifions le processus de nomination et la durée du mandat du directeur des poursuites militaires et du directeur du service d'avocats de la défense. Les titulaires de ces postes seront désormais nommés par le gouverneur en conseil et leur mandat sera remplacé par un mandat fixe non renouvelable d'une durée maximale de sept ans. Nous modifions également le processus et les pouvoirs de nomination du grand prévôt des Forces canadiennes, nommé par le gouverneur en conseil, et, enfin, nous remplaçons le titre de grand prévôt des Forces canadiennes par celui de grand prévôt général afin de l'harmoniser avec celui d'autres postes de niveau supérieur au sein des Forces armées canadiennes, comme ceux de médecin général, d'aumônier général et de juge-avocat général.
Troisièmement, le projet de loi s'appuie sur les mesures de soutien prévues dans la Déclaration des droits des victimes en élargissant l'accès aux agents de liaison de la victime aux personnes qui agissent au nom d'une victime.
[Français]
Quatrièmement, le projet de loi harmonise les dispositions du système de justice militaire concernant l'information sur les délinquants sexuels et les interdictions de publication avec des modifications déjà apportées au Code criminel en 2023. Ces recommandations globales visant à réformer notre système de justice militaire ne forment qu'une partie d'une transformation plus vaste de notre institution.
Nous apportons des changements cruciaux à la façon dont nous filtrons les nouvelles recrues, dont nous gérons les deux collèges militaires du Canada et dont nous recueillons, conservons et utilisons les données sur le harcèlement en milieu de travail, et plus encore.
[Traduction]
Par exemple, nous instituons une période de probation pour les nouvelles recrues, ce qui permettra aux personnes qui posent leur candidature de s'enrôler et d'amorcer leur entraînement pendant que l'on effectue le travail administratif nécessaire pour traiter leur dossier. Au cours de cette période, les candidats devront obtenir l'habilitation de sécurité exigée, satisfaire aux normes médicales et prouver qu'ils respectent les valeurs et les normes d'éthique des Forces armées canadiennes. Nous devons veiller à ce que les militaires canadiens soient à l'image de notre pays, en recrutant la crème de la population canadienne.
Nos efforts de recrutement commencent à porter fruit. Au cours du dernier exercice financier, nous avons surpassé nos objectifs de recrutement et accueilli plus de 6 700 nouveaux membres au sein de la force régulière, ce qui représente une augmentation de 55 % par rapport à l'année précédente. Cela dit, nous avons encore du travail à faire pour bâtir une culture réellement ancrée dans la dignité, l'inclusion et le respect de chacune des personnes au service de notre pays.
Nous savons que nous devons garder le pied sur l'accélérateur et rester déterminés à créer un changement durable. Comme je l'ai déjà mentionné, le projet de loi donnerait suite à plusieurs des recommandations issues des examens réalisés par les anciens juges Arbour et Fish de la Cour suprême. Nous effectuons également d'importants progrès à l'égard de bon nombre de leurs autres recommandations afin de contribuer à nos efforts élargis en vue de changer la culture.
Dans son rapport d'examen externe indépendant et complet, la juge Arbour formule 48 recommandations portant sur tous les aspects des Forces armées canadiennes, qu'il s'agisse du recrutement, de l'entraînement ou de la surveillance.
[Français]
En date de juillet, le ministère avait réussi à donner suite à 36 de ces recommandations, et nous prévoyons avoir donné suite aux 12 autres d'ici la fin de l'année, même si la mise en œuvre complète de certaines d'entre elles prendra beaucoup plus de temps que pour d'autres.
[Traduction]
Nous faisons des progrès en ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations nos 1 et 2 de Mme Arbour et nous renforçons notre approche pour lutter contre l'inconduite sexuelle en répartissant l'éventail complet des termes et des définitions en trois catégories: les manquements à la conduite de nature sexuelle, le harcèlement sexuel et l'agression sexuelle. Ainsi, nous serons mieux en mesure de traiter chaque forme de conduite inappropriée par les moyens juridiques, administratifs et disciplinaires appropriés.
Les Forces armées canadiennes ont également adopté les définitions de « harcèlement » et de « violence » du Code canadien du travail. Grâce à ce changement, l'Équipe de la Défense dispose d'une approche unique pour traiter les cas de harcèlement et de violence en milieu de travail qui s'applique à la fois aux employés de la fonction publique du ministère de la Défense nationale et aux membres des Forces armées canadiennes. Tous les incidents de harcèlement et de violence qui surviennent dans l'Équipe de la Défense seront gérés par le Programme de la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail. Cette mesure donne suite à la recommandation no 3 de Mme Arbour.
[Français]
Nous avons aussi donné suite aux recommandations nos 7 et 9 du rapport de la juge Arbour en permettant aux membres des Forces armées canadiennes qui font l'expérience d'inconduites de nature sexuelle, de harcèlement sexuel, de crimes de nature sexuelle ou de toute autre forme de discrimination fondée sur le sexe ou le genre dans l'exercice de leurs fonctions de s'adresser directement à la Commission canadienne des droits de la personne.
[Traduction]
Comme de nombreux députés le savent, la surveillante externe, Mme Jocelyne Therrien, fournit régulièrement des évaluations publiques des progrès que nous réalisons dans la mise en œuvre de ces recommandations, notamment en publiant des rapports d'étape semestriels.
[Français]
Elle a publié son cinquième rapport d'étape au début de juillet. Dans ce rapport, elle souligne la volonté sincère d'améliorer les conditions de travail des membres de l'équipe de la Défense à l'échelle de notre organisation, ainsi que les progrès concrets que nous avons réalisés, en particulier en ce qui concerne l'intégration des nouvelles recrues et la promotion du personnel actuel à des postes de direction.
[Traduction]
Son sixième et dernier rapport est attendu dans les prochaines semaines. L'évaluation approfondie et objective de nos progrès par Mme Therrien est essentielle à la mise en œuvre de ces recommandations, et nous la remercions de son engagement, de ses bons conseils et de son dévouement.
[Français]
En avril 2021, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes ont lancé une initiative globale visant à harmoniser la culture de la défense et la conduite professionnelle de son personnel avec les valeurs et les principes éthiques fondamentaux que nous aspirons à défendre en tant qu'institution nationale.
Depuis, nous avons franchi d'importantes étapes pour faire évoluer notre culture et instaurer des changements concrets, notamment en prenant des mesures pour éliminer le racisme et la discrimination systémiques. Ce travail englobe un vaste éventail de responsabilités comme l'élaboration de politiques et de programmes s'attaquant à l'inconduite systémique, l'amélioration des mécanismes de suivi et de signalement des inconduites et la supervision de la création d'un cadre de conduite professionnelle et de culture qui combat la discrimination, les comportements préjudiciables, les préjugés et les obstacles systémiques.
[Traduction]
Pour soutenir ces efforts, comme nous l'avons réaffirmé dans le budget de 2024, nous investissons près de 1 milliard de dollars sur 20 ans pour appuyer les changements apportés aux Forces armées canadiennes, et nous proposons des modifications à la Loi sur la défense nationale afin de donner suite aux principales recommandations visant à faire évoluer la culture. L'an dernier, nous avons également lancé un plan complet de mise en œuvre afin d'orienter les efforts destinés à répondre aux diverses recommandations que nous avons reçues.
Nous savons que le changement de culture est progressif, nous savons qu'il s'agit d'un processus étape par étape qui prend du temps, et nous savons qu'il nécessite des efforts soutenus et continus, mais nous savons également qu'il est absolument essentiel au bien-être et à la disponibilité opérationnelle des Forces armées canadiennes.
[Français]
Nous continuons de tendre l'oreille aux membres de l'équipe de la Défense, aux intervenants externes, aux communautés et aux partenaires. Nous continuons d'apprendre d'eux tandis que nous tâchons de créer un environnement de travail plus sécuritaire et inclusif. Nous faisons des progrès réels et concrets, mais nous sommes conscients qu'il reste encore beaucoup de travail à faire.
[Traduction]
Tandis que nous nous employons à moderniser le système de justice militaire et à changer notre culture, nous devons également veiller à ce que les personnes touchées par des cas d'inconduite sexuelle reçoivent le soutien, les soins et les ressources dont elles ont besoin. Une grande partie de ce travail est assurée par le Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle.
[Français]
Ce centre, qui est indépendant de la chaîne de commandement et qui fête tout juste son 10e anniversaire, fournit des conseils spécialisés, de l'orientation et des recommandations au personnel des forces armées et de la Défense nationale sur toutes les questions liées à l'inconduite sexuelle.
Il compte notamment une ligne d'assistance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, offrant au personnel un soutien confidentiel, de l'information sur les options, des conseils sur l'aide à apporter aux autres et l'aiguillage vers des soins et des services.
[Traduction]
Il administre également le Programme de coordination de l'intervention et du soutien afin d'offrir aux personnes qui ont été victimes d'inconduite sexuelle au sein du ministère de la Défense nationale ou des Forces armées canadiennes les services d'un conseiller civil spécialisé qui peut les aider à accéder aux services de santé, à se préparer aux entrevues avec la police, et bien plus encore. Le Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle offre également un programme de subventions pour financer des programmes communautaires afin d'élargir la gamme de services de soutien qui seront offerts à la communauté élargie de la défense, et il offre des programmes de soutien par les pairs en partenariat avec Anciens Combattants Canada.
[Français]
J'aimerais aussi souligner que le Programme d'assistance juridique indépendante est un autre précieux mécanisme d'appui aux victimes. Il offre une aide juridique gratuite et confidentielle, dont des renseignements et des conseils juridiques concernant des incidents d'inconduite sexuelle s'étant produits dans un contexte relatif au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes. Il offre aussi une représentation juridique dans le cadre de certaines procédures liées aux infractions criminelles d'ordre sexuel ou aux infractions d'ordre militaire, à la sécurité de la victime ou à sa participation au processus judiciaire.
[Traduction]
Grâce à ce soutien opportun, indépendant et tenant compte des traumatismes, ce programme joue un rôle essentiel dans l'élargissement de l'accès à la justice et à des options pour les personnes touchées. Tout cela est conforme à la recommandation 14 qui a été formulée par la juge Arbour dans l'examen externe complet et indépendant.
Le travail que j'ai décrit aujourd'hui est approfondi et utile. Nous croyons qu'il est important, et je pense que tous les partis à la Chambre en conviendront. Nous prenons des mesures décisives afin de rebâtir et de renforcer la confiance au sein des Forces armées canadiennes et dans notre système de justice militaire.
Alors que la Chambre entame le débat à l'étape de la deuxième lecture de l'important projet de loi dont nous sommes saisis, je termine en ajoutant qu'il faut que le projet de loi soit rapidement renvoyé au comité, où il pourra faire l'objet d'une étude approfondie et peut-être, avec la bonne volonté et la bonne foi de tous les députés de la Chambre, être adopté sans délai.
:
Monsieur le Président, à titre de ministre du cabinet fantôme responsable de la Défense nationale, c'est toujours un honneur pour moi de prendre la parole ici pour parler du travail remarquable accompli par les femmes et les hommes courageux qui servent dans les Forces armées canadiennes, et de ce que nous pouvons faire de plus pour les aider — ce qui est l'objet du projet de loi .
La première responsabilité du gouvernement fédéral est de protéger le Canada, de protéger ses citoyens et de protéger ceux qui sont au service du pays. On a pu observer une intensification rapide des menaces, et le Canada doit composer avec une situation qui continue d'évoluer. Il y a l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie. Il y a le conflit actuel entre le Hamas et Israël: le Hamas a d'abord attaqué Israël, qui mène depuis une opération visant à éradiquer les terroristes dans la bande de Gaza. Il y a l'escalade du conflit dans la mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan. En effet, la marine de l'Armée populaire de libération chinoise continue d'exercer son emprise sur la région en utilisant sa puissance aérienne, ses ressources et sa garde côtière, et elle fait fi des règles internationales comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
Ces puissances hostiles veulent nos ressources dans l'Arctique ou dans nos eaux territoriales, et elles veulent être à une bonne distance de frappe de notre continent. Nous devons en faire plus pour nous protéger et investir dans nos forces armées. Il faut donc soutenir ceux qui servent dans l'armée canadienne. En tant que conservateurs, nous prenons la sécurité nationale très au sérieux et nous veillons à toujours en faire notre priorité. C'est pourquoi nous devons investir dans nos miliaires, leur équipement et la formation dont ils ont besoin pour accomplir leur travail dans le contexte mondial des guerres hybrides et asymétriques.
