propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, avant de commencer, je tiens à souligner que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anishinabe.
C'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui en tant que ministre des Relations Couronne-Autochtones pour lancer le débat sur mon premier projet de loi, la Loi concernant le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes. C'est avec le soutien et les conseils de partenaires signataires de traités modernes et de partenaires autonomes que je présente cet important projet de loi, car il conduirait à un avenir meilleur et plus prospère pour les partenaires signataires de traités modernes et tout le monde au Canada.
Les partenaires signataires de traités modernes de tout le pays sont d'ardents défenseurs de ce projet de loi. Depuis que je suis ministre, on me répète constamment qu'ils souhaitent son adoption rapide. Je tiens à remercier et à saluer les partenaires signataires de traités modernes et les partenaires autonomes de tout le pays qui ont guidé l'élaboration de ce projet de loi. Leur vision est ancrée dans ses fondements. En travaillant ensemble, nous réalisons des progrès notables sur la voie commune de la réconciliation.
Une représentante de la Première Nation de Tsawwassen a déclaré que le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes contribuerait à garantir que les gouvernements soient systématiquement tenus de rendre des comptes, non seulement en paroles, mais aussi en actes.
[Français]
Cette vision d'un Canada meilleur nous permettra d'être un meilleur partenaire de traité. Le travail accompli est considérable et, avec ce soutien, nous sommes en train de transformer notre société pour les générations futures.
[Traduction]
Masì cho pour leur soutien aux coprésidents de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, j'ai nommé la présidente de la nation nisga'a, Eva Clayton, et le président de la Nunavut Tunngavik Incorporated, Jeremy Tunraluk. Nous leurs sommes particulièrement reconnaissants des conseils qu'ils nous ont fournis lorsque nous avons dialogué avec le gouvernement tlicho, la nation tla'amin, la Première Nation dakota de Whitecap, le conseil du traité des Maa-nulth et le Grand Conseil des Cris. J'espère qu'ils continueront de nous appuyer alors que nous nous efforçons de faire progresser ce projet de loi jusqu'à la sanction royale.
Depuis plus de 20 ans, les partenaires des traités modernes réclament un mécanisme de surveillance indépendant pour obliger le gouvernement fédéral à respecter ses engagements dans le cadre des traités modernes.
[Français]
Ce projet de loi concerne la responsabilité, la confiance et le respect de nos promesses comme gouvernement. Aujourd'hui, nous avons l'occasion de répondre à ces appels et de créer une base solide pour notre travail commun et continu afin de pouvoir relever les défis auxquels sont confrontés les partenaires des traités modernes partout au Canada.
[Traduction]
Depuis un demi-siècle, les traités modernes jouent un rôle fondamental dans la réconciliation et le partage de la prospérité économique avec les peuples autochtones. Ma perspective en tant que ministre est façonnée par mon expérience à titre de députée des Territoires du Nord-Ouest. Je sais d'expérience que des progrès sont possibles quand il y a un véritable partenariat et des efforts honnêtes. Pour cela, un profond respect et une grande fiabilité sont nécessaires. Il faut donc travailler sans relâche pour gagner et conserver la confiance des peuples autochtones. C'est un combat que nous devons continuer à mener tous les jours.
Au cours des dernières années, nous avons réalisé des progrès importants dans l'élaboration conjointe d'outils visant à améliorer la mise en œuvre des traités modernes d'une manière qui reflète l'essence de notre partenariat.
En 2023, nous avons lancé la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes du Canada. Nous avons élaboré cette politique en collaboration avec des partenaires signataires de traités modernes afin de soutenir la mise en œuvre complète, efficace et rapide de tous les traités modernes au Canada.
[Français]
Nous avons conjointement élaboré cet important projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui. Le projet de loi permettra la nomination d'un agent indépendant du Parlement responsable de veiller à la responsabilité du gouvernement quant au respect de ses engagements, obligations et relations découlant des traités modernes.
[Traduction]
Nous avons constaté les excellents résultats que les traités modernes peuvent entraîner. La nation nisga'a, le premier partenaire d'un traité moderne de la Colombie‑Britannique, organise ses élections dans le respect de sa propre constitution. Cette communauté connaît un essor économique fulgurant, et elle vient tout juste de s'associer à un projet d'envergure à l'étude dans le cadre de la Loi visant à bâtir le Canada.
[Français]
Quand ils sont mis en œuvre de manière efficace, les traités modernes sont des moteurs de prospérité économique et peuvent contribuer à construire un Canada fort. Ils appuient la prise de décisions et la gestion des terres et favorisent une collaboration plus étroite entre la Couronne et les Autochtones dans le cadre de projets de développement économique.
[Traduction]
Dans mon propre territoire, le gouvernement tlicho a investi dans une route quatre saisons pour relier les communautés éloignées. Ce développement des infrastructures aide les membres de la communauté à accéder aux services de santé et à l'éducation et favorise la croissance des entreprises locales.
Nous avons un autre exemple avec l'office gwich'in des ressources renouvelables. Celui-ci favorise l'utilisation durable des terres et des ressources tout en préservant les pratiques traditionnelles. Il joue un rôle de premier plan afin que les poissons, les forêts et la faune de la région des Gwich'in demeurent sains et viables. Son mandat consiste à travailler dans l'intérêt public et à représenter toutes les parties selon leur traité moderne.
J'entrevois de l'espoir et une promesse dans ce projet de loi, mais je sais que le processus de la négociation d'un traité moderne est difficile. En fait, dans bien des cas, il peut prendre des décennies. Dans le cas de la nation nisga'a, il a fallu plus d'un siècle de militantisme et près de 20 ans de négociations officielles avec la Couronne. Il s'agit d'investissements majeurs en temps et en efforts qui soulignent à quel point il est important que le Canada respecte les engagements qu'il a pris dans les traités modernes.
[Français]
Au Canada, les traités modernes évoluent constamment à mesure que les lois et les politiques changent. Il est clair qu'ils ont le potentiel réel de favoriser le progrès social, culturel et économique, tant pour les partenaires autochtones que pour les Canadiens.
Comme je le mentionnais, j'ai vu comment on peut réaliser des progrès quand il y a de vrais partenariats et des efforts honnêtes, et je crois que c'est aussi vrai pour le développement économique.
[Traduction]
Nous vivons dans une période de plus en plus incertaine, dans un contexte de bouleversements économiques et d'instabilité mondiale grandissante. Des relations solides avec les partenaires des traités modernes s'avéreront essentielles pour bâtir un Canada fort. Les traités modernes couvrent plus de 40 % du territoire canadien, dont 80 % du Nord. Ainsi, une grande partie de la richesse en ressources du Canada se trouve sur ou sous des terres régies par des partenaires de traités modernes.
[Français]
La seule façon dont nous pouvons avancer dans les projets et le développement sur ces terres est de le faire en collaboration avec les partenaires des traités modernes, et conformément à nos obligations constitutionnelles. Les partenaires autochtones ont démontré qu'ils sont capables de collaborer avec le Canada et de le guider pour stimuler le développement économique, et qu'ils sont prêts à le faire.
[Traduction]
Nous voulons bâtir un Canada fort. Pour cela, il faut respecter les engagements et les obligations que nous avons contractés dans les traités modernes. Il nous faut une économie qui inclut le leadership autochtone et qui profite à tout le monde. Une mise en œuvre efficace des traités modernes constitue un élément clé de cette démarche, et le commissaire la favoriserait. Une meilleure mise en œuvre des traités modernes contribuerait grandement à ce que les communautés autochtones puissent participer à la croissance économique. Elle contribuerait également à ce que les partenaires autochtones dans le Nord soient bien placés pour participer à la sécurité dans l'Arctique, alors que nous cherchons à renforcer nos capacités de défense nationale dans un monde en constante évolution.
Le gouvernement est déterminé à respecter l'esprit et l'objet des traités modernes. Il souhaite respecter ses engagements et ses responsabilités et promouvoir nos objectifs communs. Ce projet de loi incarne l'importance de nos relations uniques fondées sur les traités modernes.
[Français]
La nomination d'un commissaire responsable de la mise en œuvre des traités modernes assurera que le gouvernement et les gouvernements futurs sont tenus responsables de la mise en œuvre des traités modernes. Cela s'inscrit dans le cadre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et du plan d'action que notre gouvernement s'est engagé à mettre en œuvre en partenariat avec les peuples autochtones.
[Traduction]
J'aimerais prendre un moment pour parler un peu de ce que sont les traités modernes et du travail que fait le gouvernement pour soutenir les peuples autochtones qui s'engagent dans cette voie.
À partir de 1975, le Canada a signé ce que l'on appelle des « traités modernes » avec des titulaires de droits inuits, métis et des Premières Nations. Ces ententes incluent aussi souvent les provinces et les territoires. Elles définissent les relations, les objectifs et les obligations et responsabilités particulières que leurs signataires doivent atteindre et réaliser. Il peut s'agir de droits et d'avantages liés à la propriété de terres, à l'autonomie gouvernementale ou à l'emploi, pour ne donner que quelques exemples.
[Français]
La période des traités modernes a débuté après l'affaire Calder, menée par la nation nisga'a, dans une décision de la Cour suprême du Canada qui reconnaissait pour la première fois l'existence du titre ancestral. Cette décision historique a ouvert le chemin à des traités modernes, reconnaissant le droit inhérent des peuples autochtones à leurs terres.
[Traduction]
Au même moment, au Québec, un autre groupe contestait les actions de la Couronne. C'est là qu'a été négocié le premier traité moderne, la Convention de la Baie James et du Nord québécois, signée en 1975. La Convention de la Baie James et du Nord québécois a marqué un tournant dans les relations entre la Couronne et les Autochtones, jetant les bases de nombreux traités modernes qui ont suivi.
[Français]
Nous savons que les traités modernes peuvent apporter plein d'avantages économiques aux communautés et encourager la participation des Autochtones à l'économie canadienne. Ils peuvent aussi favoriser leur autonomie et leur bien-être sur les plans social, culturel et politique.
[Traduction]
Des études ont montré que les communautés autochtones qui signent des traités modernes bénéficient d'une amélioration de leur situation socioéconomique, notamment une augmentation du revenu annuel moyen, une réduction des inégalités de revenus et un niveau de scolarité plus élevé.
Aujourd'hui, il existe au Canada 27 traités modernes couvrant plus de 90 communautés. En tant que partenaire dans ces traités modernes, le Canada a fait des progrès dans le respect de ses engagements, mais nous reconnaissons qu'il reste encore beaucoup à faire.
Depuis plus de 20 ans, les partenaires des traités modernes réclament une surveillance accrue afin que le gouvernement fédéral rende compte de ses obligations découlant des traités modernes. Cela comprend notamment des appels à élaborer une politique fédérale de mise en œuvre. L'une des principales raisons d'être de cette politique est de remédier au manque général de sensibilisation, de compréhension et d'action de la part du gouvernement fédéral en ce qui concerne les relations, les objectifs et les obligations découlant des traités modernes. Voilà pourquoi, en février 2023, le gouvernement du Canada a fait un pas en avant en lançant sa politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes.
[Français]
La politique guide les ministères fédéraux dans l'accomplissement de leurs obligations découlant des traités modernes, la promotion des objectifs des traités et le renforcement des relations intergouvernementales. Il s'agit de promouvoir la sensibilisation, la compréhension et l'action afin de remédier à l'héritage colonial et de transformer la culture et le processus fédéraux.
[Traduction]
Dans le cadre de cette politique, le forum intergouvernemental des dirigeants a été créé en 2023, offrant ainsi au premier ministre, aux ministres fédéraux et aux dirigeants des signataires de traités modernes et des gouvernements autochtones autonomes l'occasion de se réunir et de collaborer sur des priorités communes. Peu après l'entrée en vigueur de la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes, le gouvernement et ses partenaires signataires de traités modernes ont commencé à prendre des mesures pour créer le mécanisme de surveillance. Nous avons atteint cet objectif en proposant la création du poste de commissaire chargé de la mise en œuvre des traités modernes.
[Français]
Une des principales réussites de ce projet de loi, c'est qu'il a été élaboré avec les partenaires autochtones qui seront les plus touchés par son adoption.
[Traduction]
Maintenant que j'ai expliqué comment ce projet de loi a été élaboré conjointement, j'aimerais profiter de l'occasion pour discuter du rôle plus large que jouerait le commissaire en tant que mandataire du Parlement.
[Français]
Les agents du Parlement sont indépendants du gouvernement. Ils sont directement responsables devant les Présidents des deux Chambres du Parlement et sont les piliers fondamentaux de notre démocratie.
En ce moment, il n'y a pas d'agent du Parlement qui s'occupe de promouvoir et de maintenir nos relations avec les peuples autochtones, qui sont à la base du Canada.
[Traduction]
En tant que mandataire du Parlement, le commissaire nous donnerait l'occasion unique de créer une institution parlementaire axée uniquement sur les traités modernes. Le commissaire nous aiderait à faire du Canada un meilleur partenaire en indiquant les domaines où nous pouvons en faire plus pour régler les problèmes persistants et structurels liés à la mise en œuvre des traités modernes. Créer le poste de ce mandataire du Parlement représenterait un grand pas vers un avenir où les partenaires autochtones pourront avoir l'assurance que le Canada respectera ses engagements relatifs aux traités modernes.
[Français]
Cela est particulièrement important si on considère les emplacements stratégiques de nos partenaires du traité, les objectifs du Canada pour construire une nation plus forte et l'importance vitale de relations solides pour notre réussite commune.
Les partenaires modernes du traité sont vraiment nos partenaires dans la Confédération.
[Traduction]
Parmi ses principaux rôles et responsabilités, le commissaire assurerait une surveillance indépendante et spécialisée de toute activité du gouvernement liée à la mise en œuvre des traités modernes. Il viserait à assurer la mise en œuvre rapide et efficace des traités modernes. Il ferait rapport au Parlement pour obliger le gouvernement à respecter ses obligations au titre des traités modernes. Il exécuterait son mandat de façon indépendante, objective et impartiale et aurait une connaissance approfondie des traités modernes. Il aurait le pouvoir d'exiger que les ministères fournissent les renseignements nécessaires à l'exécution de son mandat. Enfin, il s'engagerait à respecter l'esprit et l'objet des accords.
[Français]
En bref, le commissaire doit veiller à ce que le gouvernement respecte ses engagements dans les traités modernes et, surtout, dans les relations de nation à nation, entre la Couronne et les Inuits, et de gouvernement à gouvernement qu'ils soutiennent.
[Traduction]
Je terminerai mon allocution par quelques réflexions sur ce que cette loi signifie pour l'objectif plus large de faire progresser la réconciliation.
Les gouvernements successifs ont continué de conclure des traités modernes avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis afin d'orienter nos relations et de protéger et promouvoir leur culture, leur identité et leur prospérité future. Nous sommes engagés dans un processus commun de réconciliation.
[Français]
Nous avons compris que la réduction de l'incertitude et l'établissement de partenariats forts avec les peuples autochtones peuvent contribuer à bâtir un Canada plus fort, juste et prospère.
Nous comprenons que le Canada a besoin de traités modernes pour se développer.
[Traduction]
En ces temps incertains, nous avons besoin de partenaires fiables. Nous savons que nous pouvons compter sur nos partenaires des traités modernes, et il faut qu'ils puissent compter sur nous. Les partenaires des traités modernes stimulent déjà l'innovation, l'investissement et le développement à une échelle qui profite non seulement à leurs communautés, mais à tout le Canada. Ils le font même si le Canada ne leur a pas toujours facilité la tâche et n'a pas toujours tenu ses promesses.
Si ce genre de succès peut se produire malgré les problèmes persistants et les inefficacités dans la mise en œuvre des traités, je demande à mes collègues de la Chambre d'imaginer ce que nous pourrions accomplir ensemble si nous étions en mesure de lever ces obstacles. Que pourrions-nous accomplir ensemble si ces traités étaient mis en œuvre efficacement et intégralement? Il est temps pour nous d'agir et de le découvrir. Cela signifie tenir nos engagements à respecter les droits inhérents des Autochtones, tenir nos engagements à faire progresser la réconciliation et adopter le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui.
