Monsieur le Président, cela me fait plaisir de me lever aujourd'hui pour parler de la motion M-226, qui vise à donner des instructions au Comité permanent de la santé relativement aux prestations de services de santé en milieu rural.
La pénurie de médecins de famille et d'infirmières au Canada est extrêmement préoccupante, particulièrement dans les régions rurales. Le manque d'accès à un service Internet à large bande empêche aussi les collectivités rurales d'accéder aux services de santé en ligne. La désintégration des hôpitaux en milieu rural représente une autre préoccupation à prendre en considération au cours de l'étude.
Je remercie le député de Kenora d’avoir présenté cette motion à la Chambre. Ma fille était infirmière dans sa belle circonscription, alors elle connaît bien l’hôpital en question et les services de santé qui y sont offerts.
À l'instar de la députée de Sarnia—Lambton, qui faisait une observation sur le caractère mixte de sa circonscription, je souligne que la mienne comprend aussi un mélange de secteurs urbains et ruraux, ce qui fait qu'à certains endroits, les services et les moyens de transport sont déficients.
J’aimerais commencer par parler de la situation générale des services de santé au Canada.
Nous savons qu’il y a déjà une pénurie de médecins et d’infirmières au pays. Je me suis rendu un peu partout au pays et j’ai parlé à des gens de diverses circonscriptions. J’aimerais donner aux députés quelques exemples illustrant la pénurie, à commencer par l’un des pires cas dont j’aie entendu parler, celui du cap Breton.
Il manque 52 urgentologues et un chirurgien vasculaire au cap Breton. Là-bas, les gens qui ont une artère sectionnée peuvent perdre un membre ou mourir parce qu’ils sont incapables de se rendre à Halifax assez rapidement pour être soignés.
Voyons la situation ailleurs au pays. À Ottawa, il faut attendre six ans avant d’avoir un médecin de famille. Quand l’ancienne députée de Nanaimo—Ladysmith s’est présentée aux élections provinciales, l’un des problèmes prioritaires qu’elle a signalés était la pénurie de médecins en Colombie-Britannique. Il y a une réelle pénurie de travailleurs de la santé.
Cela est d’autant plus préoccupant que la population vieillit. Actuellement, une personne sur six a plus de 65 ans, et d’ici six à dix ans, ce sera une personne sur quatre. Cette augmentation s’accompagne d’une demande accrue pour un certain nombre de services.
Tout d’abord, nous observons une augmentation progressive des maladies chroniques, ce qui est en partie attribuable à la hausse des taux d’obésité, au tabagisme et à d’autres problèmes. De plus, comme l’espérance de vie augmente, nous constatons une augmentation des cas de démence et de la demande de soins palliatifs. Bien sûr, j’ai toujours été une fervente défenseure des soins palliatifs depuis que je siège à la Chambre. Près de 78 % des Canadiens n’ont pas accès à des soins palliatifs, en particulier dans les localités rurales et éloignées. Il est urgent de régler ce problème.
Quand je regarde le bilan du gouvernement qui est au pouvoir depuis quatre ans, je constate qu’il n’a proposé aucun plan pour combler les lacunes existantes sur le plan des ressources en santé et de l’infrastructure nécessaire dans des endroits comme Petrolia, une petite municipalité de ma circonscription. Actuellement, les systèmes électriques et mécaniques de l’hôpital Charlotte Eleanor Englehart sont tellement désuets et risquent de tomber en panne à tel point que la municipalité prévoit fermer l’hôpital dès qu’une panne surviendra. Tous les patients devront être transférés à l’école secondaire voisine. Petrolia a besoin de cinq millions de dollars pour faire des réparations dans cet hôpital.
Je pourrais raconter à mes collègues des histoires semblables qui se produisent à la grandeur du pays, notamment des histoires d’hôpitaux qui n’ont reçu aucun financement pour mettre leur infrastructure à niveau. Il est clair que les provinces n’ont pas d’argent pour cela. En guise de solution, le gouvernement pourrait notamment mettre en œuvre un programme destiné à répondre aux besoins des hôpitaux ruraux en matière d’infrastructure. Cela permettrait de régler une partie de leurs problèmes persistants.
Les régions rurales et éloignées ont également besoin d’un accès à Internet à large bande. Comme nous recourrons de plus en plus aux services en ligne, notamment pour les soins palliatifs et les consultations, les collectivités ont besoin d’Internet à large bande pour avoir accès à ces services. Ce besoin est particulièrement criant dans le Nord. Dans ma circonscription, plusieurs localités n’ont pas un bon accès à Internet. Je pense qu’il serait impérieux de répondre à ce besoin.