D'abord et avant tout, les conservateurs ont toujours dit que ceux qui portent fièrement l'uniforme représentent ce que le Canada a de mieux à offrir. Nous en sommes convaincus. Ils méritent un milieu de travail respectueux, exempt de discrimination, de racisme, d'inconduite sexuelle et d'abus de pouvoir. Tous les membres de nos forces armées sans exception méritent le respect. Nous croyons également que les victimes, celles qui vivent avec les séquelles de traumatismes sexuels dans l'armée, méritent que justice soit faite. Nous espérons que nos efforts auront pour résultat la transition du système de justice militaire au système civil, si les capacités sont adéquates, afin d'ouvrir la voie à des poursuites et à une véritable justice pour les victimes de traumatismes sexuels dans l'armée.
Des années ont passé: le gouvernement libéral est au pouvoir depuis 10 ans. En fait, trois rapports ont été produits. Le premier a été publié en 2015. Je note avec intérêt que la seule fois où l'actuel et moi avons échangé à la Chambre sur l'inconduite sexuelle dans les forces armées, il était membre du troisième parti et les libéraux étaient assis dans le coin là-bas. J'étais alors secrétaire parlementaire du ministre de la Défense, et il m'a demandé quelles mesures nous prenions. À l'époque, nous avions été à l'origine de l'examen mené par la juge Deschamps, dont le rapport contenait 10 recommandations.
Puis, bien sûr, il y a eu des élections, et ce rapport a dormi dans le bureau de l'ancien chef d'état-major de la défense, Jon Vance, et de l'ancien ministre de la Défense, Harjit Sajjan, pendant un bon bout de temps. C'était à l'époque du scandale de Jon Vance et tout cela. J'y reviendrai un peu plus tard.
Nous savons qu'au cours de ce processus, les libéraux ont finalement décidé d'agir. Il y a eu le rapport Arbour et, maintenant, le rapport Fish, qui ont mené à certains des éléments prévus dans le projet de loi . Soulignons toutefois qu'il a fallu 10 ans pour en arriver là où nous en sommes aujourd'hui. Pendant 10 longues années, les libéraux sont restés les bras croisés et n'ont rien fait pour modifier la Loi sur la défense nationale et le système de justice militaire qui en découle.
Lorsque nous examinons le projet de loi , nous craignons qu'il n'ouvre la porte à une plus grande ingérence politique. Il y aurait un risque de nominations partisanes. Les libéraux pourraient ainsi accorder davantage de pouvoir au ministre de la Défense nationale pour qu'il établisse des lignes directrices en matière de poursuites, ce qui ne se produirait pas dans le système normal au Canada parce que ce serait considéré comme de l'ingérence politique. Les libéraux veulent également modifier le processus de nomination de sorte que le directeur des poursuites militaires, le directeur du service d'avocats de la défense et le grand prévôt soient désormais tous nommés par le gouverneur en conseil plutôt que par le ministre. Or, nous savons que, lorsqu'un dossier est soumis au Cabinet du premier ministre et au Cabinet, il devient très politique et partisan.
Les conservateurs continueront de soutenir les membres des forces armées et nous étudierons attentivement le projet de loi afin que les préoccupations de tous les intervenants, y compris ceux qui viennent du système de justice militaire, ceux qui font partie de l'industrie de la défense et, surtout, ceux qui ont servi dans les Forces armées canadiennes, ainsi que des groupes de défense des droits des victimes soient entendus au cours de l'étude par le comité.
Comme je l'ai dit plus tôt, le projet de loi correspond à l'ancien projet de loi , avec des modifications mineures au libellé, à la traduction et à l'interprétation des articles 6, 67 et 68. Il modifierait la Loi sur la défense nationale afin de transférer la compétence relative à la plupart des infractions de nature sexuelle du système de justice militaire vers les autorités civiles, y compris les tribunaux, les services de police municipaux et provinciaux ainsi que la GRC, dépendamment de la province ou du territoire où l'infraction a lieu, à l'exception des infractions sexuelles commises à l'extérieur du Canada lorsque les troupes sont déployées. En pareil cas, les personnes en mission pourraient s'appuyer sur les règlements actuels du système de justice militaire et de la Loi sur la défense nationale, et la police militaire ainsi que le cabinet du juge-avocat général, le JAG, mèneraient quand même l'enquête en concertation avec le service national des enquêtes.
Nous savons que c'est ce que prévoit l'article 273 de la Loi sur la défense nationale. C'est ainsi que l'on procède depuis toujours. Cependant, la proposition de confier le traitement de tels cas aux instances judiciaires civiles soulève des préoccupations quant à la capacité des forces policières et des cours civiles d'absorber cette charge de travail supplémentaire. Que fera-t-on des affaires notoires? Nous savons que des affaires notoires ont déjà été transférées au système judiciaire civil par le passé, sans mener à la moindre condamnation. Plutôt, des officiers généraux de haut rang ont été jugés innocents, ou leur procès a été suspendu. Il y a eu des affaires que la Couronne a rejetées en raison de la façon dont les éléments de preuve avaient été recueillis par la police militaire et le Service national des enquêtes des Forces canadiennes. Il y a lieu de se demander si cette façon de procéder rendra bel et bien justice aux victimes. Nous tenons absolument à ce que tous les prévenus obtiennent un procès équitable et à ce que les personnes accusées à tort soient accompagnées.
Que fait-on pour régler le problème de la capacité de la police militaire et du Service national des enquêtes de mener des enquêtes à l'étranger, comme l'a évoqué ma collègue tout à l'heure? Comment assurera-t-on la coordination nécessaire avec les services de police provinciaux et municipaux ainsi que la GRC lorsque des actes commis dans une base nécessiteront une enquête par les autorités locales?
Le projet de loi vise à renforcer l'indépendance au sein des Forces armées canadiennes, conformément aux recommandations de Mme Arbour et du juge Fish. L'objectif est d'éviter d'autres situations comme celle impliquant Jon Vance. Puisqu'il était chef d'état-major de la défense et que tout le monde relevait de lui, personne n'a osé mener d'enquête ni engager des poursuites, pas même le ministre de la Défense nationale de l'époque, Harjit Sajjan. Ce dernier, qui avait pourtant autorité sur le chef d'état‑major de la défense, a refusé d'accepter des éléments de preuve et il s'est retiré du dossier.
Nous savons que le fonctionnement de ce système soulève des interrogations. Le grand prévôt, qui jusqu'ici était un colonel, détiendrait maintenant un grade de général. Le nombre d'officiers généraux augmentera donc progressivement.
Les conservateurs remettent en question la durée du mandat. La façon dont les gens seront désormais nommés par décret approuvé par le Cabinet du premier ministre manque de cohérence. Nous savons par ailleurs que la question de la durée des mandats risque de poser problème de façon récurrente: certains sont de quatre ans, certains sont renouvelables, d'autres non. Certains durent sept ans, d'autres dix. Tout cela crée une certaine confusion quant à la façon dont tout cela va fonctionner.
Pour ce qui est du grand prévôt général, du directeur des poursuites militaires et du directeur du service d'avocats de la défense, nous tenons simplement à ce qu'il y ait un critère en place en ce qui concerne les qualifications requises pour occuper des postes qui, normalement, relèveraient du vice-chef d'état-major de la défense ou du juge-avocat général. Nous nous assurerons ainsi que les titulaires de ces postes sont indépendants, donc qu'ils rendent des comptes directement au ministre et au gouvernement. Des questions se posent au sujet de la chaîne de commandement et de la façon dont tout fonctionnera, mais elles pourront être examinées à l'étape de l'étude par le comité. Cela vaut également pour le directeur du service d'avocats de la défense.
Il faut faire preuve de cohérence. La qualification est importante dans de telles nominations, car nous voulons éviter que la partisanerie qui règne au Cabinet du premier ministre ne s'infiltre ainsi dans les Forces armées canadiennes.
Le a parlé de confiance. Comme je l'ai dit dans la question que je lui ai posée, on ne peut pas faire confiance aux libéraux, surtout en ce qui concerne les nominations politiques peu judicieuses. Par exemple, en 2022, les libéraux ont nommé Laith Marouf pour mener à bien un projet. Il s'est avéré qu'il était antisémite, alors que les libéraux étaient censés œuvrer en faveur de la diversité. Les libéraux ont nommé Martine Richard au poste de commissaire à l'éthique. Elle a dû démissionner en raison de ses liens familiaux avec l'un des ministres, qui siège actuellement. Il s'agissait d'un conflit d'intérêts flagrant. Ils ont nommé Birju Dattani au poste de commissaire aux droits de la personne; il s'est avéré être antisémite. Bien sûr, il s'agissait là d'une autre nomination désastreuse des libéraux.
Justin Trudeau a complètement ignoré l'avertissement du commissaire à l'éthique concernant la nomination d'Annette Verschuren à la tête de la caisse noire environnementale. Cette décision a donné lieu à un énorme scandale: Annette Verschuren et ses acolytes ont pu détourner plus de 2,1 milliards de dollars de cette caisse noire libérale pour se remplir les poches. N'oublions pas que l'actuel a récemment nommé Doug Guzman au poste de PDG de l'Agence de l'investissement pour la défense. Il s'avère que Doug Guzman est un ancien collègue du premier ministre chez Goldman Sachs.
Je ne sais pas s'il faudrait que des amis proches et des collecteurs de fonds libéraux obtiennent ce genre de nominations. Je ne voudrais pas que ce soit le cas en ce qui concerne les nominations au sein de l'appareil de la défense nationale pour ceux qui seront responsables du système de justice militaire. Ce ne serait pas juste.
On ne peut pas non plus faire confiance aux libéraux en matière de justice pénale. Ils sont laxistes en matière de criminalité depuis le début. Le projet de loi a introduit le principe même de la retenue, qui impose les conditions les moins sévères à ceux qui demandent une mise en liberté sous caution. C'est ainsi qu'on obtient la mise en liberté sous caution plutôt que l'emprisonnement, et que les récidivistes violents sont remis en liberté. Il serait maintenant possible que les personnes qui commettent des agressions sexuelles au sein des Forces armées canadiennes aient accès à la même approche laxiste que les libéraux ont mise en place à l'égard de la criminalité.
Le projet de loi est une autre raison pour laquelle nous ne devons pas faire confiance aux libéraux pour réformer le système de justice militaire. Ce projet de loi a réformé le système de justice criminelle en abrogeant les peines d'emprisonnement obligatoires et en permettant aux auteurs de crimes violents très graves de purger leur peine à domicile. Cela comprend l'assignation à résidence, et non l'emprisonnement, pour les auteurs d'agressions sexuelles, de contacts sexuels ou d'exploitation sexuelle. Ces dispositions seront désormais transférées du système de justice militaire, ou du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, au système civil, que les libéraux ont presque complètement détruit.
Comme je l'ai déjà mentionné, nous ne pouvons pas faire confiance aux libéraux lorsqu'il s'agit de lutter contre les agressions sexuelles dans les Forces armées canadiennes; nos députés le savent bien. Encore une fois, cela fait 10 ans que la juge Deschamps a présenté ses recommandations dans son rapport, et ils n'ont rien fait, alors que ces recommandations auraient pu mettre fin au problème.
Prenons l'exemple de Jon Vance, qui était chef d'état-major de la défense à l'époque. Après que les libéraux ont formé le gouvernement, il a lancé l'opération Honour, qui s'est transformée en fiasco total et qui n'a rien fait pour aider les victimes, pour mettre fin à l'inconduite sexuelle au sein des Forces armées canadiennes et pour obliger les militaires à respecter le code de discipline militaire et l'éthique qu'ils devraient respecter.
Comme je l'ai dit, nous savons qu'à l'époque, en 2018, le ministre Sajjan a écarté les éléments de preuve étayant l'accusation d'inconduite sexuelle portée contre Jon Vance. Nous savons que des notes de service ont circulé entre le cabinet du ministre et le Cabinet du premier ministre sur la façon dont ils pouvaient dissimuler cette affaire afin de protéger Jonathan Vance et, plus tard, le ministre Sajjan parce qu'il n'avait pas donné suite à des éléments de preuve qui avaient été remis à quelqu'un qui relevait directement de lui.
Gary Walbourne, qui était l'ombudsman de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes à l'époque, a tenté de fournir ces éléments de preuve, mais on l'a écarté. Il avait tout à fait raison, car la seule personne qui pouvait s'occuper de cette affaire dans la chaîne de commandement était le ministre de la Défense nationale. Nous savons qu'il y a eu des échanges à ce sujet. Nous avons étudié cette question en profondeur au Comité permanent de la défense nationale. J'étais vice-président du Comité, à l'époque, comme je le suis maintenant.
