La procédure et les usages de la Chambre des communes
Sous la direction de Robert Marleau et Camille Montpetit
Édition 2000Plus d’informations …
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18. Les procédures financières

Le pouvoir d’emprunt

Le gouvernement a besoin de pouvoir emprunter lorsque ses recettes n’arrivent pas à couvrir ses dépenses. Il le fait principalement en émettant des bons du Trésor, des obligations négociables et des obligations d’épargne du Canada sur les marchés canadien et étranger. La Loi sur la gestion des finances publiques précise ce qui suit : « Les emprunts de fonds et l’émission de titres par Sa Majesté ou pour son compte sont subordonnés à l’autorisation du Parlement [292]  ». Ce pouvoir d’emprunter suffisamment de nouveaux fonds pour couvrir les besoins financiers estimés et se réserver une marge de manœuvre en cas d’urgence est normalement demandé et obtenu au début du cycle financier de chaque nouvel exercice [293] . Ces demandes visent de nouveaux pouvoirs d’emprunt puisque la Loi sur la gestion des finances publiques autorise déjà le gouvernement à emprunter de l’argent pour refinancer des titres de créance arrivant à échéance [294] . Un pouvoir d’emprunt inutilisé à la fin de l’exercice est périmé et une nouvelle requête doit être présentée.

Le gouvernement emprunte lorsque ses dépenses, qui sont autorisées par le Parlement dans les Budgets principal et supplémentaire des dépenses et les crédits provisoires, sont supérieures à ses recettes dont les niveaux prévus sont également approuvés par le Parlement. Avant 1975, on avait l’habitude d’inclure des demandes de pouvoir d’emprunt dans l’un des premiers projets de loi de crédits du nouvel exercice. Lorsque les circonstances exigeaient un accroissement de ce pouvoir d’emprunt, ces accroissements étaient demandés au moyen des projets de loi de crédits subséquents comme par exemple ceux relatifs aux Budgets supplémentaires des dépenses ou aux crédits provisoires. Pour justifier cette inclusion de nouveaux pouvoirs d’emprunt dans une loi de crédits, on soutenait que ces pouvoirs d’emprunt pour couvrir toute insuffisance des recettes par rapport aux dépenses devaient être autorisés de manière assez automatique étant donné que cette insuffisance, comme les besoins d’emprunt, étaient la conséquence de mesures déjà approuvées par le Parlement.

Les changements apportés en 1968 aux procédures sur les subsides ont rendu problématique l’inclusion du pouvoir d’emprunt dans les projets de loi de crédits [295] . La nouvelle procédure ne permettait habituellement pas aux députés de débattre des dispositions sur le pouvoir d’emprunt; la clause sur les emprunts ne faisait pas partie du Budget des dépenses examiné par les comités permanents et les projets de loi de crédits contenant les dispositions sur les emprunts étaient habituellement adoptés sans débat. En 1975, le Président a ordonné de rayer d’un projet de loi de crédits relatif à un budget supplémentaire une disposition sur le pouvoir d’emprunt parce que son inclusion dans ce projet de loi fondé sur un budget supplémentaire empêcherait pratiquement toute discussion de cet article, compte tenu des dispositions du Règlement [296] . Quelques années plus tard, en 1981, le Président ne voyait aucune objection à inclure une demande de pouvoir d’emprunt dans un projet de loi fiscal fondé sur une motion de voies et moyens, pourvu que le gouvernement ait également donné le préavis habituel de 48 heures pour la présentation d’un projet de loi afin de viser les dispositions sur le pouvoir d’emprunt [297] .

Le pouvoir d’emprunt est maintenant demandé au moyen d’un projet de loi qui suit le processus législatif normal, sauf que le débat en deuxième lecture est limité à un maximum de deux jours de séance [298] . Les derniers gouvernements ont pris l’habitude de présenter les projets de loi portant pouvoir d’emprunt lors de la présentation du Budget ou peu de temps après [299] . En théorie, si d’autres emprunts se révélaient nécessaires afin de faire face à des circonstances imprévues, un projet de loi attribuant un pouvoir d’emprunt supplémentaire serait alors présenté.


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