[Français]
Encore une fois, je tiens à remercier les partenaires du traité moderne qui ont défendu leurs droits et travaillé sans relâche à l'élaboration conjointe de cette mesure législative.
[Traduction]
Le cheminement que nous avons entrepris ensemble montre ce qu'il est possible de réaliser quand la confiance, la crédibilité, la créativité, l'innovation et la collaboration guident le processus de développement conjoint. Nous sommes à l'écoute et nous travaillons à remplir toutes nos obligations découlant des traités modernes dans un esprit de réconciliation et dans l'espoir d'un avenir meilleur pour nous tous.
Adoptons le projet de loi dans les plus brefs délais.
Marsi. Meegwetch. Mahsi cho.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet d'une question qui va bien au-delà du fondement de notre pays: la relation entre la Couronne et les peuples autochtones. Cette relation n'est pas qu'une simple affaire d'histoire; c'est une affaire d'honneur. Ce n'est pas en proférant des paroles ou en créant de nouveaux bureaux qu'on la renforce, mais en agissant. Elle se mesure non pas au nombre de nouvelles bureaucraties que nous créons, mais aux engagements que nous respectons et aux promesses que nous tenons.
Depuis des décennies, les gouvernements parlent de réconciliation. Cependant, la réconciliation sans reddition de comptes demeure une promesse brisée. Le projet de loi du gouvernement libéral, Loi concernant le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes, ne fait que camoufler les promesses non tenues que ce gouvernement a faites aux peuples autochtones pendant une dizaine d'années. Le nouveau commissariat aux traités ne nous dirait rien de plus que ce que le Bureau du vérificateur général et de nombreux dirigeants autochtones nous ont déjà dit, à savoir que le gouvernement va d'échec en échec.
Je tiens à parler ouvertement de l'état d'avancement de la mise en œuvre des traités modernes au Canada, des progrès réalisés, des échecs continuels et de la façon dont nous pouvons corriger le système sans créer une autre bureaucratie coûteuse que les contribuables peuvent difficilement se permettre. Cependant, avant de discuter de la mise en œuvre, il est important de définir ce que nous entendons par traités modernes et traités d'autonomie gouvernementale.
Un traité moderne est un accord sur les revendications territoriales globales négocié entre une Première Nation, un groupe inuit ou métis et la Couronne. Autrement dit, le gouvernement fédéral, et parfois les gouvernements provinciaux, règle les questions touchant les droits ancestraux et les revendications territoriales. Le but d'un traité moderne est de résoudre des différends qui perdurent sur les droits de propriété des terres, sur les droits relatifs aux ressources et sur la gouvernance dans un territoire défini. La portée d'un traité moderne peut englober les terres, les ressources, l'indemnisation financière et les droits de gouvernance. Ces traités comprennent souvent des dispositions sur l'autonomie gouvernementale. Cependant, tous les traités modernes ne sont pas des ententes d'autonomie gouvernementale intégrale. Une fois mis en œuvre, les traités modernes sont exécutoires en vertu des lois fédérales. Ils remplacent ou précisent généralement les droits conférés par les traités historiques.
Un traité d'autonomie gouvernementale est une entente, qui fait souvent partie d'un traité moderne, dont le but est de reconnaître un gouvernement autochtone en lui conférant expressément le pouvoir de légiférer dans des champs de compétence semblables à ceux d'un gouvernement provincial ou d'une administration municipale. Il vise à accorder aux groupes autochtones le droit de se gouverner eux-mêmes en leur donnant, entre autres choses, le contrôle sur l'éducation, les soins de santé, la culture et les services locaux. Sa portée est centrée sur l'autorité politique et les pouvoirs administratifs, et non uniquement sur les terres et les ressources. Sur le plan juridique, les dispositions relatives à l'autonomie gouvernementale sont exécutoires et appliquées en vertu des lois fédérales. Elles peuvent se trouver dans un traité moderne ou dans une entente distincte sur l'autonomie gouvernementale.
Il est essentiel de comprendre ces distinctions. La mise en œuvre n'a pas pour objet de créer de nouveaux bureaux ou une nouvelle bureaucratie, mais plutôt de faire en sorte que la Couronne et ses ministères respectent le fondement juridique déjà établi dans ces ententes. Je dois souligner que la récente entente sur l'autonomie gouvernementale conclue avec la nation dakota de Whitecap, qui a été adoptée avec l'appui des conservateurs en 2023, n'est pas un traité moderne complet. Des questions restent à régler, et je crois comprendre que le gouvernement poursuit les négociations à ces égards.
Je me demande précisément comment un futur commissaire à la mise en œuvre des traités modernes arriverait comme par magie à inciter le gouvernement à le faire. Certes, on peut nommer et blâmer des personnes, mais les ministres peuvent faire cela eux-mêmes. Chaque ministre peut tenir son ministère responsable de ses échecs. Cela vaudrait mieux que de créer plus de bureaucratie.
Nous savons que c'est possible. En fait, les conservateurs, sous la direction du premier ministre Harper, ont signé cinq traités modernes en six ans. En plus de 10 ans, les libéraux n'en ont négocié aucun. Ces cinq traités modernes sont les suivants: l'accord sur les revendications territoriales et l'autonomie gouvernementale du peuple tlicho, en 2006; l'accord définitif concernant les Premières Nations maanulthes, en 2009; l'accord définitif concernant la Première Nation de Tsawwassen, en 2009; l'accord de gouvernance de la nation dakota de Sioux Valley, en 2013; et l'accord définitif sur l'autonomie gouvernementale de Deline, en 2015.
Ne nous leurrons pas. Je l'ai déjà dit et je vais le répéter. Les conservateurs appuient les traités modernes. Nous soutenons les collectivités autochtones qui veulent s'affranchir de cette loi paternaliste et archaïque qu'est la Loi sur les Indiens. Cependant, nous dénonçons l'hypothèse erronée selon laquelle la dépense de plus de deniers publics compense l'absence de responsabilisation au sein de la bureaucratie gouvernementale.
Qui a été congédié? Quelqu'un a-t-il été congédié pour ne pas avoir respecté un accord signé par le gouvernement? Des ministères ont-ils procédé à une réorganisation par suite de l'incapacité du gouvernement à respecter ses traités? Je n'ai rien entendu à ce sujet aujourd'hui dans un discours.
Comment la gère-t-elle cette situation à l'interne? Je sais qu'elle est nouvelle dans ses fonctions. Je comprends qu'elle a été élue il y a seulement quelques mois, mais la question demeure: comment un rapport du nouveau commissaire va-t-il changer les choses, alors que des dizaines de rapports du Bureau du vérificateur général sur les manquements du gouvernement n'ont rien fait avancer?
Le Bureau du vérificateur général procède régulièrement à des vérifications des négociations de traités, des traités modernes, des ententes sur l'autonomie gouvernementale, de la mise en œuvre de ceux-ci et des droits fonciers issus de traités. Ces vérifications ont donné lieu, entre autres, au rapport de 2005 sur le respect par le gouvernement fédéral de ses obligations en matière de droits fonciers issus de traités, au rapport de 2006 intitulé « La participation du gouvernement fédéral au processus des traités de la Colombie‑Britannique — Affaires indiennes et du Nord Canada », au rapport détaillé intitulé « Vérification de la mise en œuvre des obligations relatives aux traités modernes » et au rapport de 2016 intitulé « La mise en œuvre de l’Accord sur les revendications territoriales des Inuit du Labrador ». Tout cela sans parler des 14 rapports du Bureau du vérificateur général produits depuis 2015 sur des questions concernant les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
Où sont ces rapports? Tous les ministères ont-ils donné suite aux préoccupations soulevées par le Bureau du vérificateur général? C'est pourquoi les dirigeants autochtones réclament cette loi. Oui, ils souhaitent plus de surveillance, c'est certain, mais nous pensons que le gouvernement est responsable de cette situation. Nous estimons que le gouvernement lui-même et les ministres eux-mêmes n'ont pas suffisamment poussé les bureaucrates des ministères à respecter ces traités modernes.
Tandis que les gouvernements continuent de faire fi des rapports et des vérifications du Bureau du vérificateur général et de ne pas écouter les partenaires des traités, la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes du Canada, adoptée en 2023, n'est toujours pas mise en œuvre. Que pourrait-on qualifier d'avancée positive étant donné que le gouvernement libéral est enlisé dans 70 négociations de traité et que, deux ans plus tard, il n'a rien mis en œuvre?
Voici un autre point crucial. La mise en œuvre ne concerne pas de nouvelles politiques, de nouveaux bureaux ou de nouveaux fonds alloués à des organismes. Il s'agit de savoir si les fonctionnaires actuels font leur travail, si les ministères existants rendent des comptes, si les lois en vigueur sont appliquées et si les engagements pris sont tenus.
Cependant, nous sommes ici aujourd'hui pour discuter d'un nouveau bureau, d'un commissaire à la mise en œuvre des traités modernes, d'un organisme bureaucratique doté de plusieurs millions de dollars destiné à surveiller la mise en œuvre et à en faire rapport, d'un bureau qui ne sera pas entièrement responsable devant le Parlement. Ce sont le commissaire, le gouvernement et les partenaires des traités qui décideront quand et comment les vérifications se feront, et non le Parlement. Les rapports seront déposés par le ministre quelques semaines après qu'il les aura reçus, mais le Parlement n'aura pas le pouvoir de demander des vérifications sur la manière dont le gouvernement gère la mise en œuvre des traités modernes.
En tout respect, ce n'est pas la bonne approche. Nous n'avons pas besoin de plus de bureaucrates. En fait, les libéraux devraient tirer des leçons de leurs erreurs passées. Entre 2015 et 2017, le gouvernement libéral a créé plusieurs bureaux et lancé des initiatives pour examiner les enjeux liés à la mise en œuvre des revendications territoriales: le bureau de mise en œuvre des traités modernes, le bureau d'évaluation des répercussions des traités modernes, le cadre de mesure du rendement, l'environnement de gestion des traités modernes, le comité de surveillance des sous-ministres et le secrétariat à la réconciliation.
Depuis la création de ces bureaux, comme je l'ai dit tout à l'heure, le gouvernement n'a établi aucun traité moderne. Il a créé six entités spécialement conçues pour surveiller, appuyer et assurer la mise en œuvre de ces traités, et nous devrions maintenant croire qu'il a enfin trouvé la solution magique qui réglera tous les problèmes.
Je le répète, nous devrions peut-être commencer par congédier ceux qui ne font pas leur travail, qui ne respectent pas les engagements que le gouvernement se doit de respecter. De nombreux rapports qui accumulent la poussière sur les tablettes. Pourquoi ne faisons-nous pas simplement ce que ces rapports nous recommandent? Les ministres et les fonctionnaires doivent assumer la responsabilité des obligations du gouvernement, qu'il s'agisse de traités modernes, de dispositions relatives à l'autonomie gouvernementale ou d'ententes historiques.
Depuis les années 1970, le Canada cherche à laisser derrière les traités numérotés en négociant des traités modernes, lesquels constituent des ententes sur les revendications territoriales globales qui établissent l'autonomie gouvernementale, définissent les droits et confirment la compétence. Aujourd'hui, plus de deux douzaines de traités modernes sont en vigueur au Canada, du Yukon et du Nunavut à la Colombie‑Britannique, au Québec et à Terre‑Neuve‑et‑Labrador. Ces ententes comptent parmi les modèles les plus perfectionnés de gouvernance autochtone au monde. Malgré cela, les circonstances sont toujours aussi inégales.
Certaines nations signataires de traités ont considérablement renforcé leur autonomie gouvernementale et accéléré leur développement économique. D'autres se heurtent sans cesse à des obstacles administratifs et sont obligées de négocier ou de plaider sans fin pour des droits qu'elles croyaient avoir acquis. Pour certains gouvernements autochtones, le cheminement de la mise en œuvre des traités est marqué par les retards et teinté de paternalisme. Les ministères interprètent les engagements pris dans les traités de façon incohérente, et les transferts financiers ne sont que trop souvent conçus pour préserver le contrôle fédéral au lieu d'encourager l'autonomie des nations autochtones. Les dirigeants surnomment maintenant ce cheminement « l'illusion de la mise en œuvre »: une apparence de progrès dépourvue de changements concrets. On célèbre la signature des traités, mais lorsque vient le temps de les mettre en œuvre, le gouvernement traîne les pieds.
Partout au Canada, des peuples autochtones et des partenaires signataires des traités attendent toujours que les engagements pris il y a plusieurs décennies soient respectés. La mise en œuvre demeure chaotique et constamment retardée. Les transferts fiscaux sont en retard ou incomplets. Les ministères se renvoient la faute comme on le ferait avec un dossier dont personne ne veut se charger. En 2024, la vérificatrice générale a de nouveau signalé que le système fédéral restait fragmenté, bureaucratique et non redevable. L'un des plus grands défis est qu'aucun ministère ou organisme n'assume l'entière responsabilité de veiller à ce que le Canada respecte ses obligations en vertu des traités. Les responsabilités sont réparties entre Services aux Autochtones Canada, Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Justice Canada et le Conseil du Trésor, pour n'en citer que quelques-uns.
Ce bordel bureaucratique signifie que lorsque les engagements ne sont pas respectés, personne n'est tenu responsable, que ce soit sur le plan politique, financier ou moral. Au lieu de demander des comptes aux responsables, le gouvernement propose de dépenser des millions pour créer un nouveau bureau chargé de superviser ce qui devrait déjà être fait. Combien de bureaux faut-il pour signaler au gouvernement qu'il manque à ses obligations? L'ajout d'un commissaire ne changera ni la culture ni les résultats. Pour ce faire, il faut faire appliquer les règles, faire assumer les responsabilités et préciser des attentes claires. Comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises dans mon intervention, beaucoup de ces éléments ont déjà été soulignés dans divers rapports déposés à la Chambre au cours des dernières décennies.
La décision rendue en 2024 par la Cour suprême dans l'affaire Restoule c Canada nous a brutalement rappelé ce qui est en jeu. Pendant près de 170 ans, la Couronne a manqué à ses obligations en vertu du Traité Robinson‑Huron en omettant de majorer les annuités comme promis. Selon la Cour suprême, il s'agit là d'une atteinte à l'honneur de la Couronne. Ce n'est pas un oubli, mais un abus de confiance. Pourtant, au lieu de veiller à ce que les ministères et les ministres s'acquittent simplement de leurs obligations, on parle maintenant de créer une nouvelle couche bureaucratique pour surveiller la mise en œuvre des traités. L'honneur de la Couronne ne se mesure pas au nombre de rapports bureaucratiques rédigés ou de nouveaux bureaux créés, mais en fonction des résultats sur le terrain, comme la construction de logements, l'accès à l'eau potable et la désignation des services de police autochtones comme services essentiels, ce qui avait été promis il y a des années par l'ancien premier ministre Trudeau, mais qui n'a toujours pas été fait. Les infrastructures tombent en ruine. Les dirigeants autochtones réclament de pouvoir assurer leur gouvernance et d'avoir accès à des débouchés économiques, et c'est le Canada qui n'a pas respecté ces obligations.
Nous avons mis en place un système qui célèbre la signature de ces traités, mais rien n'est fait pour garantir leur respect, malgré les rapports, malgré les données, malgré les études et malgré les discussions que nous avons sur le terrain avec les dirigeants autochtones eux-mêmes, qui réclament tout cela. Ce qui devrait changer, c'est que les ministres et les fonctionnaires devraient être tenus responsables de leurs obligations légales. La situation changera lorsque nous commencerons à licencier ceux qui ne font pas leur travail. Si un engagement pris dans le cadre d'un traité est retardé ou ignoré, quelqu'un doit être tenu responsable — non pas un bureau de la rue Wellington, mais le ministère lui-même, le ministre et les dirigeants qui ont signé ces accords.