Il y a eu une opération de camouflage de la part du Cabinet du premier ministre menée par Justin Trudeau, Katie Telford et Zita Astravas. Ils ont continué de camoufler ces inconduites sexuelles et de protéger le ministre et Jon Vance, ce qui me dépasse. Au bout du compte, quand est venu le moment de porter des accusations contre M. Vance et de le poursuivre devant un tribunal civil, le gouvernement a accepté l'accusation moins grave d'entrave à la justice. Aucune accusation n'a été portée pour inconduite sexuelle et agression sexuelle. Encore une fois, ce sont les droits des victimes qui sont bafoués. Les victimes de Jon Vance ont toujours le sentiment de ne pas avoir été correctement servies et de ne pas avoir obtenu la justice à laquelle elles avaient droit.
Cette situation a perduré. Le comité de la défense a été suspendu pendant des mois. La présidente du comité, Karen McCrimmon, a refusé d'entendre des témoignages et des motions. Elle suspendait sans cesse les réunions. La même réunion a duré trois mois et nous n'avons pas pu faire notre travail en tant que membres du comité de la défense ni en tant que parlementaires. Je crois fermement que nos privilèges de parlementaires ont été violés dans cette affaire.
Nous avons découvert, grâce à cette étude, que le Bureau du Conseil privé, le Cabinet du premier ministre, l'ancien premier ministre Justin Trudeau et Katie Telford étaient tous au courant de cette situation pendant les trois années qu'a duré l'enquête.
Puis, comme si la situation n'était pas déjà assez grave en soi, même si Harjit Sajjan, le ministre de la Défense de l'époque, était au courant de l'inconduite sexuelle et de la gravité du problème au sein des Forces armées canadiennes, le gouvernement a quand même accordé une augmentation de salaire à Jon Vance pour son emploi en tant que chef d'état-major de la défense. C'est le comble de l'insulte.
Nous savons qu'en matière d'ingérence politique, on ne peut pas faire confiance aux libéraux. Prenons l'exemple de la débâcle actuelle entourant l'achat des F‑35 et la façon dont les libéraux continuent de politiser ce processus d'approvisionnement. À l'heure actuelle, l'Aviation royale canadienne et les Forces armées canadiennes, y compris la cheffe d'état-major de la défense, sont tous d'avis que c'est l'avion dont le Canada a besoin et que nous devrions en acheter un plus grand nombre. Bien sûr, les libéraux continuent de se livrer à des manœuvres politiques et à faire de la procrastination dans ce dossier, ce qui nuit à la capacité de l'Aviation royale canadienne non seulement de nous protéger et de défendre notre territoire, mais aussi de travailler aux côtés de nos alliés.
Nous sommes au courant des manœuvres comme le financement donnant un accès privilégié et des liens de Justin Trudeau avec des milliardaires chinois. Nous savons que les libéraux ont tenté de dissimuler les vacances coûteuses de l'ancien premier ministre sur l'île privée d'un ultrariche. D'ailleurs, le commissariat à l'éthique a constaté de multiples manquements. Nous avons vu la chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques que les libéraux ont menée en 2018 contre Mark Norman, l'ancien vice-amiral.
Nous ne pouvons pas faire confiance aux libéraux. Ils ont laissé tomber les Forces armées canadiennes. Ils ont laissé tomber nos courageux militaires. Nos navires de guerre continuent de rouiller. Nos avions de chasse sont usés. L'armée a été vidée de ses ressources, et nos troupes ne se sentent plus respectées ni honorées par le gouvernement.
Quand on y regarde de plus près, on constate que les politiques libérales ne sont que des promesses creuses, comme la politique de défense de 2017 et la mise à jour de la politique de défense, qui n'ont aucune pertinence. Le gouvernement a laissé des crédits expirer. À cause de ce manque de respect envers nos forces, nous avons un problème de recrutement. Il nous manque aujourd'hui plus de 13 000 soldats. Plus de 10 000 sont sous-entraînés et inaptes au déploiement. Il manque 6 700 logements à nos forces armées.
Les conservateurs corrigeront toute la mauvaise gestion et tous les torts du gouvernement libéral et répondront aux besoins des Forces armées canadiennes.
:
Monsieur le Président, je m'adresse aujourd'hui à la Chambre en tant que porte-parole du Bloc québécois en matière de défense nationale pour traiter de ce qui se veut la réponse à un sujet éminemment sensible, à savoir les tristes cas d'inconduite sexuelle. Si le sujet est délicat, il demeure qu'il est de notre devoir de nous pencher sérieusement sur le projet de loi soumis à notre étude, afin de vaincre ce fléau et assurer une plus grande reddition de comptes et un climat plus sain.
Rappelons-nous que les premières allégations remontent à 2015, sous le gouvernement de Stephen Harper. Elles n'étaient pas encore publiques à l'époque, mais ce que nous en savons maintenant publiquement nous renvoie à 2015. L'ancienne juge Marie Deschamps avait alors publié un rapport dévastateur sur l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, dans lequel elle constatait qu'une culture sexiste qui fermait les yeux sur de nombreux cas d'inconduite était en place, puis, en avril de la même année, des allégations ont commencé à se faire entendre, d'abord dans les officines, à propos des comportements inappropriés de Jonathan Vance, qui venait tout juste d'être nommé futur chef d'État-major de la défense. Les enquêtes, à l'époque, n'ont mené nulle part.
Le 1er mars 2018, sous le gouvernement de Justin Trudeau, l'ombudsman militaire Gary Walbourne a eu une rencontre privée avec le ministre de la Défense de l'époque, au cours de laquelle M. Walbourne a tenté de soulever un cas d'inconduite sexuelle impliquant M. Vance. La victime ne voulait pas aller plus loin dans le processus, ce qui en quelque sorte venait lier les mains de l'ombudsman. L'ombudsman souhaitait que le ministre intervienne pour protéger la victime parce qu'elle était subordonnée à M. Vance par son lien d'emploi et parce que ce dernier pouvait facilement détruire sa carrière. Le ministre était, selon ce qui a été rapporté, fermé et hostile. Il aurait carrément refusé de regarder les preuves qu'avait M. Walbourne et il aurait brusquement quitté la réunion.
Le cas a été plutôt transmis au Bureau du Conseil privé. M. Walbourne a tenté par la suite de parler à 12 reprises avec le ministre, lequel a toujours refusé de le rencontrer jusqu'à ce que M. Walbourne prenne sa retraite quelques mois plus tard. Le bureau du premier ministre et le Bureau du Conseil privé se sont échangé des courriels pour parler de la situation. Le 5 mars 2018, Janine Sherman, du Conseil privé — l'instance qui avait finalement été saisie de ce cas —, écrit à M. Walbourne pour demander plus d'informations. Le 5 mars, la cheffe de cabinet du ministre contacte M. Walbourne par courriel pour avoir plus d'informations. Pourtant, le 9 mars, quand le vice-amiral Mark Norman est accusé d'avoir transmis à des journalistes des documents montrant que les libéraux tentaient d'annuler un contrat au chantier Davie pour favoriser celui d'Irving, les libéraux ont tout de suite demandé une enquête contre M. Norman. Justin Trudeau lui-même est intervenu personnellement en disant: M. Norman devra faire face à la justice. Il s'agit de deux poids, deux mesures.
Le 16 mars 2018, Janine Sherman, du Conseil privé, a rencontré en personne M. Walbourne, qui lui a affirmé que la plaignante ne voulait pas aller plus loin et retirait sa plainte parce qu'elle n'avait pas reçu d'assurance que le ministre de la Défense allait la protéger. C'est grave. Des témoignages sous serment qui ont par la suite été faits au Comité permanent de la défense nationale à une époque où je n'avais pas le plaisir d'y siéger ont affirmé que plusieurs membres du cabinet de Justin Trudeau savaient. Quant au premier ministre Trudeau lui-même, il a toujours nié avoir été mis au courant d'allégations sexuelles contre M. Vance, affirmant que M. Walbourne n'avait jamais transféré les documents demandés à son bureau et qu'il ne savait pas qu'il y avait des allégations de ce type. Il n'a cependant pas clairement nié qu'il savait qu'il y avait des allégations inconnues contre M. Vance. Il a spécifié qu'il ne savait pas qu'il y avait des allégations d'inconduite sexuelle précisément. Il n'a pas parlé d'allégations, point. Cela n'a bien sûr pas empêché l'augmentation salariale de M. Vance en 2019, signée par le premier ministre.
Le scandale est devenu public en février 2021 quand Global News a rapporté des cas d'inconduite contre M. Vance, y compris sa relation avec une subordonnée et des courriels jugés obscènes échangés en 2012 avec une militaire beaucoup plus jeune. La femme qui était en relation avec M. Vance se serait fait menacer par ce dernier à plusieurs reprises, selon ce qu'elle a déclaré publiquement. M. Vance s'estimait intouchable et il a affirmé qu'il contrôlait le Service national des enquêtes des Forces canadiennes, ce qui est grave.
Celui qui était visé disait, avant d'être visé, qu'il faisait ce qu'il voulait parce que c'était lui qui avait le contrôle du processus. On était retourné à l'époque des rois.
Le Comité permanent de la défense nationale, où je ne siégeais pas encore à l'époque, a choisi d'entreprendre une étude sur les allégations contre M. Vance. Quand l'ex-ministre de la Défense, M. Sajjan a été convoqué pour la première fois, il a affirmé qu'il avait appris les allégations contre M. Vance par les médias. Il refusait systématiquement de répondre aux questions, prétextant que l'affaire était devant les tribunaux.
Le témoignage de Gary Walbourne, qui, je le rappelle, était ombudsman, a confirmé qu'il avait informé le ministre Sajjan et que celui-ci n'avait même pas voulu voir le dossier. Cela avait éclaboussé le gouvernement, avec raison.
D'autres témoignages au Comité ont confirmé que le ministre aurait dû agir et qu'il avait plusieurs outils pour demander l'ouverture d'une enquête contre M. Vance. Le ministre Sajjan est revenu au Comité en mars 2021, acceptant cette fois de parler afin de tenter de défendre sa gestion du dossier. Il affirmait avoir refusé de voir le dossier de Walbourne sous le prétexte qu'il ne voulait pas enquêter lui-même, ce que personne, d'ailleurs, ne lui demandait de faire. C'était donc une explication qui était, comme nous le disons chez nous, à côté de la plaque.
Les libéraux n'ont pas hésité à faire de l'obstruction pour éviter que des employés du gouvernement libéral soient convoqués au Comité. Avec le témoignage d'Elder Marques, qui travaillait au cabinet de Justin Trudeau, on comprenait que tout le monde autour de Justin Trudeau était courant. Cependant, M. Trudeau lui-même niait tout.
Lorsque d'autres employés ont été convoqués par la Chambre, les libéraux ont plutôt choisi d'envoyer le ministre de la Défense et ils ont dit qu'ils empêcheraient les employés de témoigner, ce qui avait le mérite d'être clair. Les libéraux ont tenté de mettre fin aux travaux du Comité permanent de la défense nationale à plusieurs reprises. La présidente du comité a suspendu la même séance, qui a duré un mois.
Tant au Comité permanent de la défense nationale qu'au Comité permanent de la condition féminine, les libéraux ont fait obstruction pour éviter l'adoption de rapports qui visaient à faire des recommandations pour protéger les femmes dans les Forces armées canadiennes et pour rendre le système de justice militaire indépendant de la chaîne de commandement.
Pris dans le scandale, les libéraux ont décidé de confier le mandat à l'ancienne juge Louise Arbour, qui est reconnue pour sa compétence, afin de rendre le système de justice militaire indépendant de la chaîne de commandement. Ça, c'est six ans après le dépôt du rapport Deschamps, qui recommandait exactement la même mesure.
Les libéraux se disaient que finalement ils ne savaient plus quoi faire et qu'ils commençaient à être dans une mauvaise passe, alors ils ont demandé à Mme Arbour de faire du réchauffé et de reprendre ce qui avait déjà été dit, mais qui n'avait pas été fait. Au moins, ils ont pu gagner un peu de temps, le temps qu'elle finisse par dire qu'il fallait faire la même chose. Même Mme Arbour a été surprise quand le gouvernement l'a contactée, déclarant que le travail avait déjà été fait.
Néanmoins, le rapport de Mme Arbour a été déposé en mai 2022. Pour sa part, le « Rapport de l'autorité du troisième examen indépendant au ministre de la Défense nationale » de Morris J. Fish a été déposé en avril 2021.