Dans les régions rurales et éloignées, l’accès aux services de santé est un autre problème. Le transport peut coûter très cher et, comme l’a mentionné le député de Kenora, les déplacements peuvent être très longs. À Kenora, les gens se déplacent en avion. Dans ma circonscription, même si les services sont nombreux, beaucoup de gens doivent se rendre dans la ville voisine de London, à une heure de route. Les personnes à revenu modeste ou qui n’ont pas de véhicule n’ont aucun service à leur disposition pour se rendre à leurs traitements hebdomadaires contre le cancer ou à d’autres rendez-vous. Le transport est un gros obstacle, et nous devons trouver des solutions à ce problème.
Quand j’ai travaillé à l’élaboration du projet de loi d’initiative parlementaire sur les soins palliatifs, j’ai découvert des solutions vraiment novatrices, notamment le recours à du personnel paramédical pour prodiguer des soins palliatifs. Les ambulanciers paramédicaux, pendant les heures où ils ne répondent pas à des appels d'urgence, peuvent administrer des analgésiques et exécuter les interventions dont ont besoin les patients. Cette solution est vraiment économique, car ces personnes sont déjà sur la liste de paie, et elle permet de fournir une aide précieuse aux gens qui ont de la difficulté à accéder aux services et qui n’ont pas de moyen de transport à leur disposition. C’est le genre de solutions novatrices dont nous aurons vraiment besoin à l’avenir.
Ma circonscription est aux prises avec un autre problème — et j’ai ouï dire que Kenora avait le même —, soit la difficulté à attirer des médecins, des infirmières et d’autres travailleurs de la santé dans les régions rurales. Nous devons mettre en place des mesures incitatives. L’une des grandes innovations, également mise en œuvre à Petrolia, est une clinique créée par une équipe multidisciplinaire de médecins de famille et d’infirmières praticiennes et qui offre divers services. Comme les médecins de famille ne sont pas seuls et qu’ils ne sont pas obligés de travailler durant un nombre incalculable d’heures en cabinet et de répondre ensuite à des urgences, ils arrivent mieux à concilier le travail et la famille. C’est une initiative qui a été lancée pour attirer des médecins de famille à cette clinique. Ces professionnels font un travail fantastique et rendent les services accessibles aux gens qui vivent à proximité. D'ailleurs, en raison de la qualité des services, des gens viennent même de Sarnia pour en profiter.
Nous devons proposer de nouvelles solutions pour assurer les soins de santé, en collaboration avec les provinces et les territoires. Les régions sont toutes différentes les unes des autres. Nous avons parlé de certains obstacles, comme les déplacements par mauvais temps pour accéder aux services, mais à certains endroits, les problèmes sont d’un autre ordre. Certaines localités ont une population vieillissante. Dans ma circonscription, la moitié des gens ont plus de 57 ans; les soins aux aînés sont donc une priorité. Je sais que c’est également le cas en Nouvelle-Écosse et dans d’autres régions du pays.
En fin de compte, j’aimerais beaucoup que le comité de la santé étudie ce problème. J’aurais aimé mener cette étude pendant cette session parlementaire, mais comme on nous l’a fait remarquer, il est très peu probable que l’on puisse entamer une nouvelle étude à ce stade-ci. Nous pourrons peut-être le faire au cours d’une prochaine législature.
Ce besoin est urgent, et il faut que nous étudiions la question. Nous devons établir un plan pour cerner les besoins en travailleurs de la santé et déterminer comment les combler. Dans certains cas, au Canada, les travailleurs de la santé sont en nombre suffisant. Dans d'autres cas, il faudra changer la façon de former les médecins, par exemple. Je pourrais vous citer une mesure très novatrice prise au Nouveau-Brunswick. Comme la province n’a ni hôpital universitaire ni université offrant des stages en résidence, elle s’est associée aux universités de Dalhousie et de Sherbrooke, qui ont créé un programme de résidence au Nouveau-Brunswick, où des médecins font leur stage et fournissent leurs services en vue d'être agréés. Voilà le genre d’innovation qu’il nous faut pour remédier à la pénurie de travailleurs de la santé.
Nous devrions en outre établir un plan d’infrastructures, comme je l’ai dit tout à l’heure, pour les services Internet à large bande, les soins hospitaliers et d’autres services. Par exemple, nous constatons un besoin croissant de soins à domicile. Il est toujours plus difficile de les fournir dans les régions rurales et éloignées à cause des distances à parcourir et, dans certains cas, de la météo et d'autres facteurs.
Une fois que nous aurons élaboré ce plan, que nous aurons les ressources et les infrastructures nécessaires et que nous aurons déterminé les services à établir pour soigner le nombre croissant de maladies chroniques et de cas de démence dus au vieillissement de la population, nous pourrons lancer la mise en œuvre de ce plan. Il nous faudra plus de soins palliatifs. Il est urgent d’agir, car comme je l’ai déjà dit, à l’heure actuelle, les personnes âgées comptent pour un sixième de la population, mais d'ici de six à dix ans, elles en constitueront le quart.
Il s'agit d'un problème urgent, alors je suis très heureuse d’appuyer cette motion.