Les services de sécurité et autres services de base restent inégaux. Comme je l'ai déjà mentionné, les services de police autochtones sont sous-financés, les logements sont insalubres et les catastrophes climatiques touchent de manière disproportionnée les communautés autochtones. Le Bureau du vérificateur général a abordé tous ces points. Il a également proposé des solutions pour y remédier. Le commissaire ne construirait pas des logements. Il n'embaucherait pas de policiers. Il ne garantirait pas l'accès à l'eau potable.
Ce qu'il faut, c'est la responsabilisation des dirigeants et une diligence opérationnelle. Les ministères doivent établir des priorités, les budgets doivent être dûment exécutés et les ministres doivent veiller au respect des lois existantes. C'est ainsi que l'on obtient des résultats. Ce n'est pas en ajoutant une couche supplémentaire de bureaucratie.
Souvent, les programmes fédéraux destinés à soutenir les communautés autochtones sont mal gérés. Des centaines d'entreprises non autochtones ont faussement déclaré avoir un statut autochtone pour décrocher des contrats. La surveillance est arrivée beaucoup trop tard. N'oubliez pas ArriveCAN. Un commissaire n'empêcherait pas la fraude; des contrôles ministériels adéquats, la reddition de comptes et l'application de la loi, eux, le feraient.
De même, le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause est souvent ignoré dans la pratique. Un processus de consultation n'a aucun sens s'il n'est pas accompagné de pouvoirs. Un commissaire ne peut pas donner aux ministères la volonté politique de respecter la souveraineté autochtone; seuls les dirigeants et la reddition de comptes le peuvent.
Ainsi, la solution est claire: les ministères doivent faire leur travail. Les pouvoirs, les responsabilités et les obligations existent déjà; il suffit de les faire appliquer. Les ministres doivent être tenus responsables. Si une obligation n'est pas remplie, ce n'est pas un problème bureaucratique; c'est un problème de leadership. Le Parlement doit veiller à ce qu'il y ait des conséquences.
Les gouvernements autochtones doivent être des partenaires dans la surveillance. Ils devraient directement tenir les ministères responsables, sans qu'il soit nécessaire de créer un autre bureau coûteux. Le rendement doit être mesurable. Le suivi, la production de rapports et l'application des règles peuvent être effectués à l'aide des systèmes existants — j'en ai déjà nommé plusieurs — si les fonctionnaires ont pour mandat d'agir plutôt que de rendre compte de leur inaction.
La réconciliation se mesure en résultats: la construction de logements, l'approvisionnement en eau potable, les services de police autochtones, les débouchés économiques et l'intégrité de nos ententes de nation à nation. Nous n'avons pas besoin d'un autre commissaire. Nous n'avons pas besoin de bureaucratie additionnelle. Nous n'avons pas besoin d'un autre bureau qui dépensera des millions de dollars provenant des contribuables alors que nous croulons déjà sous les déficits. Ce dont nous avons besoin, c'est que les ministres, les ministères et les fonctionnaires fassent simplement ce qu'ils sont légalement tenus de faire. Si nous honorons les traités, si nous obligeons les responsables à rendre des comptes et si nous exigeons des résultats, alors la réconciliation n'est pas seulement possible, elle est inévitable.
Agissons ici, à la Chambre, avec intégrité, détermination et honneur. Veillons à ce que chaque promesse soit tenue, non pas en alourdissant la bureaucratie, mais en ayant la discipline nécessaire pour faire notre travail.
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Monsieur le Président, à mon avis, le gouvernement fait aujourd'hui un pas important vers la réconciliation avec les Premières Nations.
Je voudrais d'abord, à titre posthume, rendre hommage à Jim Aldridge, un juriste éminent et un défenseur infatigable des droits issus des traités modernes, mais aussi un ami du Bloc québécois. Tout au long de sa carrière, Me Aldridge a contribué à façonner la compréhension juridique et politique des traités modernes, notamment par son travail auprès de la Land Claims Agreements Coalition, soit la coalition pour les traités modernes. Son engagement à bâtir un cadre équitable et respectueux pour les signataires de traités continue d'inspirer ce débat et éclaire le sens même du projet de loi dont nous discutons aujourd'hui. Son approche reposait sur une idée simple, mais profonde: un traité n'est pas un souvenir du passé; c'est une promesse vivante qui engage l'avenir.
Jim Aldridge croyait fermement que la mise en œuvre des traités devait être guidée par la transparence, la responsabilité et la coopération institutionnelle, à savoir les mêmes principes qui sous-tendent le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui. Son œuvre intellectuelle et juridique a contribué à tracer la voie vers ce dont nous discutons ici: un commissaire indépendant capable d'assurer le suivi des engagements du Canada et de rendre des comptes au Parlement comme aux peuples autochtones.
Ce débat porte l'empreinte de son héritage. Le concept des traités modernes est une voie d'avenir sur laquelle nous gagnerons énormément à nous engager. En effet, ce type d'entente a permis à plusieurs communautés autochtones de se développer et d'arriver avec une nouvelle façon de voir les relations entre les Premières Nations, les Inuits, les Métis et les gouvernements.
J'ai envie de parler du premier traité moderne, de celui qui a tracé la voie au Québec: la Convention de la Baie‑James et du Nord québécois, signée en 1975. Cela faisait suite à la décision de la Cour suprême en 1973 qui, dans l'affaire Calder, a reconnu pour la première fois que le concept de titre foncier autochtone existait en droit canadien. Les droits ancestraux des Premières Nations, des Inuits et des Métis étaient donc reconnus pour la première fois.
La Convention de la Baie‑James et du Nord québécois a été, pour plusieurs, le premier traité moderne à avoir été signé. La route vers ce traité n'a pas été de tout repos, mais il aura permis de faire avancer la cause des Premières Nations et des Inuits au Québec. Ce traité moderne a été bonifié à de nombreuses reprises au fil du temps par différents accords et d'autres lois. La dernière grande bonification fut l'entente de la paix des braves, signée en 2002 par le regretté Bernard Landry et son vis-à-vis le grand chef du Grand Conseil des Cris, Ted Moses.
Ce que la Convention de la Baie‑James et du Nord québécois a permis de faire, c'est d'encadrer la gestion du territoire entre les gouvernements québécois, cri et inuit pour permettre aux communautés autochtones du territoire de participer au développement de leur territoire tout en protégeant des activités culturelles traditionnelles importantes, notamment les territoires de chasse, de cueillette, de pêche et de trappe. Cet accord permet aussi d'encadrer l'éducation.
La Société de développement autochtone de la Baie‑James a aussi été créée en partenariat avec Québec pour encourager le développement économique, mais également pour donner aux communautés autochtones une voix dans le développement futur de la région tout en gardant en tête l'environnement. Cela a aussi permis aux Premières Nations et aux Inuits d'avoir une voix dans la gestion de la justice et des services sociaux. Bref, l'ampleur de cet accord a tracé une voie qui a inspiré d'autres traités d'un bout à l'autre du Canada. Encore une fois, le Québec a été à l'avant-plan. Nous avons été les premiers à nous engager dans cette voie.
Au Bloc québécois, cette perspective de réconciliation a toujours été au cœur de notre engagement envers les peuples autochtones. Il est primordial pour nous qu'une plus grande équité soit présente entre nous. Les traités modernes, comme la Convention de la Baie‑James et du Nord québécois, sont un exemple incroyable de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous prenons le temps de discuter et de tendre la main, et lorsque nous sortons d'une posture de nation à nation ou de gouvernement à gouvernement en optant pour le partenariat durable, afin de coconstruire ensemble dans un dialogue ouvert, libre et éclairé, en nous comprenant et en faisant les choses ensemble.
C'est aussi pourquoi la création du commissariat à la mise en œuvre des traités modernes est une politique qui nous fera avancer et que nous faisons avancer. C'est un exemple de cocréation et de coconstruction. C'est le résultat d'échanges avec plus de 130 groupes, notamment des partenaires autochtones impliqués dans les traités modernes, des groupes autochtones qui négocient actuellement de tels traités, des signataires d'ententes sectorielles, des organisations autochtones nationales, ainsi que des gouvernements provinciaux et territoriaux.
Depuis que le Québec s'est engagé sur cette voie, le Canada a suivi. Aujourd'hui, 26 traités modernes ont été signés et 18 d'entre eux contiennent des dispositions relatives à des accords d'autonomie gouvernementale. Les traités touchent de nombreux points qui sont névralgiques pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. D'abord, ils renforcent la gouvernance autochtone en la reconnaissant et en travaillant en partenariat dans les différents secteurs. Cela permet de reconnaître les compétences et les volontés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
Ensuite, ils permettent d'améliorer la gestion des terres et des ressources des Premières Nations, des Inuits et des Métis, d'abord en reconnaissant leurs droits, mais aussi en leur permettant de mettre en place des politiques pour mieux gérer la faune et les ressources tout en respectant l'environnement, les cultures et les traditions ancestrales des Autochtones. Ils soutiennent la culture, la langue et le patrimoine autochtone. Comme Québécois, ce point me parle particulièrement, parce que la préservation de notre langue et de notre culture nous est importante. Elle l'est tout autant pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Il est important de revitaliser les langues autochtones, d'aider les Premières Nations, les Inuits et les Métis à préserver leur savoir traditionnel et de les aider à faire valoir leur identité et leurs histoires. Ces échanges culturels sont au cœur de notre société. Il y a quelque chose de spécial dans le fait d'assister à un match de hockey Rouyn‑Noranda et d'amorcer cette rencontre par une chanson au tambour, par exemple. Cela marque nos esprits et crée quelque chose de magique.
Les traités modernes permettent aussi d'augmenter les possibilités de développement économique pour les Autochtones. Cela leur permet de développer les outils nécessaires pour soutenir leurs entreprises et contribuer à l'économie, tant québécoise que canadienne ou internationale. Cela permet aussi d'améliorer le développement social, notamment sur le plan de la santé et de l'éducation. Ainsi, les Premières Nations, les Inuits et les Métis sont en mesure de s'assurer que toutes les personnes de leur communauté peuvent recevoir les soins dont elles ont besoin.
Finalement, ils permettent aussi aux communautés d'avoir leur mot à dire en matière de protection de l'environnement. Cette volonté de prendre soin de la Terre et de la protéger est au cœur de leur culture. Cette idée de penser aux générations futures, aux sept prochaines générations, permet de s'assurer de laisser quelque chose de tangible à ceux qui vont nous suivre. Ces traités touchent à de nombreux points et permettent de redéfinir nos relations.
Comme député d'Abitibi—Témiscamingue, j'ai aussi été conscient des impacts de la Convention de la Baie James et du Nord québécois et de la paix des braves. Le développement des communautés cries du Nord du Québec est important. La façon dont ces communautés ont été en mesure d'assurer leur développement économique et de répondre aux besoins de leurs communautés, autant sur le plan de l'éducation que des installations sportives, a grandement amélioré la situation. Ce partenariat entre le Québec, les Cris, les Inuits et les Naskapis a propulsé ces communautés. C'est pourquoi je caresse le rêve qu'un traité moderne puisse être signé avec les communautés anishinabe de ma région. Cela assurerait enfin un développement soutenu des différentes communautés de ma région en leur permettant d'avoir les leviers nécessaires afin de développer le territoire, en partenariat avec les Témiscabitibiens. J'espère que ce message sera entendu. Je crois que notre réconciliation passe par ce chemin.
Revenons donc au projet de loi , déposé par la . Globalement, ce projet de loi consistera à créer le poste de commissaire à la mise en œuvre des traités modernes, dont l'objectif sera d'assurer la mise en œuvre des traités et d'être le chien de garde des Premières Nations. Ce geste est louable. C'est un avancement important pour de nombreux peuples autochtones. Cependant, cela ne doit pas libérer Ottawa de ses responsabilités envers les Premières Nations qui ne sont pas visées par des traités modernes ou par des traités à numéro. Ce poste vise d'abord et avant tout à s'assurer que le gouvernement respecte ses propres obligations, qu'il honore ses propres engagements, notamment ceux liés aux relations de nation à nation et de gouvernement à gouvernement que ces traités incarnent. Cela traduit une volonté de changer la culture de gouvernance.
Pendant trop longtemps, la mise en œuvre des traités a souffert d'un manque de suivi, d'un manque d'uniformité entre les ministères et d'une absence de mécanismes pour évaluer les réels progrès. Le résultat, c'est que, même des décennies après la signature de certains traités modernes, les partenaires autochtones doivent encore se battre pour obtenir ce qui leur avait été promis. Le projet de loi C‑10 cherche donc à rompre ce cycle.
Il vise à instaurer un cadre où la parole donnée devient une parole tenue, où la reddition de comptes devient une exigence institutionnelle, et non une faveur. L'intention, c'est de rendre la mise en œuvre prévisible, mesurable et publique, afin que les citoyens, les gouvernements et les signataires puissent suivre ensemble les progrès réalisés.
Ce poste permettra ainsi plus de transparence et plus de reddition de comptes. Il reste que la nécessité d'avoir ce poste démontre que le gouvernement a besoin d'être surveillé pour mener à bien ses efforts de réconciliation. Nous l'avons bien vu avec le projet de loi où les Premières Nations ont été consultées à la va-vite sans avoir un consentement préalable, libre et éclairé. Des échecs comme celui-ci démontrent donc que, derrière les beaux discours du gouvernement, celui-ci continue d'échouer à donner des services de qualité aux communautés autochtones sous sa responsabilité.
Encore aujourd'hui, en 2025, de nombreuses communautés sont encore sous des avis d'ébullition d'eau, quand elles y ont accès. C'est la même chose avec la pénurie de logements qui frappe les nombreuses communautés. Ça, c'est si leurs assises territoriales sont reconnues. Ces situations peuvent sembler lointaines, mais elles touchent des communautés autochtones de ma circonscription. Cependant, l'arrivée du commissaire à la mise en œuvre des traités modernes ne changera pas cela pour les communautés anishinabes de l'Abitibi—Témiscamingue, car elles n'ont pas de traités modernes, comme je l'ai mentionné précédemment. Cela renforce la nécessité de réitérer l'importance que des gestes soient posés pour améliorer les choses.
Un des points centraux de ce projet de loi est le caractère indépendant de cette instance. Je veux saluer ce fait important. La personne choisie occupera ce poste pour une période de sept ans, renouvelable une seule fois, ce qui lui permettra d'agir sans nécessairement craindre les répercussions. Le même processus existe pour d'autres rôles indépendants, comme le directeur parlementaire du budget, du commissaire à la protection de la vie privée et d'autres postes de ce même acabit.
Je veux toutefois souligner que la nomination devra se faire après consultation des leaders des différents partis politiques de la Chambre. Cette volonté est bien, mais il serait pertinent de regarder ce qui se fait au Québec sur le plan de nominations de postes comme ceux-ci. Pour que le commissaire à la langue française soit nommé, l'Assemblée nationale du Québec doit procéder à un vote nécessitant l'approbation des deux tiers de ses membres. Ce fait est aussi important pour la vérificatrice générale. À mon avis, cela permet de s'assurer que les personnes nommées ont la confiance absolue de la Chambre. Il pourrait être aussi intéressant que les postes comme celui-ci soient nommés en ayant obtenu l'appui d'au moins un autre parti reconnu à la Chambre. Cela permettrait ainsi de démontrer le caractère indépendant de cette position.
L'autre point qui demandera une réflexion est l'accès à l'information. Pour moi, il est crucial que le commissaire puisse avoir accès à toutes les informations nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Durant l'étude du projet de loi, c'est un aspect sur lequel je souhaite travailler ou, à tout le moins, m'assurer que le libellé permet au commissaire d'avoir le pouvoir de demander des documents et de les recevoir. Il ne serait pas souhaitable que des ministères puissent se dédouaner de ce pouvoir en citant une entente hors cour ou sous prétexte que tel document ne peut être dévoilé pour diverses raisons. À mon avis, il faut s'assurer que ce libellé ne fera pas en sorte que le commissaire ne pourra pas remplir pleinement son rôle.