C'est ce qui nous mène à aujourd'hui, à ce projet de loi . Je vais le dire tout de suite: le Bloc québécois va voter en faveur de ce projet de loi pour qu'il soit étudié en comité. Ce projet de loi fait suite aux recommandations des deux anciens juges que je viens de nommer, notamment aux parties de leurs rapports entourant la question de l'inconduite sexuelle. Je vais maintenant parler un peu du projet de loi lui-même.
Pour donner suite à la recommandation no 5 du rapport Arbour, le gouvernement souhaite retirer complètement aux Forces armées canadiennes la compétence en matière d'enquête et de poursuite concernant les infractions sexuelles visées par le Code criminel et commises au Canada.
Le projet de loi fait aussi suite à des recommandations de l'ex-juge Morris J. Fish en modifiant la procédure de nomination de trois des principales autorités judiciaires militaires, soit le grand prévôt des Forces armées canadiennes, le directeur des poursuites militaires et le directeur du service d'avocats de la défense. Ceci transforme le processus de nomination en un processus politique: ce serait le gouvernement qui choisirait ces personnes au lieu de la chefferie militaire. Ces personnes seraient donc à l'abri de toute forme de chantage.
Je rappelle que M. Vance, qui avait eu des relations sexuelles avec une subordonnée, se serait vanté d'avoir le plein contrôle sur les enquêtes militaires, et aurait dit que la victime ne pouvait pas porter plainte. Je l'ai cité tout à l'heure. Ce projet de loi a pour effet de saborder cette possibilité. Le successeur de Vance, Art McDonald, avait d'ailleurs aussi quitté son poste après quelques semaines à la suite d'allégations d'inconduite sexuelle.
Le projet de loi permet maintenant aux militaires du rang, soit les militaires qui ont le grade de soldat à celui d'adjudant-chef, de devenir juges militaires. Cette mesure reflète bien la réalité d'aujourd'hui: beaucoup de militaires du rang inférieur ont plus d'éducation que des officiers. Par exemple, une personne peut entrer dans les Forces armées canadiennes sans diplôme à 17 ans, mais étudier à temps plein tout en demeurant militaire du rang à temps partiel, ce qui lui permet d'acquérir des diplômes universitaires. Quand on est militaire du rang, cela permet généralement d'acquérir des diplômes supérieurs.
Finalement, le projet de loi apporte d'autres modifications moins substantielles, comme la possibilité pour une victime d'être aidée par un « agent de liaison de la victime ». C'est une bonne idée.
Le projet de loi , parce qu'il fait suite à des recommandations de rapports qui n'auraient pas dû être tablettés, et dont les recommandations auraient dû être suivies il y a longtemps, nécessite bien sûr des changements législatifs, et parfois des ententes avec les provinces.
L'une des plus importantes mesures du projet de loi est le retrait de la compétence des Forces armées canadiennes en matière d'enquêtes et de poursuites concernant les infractions sexuelles au Code criminel lorsqu'elles ont été commises au Canada ou lorsqu'elles sont réputées l'être. Autrement dit, les tribunaux civils vont désormais traiter ces infractions.
Dans le cas du rapport de l'ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour, cette recommandation 5 était la seule qui nécessitait un projet de loi pour sa mise en œuvre. C'est pourquoi c'est la seule recommandation de la juge Arbour contenue dans ce projet de loi. Les militaires peuvent toutefois arrêter l'accusé et recueillir des éléments de preuve en attente de l'arrivée des autorités civiles. Il est important de comprendre ça.
Il faudra cependant déterminer si le fait de restreindre la compétence civile sur les infractions commises au Canada pourrait être problématique. Si, à première vue, le fait que le projet de loi ne concerne que les infractions commises au Canada pouvait sembler problématique, il faut rappeler que la juridiction canadienne s'applique normalement lors de déploiements opérationnels à l'étranger. Sinon, la juridiction locale s'appliquerait, par exemple, lorsqu'un militaire part en vacances à l'étranger ou s'il participe à une formation à l'étranger. Cela revient finalement au même, malgré le fait que le transfert du dossier aux autorités civiles prendra plus de temps lors d'un déploiement à l'étranger.
La juge Arbour écrivait ceci dans son rapport: « Lorsque l'infraction a lieu à l'extérieur du Canada, la police militaire peut agir en premier lieu pour sauvegarder les preuves et commencer une enquête, mais elle doit se mettre en rapport avec les autorités civiles chargées de l'application de la loi le plus tôt possible. »
Autrement dit, le projet de loi va aussi loin que possible pour ce qui est de l'application de la loi par les autorités civiles, tout en demeurant raisonnable grâce à plusieurs conditions permettant aux militaires de recueillir des preuves, par exemple si un militaire est pris en flagrant délit, et qu'il n'y a pas l'ombre d'un doute.
Le projet de loi répond aussi à huit recommandations du rapport de l'ancien juge Fish, notamment pour retirer à la hiérarchie militaire le pouvoir de nommer certaines personnes responsables de la justice. La recommandation 2 dudit rapport est de modifier la Loi sur la défense nationale pour que le gouverneur en conseil nomme les juges militaires, qu'ils soient officiers ou militaires du rang, tant qu'ils sont des avocats inscrits au barreau d'une province avec 10 ans et plus d'expérience, tant comme avocat que comme militaire.
La recommandation 7 est que le directeur des poursuites militaires et le directeur du service d'avocats de la défense soient nommés sur recommandation du ministre de la Défense nationale pour des mandats de 7 ans maximum.
La recommandation 8 demande l'abrogation de certains paragraphes de la loi qui affirmaient que le juge-avocat général peut établir des lignes directrices ou donner des instructions pour une poursuite en particulier. Ce pouvoir sera transféré au ministre de la Défense nationale au moyen de certaines modifications apportées à ces paragraphes dans le projet de loi , plutôt que par leur abrogation.
La recommandation 10 visait à modifier un certain article de loi, qui affirmait que le juge-avocat général exerçait son autorité sur tout ce qui touche à l'administration de la justice militaire au sein des Forces armées canadiennes, pour spécifier que l'exercice de cette autorité doit s'effectuer dans le respect de l'indépendance des procureurs militaires, des avocats de la défense militaires et autres acteurs statutaires à l'intérieur de la justice militaire. Le projet de loi C‑11 modifie donc par adjonction cet article pour spécifier l'indépendance du grand prévôt général, du directeur des poursuites militaires et du directeur du service d'avocats de la défense.
Il y a aussi d'autres recommandations qui sont intéressantes. Elles visent à ce que la nomination du grand prévôt des Forces armées canadiennes soit faite par le gouvernement et que le titre de cette fonction soit renommé pour s'assurer que celui-ci détienne le grade de brigadier-général au minimum, qui est le grade le plus bas pour les généraux.
La nomination par le politique et l'impossibilité pour le militaire de révoquer la nomination donne une plus grande indépendance au grand prévôt général. Ça permet d'éviter une situation où un général se vanterait d'avoir le contrôle du judiciaire.
Le ministre pourra toutefois désigner un enquêteur qui va faire rapport et va indiquer s'il estime nécessaire de révoquer, de suspendre ou d'imposer d'autres mesures disciplinaires ou administratives contre le directeur des poursuites militaires advenant une inconduite.
Une autre recommandation vise à interdire au ministre de donner des instructions concernant les décisions précises d'application de la loi dans un cas en particulier. Ça, c'est très utile et fondamental à la lumière de ce qui a été vécu dans les dernières années. Autrement dit, le ministre n'a pas le pouvoir de se substituer au pouvoir judiciaire.
Finalement, une recommandation vise à modifier un autre aspect et paragraphe de la loi pour permettre à n'importe quel militaire de porter plainte pour ingérence devant la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire contre un militaire ou un supérieur du ministère s'il y a des motifs de croire que celui-ci a entravé la fonction de nature policière. Ça a pour effet, bien sûr, d'élargir le nombre de gens qui peuvent porter plainte, incluant la victime.
Le projet de loi vise aussi l'exclusion des juges militaires du système d'audiences sommaires. Je le rappelle, l'audience sommaire vise des manquements d'ordre militaire, par exemple, des infractions courantes comme une absence sans permission, la décharge négligente d'une arme à feu, un port inadéquat dans la tenue militaire ou encore un mauvais entretien de l'équipement.
À l'heure actuelle, avec des infractions d'ordre disciplinaire plutôt que criminel et des procès qui sont gérés par la chaîne hiérarchique, ce sont des procès qui sont tout sauf justes. En effet, le commandant d'unité ou l'officier délégué pour présider le procès peut juger ses propres subordonnés et l'accusé est généralement présumé coupable avec une justice expéditive. Malheureusement, le projet de loi C‑11 ne change rien à ça.
Le projet de loi C‑11 élargit aussi l'accès aux agents de liaison de la victime aux particuliers agissant pour le compte de la victime. Autrement dit, plutôt que d'être seulement pour la victime présumée, une personne la représentant peut avoir accès à ce service.
Finalement, la Loi sur la défense nationale est modifiée pour harmoniser certaines dispositions avec le Code criminel par rapport aux renseignements sur les délinquants sexuels et sur les interdictions de publication. Ces modifications, bien sûr, étaient nécessaires pour que la justice militaire soit alignée sur le Code criminel.
Telles sont les raisons pour lesquelles, à ce stade, nous soutiendrons ce projet de loi, bien que nous nous gardions une réserve sur son adoption finale tant que le Comité permanent de la défense nationale, où j'ai l'honneur de siéger, n'en fera pas un examen approfondi.
Ces choses étant dites, on en est enfin arrivés là, après un processus bien long. Il y a eu tellement d'années de négligence, où il y a malheureusement eu un consensus bipartisan pour fermer les yeux sur ce sujet et où on a tenté de retarder la procédure au comité. Nous sommes néanmoins heureux qu'il y ait enfin quelque chose. Ce quelque chose répondra-t-il à tous les points? Probablement pas, mais, à ce stade, nous sommes satisfaits qu'il y ait un quelque chose. Nous l'étudierons et tenterons de l'améliorer le cas échéant.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
[Français]
C'est avec une grande fierté que je me lève aujourd'hui à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , lequel propose une réforme essentielle du système de justice militaire. Ce sujet me touche particulièrement. J'ai deux fils et une belle-fille qui servent dans les Forces armées canadiennes. Je suis extrêmement fière d'eux, comme de tous les membres des Forces, et des sacrifices qu'ils ont consentis pour notre pays.
[Traduction]
Je suis fière d'être la mère de militaires. C'est entre autres pour veiller à ce que les membres des Forces armées canadiennes et leur famille obtiennent les soins et le soutien auxquels ils ont droit pour les sacrifices qu'ils ont consentis que je me suis lancée en politique. D'où toute l'importance du projet de loi .
Ceux qui nous protègent méritent d'être protégés en retour. Les victimes de harcèlement et d'agression sexuelle dans l'armée doivent pouvoir le signaler sans crainte de représailles.
[Français]
Avec ce projet de loi, nous voulons nous assurer qu'une victime peut poursuivre son agresseur devant les tribunaux civils, à l'abri des pressions de la chaîne de commandement. Il faut renforcer le système pour aider les survivants à guérir de leurs traumatismes, leur offrir des options qui respectent leur dignité et leur permettre de prendre des décisions sans craindre pour leur avenir en uniforme.
[Traduction]
Le projet de loi s'appuie sur deux examens indépendants historiques, l'un réalisé par l'ancien juge de la Cour suprême Morris Fish et l'autre, par l'ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour.
L'examen externe indépendant et complet mené par le juge Fish et publié en 2021 portait sur le fonctionnement du système canadien de justice militaire, notamment sur les enquêtes, les cours martiales, la surveillance et la reddition de comptes. Il a conclu que, même si le système de justice militaire est essentiel au maintien de la discipline et de l'efficacité opérationnelle, il doit également respecter les principes fondamentaux de la justice au Canada, soit l'indépendance, l'équité et le respect de la primauté du droit.
[Français]
Le juge Fish a formulé 107 recommandations, dont plusieurs visent à renforcer la surveillance civile, à transmettre le traitement des infractions d'ordre sexuel aux tribunaux civils et à accroître la reddition des comptes de la chaîne de commandement. Le projet de loi C‑11 répond directement à ces recommandations en modernisant le système et en alignant davantage le processus militaire sur le processus civil.
