Monsieur le Président, je remercie mon collègue de ses commentaires.
Sur le territoire de ma circonscription, j'ai une entreprise de transformation agroalimentaire, un abattoir, qui emploie 1 200 personnes. Plusieurs de ces personnes ont été obligées de se retirer de la chaîne de production à cause des mesures de santé publique. C'est tout à fait normal de respecter ces mesures, mais cela fait que la capacité de transformation de l'entreprise se trouve réduite de façon très importante.
Je vous dirais que ce sont au-delà de 100 000 têtes de porc qui sont actuellement refoulées dans les porcheries des agriculteurs, au Québec. Au Canada, ce sont au-delà de 140 000 têtes de porc qui sont repoussées dans les abattoirs.
Contrairement à d'autres types de production, la production porcine est faite sur une base particulière. Lorsque le petit porcelet entre dans la porcherie, il faut que les plus âgés — dont on a prévu qu'ils partiraient à l'abattoir — partent. On se retrouve actuellement avec un problème qui va s'amplifier avec le temps, et on n'aura pas d'autre choix que de faire face à l'euthanasie, malheureusement. On repousse cette éventualité, mais on ne pourra jamais rattraper l'arriéré de ces abattages. La période des vacances arrive et ce sera très compliqué d'y parvenir.
Parce qu'on a trop tardé à agir, il y aura aussi des euthanasies dans le secteur des bovins, sans parler du secteur des poulets, où on a déjà commencé à jeter plusieurs œufs d'incubation. C'est donc au-delà de 200 000 poussins qui ont été jetés au Canada.
Ma tristesse, dans tout cela, c'est de voir que ces aliments-là ne se retrouveront pas sur la table. En effet, la production agricole se fait avec un certain décalage. On ne peut pas penser qu'on arrête la machine aujourd'hui et qu'on va pouvoir la relancer demain et que la viande, le lait ou les produits agricoles vont arriver sur les tablettes le lendemain matin.
Voilà tout le défi de l'agriculture. Je dirais qu'il est minuit et cinq pour réagir si nous voulons conserver notre souveraineté.