L'autre élément sur lequel je souhaite réfléchir durant l'étude de ce projet de loi est son impact sur les compétences provinciales. Comme je l'ai expliqué, la Convention de la Baie‑James et du Nord québécois a été signée entre le gouvernement du Québec et les Premières Nations et les Inuits. Ainsi, si le commissaire joue son rôle, il doit se concentrer sur les responsabilités qui incombent au fédéral seulement. Il ne peut intervenir dans les champs d'action déterminés par les provinces. Sur ce plan, j'ai hâte d'entendre les différents témoins afin de m'assurer que les responsabilités de tout un chacun seront respectées dans ce projet de loi.
Ainsi, on le constatera par mes propos, le Bloc québécois est d'accord sur le principe du projet de loi. Nous soulignons simplement des éléments sur lesquels nous souhaitons réfléchir avec toutes les parties prenantes en vue d'améliorer ce projet de loi. Par ailleurs, j'ai quand même des inquiétudes relativement au rôle que le gouvernement souhaite jouer. Le dernier budget, celui qui date de très longtemps, prévoyait une somme de 10,6 millions de dollars sur 4 ans pour la mise sur pied du commissariat et les fonctions du commissaire. Cependant, avec les coupes demandées aux différents ministères, il faut se questionner sur ce qui sera réellement accordé au commissaire. Ce dernier doit avoir les sommes nécessaires pour accomplir son travail. Le budget du 4 novembre prochain doit donc confirmer ces sommes. Heureusement, avec un calcul simple, on constate que le gouvernement aura économisé les 2,65 premiers millions de dollars du budget de 2024-2025. J'espère réellement que les sommes qui avaient été prévues resteront dans le même poste budgétaire afin d'assurer la pérennité de ce nouveau commissaire. C'est une demande partagée par les organismes autochtones.
Il est temps pour moi d'aborder l'élément le plus important de ce projet de loi, soit la manière de fonction du Commissariat à la mise en œuvre des traités modernes. En effet, le commissaire reprendra les principes du commissaire à l'environnement et au développement durable et ceux de la vérificatrice générale du Canada en déposant ses rapports. L'obligation pour les instances fédérales ressemble à celles imposées par rapport à ceux de la vérificatrice générale du Canada. C'est donc une excellente nouvelle parce que le gouvernement fédéral ne pourra pas se défiler face à ses propres manquements.
Je souhaite aussi que le principe des témoignages devant les comités soit retenu par le gouvernement. Le Comité permanent des affaires autochtones et du Nord aura aussi un rôle encore plus important à jouer à mon avis.
Néanmoins, il faut tout de même se rappeler que le commissaire n'aura aucun pouvoir coercitif. C'est donc dire qu'il constatera les manquements et les éléments non respectés par les traités modernes par le fédéral, mais il ne pourra pas s'imposer ni imposer une action. Elle devra venir des différents ministères œuvrant auprès des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Cependant, les rapports nous donnent l'heure juste sur les avancements des traités et le respect de ceux-ci; ils permettront de déterminer à quel point le Canada a un engagement réel envers les peuples autochtones. Cela amène une reddition de comptes et donnera aux parlementaires qui ont les Premières Nations, les Métis et les Inuits à cœur un outil pour réclamer des mesures concrètes.
Les partenaires autochtones, notamment la Land Claims Agreements Coalition, Inuit Tapiriit Kanatami et l'Assemblée des Premières Nations, demandent certains rajustements, notamment la présence d'un comité consultatif autochtone permanent. Il serait aussi pertinent que les rapports soient accessibles dans les langues autochtones afin que les communautés puissent s'approprier les résultats. Ce que demandent ces organisations, c'est un outil de transparence partagé et non un rapport unidirectionnel du gouvernement vers le Parlement. Je souhaite donc apporter quelques amendements afin de bonifier ce projet de loi.
Je veux tout de même souligner le processus de consultation et de cocréation que le ministère a mis sur pied pour arriver à ce projet de loi. Comme je le mentionne, c'est un pas dans la bonne direction. C'est un geste fort qui, j'ose l'espérer, permettra de créer un climat de confiance entre le gouvernement et les peuples autochtones.
En terminant, je tiens à rendre hommage, une fois de plus, à Jim Aldridge, qui a consacré sa vie à faire comprendre que la mise en œuvre des traités est la pierre angulaire d'une relation juste et durable entre les peuples. Son œuvre nous oblige à aller plus loin et à faire en sorte que les mots deviennent des actes.
C'est à cette hauteur que nous devrons placer le projet de loi . Il ne s'agit pas seulement de créer une fonction, mais de refonder la confiance entre la Couronne et les signataires, la confiance entre les institutions et les citoyens et la confiance entre les promesses et leur exécution.
En définitive, ce que demandent les signataires de traités, ce n'est pas un symbole. C'est un instrument de changement concret, un levier pour faire en sorte que les traités modernes, ces fondations de notre fédération, deviennent enfin des réalités vivantes, visibles et respectées.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet d'un autre projet de loi très important que le gouvernement a présenté aux députés. Comme pour les projets de loi précédents, j'invite les députés à reconnaître sa raison d'être et à voir l'avantage d'adopter une mesure législative de cette nature.
Il y a un certain nombre de choses que j'aimerais dire.
En ce qui concerne la loi elle-même, il est important de comprendre comment elle a vu le jour. Ce ne sont pas des bureaucrates assis autour d'une table qui ont dicté quelque chose venant du gouvernement fédéral. En fait, un travail considérable a été accompli pour garantir que cette loi vienne des dirigeants de la communauté autochtone. La loi reflète les questions qui, en définitive, ont été soulevées par les dirigeants autochtones.
Si nous sommes saisis aujourd'hui de ce projet de loi, c'est en grande partie grâce à l'engagement d'améliorer les relations de nation à nation dont nous parlons souvent. Il s'agit d'un pas important vers la réconciliation. Même s'il ne fait pas partie des appels à l'action de Murray Sinclair, je crois que, si nous en saisissons les principes et l'essence, il aurait très bien pu être le 95e appel à l'action. Il constitue une déclaration très forte qui deviendra réalité si nous parvenons à le faire adopter par la Chambre des communes.
En écoutant les observations formulées jusqu'à présent, je suis très encouragé par celles du Bloc. J'ai quelques réserves à l'égard des conservateurs, et j'aimerais les aborder de front.
Dans les questions et réponses formulées, je crois qu'il y a peut-être une certaine souplesse et une certaine marge de manœuvre pour voir des changements éventuels à la loi qui satisferaient les conservateurs, du moins en partie. Je pense que nous devons, à tout le moins, explorer cette possibilité.
À mon avis, l'une des meilleures façons d'explorer cette possibilité serait la suivante. Après avoir entendu plusieurs heures de débat sur le projet de loi, d'aucuns aimeraient que celui-ci soit raccourci et que le projet de loi soit renvoyé au comité, où nous pourrions entendre directement les dirigeants autochtones et d'autres intervenants. Nous pourrions alors entendre ce que les conservateurs ont à dire pour améliorer le projet de loi.
Je commencerai par ce qui semble être le principal souci des conservateurs. Deux points me viennent à l'esprit: le premier porte sur les coûts et l'autre concerne la vérificatrice générale.
Parlons des coûts. Je pourrais probablement passer pas mal de temps à parler du coût que représente pour nous tous le fait de ne pas prendre de mesures comme celles-ci. Il suffit de penser aux dernières élections fédérales. Une question revenait chez la moitié des gens que nous avons visités. Si c'est moi qui soulevais le sujet, le pourcentage montait à 95 %. Les gens s'inquiétaient du commerce, de Trump et des droits de douane, si je peux résumer cela en trois éléments. La question revêtait une grande importance, peu importe l'origine de la personne, qu'elle soit issue d'une Première Nation ou d'ailleurs. Elle concernait l'impact que cela allait avoir sur nous sur le plan économique et social.
C'est pourquoi je pense que le a adopté la bonne position. Il a reconnu que, si nous voulons grandir ensemble à l'avenir, nous devons bâtir une économie unique au Canada. Cela n'est pas possible sans la présence des dirigeants autochtones à la table. Quand nous parlons des relations de nation à nation, il est vital d'avoir une participation directe et indirecte. C'est ce que nous avons constaté après les élections. Des ministres et d'autres collaborent avec de nombreux intervenants, qu'il s'agisse des provinces, des territoires ou des dirigeants autochtones, afin de voir comment on peut bâtir une économie canadienne unifiée.
Ce n'est pas une coïncidence, selon moi. Prenons l'exemple du premier traité moderne, qui a déjà été cité une ou deux fois. Il concernait le projet de la baie James dans le Nord du Québec. Ce traité moderne a profité grandement aux membres des collectivités autochtones et à la population du Québec. Il en a été ainsi grâce à cette entente. Les parties ont pu exploiter une possibilité économique qui n'aurait jamais atteint le stade actuel sans un traité moderne.
C'est pourquoi je dis qu'il y a beaucoup à gagner en reconnaissant la véritable valeur des ententes modernes et de ces traités. Ils sont on ne peut plus importants. Ils font partie de la Constitution. Il existe un mandat constitutionnel que toute personne vivant au Canada doit respecter et faire valoir. Un traité moderne s'apparente à un document évolutif qui a besoin d'être modifié. Oui, ce serait merveilleux si toutes les Premières Nations étaient signataires d'un traité moderne. À mon avis, il importe que nous continuions à travailler en ce sens. Comme la l'a souligné dans son intervention, ce ne sont pas des documents qui se font du jour au lendemain. Nous devons comprendre qu'il faut du temps pour concrétiser ces traités modernes.
Examinons le préambule du projet de loi. Je ne me reporte pas souvent directement à un projet de loi, mais je pense qu'il est utile ici de citer le préambule. Cela se rapporte à notre discussion d'aujourd'hui.
On peut y lire ceci: « Attendu que le gouvernement du Canada s'est engagé à mener à bien la réconciliation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis grâce à des relations renouvelées de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne et de gouvernement à gouvernement, qui reposent sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. »
Le projet de loi précise aussi que « les traités modernes font partie du cadre constitutionnel », ce qui est un élément que j'ai déjà mentionné, « et qu'ils constituent une forme d'expression distincte de cette réconciliation ». On y lit en outre que « ces traités ont pour objectif d'établir un cadre pérenne et mutuellement accepté pour la réconciliation et les relations à long terme entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones. »
Le préambule se poursuit. Je ne vais pas tout lire, mais je tiens à souligner quelques points supplémentaires dont les députés devraient parler.
On peut y lire ceci:
[...] qu'ils ont pour objectif de favoriser la santé, la dignité, le bien-être et la résilience des peuples autochtones, d'établir des relations pérennes entre les partenaires autochtones à un traité moderne et de soutenir l'atteinte d'objectifs socioéconomiques nationaux dans l'intérêt de tous les Canadiens;
Je tiens à souligner ce point parce que le réclame l'établissement d'une économie canadienne unifiée. Au début du mois de septembre, on a été informé de cinq grands projets. Cela représente des débouchés économiques d'une valeur d'environ 60 milliards de dollars. Oui, j'ai bien dit « milliards ». Si on tient compte des retombées indirectes, ce chiffre est encore plus élevé. Je peux dire aux députés que, sans le leadership autochtone, bon nombre de ces projets seraient impossibles. Les dirigeants, les entreprises et les entrepreneurs autochtones participent aux projets, aux côtés d'autres intervenants, pour veiller à ce que nous bâtissions une économie et un tissu social plus solides et plus sains dans notre pays. Cela a peut-être été encouragé par certaines actions du président Trump, mais je peux dire que ce sont de vrais projets.
Par exemple, prenons le projet de gaz naturel liquéfié en Colombie‑Britannique et les promoteurs de ce dernier. La réconciliation va bien au-delà du simple fait de dire « désolé ». Il s'agit de saisir les occasions, de se souvenir du passé et de se tourner vers l'avenir pour bâtir une économie forte et saine pour tous les Canadiens. Nous pouvons parler des mines de cuivre que nous agrandissons dans le cadre des cinq mégaprojets. Il y a des projets dans l'Ouest canadien, la région sur laquelle je me concentre, qui sont d'une importance capitale pour nous tous.
Revenons-en au préambule du projet de loi. Je tiens à en citer un dernier passage.
On peut y lire ceci:
[...] que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones prévoit que ceux-ci ont droit, d'une part, à ce que les traités, les accords et les autres arrangements constructifs conclus avec des États ou leurs successeurs soient reconnus et effectivement mis en œuvre et, d'autre part, à ce que les États honorent et respectent ces traités, accords ou arrangements;
Je tiens à souligner ces éléments parce que je crois sincèrement que le projet de loi vise à créer un poste de mandataire du Parlement chargé de reconnaître les obligations du Parlement.
Il me semble que les deux principales préoccupations des conservateurs au sujet du projet de loi concernent le facteur coût. Le porte-parole a dit que le projet de loi pourrait coûter plusieurs millions de dollars. J'ai dit qu'il fallait bâtir une économie et que, grâce à la réconciliation et à la conclusion d'accords, nous sommes capables d'obtenir un succès économique que nous n'aurions peut-être pas pu obtenir si nous n'avions pas ce genre de relation.
Lorsqu'il est question du mandataire du Parlement, je me permets de dire que cet élément vaut bien les quelques millions de dollars que coûterait sa mise en place.
L'autre argument évoqué concerne l'expertise. Comme le porte‑parole du Parti conservateur l'a mentionné, nous avons le vérificateur général, et cela devrait suffire. Je ferais valoir que ce n'est pas le cas. La proposition concernant le mandataire du Parlement faite dans le projet de loi diffère beaucoup de l'option consistant à confier à la vérificatrice générale le soin de régler la situation.
Je vais donner un exemple. Je suis un grand admirateur de Murray Sinclair. Je suis originaire du Manitoba, lieu de naissance de M. Sinclair. J'ai été député provincial avant de devenir député fédéral, et je suis en politique depuis 1988. J'ai bien connu le regretté Murray Sinclair et j'ai été directement témoin de l'influence qu'il a eue sur notre pays, peu importe le rôle qu'il a joué. En particulier, j'ai pu le connaître un peu mieux quand il a été nommé sénateur.
Je vais vous dire pourquoi je mentionne Murray Sinclair. C'est parce que, dans tout le territoire canadien, le rapport de M. Sinclair sur la situation des peuples autochtones au Canada et sur les relations entre les différents ordres de gouvernement a été largement accepté et soutenu. Quand, en 2015, Murray Sinclair a produit le rapport et ses 94 appels à l'action, je siégeais sur les banquettes du troisième parti. C'était fin 2014, début 2015, il y a quelques années. À ce même moment, Murray Sinclair a bien précisé que ces 94 appels à l'action importaient au plus haut point dans le contexte de la réconciliation. Même si le projet de loi ne constitue pas techniquement un de ces appels à l'action, je crois que, si Murray Sinclair pouvait en avoir un 95e, ce serait sans doute ce projet de loi parce qu'il concerne la reddition de comptes et la transparence.
N'eût été de Murray Sinclair, de ses expériences de vie et des connaissances qu'il a partagées, nous n'en serions pas où nous en sommes aujourd'hui. Je recommanderais aux conservateurs de réfléchir au type de personne qui occupera ce poste particulier. Ce commissaire, un mandataire indépendant du Parlement, au parcours remarquable et nommé pour un mandat de sept ans, ne peut pas être remplacé par la vérificatrice générale du Canada. Murray Sinclair l'a démontré très clairement.