[Traduction]
Un an plus tard, on a demandé à la juge Louise Arbour d'aller encore plus loin, d'examiner non seulement les politiques, mais aussi la culture et les structures de pouvoir qui façonnent le comportement au sein des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale. Ce qu'elle a écrit dans la préface de son rapport devrait tous nous interpeller:
Pendant des années encore, les femmes furent tout simplement exclues.
Quand on a finalement permis aux femmes de servir, on leur a fait sentir qu'elles n'étaient pas à leur place [...] Elles ont été harcelées, humiliées, maltraitées et agressées et, chose consternante, plusieurs continuent encore d'être ciblées aujourd'hui [...]
En effet, le dévoilement au grand jour de l'inconduite sexuelle dans les [Forces armées canadiennes] a été aussi néfaste que l'aurait été une défaite au combat pour démoraliser les troupes et choquer les Canadiens et Canadiennes.
[Français]
Ces mots sont un appel à l'action. Le rapport de la juge Arbour comporte 48 recommandations pour reconstruire la confiance et la reddition de comptes. Parmi elles, la recommandation no 5 est centrale: le transfert permanent aux autorités civiles du traitement de toutes les infractions sexuelles du Code criminel alléguées par des membres des Forces armées canadiennes.
Le projet de loi C‑11 met cette recommandation en application. Les infractions graves, notamment sexuelles, seront désormais traitées par le système de justice civile, offrant aux survivants les mêmes protections qu'à tous les Canadiens.
[Traduction]
Le gouvernement a déjà pris des mesures provisoires pour mettre en œuvre cette recommandation. Depuis la fin de l'année 2021, toutes les nouvelles allégations d'infractions au Code criminel d'ordre sexuel qui concernent des membres des Forces armées canadiennes ont été renvoyées à des procureurs et à des services de police civils. Le projet de loi rend maintenant cette pratique permanente, ce qui apporte clarté, cohérence et confiance parmi les survivants et dans le système dans son ensemble.
La générale Jennie Carignan, quand elle était cheffe de la conduite professionnelle et de la culture, a rencontré plus de 16 000 membres de l'équipe de la Défense et des Forces armées canadiennes. Ces 16 000 personnes nous ont dit à maintes reprises que les changements doivent être réels, structurels et durables.
[Français]
Les membres des forces doivent avoir confiance en leur système de justice. Les survivants ne doivent pas craindre de raconter leur histoire ni de perdre leur avenir en uniforme.
[Traduction]
Comme le gouvernement l'a souligné dans sa politique de défense intitulée « Notre Nord, fort et libre », le harcèlement, la discrimination et la violence sous toutes leurs formes n'ont pas leur place dans les Forces armées canadiennes. De tels comportements causent des préjudices durables et minent la confiance des Canadiens dans leurs institutions militaires.
[Français]
C'est pourquoi il est impératif d'agir maintenant. Je salue le fait que les autres partis de la Chambre ont exprimé leur appui au projet de loi lors de la dernière législature dans un esprit de collaboration non partisane.
[Traduction]
Il faut non seulement que justice soit faite, mais aussi qu'il y ait apparence de justice.
[Français]
Le projet de loi renforcera l'indépendance des juges militaires, améliorera la supervision de la police militaire et garantira que les infractions graves, notamment les infractions d'ordre sexuel, seront dorénavant traitées par le système de justice civil. Il améliorera la transparence et la reddition de comptes, ce qui aidera à restaurer la confiance du public et à inciter davantage de Canadiens à servir au sein d'un système juste et fiable.
[Traduction]
Le gouvernement prend également des mesures concrètes. Nous avons créé le Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle, qui est entièrement indépendant de la chaîne de commandement. Nous avons mis en place un formulaire de grief numérique pour réduire les obstacles au signalement. Nous avons mis fin au signalement obligatoire, ce qui offre aux survivants la souplesse nécessaire pour prendre leurs propres décisions à cet égard. Nous avons également mis sur pied la Commission d'examen des collèges militaires canadiens afin de renforcer la reddition de comptes dans nos établissements.
[Français]
Ces mesures démontrent que nous ne parlons pas seulement d'intention, mais que nous parlons de mise en œuvre. Elles permettront aux générations futures de servir dans un environnement plus sûr, plus inclusif et plus respectueux.
[Traduction]
Le projet de loi n'est pas qu'un vœu pieux. Il inscrirait ces changements dans la loi, et il ferait de l'indépendance, de l'équité et de la protection des survivants des éléments fondamentaux de la Loi sur la défense nationale.
[Français]
C'est la bonne chose à faire pour nos militaires et c'est la bonne chose à faire pour notre pays, mais ce n'est qu'un début.
[Traduction]
En tant que fière mère de membres actifs des forces armées, j'espère que ma propre famille et tous les membres des Forces armées canadiennes n'auront jamais à bénéficier de ces protections, mais aux personnes qui ont souffert en silence, qui ont perdu confiance dans le système et qui ont peur de se manifester, je tiens à dire que nous les voyons, nous les entendons et nous sommes déterminés à prendre les mesures nécessaires. Ces gens sont là pour nous, et nous devons être là pour eux également.
J'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi . Renvoyons-le au comité pour qu'on puisse l'étudier plus en détail et montrer que le soutien aux membres des Forces armées canadiennes est véritablement un enjeu non partisan. Nous devons le faire. Nous devons bien faire les choses pour ces personnes.
:
Monsieur le Président, avant de commencer, je tiens à remercier les femmes et les hommes courageux des Forces armées canadiennes qui servent le Canada et les Canadiens.
C'est avec beaucoup de fierté que je prends la parole aujourd'hui à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , Loi sur la modernisation du système de justice militaire. Plus que jamais, nous devons investir dans les dizaines de milliers de femmes et d'hommes courageux des Forces armées canadiennes, qui travaillent sans relâche chaque jour pour protéger la souveraineté et la sécurité du Canada. Chaque jour, les membres des Forces armées canadiennes revêtent l'uniforme et sont prêts à protéger et à défendre la population du Canada. C'est pourquoi les militaires demeurent au cœur de tout ce que font les Forces armées canadiennes. Quand quelqu'un choisit de servir le Canada, il est de notre devoir, en tant que gouvernement, de veiller à ce que cette personne ait tous les outils nécessaires pour le faire.
Il est également de notre devoir de veiller à ce que les militaires soient bien traités. Les victimes de harcèlement et de crimes sexuels dans les Forces armées canadiennes ne devraient pas avoir à s'inquiéter des conséquences qu'elles pourraient subir si elles signalent ce qui leur est arrivé à leurs supérieurs ou à un système judiciaire interne. Le projet de loi que nous proposons mettrait fin à cela. Nous voulons nous assurer que ces victimes peuvent intenter des poursuites devant des tribunaux civils, en dehors du système militaire et à l'écart des représailles de leurs supérieurs.
Pour amener un changement de culture significatif et durable, nous devons réformer le système de façon à aider les victimes et les survivants d'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes. Nous devons leur offrir des options et des recours qui n'entraînent pas leur exclusion et leur isolement, mais qui font plutôt le contraire. Nous devons veiller à ce qu'ils se sentent libres de prendre leurs propres décisions sans craindre de compromettre leur carrière dans les Forces armées canadiennes. Ces gens sont là pour nous. Nous devons leur rendre la pareille. Soyons clairs: soutenir les Forces armées canadiennes est une priorité absolue pour le gouvernement, qui garantira l'équité et la justice pour les victimes et les survivants.
Les changements proposés dans le projet de loi auraient un effet direct sur les membres des Forces armées canadiennes de ma propre circonscription, Bay of Quinte. C'est là que se trouve la Base des Forces canadiennes Trenton, également connue sous le nom de 8e Escadre Trenton. La BFC Trenton est la base aérienne la plus grande et la plus importante sur le plan stratégique au Canada. Elle a aussi une incidence économique importante sur la région, puisqu'avec ses 4 500 employés, elle est le plus gros employeur de Quinte West. Ce sont précisément ces gens que nous soutenons grâce à cette mesure législative. Le projet de loi nous aiderait à créer un milieu de travail plus inclusif, plus respectueux et plus sûr, où tous les membres des Forces armées canadiennes, dont ceux de la BFC Trenton, pourront vivre et s'épanouir.
Au cours des dernières années, des progrès considérables ont été réalisés pour instaurer un changement de culture majeur et durable au sein des Forces armées canadiennes, notamment en travaillant à la mise en œuvre des 48 recommandations de l'ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour, comme d'autres l'ont déjà souligné. En mettant en œuvre les recommandations de la juge Arbour et en apportant des changements au système de justice militaire au moyen du projet de loi , on franchit une étape importante pour protéger nos courageux soldats contre le harcèlement et l'inconduite en milieu de travail.
Une carrière dans les Forces armées canadiennes, c'est une source unique de fierté et de confiance pour ceux qui ont le privilège de servir leur pays. En tant que gouvernement, notre priorité est donc de bâtir une force de combat plus inclusive et plus solidaire. Il est important de bâtir des Forces armées canadiennes qui reflètent la diversité du Canada et des Canadiens. Nous savons aussi qu'une armée plus moderne dotée d'une culture inclusive aura une incidence positive sur le recrutement et sur le maintien en poste des militaires.
Nous bâtissons un milieu de travail digne du XXIe siècle où les membres des Forces armées canadiennes pourront signaler des incidents en toute sécurité. C'est ce que nos forces attendent de nous. Elles s'attendent à un milieu de travail où les membres des Forces armées canadiennes sont traités équitablement. Autrement dit, changer la culture du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes n'est pas seulement la bonne chose à faire; un tel changement est essentiel à l'état de préparation et à l'efficacité opérationnelle de notre institution et aura des retombées concrètes.
Cette année, le recrutement a atteint son plus haut niveau en 10 ans. Nous avons réalisé des progrès, mais il reste encore beaucoup à faire. Le projet de loi fait partie de notre plan de création d'un milieu de travail sûr et de changement de la culture de nos forces armées. Le gouvernement a clairement entendu la voix de la population. Nous l'avons écoutée, et nous avons agi. Nous savons maintenant qu'il reste encore beaucoup de travail à faire, mais nous faisons des progrès concrets et mesurables. Grâce au projet de loi , toute personne souhaitant se joindre aux Forces armées canadiennes bénéficiera d'un système juridique équitable et fiable.
Je tiens à rappeler l'importance du projet de loi . Il jetterait les bases d'une culture militaire améliorée en modernisant le système de justice militaire, en améliorant le soutien aux victimes et en conférant aux autorités civiles la compétence exclusive d'enquêter sur les infractions sexuelles au Code criminel commises au Canada et d'intenter des poursuites à cet égard. Nous croyons que le projet de loi C‑11 est une étape clé dans le processus de réalisation d'une réforme institutionnelle durable.
Je vais terminer en disant ceci: les membres des forces armées servent notre pays avec courage et détermination. C'est pourquoi il est important que le gouvernement prenne au sérieux la nécessité de changer la culture militaire. Par conséquent, j'encourage tous mes collègues à appuyer ce projet de loi essentiel afin d'améliorer la vie des hommes et des femmes au sein des Forces armées canadiennes. J'espère que nous pourrons travailler tous ensemble pour adopter rapidement le projet de loi . Les membres des forces armées comptent sur nous.
Je tiens à remercier les courageux militaires canadiens, en particulier ceux de la BFC Trenton, dans ma circonscription, pour les sacrifices qu'ils ont consentis et les services qu'ils ont rendus au pays.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord préciser que je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
Je me lève à la Chambre pour aborder deux questions cruciales qui touchent le cœur de notre sécurité nationale et de notre engagement envers ceux qui servent notre pays. La première concerne le projet de loi , un texte législatif qui vise à réformer profondément notre système judiciaire militaire. La seconde portera sur la nécessité urgente d'une refonte complète du processus d'approvisionnement gouvernemental canadien en matière d'équipement militaire, un domaine complètement négligé, souffrant de retards chroniques et d'une bureaucratie inefficace. Ensemble, ces sujets soulignent l'urgence de protéger nos militaires et de renforcer notre défense.
Commençons par le projet de loi C‑11, qui reprend essentiellement les dispositions du projet de loi de la 44e législature, avec des ajustements mineurs. Ce projet de loi modifie la Loi sur la défense nationale pour transférer la compétence pour le traitement des infractions de nature sexuelle aux autorités civiles lorsque ces infractions se produisent au Canada. C'est une mesure qui répond à des recommandations clés des rapports des juges Deschamps, Fish et Arbour, que les conservateurs ont toujours soutenues.
