Monsieur le Président, cela me fait énormément plaisir de prendre part au débat sur le projet de loi C-86, Loi no 2 portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 27 février 2018 et mettant en oeuvre d'autres mesures.
Le projet de loi est rendu à l'étape du rapport. Il s'agit d'un projet de loi mammouth de plus de 851 pages. C'est donc un projet de loi omnibus vraiment volumineux.
Si on prend en considération le budget de 2008 et qu'on combine les deux, cela fait plus de 1 400 pages de changements législatifs qui doivent être étudiés par tous les parlementaires de la Chambre.
Nous avons parlé à maintes reprises du fait que les projets de loi comme le projet de loi C-86 doivent être fractionnés pour que tous les parlementaires de la Chambre aient le temps d'en débattre et de les étudier. Quand des projets de loi sont aussi volumineux, c'est facile d'y cacher des choses.
En 2015, les libéraux avaient promis de faire les choses différemment. À l'époque des conservateurs, ces derniers avaient l'habitude de déposer d'importants projets de loi omnibus, d'importants projets de loi mammouth. Pendant la campagne électorale, les libéraux ont dit qu'ils seraient différents et que tout le monde pouvait leur faire confiance. Pourtant, tout de suite après leur élection, en 2015, ils commençaient à déposer des projets de loi omnibus.
Quand on prépare un budget, on fait des choix et on établit les priorités. Nous sommes vraiment déçus du projet de loi C-86. De plus en plus, les gens ont l'espoir que le gouvernement adoptera des mesures qui changeront leur vie en mieux. Selon le NPD, les libéraux ont raté cette occasion.
Comme chacun le sait, le Canada est un pays riche. Les inégalités entre les personnes les plus riches au Canada et le reste de la population n'ont jamais été aussi profondes. Nous considérons que cela est complètement inacceptable en 2018. Deux milliardaires canadiens possèdent l'équivalent de ce que possèdent 11 millions de Canadiens.
Oxfam a publié un rapport dans lequel on a calculé que les huit hommes les plus riches possèdent la moitié de ce que possède la population mondiale.
Quelque 4 millions de Canadiens, dont 1,15 million d'enfants, vivent dans des foyers où l'on a beaucoup de misère à se nourrir. La semaine dernière, après la rencontre hebdomadaire de notre caucus, j'ai eu la chance de retourner dans ma circonscription, Berthier—Maskinongé, et de participer à un souper du Noël du pauvre à Yamachiche, pour lequel des bénévoles travaillent tout au long de l'année pour amasser de l'argent afin que des familles et des enfants reçoivent des paniers de Noël.
J'aimerais saluer le travail de Pierrette Plante, la présidente, et de l'abbé Julio César Duran, le président d'honneur. Lors de ce souper, 550 personnes se sont rassemblées. On a amassé près de 16 000 dollars dans le but d'intervenir auprès des personnes démunies qui vivent sur le territoire et de leur venir en aide.
On est content de voir les mesures proposées dans le projet de loi C-86 qui visent à réduire la pauvreté, mais malheureusement ces cibles de réduction de pauvreté ne sont pas accompagnées de mesures ni d'argent permettant de les atteindre.
Les libéraux ont des cibles et des idées, mais ils ne font pas de nouveaux investissements pour atteindre ces cibles. Il y a une crise de la pauvreté au Canada. Les gens vivent beaucoup de misère et de difficultés. Il y a encore des gens qui ont beaucoup de difficulté à joindre les deux bouts à la fin du mois.
Ce qui est important dans le projet de loi, c'est l'équité salariale. Les femmes attendent l'équité salariale depuis plus de 42 ans. C'est une promesse qui a été mise en avant par les libéraux. Toutefois, encore une fois, on attend. Les libéraux aiment consulter, mais cela revient à acheter du temps. Ils consultent encore au sujet de l'équité salariale alors qu'on aurait besoin de l'avoir aujourd'hui.
Une autre chose que nous cherchions beaucoup dans le projet de loi et qui, selon nous, manquait, c'est une mesure du gouvernement fédéral visant à taxer les géants du Web. Nous demandons donc au gouvernement de mettre fin aux vols de pensions et de doter le Canada d'une stratégie nationale en matière de service de garde.
J'ai eu mon fils à l'adolescence, et à l'époque, cela me coûtait 55 $ par jour pour l'envoyer à la garderie. J'ai donc dû demander des prêts supplémentaires pour pouvoir poursuivre mes études et envoyer mon fils à la garderie. Il nous faut un système pancanadien de garderies pour aider les familles, surtout les parents seuls.