J'ai pris la parole aujourd'hui pour montrer au Parti conservateur que ce projet de loi mérite à tout le moins d'être étudié en comité, où les conservateurs pourront alors exprimer plus en détail leurs préoccupations. Convenons que ce projet de loi est bon et solide et qu'il devrait être adopté...
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Monsieur le Président, nous parlons ici de la création d'un poste de commissaire à la mise en œuvre des traités. Je vais vous donner un peu de contexte. J'ai été conseiller principal du conseil de la nation Haisla pendant six ans. Avant cela, j'ai été conseiller pendant huit ans. Pendant cette période de huit ans, j'étais président du groupe de négociation du traité de la Colombie-Britannique. Comme je négociais ce traité, j'ai lu toutes les annonces faites au cours des 20 années précédentes, j'ai assisté à toutes les réunions, j'ai lu tous les rapports et j'ai vu tous les différents postes qui ont été créés pour régler des problèmes très simples.
Pour ceux qui ne comprennent pas le traité et son évolution, il s'agit essentiellement d'une entente officielle signée entre la Colombie-Britannique, le Canada et les Premières Nations. Ce traité a évolué pour officialiser les droits et les titres des Autochtones ainsi que la jurisprudence qui a établi la réconciliation devant les tribunaux de la Colombie-Britannique et du Canada. Ce terme est utilisé à toutes les sauces un peu partout au Canada, surtout par les politiciens, mais en lisant la jurisprudence, on s'aperçoit que le mot « réconciliation » a un sens bien défini: elle vise à concilier les droits et les titres ancestraux et les intérêts de la Couronne, c'est‑à‑dire ses lois et ses règlements.
Quant aux droits et aux titres non définis, c'est compliqué, je l'admets, mais nous constatons, dans des cas comme celui de Cowichan, qu'un traité définit les droits et les titres d'une manière très prescriptive, et cela comprend sa mise en œuvre. Les traités modernes comprennent des dispositions sur leur mise en œuvre. Pourquoi créer un nouveau poste et ajouter une autre couche de bureaucratie, alors que la mise en œuvre est déjà prévue dans les traités modernes?
J'ai entendu les discours des députés libéraux qui éveillent les consciences en mentionnant des enjeux sociaux, comme le développement économique. C'est très bien, je suis heureux qu'ils s'aperçoivent enfin de cette réalité, surtout dans les régions où vivent les Premières Nations, parce que nous en parlons depuis près de 20 ans. Avant le procès de 2004, les Premières Nations n'avaient pas vraiment de place à la table. C'est l'affaire Haida de 2004 qui a défini le rôle de la Couronne face aux droits et aux titres ancestraux, même s'ils n'avaient jamais été attestés. Soit dit en passant, la Première Nation Haisla, d'où je viens, est intervenue dans cette affaire judiciaire.
L'affaire Haida a transformé la situation de ma bande. Nous sommes passés de l'une des collectivités des Premières Nations les plus pauvres de la Colombie-Britannique à l'une des plus riches et prospères. Plus important encore, nous avons résolu les problèmes de pauvreté et de chômage. Tous les problèmes sociaux, y compris la violence liée à la pauvreté, ont commencé à disparaître. J'en suis extrêmement fier. J'aimerais d'ailleurs qu'un rapport soit rédigé à ce sujet. Ma communauté ne parle plus des problèmes sociaux dont beaucoup d'autres Premières Nations parlent, simplement parce que nous nous sommes intégrés au tissu économique du Canada et de la Colombie-Britannique.
Cependant, c'est la politique qui nous freine, les projets de loi adoptés dans des endroits comme celui-ci ou à Victoria, que beaucoup de gens ne comprennent pas et ne suivent pas. Je ne leur en veux pas, surtout aujourd'hui. Ils essaient de joindre les deux bouts et de trouver un emploi, en particulier nos jeunes, qui sont aux prises avec un taux de chômage élevé. Ils ont leurs propres problèmes.
Je crois qu'une partie de mon travail consiste à décrire ce qui se passe ici et à expliquer l'incidence qu'aura ce projet de loi sur les gens, ce qui est extrêmement difficile. Beaucoup de gens pensent que la mise en œuvre du traité est une excellente chose. On va créer un poste de commissaire. Or, un commissaire n'a aucun pouvoir. Son rôle consisterait à rassembler les plaintes formulées par les Premières Nations depuis des décennies, à les compiler dans un rapport, puis à le remettre au gouvernement.
Si le passé est garant de l'avenir, le gouvernement ignorera le rapport ou prononcera des paroles creuses, juste pour donner l'impression qu'il agit, alors que les dirigeants des Premières Nations viennent à la table de bonne foi non seulement pour résoudre leurs problèmes, mais aussi pour signer un traité. Ils passent d'une situation où leurs droits et titres ancestraux nécessitent une consultation à une situation où ils estiment être traités comme des partenaires égaux du Canada et de la Colombie-Britannique.
La nation Nisga'a, dans ma région, a conclu un traité il y a plus de 20 ans. Ses membres ont été les premiers à se plaindre de l'interdiction des pétroliers, mesure qui limitait leur avenir économique. Ils sont partenaires du Canada dans le cadre d'un traité, mais le Canada a tout de même pris cette décision. Pour être clair, les Nisga'a n'étaient pas favorables au transport de pétrole; ils estimaient simplement que le traité définissait des rôles et des responsabilités spécifiques entre leur nation et le gouvernement du Canada. C'est tout ce qu'ils souhaitaient. Ils s'attendaient à davantage, car c'est ce que prévoit le traité.
Il est très difficile pour les bandes assujetties à un traité de mettre en place à elles seules un prêt sans une assise économique, à moins de bénéficier d'un emplacement avantageux. Pour certaines bandes proches de centres urbains, la question de l'assise économique ne se pose pas tant, surtout si la valeur des terrains est élevée, comme à Vancouver. Cependant, pour les bandes éloignées qui signent un traité, celui-ci prévoit qu'à un moment donné, elles devront se passer de fonds publics.
Tout l'intérêt de signer un traité est de formaliser une entente entre le Canada et la Colombie-Britannique, mais aussi de se libérer du financement prévu par la Loi sur les Indiens. Tout le monde parle de dépendance. Eh bien, la Loi sur les Indiens est, pour l'essentiel, dépassée, car personne ne va appliquer ces dispositions archaïques, mais les ententes de financement font que les Premières Nations continuent de dépendre de fonds publics.
Les bandes assujetties à un traité reçoivent aussi des fonds publics, mais certaines dispositions les obligent à développer leurs propres sources de revenus, ce qui est très difficile à réaliser. Prenons une bande typique qui compte environ 800 membres vivant dans une réserve et 800 autres qui n'y vivent pas. Son entente de financement s'élève probablement à 7 ou 8 millions de dollars par an. Comme je ne siège plus au conseil depuis un moment, je n'en suis pas tout à fait sûr. Toutefois, les dispositions du traité prévoient qu'ils remplacent ce financement et ne dépendent plus des fonds publics.
Il y a également des coûts supplémentaires, car le financement prévu par la Loi sur les Indiens est formulé de telle façon qu'il ne couvre pas la totalité des coûts des Premières Nations. Si elles ont besoin de 100 $, la Loi sur les Indiens leur fournira 70 $, et elles devront trouver le reste. Cela vaut pour l'eau, les égouts, l'administration et la santé, de sorte que les Premières Nations cherchent constamment à combler le manque à gagner.
Au fait, en vertu de la Loi sur les Indiens, si une Première Nation accuse un déficit, elle sera sanctionnée. Le montant sera récupéré en mettant fin à des programmes, par exemple. Il y a toutefois un problème: dans certaines ententes de financement en vertu de la Loi sur les Indiens, si une Première Nation enregistre un excédent qui ne répond pas entièrement aux critères fixés par le gouvernement, elle est également sanctionnée. Les Premières Nations ne peuvent pas gagner dans le cadre d'une entente conclue en vertu de la Loi sur les Indiens. Il n'est donc pas étonnant qu'elles essaient de trouver une issue, que ce soit en tirant parti de leur titre ancestral pour participer à l'économie afin de créer leur propre source de revenus ou en signant un traité. Dans les deux cas, les dirigeants des Premières Nations tentent toujours de résoudre une question centrale: comment venir à bout de la pauvreté et de toute la violence qui l'accompagne?
Ce n'est pas nouveau. Je suis devenu président du traité en 2003. J'allais aux réunions au sommet à Vancouver, à Musqueam. Ils en parlaient déjà à l'époque, non seulement du point de vue de la mise en œuvre d'un traité signé, mais aussi du point de vue des dispositions que nous négociions alors. Je ne vois pas comment un commissaire changerait cela. Ce ne sera qu'un bureau de plus chargé de dire au gouvernement qu'il ne fait pas son travail, car son rôle se résumera à cela.
Les députés libéraux parlent d'une nouvelle ère de partenariat et de l'édification d'une économie pour lutter contre les droits de douane imposés par M. Trump. Alors, pourquoi se sont-ils opposés au développement économique pendant 10 ans? Pourquoi ont-ils rédigé le projet de loi ? Pourquoi ont-ils rédigé le projet de loi ? Des experts en énergie nous ont dit que le Canada ne peut pas être une superpuissance énergétique sans pétrole et sans gaz. Ils ont affirmé que notre dépendance des États-Unis, qui achètent notre gaz au rabais, va non seulement limiter notre capacité de diversifier notre économie, mais aussi nous empêcher de devenir une superpuissance énergétique.
Les Premières Nations avaient déjà compris cela; nous le disons depuis 20 ans. Dans l'affaire Haida de 2004 se trouve une disposition qui exige que l'on respecte l'élément économique des droits et du titre ancestral. C'est en rapport avec la terre.
Les Premières Nations comprennent qu'elles doivent faire un compromis, et elles sont prêtes à le faire. Elles possèdent une parcelle de terre précise qu'elles auraient pu utiliser par le passé à des fins cérémonielles, pour la cueillette, la chasse ou la pêche. Elles comprennent cela, mais elles constatent aussi les ravages de la pauvreté, surtout dans les réserves, et même à l'extérieur des réserves. Les Premières Nations ont donc fait tout ce qu'elles pouvaient pour favoriser le développement économique dans tous les secteurs. Qui entrave ce développement? Le gouvernement libéral l'entrave avec ses projets de loi.
J'ai déjà parlé du traité de la Nation Nisga'a, qui est un partenaire du gouvernement, ce qui lui donne droit à plus qu'une simple consultation des droits et titres autochtones, parce qu'elle a déjà défini ces droits et ces titres. Cette Première Nation a signé avec le Canada et la Colombie-Britannique un document protégé par la Constitution soulignant que la Nation Nisga'a est un partenaire du Canada et de la Colombie-Britannique. Les dirigeants n'ont pas signé ce traité pour la gloire. Ils étaient convaincus qu'ils pourraient bâtir un avenir meilleur pour leur peuple, et ils y réussissent admirablement.
Parallèlement, tous les traités modernes garantissent le respect des lois de la Colombie-Britannique et du Canada. C'est ce qu'on appelle la primauté du droit. Ainsi, une personne se rendant sur un territoire visé par un traité moderne n'entre pas dans un tout nouveau pays avec un ensemble de lois archaïques concernant les excès de vitesse ou les crimes. Ils échangent leurs droits et titres non définis contre cela, car ils souhaitent devenir des partenaires.
La plupart des dirigeants des Premières Nations estiment que les problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant qu'Autochtones sont les mêmes que ceux auxquels tous les Canadiens sont actuellement confrontés. Nous sommes tous dans le même bateau. Comme l'a dit un juge, regardons les choses en face: nous sommes tous là pour de bon. Les Premières Nations souhaitent avoir accès à de meilleurs services médicaux, comme tout le monde. Elles souhaitent disposer de meilleures routes et de meilleures écoles. Les collectivités visées par un traité sont assujetties à l'impôt. Elles ne souhaitent pas payer davantage d'impôts et, si elles en paient, elles souhaitent que celui-ci soit utilisé de manière responsable, tout comme les non-Autochtones au Canada.
Par conséquent, l'idée de partenariat avec les Premières Nations pour le développement économique du Canada proposée par les libéraux semble quelque peu hypocrite au vu des 10 dernières années, mais elle est plus importante que jamais. Elle est d'autant plus importante que le Canada s'engage sur une voie dangereuse, avec une économie limitée, étouffée par des lois et des règlements, combinée à des déficits ingérables et à l'absence de plan de remboursement de la dette. En tant qu'Autochtone issu d'une réserve, je suis surpris que ce sujet soit si peu abordé.
D'autres pays ont démontré les conséquences de décisions entièrement fondées sur la politique. Nous estimons que le coût de la vie est élevé actuellement, mais si nous nous rendons dans un pays comme le Vénézuéla, dont le système repose entièrement sur la politique, nous constatons qu'il vend désormais ses ressources pour une bouchée de pain. Les gens ont besoin d'une brouette remplie d'argent pour acheter une miche de pain.
La gouvernance est une question sérieuse et je comprends l'aspect politique. Je le comprends, mais si nous continuons à prendre des décisions politiques sans penser à l'avenir de notre pays, les Canadiens en paieront le prix pendant des décennies, voire des générations.
Nous parlons de la mise en œuvre des traités. Lorsque j'étais négociateur de traités et conseiller en chef, on m'a clairement fait comprendre que les décisions devaient être prises en tenant compte des sept prochaines générations. Nous n'avions pas le luxe de déformer la vérité, ou du moins, je ne l'avais pas. J'aurais peut-être pu le faire, mais je n'ai pas pris cette voie.
Oui, bon nombre de mes décisions stratégiques ont déplu, mais j'ai agi ainsi pour une raison bien précise. Je souhaitais résoudre certains problèmes. Je souhaitais également laisser un monde meilleur à mes descendants. Il s'avère que le projet LNG Canada était une bonne décision, même si les politiciens l'ont rejeté. Pendant des décennies, le NPD de la Colombie-Britannique a fait des déclarations scandaleuses sur les raisons pour lesquelles le projet était mauvais. Ils affirmaient que si le projet était approuvé, Victoria serait submergée. Les libéraux ont dit qu'il n'y avait pas de justification commerciale pour le gaz naturel liquéfié et l'ont fait savoir à l'Allemagne.
Pendant ce temps, nous leur faisions signe d'ici en disant: « Hé, attendez une minute. Nous avons du gaz naturel liquéfié au Canada, sur notre territoire. » Nous avions Chevron, qui a été chassé. C'était un projet de 30 milliards de dollars. Il a été chassé. Il y avait 18 projets en Colombie-Britannique, et il n'en reste plus que trois.
Le gouvernement libéral tient maintenant un discours contraire, disant que nous avons besoin d'une économie, que nous avons besoin du gaz naturel liquéfié et que nous deviendrons peut-être une superpuissance énergétique, mais il ne dit pas comment il compte s'y prendre. Le gouvernement dit qu'il construira des oléoducs, mais qu'il n'en construira pas. Tous ces messages contradictoires, toutes ces entourloupettes verbales et ces déformations de la vérité vont nuire aux Canadiens.
Cette crise existentielle créée par Donald Trump n'est pas une occasion de multiplier les jeux politiques. C'est l'occasion de réfléchir à ce que nous sommes comme pays. D'où venons-nous? Le tableau est assez confus quand on pense à nos origines par rapport aux intérêts autochtones. Je reconnais le passé et je comprends les torts qui ont été causés, mais j'ai appris il y a longtemps qu'il vaut mieux construire l'avenir. Il est facile de détruire.
Les libéraux ont déjà détruit notre économie en disant non aux pétroliers sur la côte ouest de la Colombie-Britannique, même si des pétroliers descendent quotidiennement la côte ouest de la Colombie-Britannique, de l'Alaska à l'État de Washington. Personne n'en parle. Au fait, l'État de Washington raffinera une partie du pétrole qu'il reçoit de l'Alberta pour en faire de l'essence, du diésel et du carburant pour avions et le revendra ensuite au Canada en réalisant des profits considérables.