Nous croyons fermement que les membres des Forces armées canadiennes, tous et toutes, méritent un lieu de travail sécuritaire et respectueux, exempt d'inconduite sexuelle, de discrimination, de racisme ou de harcèlement. De ce côté-ci de la Chambre, nous continuerons à lutter contre ces actes, en plaçant les besoins et les droits des victimes au premier plan, conformément à notre politique en matière de justice pénale.
Cependant, ce projet de loi n'est pas sans failles. Bien que les infractions commises à l'étranger continuent de relever de la compétence des Forces armées canadiennes, ce qui est cohérent avec l'article 273 de la Loi sur la défense nationale, cette dichotomie pose des problèmes. En effet, en retirant aux Forces armées canadiennes la compétence pour enquêter et poursuivre les cas d'inconduite sexuelle au Canada, nous risquons une perte de compétences pratiques essentielles. Comment les Forces armées canadiennes maintiendront-elles leur expertise si elles ne gèrent plus leurs affaires internes?
Un aspect positif est l'accroissement de l'indépendance du directeur des poursuites militaires, du directeur des services d'avocats de la défense et du grand prévôt général. Ces postes seront désormais nommés par le gouverneur en conseil, relevant directement du ministre de la Défense nationale, avec des mandats limités. Cela renforce l'indépendance hors de la chaîne de commandement.
Le grand prévôt est ajouté à la liste des hauts responsables, aux côtés du chef d'état-major de la défense et du sous-ministre, qui, en cas de plainte, doivent être examinés par le ministre. Pourtant, des incohérences persistent: les durées de mandat et les possibilités de renouvellement varient arbitrairement entre ces postes.
De plus, ce projet de loi accorde au ministre de la Défense nationale un pouvoir accru pour émettre des instructions ou directives écrites sur des poursuites spécifiques. Cela ouvre la porte à des ingérences politiques potentielles, un risque que nous, conservateurs, ne pouvons ignorer, surtout vu les antécédents d'interférences sous le gouvernement libéral.
Financièrement, c'est alarmant pour les accusés: actuellement, la Défense nationale couvre les frais de poursuite et de défense, mais, dans le système civil, les accusés devront payer leurs propres avocats, des coûts pouvant atteindre six chiffres. Cela pourrait décourager la justice et exposer les membres des Forces armées canadiennes à de fausses accusations sans soutien.
Après 10 ans de gouvernement libéral, malgré les rapports Deschamps, Fish et Arbour, les victimes attendent toujours justice. Nous, les conservateurs, avons accepté toutes les recommandations du rapport Deschamps et nous ne pouvons pas comprendre pourquoi les libéraux ont tardé aussi longtemps. Nous voulons entendre tous les intervenants. Nous sommes fiers de nos hommes et femmes en uniforme et nous les soutenons inconditionnellement.
Étant donné que nous sommes sur le sujet des Forces armées canadiennes, je ne peux pas manquer l'occasion de mentionner le grand besoin d'une refonte complète du processus d'approvisionnement gouvernemental canadien pour l'équipement et les services militaires. Ce système est obsolète, bureaucratique et inefficace, entraînant des retards coûteux qui affaiblissent notre défense.
Selon des sources ouvertes, comme des rapports du gouvernement et des analyses médiatiques, le Canada a accumulé des décennies de problèmes dans l'acquisition d'équipement. Par exemple, des projets comme l'achat de véhicules pour l'armée canadienne, valant jusqu'à 1 milliard de dollars, font face à des obstacles graves, avec des retards chroniques et des coûts exorbitants.
Le , qui, il ne faut pas l'oublier, est un ancien banquier de Goldman Sachs, a la responsabilité d'accélérer les dépenses de défense afin de respecter nos engagements de l'OTAN. Nous devions atteindre un minimum de 2 % du produit intérieur brut, mais les demandes atteignent 5 % actuellement.
Cela ne se fait pas sans conséquence. Actuellement, nous sommes tous d'accord sur l'idée d'investir plus en défense. Cependant, il y a toujours un « mais ». Ce « mais », il est dans le système d'approvisionnement. Les libéraux vont nous répondre que, la semaine passée, ils ont annoncé une nouvelle agence. Encore une fois, c'est un nouveau bureau. Tout ce que ce gouvernement fait depuis qu'il est en place, c'est créer de nouvelles structures bureaucratiques.
Il y a toutefois moyen d'être beaucoup plus efficace dans la gestion avec la structure actuelle en donnant des directives précises aux fonctionnaires en place, aux sous-ministres en place, à la Défense nationale, au service d'approvisionnement et à l'industrie. On n'aurait alors pas besoin de créer une structure bureaucratique qui va prendre du temps à se mettre en place, qui fonctionnerait peut-être à échéance, mais qui, pour l'instant, ne fait que créer de la bureaucratie.
Cela peut fonctionner rapidement si on le veut. En voici la preuve. Quand le gouvernement conservateur était en place et que nous étions en guerre en Afghanistan, nous avions des besoins urgents d'équipement sur le terrain. Nous avions notamment besoin d'avions, d'hélicoptères, de véhicules et d'équipement de protection personnel. L'ancien premier ministre Harper avait donné une directive indiquant qu'il voulait avoir des équipements le plus rapidement possible, dans les délais impartis et en respectant les budgets. Cela s'est fait. Lorsqu'on le veut, on le peut. La preuve est que ça s'est passé à l'époque du gouvernement conservateur. Du côté des libéraux, on aime créer de grandes structures bureaucratiques, mais une direction opérationnelle et décisive peut faire avancer les choses également. On pourrait ainsi grandement améliorer le système d'approvisionnement militaire canadien, qui est une catastrophe depuis les dernières années.
Oui, il faut revoir le système de justice militaire parce que ce système, surtout en ce qui concerne les agressions sexuelles, a été un problème. Il ne faut cependant pas oublier que, la perte de capacité qu'on aura dans les équipes qui s'occupent actuellement des procès quand on est à l'étranger versus celles qui vont le faire au civil, au Canada, ça crée une dichotomie. Il faut s'assurer d'avoir un système qui va faire en sorte que l'expertise demeure pour les juges-avocats militaires qui vont être sur le terrain et pour les officiers commandant qui vont avoir à faire le travail à l'étranger. On ne doit pas perdre cette efficacité.
Du côté de l'approvisionnement militaire, on a dépassé l'étape des belles paroles. On a réagi à une demande des Américains et de l'OTAN, et on veut avancer. Cependant, je vois encore trop d'entreprises dans le domaine de la défense qui viennent me voir pour me dire qu'elles ne sont pas capables d'avoir accès à un interlocuteur au sein du gouvernement du Canada. Personne ne répond à leurs appels, leurs courriels ou leurs demandes. Elles vendent des équipements dans d'autres pays de façon beaucoup plus simple et efficace alors qu'au Canada, elles ne peuvent rien faire. Je ne parle pas d'une entreprise, mais de plusieurs entreprises de tous les niveaux, que ce soit des grandes multinationales ou des petites compagnies qui font de l'équipement aussi banal que des coffres pour mettre des armes, mais aussi d'autre équipement qui pourrait servir actuellement sur le terrain en Ukraine. Une entreprise de Montréal doit vendre ses équipements en Grande‑Bretagne pour que ses équipements se rendent en Ukraine parce que le Canada ne répond pas à ses appels.
Ce sont des constats. En ce qui concerne le projet de loi , nous appuyons l'idée, mais il y a des ajustements à faire. Ça fait très longtemps que ça traîne. Je ne sais pas pourquoi on parle encore, en 2025, de ce sujet qui devrait être réglé. Espérons que les choses s'accélèrent et que les ajustements se feront. Pour ce qui est de l'approvisionnement militaire, il est plus que temps que l'on réagisse rapidement pour les forces canadiennes, pour la sécurité du pays.
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Monsieur le Président, je ne veux pas dire qu'il s'agit d'un projet de loi difficile ou d'un discours difficile à prononcer, mais j'ai une expérience militaire unique, qui m'appartient et qui inclut notamment mes 25 années passées dans les Forces armées canadiennes, dont une grande partie en tant qu'officier présidant. Heureusement, en tant qu'officier présidant, je n'ai pas eu à superviser de cas d'inconduite sexuelle. Ces affaires étaient renvoyées en cour martiale et ne relevaient jamais de ma compétence.
Revoyons ce qui nous a menés là où nous en sommes aujourd'hui. On a parlé du rapport de Mme Arbour, et avant cela, il y avait eu le rapport de Mme Deschamps. Je tiens à dire à tout le monde à quel point j'ai été choqué et déçu quand le rapport Deschamps a été publié. J'ai été littéralement renversé.
Les Forces armées canadiennes sont à l'image d'une grande partie de la société canadienne. On peut y trouver à la fois des brebis galeuses et des gens extrêmement bienveillants. J'ai été officier d'infanterie et membre d'une unité de combat. Très souvent, la réputation de ces militaires est mauvaise et, pourtant, je n'ai jamais été témoin de telles situations. J'ai été choqué par ce qui a été révélé, car aucune de mes anciennes collègues des Forces armées canadiennes ne m'en avait parlé. Après la publication du rapport, j'ai demandé à certaines d'entre elles de me donner leur avis. Certaines étaient des officières supérieures. Les histoires d'horreur que j'ai entendues m'ont complètement sidéré. Il y a malheureusement des problèmes au sein des Forces armées canadiennes en ce qui concerne l'inconduite sexuelle et la justice pour les victimes.
Je raconte cela parce qu'il est important de bien faire les choses. Nous ne pouvons pas simplement réagir de manière excessive. Les forces armées ne sont pas différentes des autres organisations. Il peut arriver qu'une solution engendre deux autres problèmes. Nous devons étudier la question sous tous ses angles, en tenant compte à la fois des victimes et des accusés. Je parle des accusés, car, il y a à peine une demi-douzaine d'années, certains très hauts gradés ont fait l'objet d'allégations qui, au bout du compte, se sont avérées sans fondement. Dans certains cas, les officiers ont été acquittés.
L'un de mes meilleurs amis, un brigadier-général toujours en service, fait un travail phénoménal. Cela remonte à près de 10 ans. Il a été injustement accusé, et je crois que c'était vers 2015. Heureusement, grâce au système qui a finalement réglé l'affaire, il a pu poursuivre sa carrière dans les Forces armées canadiennes. Il a été promu à plusieurs reprises depuis lors et il est actuellement en service.
Si je soulève cet exemple, c'est simplement parce qu'il est important que le système fonctionne de manière impartiale pour traiter les problèmes. Nous devons absolument éradiquer toute inconduite sexuelle, où qu'elle se produise dans la société, tout en veillant à ce que la procédure établie soit respectée.
Selon le sommaire, le projet de loi compte environ cinq éléments. Je voudrais aborder brièvement chacun d'entre eux, à l'exception d'un seul. D'abord, le projet de loi modifie évidemment la Loi sur la défense nationale afin de transférer aux tribunaux civils la compétence en matière d'infractions d'inconduite sexuelle commises ici, au Canada.
La a parlé de cet aspect dans son discours. Je lui ai demandé quel est l'état de la situation jusqu'à présent, et elle a promis d'obtenir les données. À cela se rattache une autre question que j'ai déjà posée. Nous possédons maintenant plus de trois années de données. Je veux savoir combien d'affaires sont acceptées par les tribunaux civils. Quelles sont les conclusions? Est-ce que beaucoup de ces procès sont retardés? Je suis préoccupé par le principe de Jordan, car, encore une fois, si la justice est retardée, ces victimes n'obtiendront pas la justice dont elles ont besoin.
Un autre aspect de ce transfert est que, malheureusement, les actes qui se produisent alors que les militaires sont déployés à l'étranger seraient toujours confiés à la police militaire au sein des Forces armées canadiennes ainsi qu'au système de justice militaire canadien, à ses procureurs et à ses juges-avocats généraux. Cette question a été soulevée dans une séance d'information technique. On a posé la question, et je ne dirais pas qu'on nous a rassurés, mais le gouvernement parle du fait qu'il y aura de la formation. Cette formation devra être vraiment très bonne, car pourquoi dirions-nous que la police militaire, les juges-avocats généraux et le système de justice militaire ne sont pas assez bons pour traiter ces affaires au Canada, mais sont assez bons pour les traiter lorsque les événements se produisent à l'étranger?
Ce sont les deux premiers éléments du projet de loi qui changeraient certaines choses.