D'autre part, nous demandons des mesures plus fortes en ce qui concerne les paradis fiscaux, et nous voulons que la durée des prestations de maladie de l'assurance-emploi soit prolongée afin qu'elle passe de 15 semaines à 50 semaines. Il y a une bonne campagne de sensibilisation à ce sujet. J'y reviendrai. Nous voulons également un système universel d'assurance-médicaments.
Par ailleurs, nous voulons que les besoins des communautés autochtones soient comblés, notamment en matière d'accès à l'eau potable et en ce qui concerne le financement de leurs établissements d'enseignement, qui reçoivent moins de financement que les autres établissements au pays. Enfin, nous voulons de l'aide pour les régions rurales.
Au sujet de la période de prestations de maladie de l'assurance-emploi, que nous voulons faire passer de 15 semaines à 50 semaines, il faut saluer le travail de Marie-Hélène Dubé, l'instigatrice de la pétition intitulée « 15 semaines pour guérir, ce n'est pas assez! ». Un demi-million de personnes ont signé cette pétition demandant au gouvernement fédéral d'agir, mais c'est le silence radio de la part de celui-ci. C'est très frustrant.
En 2016, le premier ministre lui-même et le ministre du Développement social avaient promis d'agir et de prolonger la durée des prestations. En 2014, le premier ministre a même voté en faveur du projet de loi C-291, qui visait à prolonger la période de prestations de maladie de l'assurance-emploi afin qu'elle passe de 15 semaines à 50 semaines.
Il faut que les bottines suivent les babines. Les gens malades doivent pouvoir prendre soin d'eux-mêmes. Ils n'ont pas le temps de se battre. Voilà pourquoi nous continuons de faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu'il prolonge les prestations de maladie de l'assurance-emploi.
Je représente la circonscription de Berthier—Maskinongé, qui comprend les MRC de Maskinongé et de Berthier, ainsi que trois municipalités de la MRC de Matawinie. Je m'y promène beaucoup et les gens m'arrêtent pour me parler de l'importance d'avoir un plan national en matière de connectivité à Internet. C'est un manque au niveau fédéral.
L'accès à Internet haute vitesse à large bande est essentiel au renforcement du tissu socioéconomique au Canada. Certaines entreprises ont beaucoup de difficulté à y avoir accès. Je connais un entrepreneur de Maskinongé qui paie deux fournisseurs Internet et qui ne sait jamais lequel des deux services va fonctionner lorsqu'il en a besoin. Lorsque l'un ne fonctionne pas, il essaie de compter sur l'autre.
Nous demandons depuis longtemps une stratégie nationale en matière de connectivité à Internet, car bien qu'il y ait quelques programmes et de l'argent de temps en temps, cela ne suffit pas. Il faut une stratégie pancanadienne pour brancher le Canada et le Québec.
Je dois aussi rappeler l'importance d'une stratégie en matière de réseau cellulaire. Dans ma circonscription, Berthier-Maskinongé, que ce soit à Saint-Mathieu-du-Parc ou à Saint-Édouard-de-Maskinongé, on me parle de l'importance d'avoir une couverture cellulaire. C'est ce dont me parle le maire de Saint-Édouard-de-Maskinongé, M. Réal Normandin, puisqu'il n'y en a pas dans son village, ni à Saint-Élie-de-Caxton, d'où vient M. Fred Pellerin. On a beaucoup de difficulté à avoir accès à un réseau cellulaire.
À Lavaltrie, la semaine dernière, lors d'un café-rencontre, Sylvie Legault et Gilles Auclair ont fait signer une pétition au sujet des 34 résidences du rang Point-du-Jour qui n'ont pas accès à Internet et qui ont à peine accès à un réseau cellulaire. Pourtant, Lavaltrie n'est pas loin de Montréal. Ces gens revendiquent une stratégie nationale en matière d'accès à Internet et à un réseau cellulaire.
On avait espoir de trouver beaucoup de bonnes choses dans le projet de loi C-86, mais le NPD devra s'y opposer car il n'en fait pas assez pour régler le problème de l'équité salariale. Les femmes se battent depuis trop longtemps pour avoir droit à un salaire égal pour un travail égal.
Ce projet de loi n'en fait pas non plus assez pour aider les régions rurales en ce qui concerne l'accès à Internet et à un réseau cellulaire. Il faut aussi améliorer le système d'assurance-médicaments. Bref, il y a plein de raisons pour lesquelles nous allons voter contre le projet de loi C-86.