Les États-Unis sont devenus une superpuissance énergétique grâce à l'exportation de pétrole et de gaz à des fins nationales et étrangères. D'où provient une grande partie de leur approvisionnement? Du Canada, à prix réduit. Les Premières Nations signataires d'un traité sont prêtes; elles implorent le gouvernement de cesser de les négliger. Tout ce que nous disons au gouvernement, c'est de faire son travail et de ne pas créer un autre niveau de bureaucratie où il recevra un message du commissaire lui enjoignant de faire son travail. Les Premières Nations souhaitent contribuer à l'édification du Canada, comme tout le monde. Le Canada devrait simplement faire son travail.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Kwe. Ullukkut. Taanshi. Bonjour. Je souhaite d'abord rendre hommage à la nation algonquine anishinabe, puisque le Parlement a été établi sur son territoire traditionnel non cédé.
C'est un honneur de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , qui vise à créer le poste de commissaire à la mise en œuvre des traités modernes. Le projet de loi bénéficie d'un appui fort parmi les partenaires des traités modernes, et son dépôt est un grand pas en avant sur la voie de la réconciliation. Il nous donne essentiellement l'occasion de transformer des priorités communes en progrès communs.
Pour mieux faire comprendre de quoi cette occasion retourne, je vais expliquer comment nous en sommes arrivés où nous en sommes aujourd'hui. Je reviendrai donc sur les événements passés qui ont façonné notre réalité actuelle et sur l'histoire des traités au Canada. Je vais également expliquer ce que sont les traités modernes et pourquoi on nous demande depuis plus de 20 ans d'améliorer les processus de mise en œuvre, de surveillance et de reddition de comptes qui s'y rapportent.
Les traités constituent depuis longtemps le fondement des relations entre la Couronne et les Autochtones. Au XVIIIe siècle, par exemple, les traités de paix et d'amitié visaient à rétablir la paix et le commerce après les conflits. Par ailleurs, les traités signés après 1763 sur les territoires des Premières Nations ont ouvert une grande partie du Canada à l'établissement des non-Autochtones en échange de la reconnaissance de droits précis, de rentes et de biens, entre autres avantages. Les traités conclus à partir de cette période et jusqu'aux années 1920 sont appelés « traités historiques ».
J'aimerais prendre un moment pour mentionner que mercredi dernier était le Jour anniversaire du traité pour tout le Mi'kma'ki. En Nouvelle‑Écosse, nous avons organisé une cérémonie de lever du drapeau à la résidence du lieutenant-gouverneur, qui a attiré beaucoup de monde. J'ai vu, à la résidence, le document encadré, qui date maintenant de 300 ans. Ce fut un moment très spécial.
Comme les députés le savent, pendant la période des traités historiques, le Canada a adopté des politiques colonialistes et paternalistes qui ont causé du tort aux Autochtones. Ce sont là des vérités douloureuses que nous reconnaissons aujourd'hui dans le cadre de notre processus de réconciliation. Des décennies plus tard, le Canada est entré dans l'ère des traités modernes. Bien que les traités modernes soient distincts des traités historiques, ils demeurent un élément fondamental de la relation entre la Couronne et les Autochtones.
Je vais maintenant vous expliquer une partie de cette histoire.
L'ère des traités modernes a commencé en 1973 avec la décision de la Cour suprême dans l'affaire Calder et al. c Procureur Général de la Colombie‑Britannique. Dans cette affaire, le conseil de la tribu des Nishgas, en Colombie‑Britannique, demandait la reconnaissance du titre de propriété des terres que son peuple avait historiquement habitées. Jusqu'en 1951, la Loi sur les Indiens interdisait aux communautés autochtones d'utiliser les fonds de la bande pour financer un litige ou une revendication, ce qui rendait difficile l'obtention du titre de propriété sur des terres.
Le chef des Nishgas, Frank Calder, a porté l'affaire devant les tribunaux. L'affaire a d'abord été rejetée par la Cour suprême de la Colombie‑Britannique, puis par la Cour d'appel de la Colombie‑Britannique. Le conseil de la tribu des Nishgas l'a portée devant la Cour suprême du Canada, où, au procès, il a perdu par une voix en raison d'un détail technique du processus judiciaire. Même si le conseil de la tribu des Nishgas n'a pas obtenu le résultat qu'il souhaitait, la décision a mené à la première politique du gouvernement du Canada sur les revendications territoriales concernant le règlement des revendications territoriales des groupes cherchant à obtenir des droits fonciers. Cette nouvelle politique a joué un grand rôle dans la conclusion du premier traité moderne avec les Cris de la Baie James.
À peu près en même temps que les affaires Nishga et Calder, Hydro-Québec a voulu exploiter des terres revendiquées par les Cris de la Baie‑James sans consulter les peuples autochtones qui les habitaient. Par conséquent, la Première Nation s'est associée à l'Association des Indiens du Québec pour négocier avec la province de Québec, mais sans succès. Plus tard, avec l'aide de l'Association des Inuits du Nouveau‑Québec, l'affaire a été portée devant la Cour supérieure du Québec. Enfin, les Cris de la Baie‑James et les Inuits du Nord du Québec ont signé un traité moderne avec le gouvernement du Canada et la province de Québec. La mise en œuvre de ce traité a commencé il y a 50 ans, le 11 novembre 1975. Le traité a permis à Hydro-Québec d'exploiter le territoire et a offert aux Cris et aux Inuits qui habitaient le territoire une reconnaissance de leurs droits sur le territoire. Ce premier traité moderne a marqué un tournant pour les peuples autochtones du Canada en créant un nouveau précédent en matière de conclusion de traités.
La Loi constitutionnelle de 1982 a marqué un autre tournant en proclamant et en affirmant les droits des peuples autochtones au Canada. Il convient de noter que cette loi était tournée vers l'avenir; elle reconnaissait que des droits et libertés supplémentaires pourraient être définis par les peuples autochtones à l'avenir dans le cadre du règlement des revendications territoriales.
Malgré ces progrès, les tensions et les désaccords ont persisté. Pour trouver des solutions et des moyens de rebâtir la relation, la Commission royale sur les peuples autochtones a été lancée. Elle a passé cinq ans à étudier la relation entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones, constatant ainsi que le gouvernement fédéral n'assurait pas une surveillance adéquate de ses politiques et qu'il fallait des directives plus précises que celles des tribunaux relativement aux revendications territoriales. La Commission a proposé la création d'un bureau de mise en œuvre pour superviser les revendications territoriales, les accords sur l'autonomie gouvernementale et d'autres obligations de l'État. Au cœur des recommandations se trouvait la nécessité d'établir les fondements d'une nouvelle relation, notamment en améliorant l'examen et la surveillance des traités modernes.
Depuis, le gouvernement du Canada a souvent été appelé à améliorer la mise en œuvre des traités modernes. Par exemple, en 2003, la vérificatrice générale a présenté dans un rapport ses conclusions sur la gestion et la reddition de comptes du ministère en ce qui concerne le transfert de responsabilités au Yukon, ainsi que sur les ententes en matière de revendications territoriales. Le rapport a révélé qu'il y avait une « absence de rapports sur le rendement » et il a souligné l'« inefficacité de la mise en œuvre ».
La vérificatrice générale a aussi publié un rapport en 2007, soit quatre ans plus tard, sur la Convention définitive des Inuvialuit. Le rapport souligne « l'absence d'une structure officielle » de supervision de la mise en œuvre et il indique qu'il « n'y a pas approche stratégique » pour exécuter les obligations fédérales prévues dans les traités modernes ni de suivi de l'accomplissement de ces obligations. La vérificatrice a également constaté que le gouvernement du Canada et les demandeurs ne partageaient pas la même vision en ce qui concerne leurs responsabilités et leurs rôles respectifs.
La recommandation la plus frappante est celle du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, qui a déclaré que le gouvernement du Canada devrait immédiatement commencer à mettre en place, en collaboration avec ses partenaires des traités modernes, un commissariat indépendant chargé de la mise en œuvre des traités modernes. Un appel similaire figurait dans les appels à la justice détaillés dans le rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Le rapport demandait au gouvernement du Canada de mettre immédiatement en œuvre et de respecter les appels lancés par les organismes internationaux et de défense des droits de la personne en vue de créer des organismes de surveillance des traités tels que celui dont nous discutons ici aujourd'hui.
En résumé, depuis le début de l'ère des traités modernes au Canada, le gouvernement fédéral a été appelé à améliorer la reddition de comptes et la surveillance. Aujourd'hui, nous avons l'occasion d'entrer dans l'histoire en répondant à ces appels, en nous engageant pleinement à honorer les relations et les obligations consacrées dans les traités modernes. Nos partenaires des traités modernes ont fortement plaidé en faveur de ce projet de loi, et leurs dirigeants ont fait de la création du commissariat une priorité absolue lors de la conférence de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales qui s'est tenue en février dernier.
Il est important de se rappeler que les traités modernes visent à faire progresser les relations entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones. La croissance sociale, culturelle et économique stimulée par les traités modernes crée des possibilités pour nos partenaires autochtones et pour tous les Canadiens. Elle est également au cœur de la , qui intégrera le leadership autochtone dans la planification nationale des infrastructures et du climat.
Je demande aux députés de voter en faveur de ce projet de loi. Je leur demande de voter en faveur d'une réponse à 20 ans d'appels à une meilleure reddition de comptes et à une plus grande transparence dans la mise en œuvre des traités modernes, et de voter pour le respect des promesses inscrites dans les traités modernes dans nos lois et notre Constitution. Je leur demande de voter pour une économie canadienne plus forte et plus résiliente, soutenue par des communautés autochtones prospères et une collaboration significative entre la Couronne et les Autochtones.
Je leur demande de voter pour le projet de loi , la Loi sur le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes.
Meegwetch. Qujannamiik. Marsi.
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui à la Chambre pour exprimer ma vive opposition au projet de loi , intitulé Loi concernant le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes.
Je me permets d'énoncer d'abord une évidence qui est souvent occultée par les déclarations grandiloquentes du gouvernement libéral: les conservateurs appuient les droits issus de traités. Nous appuyons le processus de réconciliation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis du Canada, non seulement en paroles, mais en gestes concrets, et nous avons fait nos preuves à cet égard. Sous le premier ministre Harper, cinq traités modernes ont été négociés avec succès en six ans à peine. Il ne s'agissait pas de gestes symboliques, mais d'accords réels qui ont fait progresser l'autonomie gouvernementale des Autochtones et ont garanti à ces derniers des droits fonciers et gouvernementaux attendus depuis longtemps.
Comparons cela au gouvernement libéral actuel: il n'a négocié aucun traité moderne en plus de 10 ans au pouvoir. Ce n'est pas du progrès, c'est de la paralysie, et le bilan des libéraux est une honte. Aujourd'hui, après des années d'inaction, les libéraux affirment soudainement aux Canadiens que la solution à leur propre échec bureaucratique réside dans la création d'un autre bureau, l'augmentation du nombre d'initiés à Ottawa et la nomination d'un nouveau commissaire qui, soyons honnêtes, viendrait dédoubler le travail déjà effectué par le Bureau du vérificateur général.
Ma circonscription, Yellowhead, compte sept collectivités autochtones et est située sur les terres visées par les traités nos 6, 7 et 8. Ce sont des nations fières, profondément enracinées dans le territoire, attachées à de solides traditions et ayant de grandes ambitions. J'ai eu l'occasion de rencontrer les dirigeants et les membres de ces collectivités depuis que j'ai été élu au printemps dernier. Ce dont ils ont besoin, ce n'est pas d'un autre rapport d'un autre commissaire, mais que le gouvernement fasse son travail. Imaginez ce qu'un budget annuel estimé à 2,6 millions de dollars pour le bureau proposé permettrait d'accomplir dans les collectivités autochtones de ma circonscription et de tout le pays.
Partout au pays, les collectivités autochtones ont besoin de logements, de meilleures infrastructures et d'eau potable, ce que le gouvernement a promis, mais n'a jamais réussi à livrer. Elles ont besoin que le gouvernement fédéral respecte les engagements pris dans les traités existants, et non qu'il repousse le problème à plus tard tout en revendiquant une supériorité morale depuis son nouveau bureau à Ottawa. Le projet de loi ne vise pas la réconciliation, mais relève plutôt du théâtre politique.
Examinons de plus près ce que le projet de loi ferait réellement. Il créerait un nouveau mandataire du Parlement, appelé commissaire à la mise en œuvre des traités modernes. Ce commissaire rédigerait des rapports, présenterait des conclusions et formulerait des recommandations, mais, comme nous l'avons déjà entendu aujourd'hui, il n'aurait aucun pouvoir pour faire respecter quoi que ce soit. Le comble, c'est que les rapports seraient d'abord transmis au ministre, le même ministre qui ne met pas en œuvre les traités, avant même d'être déposés à la Chambre. Cela ne me semble pas très transparent.
Les partisans du projet de loi, y compris de nombreux intervenants autochtones, ont exprimé leur soutien, disant qu'il améliorerait la responsabilisation. Je respecte leurs voix et leurs opinions sur le projet de loi. Je respecte également leur frustration. Après une décennie de promesses non tenues de la part du gouvernement libéral, je les comprends de vouloir n'importe quelle mesure qui pourrait forcer Ottawa à leur prêter attention.
Cependant, nous devons être honnêtes quant à la nature de ce projet de loi. Il ne s'agit pas d'une véritable responsabilisation, mais d'une mise en scène bureaucratique onéreuse. On nous informe que le nouveau bureau coûterait 10,6 millions de dollars sur quatre ans et qu'il emploierait environ 15 fonctionnaires à temps plein. Cela peut sembler peu pour les dépensiers de l'autre côté de la Chambre, mais je me permets de leur rappeler que les Canadiens souffrent actuellement. L'inflation est hors de contrôle. Partout au Canada, des familles ont du mal à chauffer leur maison, à faire le plein d'essence et à mettre de la nourriture sur la table.
Ces difficultés ne touchent pas uniquement les collectivités autochtones ou les localités de ma circonscription. Tous les députés constatent les répercussions des dépenses du gouvernement libéral dans leur circonscription et entendent quotidiennement les besoins de leurs concitoyens. En tant que comptable professionnel agréé, j'ai pu constater de mes propres yeux les effets de l'augmentation des impôts sur ma région. Les petites entreprises sont accablées par la paperasserie. La solution du gouvernement libéral consiste à dépenser des millions de dollars supplémentaires pour créer un autre bureau à Ottawa. Ce n'est pas du bon sens, c'est de l'absurdité libérale.
Je rappelle à la Chambre que nous disposons déjà d'une institution indépendante et respectée qui contrôle les programmes fédéraux destinés aux Autochtones et les obligations découlant des traités: le Bureau du vérificateur général. Depuis 2005, ce bureau a publié plus de vingt rapports sur des sujets aussi variés que les droits fonciers issus des traités, les accords sur l'autonomie gouvernementale ou encore la mise en œuvre des traités modernes. À titre de nouveau membre du Comité permanent des comptes publics, je suis consterné de constater que bon nombre de ces rapports et recommandations n'ont pas été mis en œuvre.
Bien que je ne fasse partie du Comité que depuis peu, j'ai pu constater à maintes reprises que le travail est effectué. La vérificatrice générale et son bureau consacrent du temps et de l'argent à examiner les questions et à déposer des rapports au Parlement, mais les recommandations concrètes qu'elle formule sont systématiquement ignorées par le gouvernement. En réalité, certaines des preuves les plus accablantes de l'échec du gouvernement proviennent de ces rapports.
Quelle a été la réponse des libéraux? Ce n'est pas l'action ou la mise en œuvre, mais davantage de retards, d'excuses, et maintenant de la bureaucratie. La création d'un nouveau commissaire ne permettrait pas de demander des comptes au gouvernement, mais ajouterait simplement un intermédiaire. Ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas de nouveaux rapports, mais des résultats. Nous avons besoin que les ministres et les ministères accomplissent le travail pour lequel ils sont rémunérés, sans se renvoyer la balle ni se cacher derrière des rapports. Ils devraient simplement faire leur travail.