Par ailleurs, le projet de loi augmenterait l'indépendance du directeur des poursuites militaires, du directeur du service d'avocats de la défense et du grand prévôt général en faisant en sorte qu'ils soient nommés par le gouverneur en conseil, qu'ils relèvent directement du ministre de la Défense nationale et que la durée de leur mandat soit limitée. Je n'entrerai pas dans les détails. Je crois que, dans le cadre du processus d'examen du projet de loi, on pourrait poser des questions au sujet de l'incidence qu'il pourrait avoir sur l'indépendance, d'un point de vue interne ou externe.
J'hésite à dire qu'il s'agit un peu d'un mythe, mais d'après mon expérience, et je ne peux parler que de la mienne, la police militaire disposait d'une grande indépendance pour tout ce qu'elle faisait. Si quelqu'un dans la chaîne de commandement essayait de s'ingérer dans un processus, ce geste était très mal vu et réprimé. Dans le cadre des poursuites qui ont eu lieu, je n'ai eu que des commentaires positifs en ce qui concerne la police militaire, le Service national des enquêtes et les juges-avocats généraux.
J'ai parlé de l'importance des données. Par contre, l'une des questions qu'il faut également soulever est la suivante. Une personne accusée d'avoir commis un acte répréhensible dans le système militaire a accès à un avocat militaire de la défense. Or, si un soldat, un marin ou un aviateur se fait poursuivre au civil, il n'a plus droit à un avocat militaire de la défense: il doit se défendre à ses frais.
J'ai déjà donné l'exemple — et j'en connais d'autres — de personnes accusées d'avoir commis un acte répréhensible qui ont finalement été déclarées non coupables, mais qui ont tout de même dû payer des dizaines de milliers de dollars, voire plus, pour se défendre. Le seul moyen pour ces gens de récupérer leur argent a été d'intenter des poursuites civiles contre le gouvernement ou le ministère de la Défense nationale et la chaîne de commandement, ce qui prend beaucoup plus de temps.
C'est une question que je me pose, et je ne sais pas quelle est la bonne réponse. J'espère que, lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité ou qu'il fera l'objet d'amendements, le gouvernement tiendra compte de ces éléments.
La dernière partie de mon discours porte sur un sujet un peu plus technique. J'ai posé une question sur le sujet, mais je n'ai pas encore reçu de réponse des ministres ou du ministère. Il est intéressant que le projet de loi fixe un délai de trois mois au grand prévôt général, comme on l'appellerait désormais, pour présenter un rapport annuel. Je me demande — et il s'agit donc plutôt d'une question dont le gouvernement peut prendre note, car je n'ai pas encore reçu de réponse — pourquoi un délai similaire n'a-t-il pas été prévu pour le juge-avocat général lorsque le gouvernement a mis à jour le système de justice militaire avec le projet de loi? Il est tenu de présenter un rapport annuel, mais aucun délai n'est prévu à cet effet.
La deuxième question que je me pose, qui est liée à la précédente, est la suivante: quelle est la conséquence? Quelles seraient les répercussions si le grand prévôt général ne soumettait pas son rapport à temps? Que lui arriverait-il?
En fin de compte, je pense que le système de justice militaire est indispensable au sein de l'armée. Il garantit la discipline. Cependant, il est évident que nous devons veiller à ce que les victimes soient prises en charge. La décision a été prise, elle a été mise en œuvre, et nous nous tournons désormais vers les tribunaux civils pour poursuivre toute personne accusée d'inconduite sexuelle. Je suis tout à fait d'accord pour dire que le système de justice militaire doit être amélioré, mais ma seule préoccupation est que nous ne devons pas résoudre un problème en en créant d'autres.
J'ai bon espoir que tous les partis pourront collaborer pour que nous obtenions le meilleur projet de loi possible afin de garantir que tous les membres des Forces armées canadiennes, hommes et femmes qui servent notre pays, soient correctement protégés.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Nous sommes ici aujourd'hui pour débattre d'un projet de loi important: le projet de loi . Cette loi répond aux préoccupations de longue date soulevées par les victimes et les survivants de la communauté des Forces armées canadiennes et des vétérans. Ce projet de loi représente une étape cruciale pour répondre aux traumatismes sexuels militaires.
En tant que gouvernement et en tant qu'élus, nous avons le devoir de faire en sorte que les vétérans et les vétéranes et ceux et celles qui servent présentement dans les Forces armées canadiennes reçoivent le soutien et la justice qu'ils méritent. Le projet de loi C‑11 marque un moment charnière dans ce parcours.
Pour bien comprendre la pertinence du projet de loi C‑11, il faut avant tout saisir l'ampleur du traumatisme sexuel militaire et de ses répercussions. Le traumatisme sexuel militaire, aussi appelé TSM, est un problème grave, qui affecte un grand nombre de vétérans et de vétéranes. Il englobe les expériences de harcèlement sexuel, d'agression et d'autres formes de violence sexuelle qui se produisent pendant le service militaire. Ce type de traumatisme peut avoir des effets durables et dévastateurs sur la vie des personnes qui le subissent, en affectant leur santé mentale, leur bien-être émotionnel, leurs relations personnelles et leur qualité de vie en général. Les effets de ce type de traumatisme vont au-delà de l'individu et sont ressentis dans les familles, les relations personnelles, et aussi les communautés.
Il s'agit d'un problème systémique qui touche de nombreuses personnes qui ont consacré leur vie à servir notre pays. Le Centre de soutien de ressources sur l'inconduite sexuelle offre des services de soutien pour les membres actuellement en service, mais aussi pour les vétérans et vétéranes des Forces armées canadiennes. Toutefois, il peut être difficile d'aller chercher de l'aide et de demander à recevoir les services dont les victimes ont besoin.
Le projet de loi est un texte de loi historique qui reconnaît les besoins uniques des survivants et des survivantes de traumatisme sexuel militaire et y apporte une réponse. Pendant trop longtemps, les survivants et les survivantes de TSM se sont heurtés à des obstacles insurmontables lorsqu'il s'agissait d'obtenir justice et d'obliger les responsables à rendre compte de leurs actes. Le projet de loi C‑11 introduit des mesures qui améliorent la transparence et la responsabilisation au sein du système de justice militaire. Cette loi met en œuvre les recommandations des anciens juges Fish et Arbour visant à renforcer le système de justice militaire. Il prévoit un mécanisme pour permettre aux survivants et aux survivantes de déposer leur plainte d'une manière qui respecte leur dignité et qui garantit que leur voix sera entendue.
Ce projet de loi établit un cadre clair pour enquêter sur les allégations d'inconduite sexuelle et y donner suite, ce qui favorise un environnement de responsabilisation et de justice. Ce faisant, il soutient non seulement les survivants et les survivantes dans leur quête de justice, mais envoie également un message fort, à savoir que de tels comportements ne seront pas tolérés au sein des Forces armées canadiennes. Par le truchement de cette loi, nous proposons des mesures transformatrices visant à transférer au système civil les enquêtes et les poursuites relatives aux infractions sexuelles commises au Canada et reprochées à des membres des Forces armées canadiennes.
Un autre aspect important du projet de loi est l'accent mis sur la promotion d'un changement culturel au sein des communautés militaires et des vétérans et des vétéranes. Pour lutter efficacement contre les traumatismes sexuels militaires, il faut changer les attitudes et les comportements à tous les échelons au sein des forces armées. En fin de compte, cette loi nous aidera à créer un milieu de travail plus inclusif, plus respectueux et plus sûr, dans lequel les membres des Forces armées canadiennes pourront s'épanouir.
Comme je l'ai dit précédemment, ce projet de loi va également avoir un impact important pour les vétérans et les vétéranes. En effet, le traumatisme résultant de ces expériences peut souvent entraîner toute une série de difficultés, comme le syndrome de stress post-traumatique, la dépression, l'anxiété et d'autres troubles de santé mentale. Ces difficultés surgissent souvent des années après la fin de leur service.
C'est donc la responsabilité d'Anciens Combattants Canada de soutenir les vétérans et les vétérans. Ce ministère continuera d'ailleurs de jouer un rôle crucial dans le soutien aux personnes ayant vécu de la violence sexuelle en milieu militaire, en veillant à ce qu'elles aient accès aux ressources dont elles ont besoin pour se remettre de leur traumatisme et en défendant leurs besoins. Anciens Combattants Canada accorde la priorité absolue à faire en sorte que les vétérans et leurs familles bénéficient des services dont ils ont besoin au moment et à l'endroit où ils en ont besoin.
C'est pourquoi ce ministère offre un continuum de programmes et de mesures de soutien aux personnes qui tombent malades ou qui sont blessées dans l'exercice de leurs fonctions, dont les personnes victimes de traumatisme sexuel militaire. Anciens Combattants Canada garantit l'accès à des services spécialisés et aux mesures de soutien nécessaires pour traiter de manière appropriée les répercussions sur leur santé et leur bien-être personnel. Nous nous engageons à répondre à leurs besoins.
La collaboration entre le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada va permettre d'assurer le bien-être des personnes qui servent et qui ont servi notre pays en uniforme.
J'aimerais reconnaître la détermination du gouvernement à mettre en œuvre cet important projet de loi, qui va changer la vie de plusieurs membres des forces armées, mais aussi des vétérans et des vétéranes. Il y avait un besoin urgent d'entreprendre cette réforme du système de justice militaire et de mettre en place les changements législatifs nécessaires pour s'attaquer efficacement à la question du traumatisme sexuel militaire.
L'engagement de ce gouvernement à améliorer le système de justice militaire, à renforcer le soutien aux survivants et aux survivantes et à favoriser une culture de respect et de responsabilisation demeure inébranlable. Il s'agit d'une responsabilité collective qui nécessite la coopération, la compréhension et l'action de tous les intervenants concernés.
Notre gouvernement reconnaît les besoins uniques des femmes et des hommes qui ont subi un traumatisme sexuel pendant leur service dans les Forces armées canadiennes. C'est pourquoi nous agissons en proposant ce projet de loi essentiel. J'espère que l'ensemble de mes collègues à la Chambre va appuyer ce projet de loi important pour la communauté militaire et les vétérans et les vétéranes de notre pays.
En terminant, je tiens à réaffirmer notre engagement envers les personnes qui ont servi notre nation. Le traumatisme sexuel militaire est un problème grave, mais en adoptant le projet de loi C‑11, nous franchirons une étape essentielle pour nous y attaquer avec le sérieux qui s'impose.
J'aimerais remercier tous les membres des Forces armées canadiennes ainsi que les vétérans et les vétéranes qui ont servi notre pays et qui ont tant sacrifié pour protéger le Canada, notre démocratie et nos valeurs. C'est à notre tour de les soutenir, et le projet de loi C‑11 fait partie de nos mesures cruciales pour améliorer la culture au sein des Forces armées canadiennes.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi , Loi sur la modernisation du système de justice militaire.
[Français]
En tant que membre du Comité permanent de la défense nationale, je sais à quel point ce projet de loi est important pour la communauté militaire et pour les vétérans et les vétéranes.
[Traduction]
J'aimerais prendre le temps de parler plus particulièrement de l'importance d'opérer un changement de culture durable et efficace au sein des Forces armées canadiennes, ainsi que des efforts de modernisation du système de justice militaire.
Tous les députés sont au courant du travail exceptionnel que les Forces armées canadiennes accomplissent au nom des Canadiens, ici et à l'étranger. Les militaires canadiens sont déployés aux quatre coins du monde pour offrir leur aide durant les crises régionales, pour participer à des exercices internationaux et bien plus encore. Ils sont également déployés ici, au pays, pour aider les Canadiens, comme nous l'avons vu dans certains incidents en particulier.
Comme le et bon nombre de mes collègues l'ont déjà dit, il est de notre devoir de soutenir les courageux militaires canadiens. Ils accomplissent un travail essentiel pour assurer la sécurité des Canadiens, et il nous incombe de créer un milieu de travail professionnel et sûr pour eux afin qu'ils puissent s'épanouir pleinement. Voilà en quoi consiste le projet de loi , qui propose de réformer le système de justice militaire pour le rendre plus transparent, de manière à répondre efficacement aux besoins des militaires.
Au cours des dernières années, le ministère de la Défense nationale a reçu différents rapports et résultats d'examens externes, notamment l'examen externe indépendant et complet et le troisième examen indépendant de la Loi sur la défense nationale, menés respectivement par les anciens juges de la Cour suprême Louise Arbour et Morris Fish. Ces rapports mettent en lumière l'urgence de réformer et de moderniser les Forces armées canadiennes pour que toute forme d'inconduite devienne chose du passé. Il s'agit de rétablir la confiance envers nos institutions et de prouver aux membres des forces armées que lorsqu'ils dénoncent des situations d'inconduite en milieu de travail, leurs préoccupations seront prises au sérieux.