J'aimerais prendre un moment pour m'adresser directement aux dirigeants et aux communautés autochtones de Yellowhead et du reste du pays. Je les entends et je constate leur frustration. Je sais qu'ils sont las d'attendre et je sais que des gouvernements de tous les partis leur ont fait maintes promesses, qui ont donné trop peu de résultats. Nul besoin d'ajouter d'autres paliers de bureaucratie pour que les obligations soient honorées. Le gouvernement n'a qu'à faire preuve de leadership. Il faut rendre des comptes et passer à l'action.
Les conservateurs sont déterminés à faire avancer la réconciliation grâce à des résultats concrets, à des accords négociés et au développement d'infrastructures, et à faire en sorte que les communautés autochtones aient les outils nécessaires pour réussir selon leurs propres conditions. La réconciliation ne passe pas par l'alourdissement de la bureaucratie à Ottawa; elle passe par l'habilitation des communautés autochtones chez elles.
L'approche libérale en matière de réconciliation est une affaire de performance et de bureaucratie, et les Canadiens y voient clair. Le projet de loi n'est pas une solution; c'est de la diversion. C'est un écran de fumée de la part d'un gouvernement qui n'a rien fait. Il s'agit d'un communiqué de presse que l'on fait passer pour une politique. Ultimement, c'est une perte de temps, d'énergie et d'argent public qu'il vaudrait mieux consacrer à la mise en œuvre des traités existants.
Le 11 juin 2008, l'ancien premier ministre Stephen Harper a déclaré ce qui suit au sujet de la Commission de vérité et réconciliation, dans le cadre des excuses qu'il a présentées au nom du gouvernement aux anciens élèves des pensionnats autochtones:
Il s'agira d'une étape positive dans l'établissement d'une nouvelle relation entre les peuples autochtones et les autres Canadiens et Canadiennes, une relation basée sur la connaissance de notre histoire commune, sur un respect mutuel et sur le désir de progresser ensemble, avec la conviction renouvelée que des familles fortes, des communautés solides et des cultures et des traditions bien vivantes contribueront à bâtir un Canada fort pour chacun et chacune d'entre nous.
Ce projet de loi n'améliorerait pas la vie des communautés qu'il vise à aider. En réalité, ces mesures législatives seraient un autre obstacle, une nouvelle couche de lourdeur bureaucratique et une barrière de plus pour les communautés autochtones qui ont simplement besoin que le gouvernement accomplisse son devoir, qu'il respecte les traités existants et qu'il tienne ses promesses.
Revenons à Yellowhead, une région riche en histoire et en traditions où vivent des peuples autochtones empreints de fierté qui veulent la même chose que tous les Canadiens: la possibilité de bâtir une vie meilleure, de fonder une famille en santé et d'avancer dans la dignité et le respect. Mes concitoyens autochtones n'ont pas besoin d'un nouveau commissariat ni d'un autre rapport. Ils ont besoin d'un gouvernement qui arrête de faire des promesses et qui s'applique à agir. Mes collègues conservateurs et moi nous allons continuer de nous battre pour défendre les intérêts des peuples autochtones.
J'exhorte tous les députés à voter contre le projet de loi .
Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre la parole à la Chambre cet après-midi et de participer au débat sur le projet de loi . Je remercie le député d', qui me remplace actuellement au comité, de m'avoir aidé afin que je puisse être ici pour m'adresser à la Chambre au sujet de cet important projet de loi.
Je tiens à souligner qu'aujourd'hui, 7 octobre, marque le triste anniversaire du pire acte de violence antisémite depuis l'Holocauste. Ma grand-mère a survécu à l'Holocauste, et je ne peux imaginer quelle aurait été sa réaction, si elle était encore en vie, devant les images horribles de cette attaque terroriste. La violence et la détention d'otages se poursuivent depuis ce jour, et je me joins aux nombreuses voix qui réclament leur libération et le dépôt des armes par le Hamas. Je sais que ce n'est pas le sujet du projet de loi dont nous sommes saisis, mais je tenais à le mentionner, étant donné la date d'aujourd'hui.
Nous débattons actuellement du projet de loi , un projet de loi d'initiative ministérielle qui prétend régler des questions de justice et de réconciliation. Il n'en fera rien, et c'est pourquoi nous nous y opposerons. Je vais expliquer notre opposition au projet de loi et les raisons pour lesquelles je pense que nous devrions adopter une autre approche.
Le projet de loi ajouterait un autre système administratif autour du respect des traités modernes. Il propose de créer un autre poste de commissaire, qui serait chargé d'évaluer et d'examiner la réponse du gouvernement aux traités modernes. Je suppose que la logique du gouvernement, ici, c'est que la seule chose qui empêche les libéraux de tenir leurs promesses, c'est qu'il manque un commissaire pour leur dire de faire ce qu'il faut.
Comme l'ont souligné mes collègues, il y a toujours une multitude de rapports de mandataires ou de commissaires indépendants du Parlement et de la société civile qui mettent en évidence les lacunes du gouvernement. Le gouvernement pourrait donner suite aux nombreuses recommandations qu'il a reçues afin d'améliorer concrètement la vie des Autochtones, mais plutôt que de prendre les mesures concrètes que nous avons proposées et que beaucoup d'autres ont proposées, son approche consiste à dire que, peut-être, si nous avions un commissaire de plus, cela changerait tout.
Je ferai également quelques observations en réponse, je crois, au nouveau député d', qui a fait des déclarations scandaleuses au sujet de l'approche du Parti conservateur à l'égard de ce qui s'est passé dans les pensionnats. C'est vrai qu'il est nouveau, mais il aurait tout de même pu se renseigner sur ce qui s'est passé et ce qui a été dit ici avant son élection.
Le député ignore peut-être — quoiqu'il puisse le savoir — que c'est Stephen Harper, un ancien premier ministre conservateur, qui a présenté des excuses officielles au nom du gouvernement du Canada pour ce qui était advenu dans les pensionnats autochtones. Quant à lui, le Parti libéral persiste à reconnaître, à respecter et à célébrer, encore récemment, les premiers ministres libéraux qui ont participé à la création des pensionnats autochtones.
Si le député, qui s'efforce de faire de la vérité et de la réconciliation une question partisane, souhaite parler de clivages partisans relativement aux actions et aux mesures, je me ferai un plaisir de l'éduquer sur le sujet. C'est un gouvernement conservateur qui a eu le courage, la vision et l'honneur d'offrir des excuses, ce qu'avaient refusé de faire les gouvernements libéraux qui l'avaient précédé. Ce sont également les conservateurs qui ont lancé le processus de vérité et de réconciliation. Bien entendu, beaucoup de gens y ont participé, mais le processus a commencé et il s'est déroulé sous un gouvernement conservateur.
Si le député ignore l'histoire de ce pays, je me ferai un plaisir de lui donner des précisions en soulignant le travail que le premier ministre Stephen Harper a accompli à cet égard. Les conservateurs croient profondément à l'importance de la vérité et de la réconciliation, et nous sommes fiers de souligner le rôle que le premier ministre Harper a joué à cet égard. J'espère que le député reviendra sur ce point pendant la période des questions et observations.
Pour en revenir au projet de loi, celui-ci propose de créer un autre poste bureaucratique au Parlement, un poste de fonctionnaire qui s'ajouterait à un groupe existant d'organismes de surveillance chargés d'examiner les résultats du gouvernement dans ces dossiers. À notre avis, cela ajouterait un autre palier de bureaucratie, alors que le gouvernement devrait plutôt prendre des mesures concrètes pour améliorer la vie des Autochtones.
Je veux parler plus en détail de certaines des mesures plus concrètes et plus judicieuses que le gouvernement pourrait envisager. Avant de prendre la parole à la Chambre, j'étais au comité des ressources humaines, où nous étudions la question cruciale du chômage au pays. Le taux de chômage chez les jeunes est de 14,5 %, et celui pour l'ensemble de la population continue de grimper. Il s'élève actuellement à 7,1 %. Nous allons connaître vendredi les nouveaux chiffres sur l'emploi, mais nous continuons de constater une détérioration grave de la situation du chômage, qui s'inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs années.
Nous savons que les problèmes liés au chômage sont particulièrement aigus chez les Autochtones. Les rapports de Statistique Canada sur le chômage n'incluent pas les Autochtones vivant dans les réserves, mais nous savons, grâce à divers indicateurs, que le chômage chez les Autochtones est un problème persistant.
En parlant de ce défi, il convient de souligner que les Autochtones sont plus susceptibles de vivre dans des zones rurales et éloignées, à proximité des ressources naturelles. Si l'emploi dans l'économie en général est fortement influencé par les politiques touchant le secteur des ressources naturelles, l'emploi chez les Autochtones est quant à lui disproportionnellement influencé par les politiques liées à l'exploitation des ressources naturelles. C'est précisément ce que nous avons entendu ce matin au comité: les Autochtones sont beaucoup plus nombreux dans le secteur de l'exploitation des ressources naturelles que dans les autres secteurs.
Dans le contexte d'un programme global de réconciliation, nous, les conservateurs, avons défendu l'importance de la réconciliation économique, c'est-à-dire des politiques qui permettent aux peuples autochtones d'accéder à des possibilités d'emploi. Si nous voulons des politiques qui offrent des possibilités d'emploi aux Autochtones, ces politiques doivent inclure les secteurs dans lesquels ils ont le plus de chances d'être employés, ce qui inclut notamment celui de l'exploitation des ressources naturelles.
Les politiques du gouvernement libéral qui ont constamment fait obstacle au secteur des ressources naturelles compliquent la tâche aux Autochtones en quête d'emploi. Les politiques libérales qui entravent la mise en valeur de ces ressources touchent de façon disproportionnée les Autochtones à la recherche d'un emploi. C'est un fait. Certains représentants du gouvernement diront peut-être, pour des raisons idéologiques, que cela en vaut la peine et que c'est un prix qu'ils sont prêts à payer, mais j'estime qu'ils devraient admettre que leurs politiques hostiles au secteur de l'énergie ont des effets disproportionnés et négatifs sur les peuples autochtones.
Au comité des ressources naturelles, nous avons entendu il y a quelques minutes des témoignages d’experts à propos de la mise en valeur des ressources. Ces experts admettent que le ton et la forme des propos tenus par le bureau du premier ministre au sujet des ressources ont changé, mais que le fond reste le même. Nous entendons des propos qui sont censés donner l'impression d'un intérêt accru pour la mise en valeur des ressources, mais en réalité, les politiques n'ont pas changé. Les sociétés énergétiques qui songent à créer des emplois et des débouchés ici au Canada réclament les modifications politiques et réglementaires nécessaires pour donner libre cours au développement économique et permettre la création d'autres débouchés économiques pour les peuples autochtones, mais le gouvernement refuse d'apporter ces changements, auxquels il s'oppose carrément.
Voici un exemple concret: il suffit de penser aux débouchés économiques énormes qui accompagneraient la mise en place d'un réseau de pipelines qui relierait l'Alberta aux ports d'exportation dans le Nord de la Colombie‑Britannique. Il y a des cas où des nations autochtones appuyaient ce type de projet, et même des cas où ils en étaient les promoteurs. Ces nations voient les possibilités que créeraient les projets de ce genre.
Or, les libéraux ont continué d'appuyer le projet de loi , qui était hostile au secteur de l'énergie et qui interdisait l'exportation des ressources énergétiques depuis la côte Nord de la Colombie‑Britannique. Il faut reconnaître un fait évident que certains aimeraient bien nier. Il y a bel et bien des navires qui transportent des produits énergétiques depuis la côte Nord de la Colombie‑Britannique, mais ce ne sont pas des bateaux canadiens. De nombreux navires circulent dans cette région et ils transportent des produits qui pourraient être exportés depuis le Canada.
Il n'existe aucun moyen légal d'empêcher le transport des hydrocarbures dans cette partie de l'océan. La question est simplement de savoir si le Canada tirera des avantages économiques de l'exportation de ses ressources, si nous permettrons aux peuples autochtones qui souhaitent participer à ces projets d'en tirer profit et si le gouvernement continuera à faire l'autruche et à ignorer ces réalités économiques. Certains d'entre nous entendent parler des autruches de temps à autre. Il y a certainement des gens dans cette Chambre qui font l'autruche lorsqu'il s'agit des réalités de l'exploitation des ressources énergétiques, et ils sont assis sur les banquettes d'en face.
Concernant ce qui améliorerait la qualité de vie des peuples autochtones, je voudrais rappeler avec insistance au gouvernement qu'il doit vraiment réparer les dégâts qu'il a causés dans le programme d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. Au cours de la dernière législature, nous avons vu le scandale entourant ce programme se poursuivre directement dans cette enceinte.
Voici en quoi consiste ce scandale. Le gouvernement a fixé un objectif concernant les marchés publics et les entreprises autochtones. Il a déclaré vouloir que 5 % des marchés publics soient attribués à des entreprises autochtones. Il y a des organismes qui soutiennent et mettent en valeur les entreprises autochtones. Il y a également un certain nombre de répertoires d'entreprises autochtones et d'entités indépendantes qui s'emploient à maintenir des répertoires d'entreprises autochtones et à aider ces entreprises. Au lieu de collaborer efficacement avec des organismes indépendants pour savoir quelles entreprises sont autochtones, le gouvernement a choisi de créer son propre répertoire, et il s'est avéré que certaines entreprises déclarées autochtones par le gouvernement libéral dans le répertoire ne figuraient dans aucun répertoire d'entreprises autochtones établi par un organisme indépendant.
Si les libéraux affirment qu'une entreprise donnée est une entreprise autochtone et qu'aucune entité autochtone en dehors du gouvernement ne le confirme, je dirais qu'il y a matière à soupçon. Hypothétiquement, si l'une de ces entreprises appartenait à un ministre qui n'est pas autochtone, cela aussi serait suspect.
Une voix: Nommez-le.
Garnett Genuis: Monsieur le Président, un député me demande de nommer la personne en cause. Il y avait au moins deux personnes impliquées, et je peux dire sans risquer de me tromper que toutes les deux s'appelaient Randy.
L'affaire triste et honteuse de l'ancien ministre libéral d'Edmonton-Centre est bien connue, mais ce n'est pas la seule. L'Assemblée des Premières Nations a déclaré au Comité des opérations gouvernementales et prévisions budgétaires que, selon elle, la majorité des entreprises ayant bénéficié des marchés publics réservés aux entreprises autochtones étaient en réalité des sociétés fictives. Cela montre bien que le gouvernement préfère se draper dans la vertu plutôt que de s'intéresser à la substance des choses lorsqu'il s'agit de ces questions.
D'une part, les libéraux veulent faire grand cas de leur objectif d'approvisionnement auprès des Autochtones. De l'autre, ils permettent à des amis libéraux bien branchés, qui ne sont pas autochtones, de se faire passer pour des Autochtones afin d'obtenir des contrats qui étaient censés être réservés aux Autochtones. À mon avis, ils se sont honteusement moqués des bonnes intentions des Canadiens, qui ont demandé à leur gouvernement de mettre en œuvre des politiques concrètes visant à créer des emplois et des occasions d'affaires pour les Autochtones, et ce, afin de favoriser la réconciliation économique.
Ils permettent à des imposteurs et à des escrocs non autochtones de bénéficier de contrats qui étaient censés être réservés aux Autochtones. Un lanceur d'alerte est venu témoigner devant le Comité des opérations gouvernementales du cas d'une entreprise clairement non autochtone, qui comptait essentiellement un seul employé autochtone et qui a créé une structure de coentreprise entre cette personne et cette grande entreprise afin de donner l'impression qu'il s'agissait d'une coentreprise autochtone. La personne autochtone a clairement été exploitée dans cet arrangement, mais cela a permis à l'entreprise non autochtone d'accéder à un nombre considérable de contrats gouvernementaux en faisant croire qu'elle faisait partie d'une coentreprise autochtone.
Nous avons invité le lanceur d'alerte, un ancien vérificateur, à comparaître devant le Comité des opérations gouvernementales pour témoigner de ce qui s'était passé dans cette affaire. Il a également déclaré que le gouvernement avait fait la sourde oreille lorsqu'il l'a informé du problème. En fait, il a été progressivement écarté et muselé. En conséquence, nous avons pu adopter une motion par le Comité des opérations gouvernementales afin d'enquêter davantage sur cette affaire que cet ancien vérificateur et lanceur d'alerte avait portée à l'attention du comité. Nous avions prévu d'entendre plusieurs témoins, y compris des gens de la société qui faisait partie de cette coentreprise, et nous avions également prévu de donner la parole à cette personne autochtone qui, à mon avis, a été exploitée dans cet arrangement. Nous avions prévu de mener cette étude, mais, bien sûr, la suite est connue. Le gouvernement a prorogé le Parlement, puis nous sommes entrés directement en période électorale. Les libéraux ont tenté d'étouffer ce scandale libéral lié d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones au cours des mois qui ont suivi.
C'est très important, et nous devons en parler. Je crois comprendre que nous entendrons l'ombudsman de l'approvisionnement ainsi que la vérificatrice générale, à un moment donné au cours de l'année prochaine, au sujet du scandale libéral de l'approvisionnement auprès des entreprises autochtones. J'attends avec impatience ces rapports. Malheureusement, je crains que, comme pour beaucoup de rapports déjà produits, le gouvernement en ignore les conclusions. Il appartiendra aux Canadiens d'examiner le travail accompli par la vérificatrice générale et l'ombudsman de l'approvisionnement et de réagir au fait que les libéraux, bien qu'ils tiennent parfois de beaux discours sur la réconciliation, ont en réalité entravé le développement économique des Autochtones et permis à des fraudeurs non autochtones de profiter de contrats qui étaient censés être réservés aux Autochtones.
Les libéraux ont laissé ce scandale se produire. Au mieux, ils ont fermé les yeux pour donner l'impression que leurs chiffres d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones étaient meilleurs qu'ils étaient en réalité. Les Canadiens verront ces rapports et pourront réagir.
En attendant, la persistance de ces scandales nous montre que le ridicule de l'approche actuelle du gouvernement. Nous sommes témoins de ces scandales. Ils ont fait l'objet d'enquêtes. Les libéraux ont dénigré et ignoré des vérificateurs. Des dénonciateurs ont dû venir témoigner devant un comité des abus commis dans le programme libéral d'approvisionnement auprès des entreprises autochtones, et maintenant, ils présentent un projet de loi prévoyant la création d'un autre poste de commissaire.
Pourquoi ne pas écouter les vérificateurs qui ont déjà soulevé des problèmes? Pourquoi ne pas se préparer à réfléchir sérieusement à ce qui sera sans aucun doute un rapport accablant de l'ombudsman de l’approvisionnement et du Bureau du vérificateur général? Pourquoi ne pas collaborer plus concrètement et plus sérieusement avec les mandataires du Parlement, qui dénoncent la corruption et les abus commis par le gouvernement? Au lieu de chercher à faire bonne figure sur ces questions, pourquoi le gouvernement ne prendrait-il pas au sérieux la nécessité d'un véritable changement de politique afin de stimuler le développement économique des Autochtones et de tous les Canadiens? Pourquoi ne se concentrerait-il pas sur les résultats plutôt que sur la propagation de certaines idées?
Le projet de loi ne se résume qu'à cela. Il crée un autre poste de mandataire, un autre commissaire du Parlement, que le gouvernement ignorera sans aucun doute, au lieu de se concentrer sur les véritables problèmes et sur les vraies solutions dont notre pays et les Autochtones ont besoin.
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de Pickering—Brooklin.
Kwe kwe, ulaakut et tanshi. Permettez-moi tout d'abord de reconnaître que le Parlement du Canada est situé sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe, qui habite la région depuis des temps immémoriaux.
Je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi concernant le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes et de souligner certains des points clés qu'il renferme, ainsi que les rôles et responsabilités de ce nouveau poste de mandataire du Parlement.
Depuis 50 ans, les traités modernes jouent un rôle fondamental dans nos efforts pour faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones. Ils favorisent la création de communautés autochtones fortes et durables et contribuent à garantir que les peuples autochtones puissent décider de ce qui est le mieux pour leur avenir. Le gouvernement du Canada continue de s'efforcer de remplir ses obligations au titre des traités modernes et d'établir et de maintenir de véritables relations de nation à nation, de gouvernement à gouvernement et entre les Inuits et la Couronne avec les partenaires signataires des traités modernes.
Si des progrès importants ont été réalisés, comme l'élaboration de la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes du Canada, il reste encore beaucoup à faire. Depuis plus de 20 ans, les partenaires signataires des traités modernes réclament une surveillance accrue afin de régler les problèmes persistants liés à leur mise en œuvre et de tenir le gouvernement fédéral responsable devant le Parlement de ses obligations au titre de ces traités. C'est précisément pour cette raison que, lors du forum intergouvernemental des dirigeants en mai 2024, le gouvernement a annoncé son intention de créer un nouveau mandataire du Parlement: le commissaire à la mise en œuvre des traités modernes.
Après cette annonce attendue depuis longtemps, de nombreux partenaires et groupes autochtones ont exprimé leur soutien. Eva Clayton, présidente du gouvernement Nisga'a Lisims et une des coprésidentes de la Coalition pour les ententes sur les revendications territoriales, a déclaré à CTV News que le commissaire mettra l'accent sur les domaines que le gouvernement canadien doit aborder pour garantir le respect de l'esprit et de l'intention de chacun de leurs accords. Elle a ajouté qu'ils savent qu'une fois leurs accords pleinement mis en œuvre, la vie de leur peuple et des membres de leurs communautés s'améliorera, ce qui aura une incidence positive sur l'ensemble des Canadiens.
La nomination d'un commissaire chargé de remplir cette fonction présenterait de nombreux avantages. Plus important encore, le commissaire mettrait en lumière les domaines dans lesquels le gouvernement du Canada ne parvient pas à résoudre les problèmes structurels liés à la mise en œuvre des traités modernes. Le rôle du commissaire a été élaboré conjointement avec les partenaires signataires des traités modernes afin de garantir une surveillance indépendante, crédible, efficace et durable de la mise en œuvre des traités modernes. Il a été spécialement conçu pour tenir le gouvernement fédéral responsable devant le Parlement de la mise en œuvre de ses obligations découlant des traités modernes et pour veiller à ce que le gouvernement fédéral agisse de manière à renforcer ses relations avec ses partenaires signataires des traités modernes.
En assurant une surveillance indépendante, le commissaire contribuerait à améliorer la mise en œuvre des traités modernes à l'échelle fédérale et à sensibiliser, à informer et à mobiliser l'ensemble de la fonction publique fédérale. En fin de compte, le commissaire aiderait le Canada à être un meilleur partenaire dans le cadre des traités modernes.
Comme mes collègues l'ont mentionné à la Chambre, le commissaire serait un nouveau mandataire du Parlement, à l'instar de la vérificatrice générale et du commissaire à la protection de la vie privée. Cela signifie qu'il relèverait directement du Parlement. Le mandat du commissaire couvrirait toutes les activités fédérales liées à la mise en œuvre des traités modernes. Cela inclurait la mise en œuvre des traités modernes en tant que tels ainsi que tout accord d'autonomie gouvernementale ou autre arrangement lié aux traités modernes.
Il est important de noter que le mandat du commissaire ne porterait que sur les activités fédérales liées à la mise en œuvre de ces traités modernes. Il n'inclurait pas les activités des gouvernements provinciaux, territoriaux ou autochtones. Sa principale tâche consisterait à examiner les mesures prises par les ministères pour mettre en œuvre les traités modernes et à donner son avis sur la conformité de ces mesures à trois principes clés: premièrement, renforcer les relations entre le gouvernement du Canada et les partenaires signataires des traités modernes; deuxièmement, remplir les obligations du gouvernement du Canada au titre des traités modernes et en réaliser les objectifs; et troisièmement, préserver l'honneur de la Couronne grâce à la mise en œuvre rapide et efficace des traités modernes.
Les fonctions principales du commissaire consisteraient à effectuer des examens et des vérifications de performance. Les examens sont un outil adapté destiné à fournir au commissaire les moyens de répertorier les problèmes systémiques persistants qui font obstacle à la mise en œuvre des traités modernes. Ils permettraient au commissaire d'approfondir ces enjeux, d'en cerner les causes sous-jacentes et d'examiner de manière approfondie la manière dont les décisions fédérales sont prises et mises en œuvre. Un examen pourrait porter sur un programme ou une activité particulier au sein d'une seule organisation, ou il pourrait être plus large et couvrir un problème systémique et transversal touchant divers ministères fédéraux. Pour chaque examen, le commissaire travaillerait en étroite collaboration avec les partenaires signataires des traités modernes afin de déterminer les conditions, les procédures et la méthodologie à suivre.
Le commissaire serait également habilité à effectuer des vérifications de performance qui seraient effectuées sur la base de normes d'audit nationales largement acceptées, identiques à celles suivies par la vérificatrice générale. Une fois l'examen ou la vérification de performance terminé, le rapport final serait soumis aux Présidents du Sénat et de la Chambre des communes pour dépôt. Il s'agit du moyen le plus direct et le plus efficace de tenir le gouvernement responsable de ses actions.
À la fin de chaque année, le commissaire enverrait un rapport à la . Ce rapport comprendrait les activités menées par le commissariat au cours de l'année ainsi que les conclusions et les recommandations présentées dans les rapports publiés au cours de cette année. Il serait également déposé au Parlement.
Outre les examens et les vérifications, le commissaire serait également autorisé à présenter des explications sur son travail à tout ministre ou partenaire d'un traité moderne qu'il juge approprié, ou à tout comité désigné ou établi par le Parlement, à la demande de ce dernier.
En ce qui concerne le processus de nomination du commissaire, celui-ci doit avoir la confiance des partenaires des traités modernes et du Parlement. Le commissaire serait nommé par la gouverneure en conseil, soit par décret du Cabinet. Toutefois, avant que ce décret ne soit pris, quelques étapes doivent être franchies. Tout d'abord, les partenaires signataires des traités modernes seraient consultés. Cela ferait partie intégrante du processus de nomination. Ensuite, des activités de consultation auraient lieu avec le chef de tous les partis reconnus au Sénat et à la Chambre des communes. Comme pour la vérificatrice générale, la nomination nécessite une résolution du Sénat et de la Chambre des communes. Ce n'est qu'après coup que le commissaire pourra être nommé.
Le commissaire serait nommé pour un mandat maximal de sept ans, avec la possibilité d'être renommé pour un mandat supplémentaire. Il ne pourrait être démis de ses fonctions que par la gouverneure en conseil, sur recommandation de la Chambre et du Sénat. Cette condition est essentielle pour protéger l'indépendance du commissaire et lui permettre de mener à bien son mandat.
Je tiens à souligner que l'ensemble du processus de nomination, ainsi que l'initiative dans son ensemble, a été élaboré conjointement avec les partenaires signataires des traités modernes. D'après les commentaires recueillis lors des séances de coélaboration dans le cadre de l'élaboration de la proposition relative à l'organisme de surveillance, nous avons appris que les partenaires voulaient s'assurer que le commissaire possède les connaissances nécessaires des traités modernes pour remplir son mandat.
Ce que nous avons accompli avec les partenaires signataires des traités modernes prouve que tant de choses sont possibles lorsque nous travaillons ensemble. Nous savons que le gouvernement du Canada accorde une grande importance à ses relations dans le cadre des traités modernes et s'engage à mettre en œuvre ces accords de manière exhaustive et efficace. Forts des leçons tirées de nos erreurs passées, nous sommes à l'écoute et nous évoluons. Ensemble, nous relevons les défis auxquels sont confrontés les partenaires des traités modernes à la grandeur du Canada.
La surveillance exercée par le commissaire favoriserait la mise en œuvre des traités modernes et, par conséquent, l'autodétermination, la prise de décisions et la croissance économique des communautés autochtones. Avant tout, le commissaire contribuerait à instaurer la confiance, la transparence et la responsabilisation tandis que nous nous efforçons de bâtir une meilleure démocratie dans ce pays.
Meegwetch. Qujannamiik. Marsee.
Kwe kwe,
taanshi, bonjour, monsieur le Président.
Avant de poursuivre, prenons un moment pour exprimer notre gratitude d'être réunis ici, sur les terres traditionnelles, non cédées et non abandonnées du peuple algonquin anishinabe, dont le lien avec cette terre perdure encore aujourd'hui.
Je suis reconnaissante de pouvoir m'exprimer aujourd'hui au sujet du projet de loi créant le poste de commissaire à la mise en œuvre des traités modernes. Je me concentrerai sur l'approche partenariale qui a été utilisée pour élaborer cette initiative avec les partenaires signataires des traités modernes.
Le gouvernement du Canada reconnaît l'héritage douloureux du colonialisme dans ce pays et la nécessité de changer de cap pour l'avenir. L'un des moyens d'y parvenir consiste à conclure des traités modernes qui jouent un rôle essentiel dans la promotion de la réconciliation et dans l'établissement de relations de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne, ainsi qu'entre les gouvernements, des relations fondées sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat.
Les traités modernes font partie du cadre constitutionnel du Canada et constituent une forme distincte de réconciliation. Élaborés à la suite de négociations avec les groupes autochtones, ils reflètent des besoins, des priorités et une situation qui leur sont propres, qu'ils soient d'ordre politique, économique, juridique, historique, culturel ou social.
En février 2023, le gouvernement du Canada et les partenaires signataires des traités modernes ont annoncé conjointement la Politique collaborative de mise en œuvre des traités modernes. Cette politique reconnaît que le Canada peut et doit faire mieux en matière de mise en œuvre de ces traités. Elle marque une avancée importante en renforçant la surveillance afin de garantir que le gouvernement fédéral respecte ses engagements en matière de traités modernes et en rende compte au Parlement.
En mars 2023, le gouvernement du Canada et les partenaires signataires des traités modernes ont entamé un processus intensif d'élaboration conjointe. Ce processus a principalement été facilité par le groupe de travail sur la politique de mise en œuvre des traités modernes. Ce groupe était composé de représentants de la plupart des 27 traités modernes et de fonctionnaires du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord. Les groupes qui n'ont pas participé à ce forum ont été consultés selon la méthode de leur choix.
Pendant la période d'élaboration conjointe, entre mars et septembre 2023, les fonctionnaires du ministère ont également organisé plus de 90 rencontres avec d'autres ministères et organismes fédéraux. La proposition a été examinée par le gouvernement fédéral jusqu'en mai 2024.
Lors du deuxième forum intergouvernemental annuel des dirigeants, le gouvernement du Canada, les partenaires signataires des traités modernes et les gouvernements autochtones autonomes se sont réunis pour annoncer leur intention de créer un organisme de surveillance indépendant dirigé par un nouveau commissaire à la mise en œuvre des traités modernes, agissant en tant que mandataire du Parlement. Ce nouveau rôle constituerait un changement transformateur attendu depuis fort longtemps dans les relations issues des traités modernes et symboliserait une approche collaborative de la gouvernance et de la responsabilité.
Le commissaire aurait pour mission de veiller à ce que le gouvernement fédéral respecte ses obligations et ses objectifs en matière de traités modernes, ainsi que les relations qu'ils incarnent. À la suite de cette annonce, le gouvernement du Canada a entamé une longue période de consultation et de mobilisation autour d'un projet de loi visant à créer ce poste.