Avant de m'attarder aux vastes efforts entrepris pour changer la culture au sein de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, j'aimerais énoncer ce que le projet de loi propose de modifier. Les modifications à la Loi sur la défense nationale qui sont proposées visent: premièrement, à modifier le processus de nomination du grand prévôt des Forces canadiennes, du directeur des poursuites militaires et du directeur du service d'avocats de la défense; deuxièmement, à élargir le groupe de personnes admissibles à une nomination comme juge militaire afin d'y inclure les militaires du rang; troisièmement, à confirmer que l'exercice par le juge-avocat général de son autorité sur tout ce qui touche à l'administration de la justice militaire s'effectue dans le respect de l'indépendance des autorités du système de justice militaire; quatrièmement, à élargir le groupe de personnes pouvant déposer une plainte pour ingérence et à prévoir que les policiers militaires ou quiconque exerce des fonctions de nature policière sous la direction du grand prévôt des Forces canadiennes sont tenus de déposer une telle plainte dans certaines circonstances; et cinquièmement, à remplacer le titre du grand prévôt des Forces canadiennes par « grand prévôt général » pour l'harmoniser aux autres désignations supérieures au sein des Forces armées canadiennes, comme le médecin général, l'aumônier général et le juge-avocat général.
[Français]
Les amendements proposés par ce projet de loi visent à réformer le système de justice militaire afin qu'il soit plus transparent et qu'il réponde mieux aux besoins de nos citoyens et nos citoyennes. Cependant, ces changements cruciaux au plan institutionnel ne représentent qu'une part de nos efforts.
La Défense nationale est confrontée aux réalités et aux expériences difficiles vécues par nos militaires et nos civils, dont les personnes qui ont été visées par des écarts de conduite, du harcèlement et des crimes de nature sexuelle. Le a ainsi commencé à prendre des mesures importantes pour prévenir ce problème et y trouver des pistes de solutions.
[Traduction]
L'un des principaux exemples de nos efforts est la création du Centre de soutien et de ressources sur l'inconduite sexuelle. Ce centre constitue une avancée majeure dans l'offre de soutien aux membres. Le centre et ses ressources sont à la disposition des membres actuels et anciens de l'équipe de la Défense, des cadets, des Rangers juniors canadiens âgés de 16 ans et plus, ainsi que des membres de la famille de la communauté de la défense. Nous sommes ainsi en mesure d'apporter un soutien réel à toutes les personnes touchées.
En 2021, nous avons également redoublé d'efforts avec la création du poste de chef de la conduite professionnelle et de la culture.
[Français]
Cette personne est chargée: d'élaborer des politiques et des programmes visant à remédier aux fautes systémiques; d'améliorer le mécanisme de suivi pour le signalement des fautes professionnelles; et de diriger les efforts visant à élaborer un cadre de conduite et une culture professionnelle qui s'attaquent à la discrimination et aux comportements préjudiciables, aux préjugés et aux obstacles systémiques.
Les démarches que nous entreprenons pour répondre aux 48 recommandations de la juge Arbour et celles des autres rapports permettront aux générations futures des Forces d'avoir accès à plus de ressources et à un environnement de travail sain et respectueux. Cependant, nous savons qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir. Le projet de loi n'est que la première étape.
J'aimerais maintenant parler des efforts qu'entreprend la Défense nationale.
[Traduction]
Pour fournir un contexte et planter le décor, nous devons commencer par le rapport de la juge Arbour, intitulé « Rapport de l'examen externe indépendant et complet », également connu sous le nom de rapport Arbour. En avril 2021, la juge Arbour a lancé un examen exhaustif des cas de harcèlement et d'inconduite sexuelle au sein du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Cet examen exhaustif a duré plus de 12 mois. La juge Arbour a soigneusement examiné l'ensemble des politiques, des procédures, des programmes et des pratiques ainsi que la culture au sein de la Défense nationale et du système de justice militaire. Le rapport final comprenait 48 recommandations, dont 17 pouvaient être mises en œuvre immédiatement. L'ancienne ministre de la Défense nationale a accepté les 48 recommandations le 30 mai 2022.
J'aimerais me pencher sur deux grandes recommandations de la juge Arbour et parler des progrès que nous avons accomplis jusqu'à présent à leur égard.
La recommandation no 11 porte sur l'abolition des règlements liés à l'obligation de signaler. La juge Arbour a constaté que ces règlements privaient les survivants de leur capacité d'agir et de leur contrôle dans le processus de signalement, ce qui pouvait faire en sorte que les personnes qu'ils étaient censés protéger soient de nouveau victimes. L'obligation de signaler a été abolie en date du 30 juin 2024, et nous continuons à travailler avec les dirigeants pour nous assurer que nous accordons la priorité à la confiance et à la sécurité dans les cas de signalement, ainsi qu'à l'autonomie et aux choix des victimes, des survivants et des personnes touchées.
La recommandation 48 demande au ministre de la Défense nationale de nommer un contrôleur externe pour superviser la mise en œuvre des recommandations émanant du Rapport de l'examen externe indépendant et complet du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Nous avons agi rapidement à cet égard. La ministre de l'époque a nommé Mme Jocelyne Therrien au poste de contrôleuse externe, qui fournit des rapports d'étape mensuels au ministre de la Défense nationale sur la mise en œuvre des recommandations du rapport.
Il est évident que le gouvernement travaille avec diligence pour faire progresser de manière tangible les recommandations en question, mais nous savons qu'il reste encore beaucoup à faire. Essentiellement, le projet de loi vise à protéger, à soutenir et à responsabiliser nos concitoyens. Nous savons que les membres des forces armées et leur famille sont là pour nous, et il est de notre responsabilité d'être là pour eux. En tant que partisane des Forces armées canadiennes, je suis fière de voir les investissements que fait le gouvernement pour défendre nos concitoyens, tant sous la forme de nouveaux engagements financiers que de nos engagements à l'égard d'un changement de culture durable.
Je tiens à préciser que le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes sont toujours résolus à donner suite aux recommandations des anciens juges de la Cour suprême Arbour et Fish. Le projet de loi nous aidera à mettre en œuvre certaines des recommandations des anciens juges Arbour et Fish pour que les militaires canadiens disposent d'un environnement de travail sûr et professionnel pour accomplir les tâches difficiles qui les attendent.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de Moose Jaw—Lake Centre—Lanigan.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi sur la modernisation du système de justice militaire.
D'emblée, je tiens à préciser que j'appuie l'intention qui sous-tend le projet de loi. Ce dernier vise à rendre le système de justice militaire plus équitable, à mieux protéger les victimes et à accroître la reddition de comptes. Ce sont des objectifs importants. Je crois que tous les députés, en particulier les conservateurs, s'entendent pour dire que la justice et l'équité doivent faire partie de tout ce que nous faisons, y compris la façon dont nous dirigeons les Forces armées canadiennes.
Cela dit, nous avons également le devoir de poser les questions difficiles pour nous assurer qu'en réglant un problème donné, nous ne sommes pas en train d'en créer de nouveaux ailleurs. Je tiens à soulever quelques préoccupations. Il ne s'agit pas d'attaques politiques, mais d'honnêtes préoccupations à savoir comment cela fonctionnera dans le monde réel, avec des conséquences réelles pour les hommes et les femmes en uniforme.
L'un des principaux changements que prévoit le projet de loi est que les infractions sexuelles commises au Canada seraient dorénavant traitées par les cours civiles plutôt qu'au sein de l'appareil militaire. Sur papier, c'est logique. Nous voulons que les victimes sentent qu'elles peuvent signaler un incident sans danger, et les cours civiles ont de l'expérience dans le traitement de ces affaires. Cela pourrait produire de meilleurs résultats pour les victimes.
Une question se pose toutefois: que se passe-t-il lorsqu'un problème de ce genre se produit à l'étranger pendant un déploiement ou une mission? Les militaires canadiens sont déployés partout dans le monde dans le cadre de missions de maintien de la paix et de formation et parfois dans des zones de combat. Dans bon nombre de ces endroits, on n'a pas accès à des autorités policières civiles ni à des tribunaux civils.
Si certaines infractions ne relèvent pas de la compétence des forces armées, qui s'occuperait de ces cas lorsqu'ils se produisent à l'étranger? Le projet de loi laisse entendre que ces cas relèveraient de la Loi sur la défense nationale et seraient traités en vertu du code de discipline militaire. Autrement dit, ce sont les militaires qui s'en occuperaient. Si la justice militaire ne convient pas au Canada, comment peut-elle convenir à l'étranger? Les victimes auraient-elles l'impression que justice a été rendue si elle est rendue par un système qui n'est pas considéré comme assez bon à la maison? Il faut s'attaquer à ce problème.
Deuxièmement, il faut penser au pouvoir de commandement. La discipline militaire est différente de la vie civile. Le système de justice militaire existe pour maintenir l'ordre, le moral et l'efficacité opérationnelle. Il donne aux commandants les outils nécessaires pour agir rapidement et fermement. Ce projet de loi risque d'enlever trop de contrôle aux commandants. Si les dossiers doivent passer par un long processus civil sans chaîne de responsabilité claire, notre capacité d'agir rapidement dans des situations critiques est compromise. Les commandants ne devraient pas avoir un pouvoir illimité, mais ils doivent prendre part au processus, surtout pendant les missions actives. Veillons à ne pas affaiblir leur capacité de diriger et de protéger leurs troupes.
Le troisième point concerne l'indépendance par rapport à la bureaucratie. Le projet de loi donnerait plus d'indépendance à des fonctions telles que celles de grand prévôt et de directeur des poursuites militaires. En théorie, cela favorise l'équité et l'impartialité. Cependant, nous devons veiller à ne pas créer un système tellement empêtré dans la bureaucratie qu'il en devient lent, voire politisé. Les soldats méritent un système judiciaire efficace, ciblé et adapté, et non un système enlisé dans les formalités administratives.
Le quatrième point concerne la communication entre les systèmes. Voici un exemple concret dont j'ai récemment entendu parler. L'année dernière, un incident grave à caractère sexuel s'est produit dans un camp militaire. Il a été immédiatement signalé par l'armée aux autorités civiles, et la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, a pris l'affaire en main, exactement comme le prévoit le projet de loi. Cependant, une fois que la GRC a pris possession du dossier, elle n'a plus communiqué avec l'armée. Ne sachant pas quelles restrictions devaient être transmises le long de la chaîne de commandement, l'armée a renvoyé la victime et l'accusé chez eux dans le même autobus. Cela ne devrait jamais se produire. Le problème, ici, n'est pas sur le plan des valeurs; c'est le processus qui est déficient.
Ce projet de loi ne prévoit aucun mécanisme officiel de communication entre la GRC et l'armée. Sans un tel mécanisme, ce genre de situation risque de se reproduire encore et encore. Si nous voulons transférer des dossiers aux tribunaux civils, il faut établir une communication claire à chaque étape du processus. L'armée continue d'avoir à gérer les militaires concernés tant qu'ils sont en service et à protéger à la fois les droits des accusés et la sécurité des autres.
Enfin, nous ne pouvons pas adopter le projet de loi puis l'oublier. Nous devons continuer de le surveiller pendant qu'il est mis en œuvre. Cela signifie une surveillance, des examens périodiques et des discussions honnêtes sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Pendant que nous transformons ainsi le système de justice militaire en un système de justice civil, nous oublions qu'il répond aux besoins d'un environnement unique et soumis à de fortes pressions, et nous risquons de l'affaiblir. Si nous affaiblissons la justice militaire, nous affaiblissons notre capacité à maintenir l'ordre, à protéger les victimes et à défendre le Canada.
Je termine en disant que j'appuie les objectifs du projet de loi . J'appuie la protection des victimes. Je veux que la justice soit équitable et que les gens la perçoivent comme telle. Cependant, nous devons réfléchir attentivement aux conséquences réelles de ces changements. Que se passe-t-il si les infractions sont commises à l'étranger? Que se passe-t-il si les canaux de communication sont rompus? Que se passe-t-il si les forces armées perdent leur capacité d'agir rapidement au moment où cela compte le plus?
Ce ne sont pas des hypothèses, mais des questions réelles qui touchent la vie des membres des Forces armées canadiennes et celle de leurs familles. Adoptons le projet de loi, mais faisons-le en connaissance de cause. Renforçons la justice militaire, ne la ralentissons pas. Protégeons les victimes et protégeons la discipline. Nous pouvons faire les deux, et c'est ce que nous devons faire.