Monsieur le Président, en tant que parlementaire, j'aurais aimé me lever à la Chambre dans d'autres circonstances pour discuter de notre sécurité et de l'incroyable travail que les agents du Parlement font. Je vais le faire, parce que le gouvernement nous impose encore une fois, et pour un nombre record de fois, un bâillon sur une motion extrêmement importante et qui touche tous les parlementaires à la Chambre.
Avant de commencer mon discours, j'aimerais souligner le travail incroyable que font tous les constables qui travaillent au Parlement, que ce soit aujourd'hui ou avant les événements du 22 octobre, et particulièrement le 22 octobre. Il n'y a jamais eu un seul instant où je ne me suis pas sentie en sécurité ici. Ils font un travail extraordinaire.
Ces agents ont été entraînés de façon incroyable. Ce sont probablement les personnes les mieux entraînées au monde pour faire ce genre de travail, et je les remercie. C'est toujours un plaisir de les voir faire leur travail tous les jours. Ils mettent leur vie en jeu, ils ne pensent pas à leur propre sécurité, ils ne pensent qu'à la nôtre, alors c'est la moindre des choses de souligner le travail qu'ils font tous les jours, et je les remercie aujourd'hui.
Par la même occasion, on parle beaucoup de la Gendarmerie royale du Canada, puisque cette motion demande que la GRC prenne le contrôle de la sécurité sur la Colline du Parlement. Je ne veux pas qu'on fasse de démagogie avec ce débat. Les agents de la GRC font aussi un travail fantastique sur le terrain, à l'endroit où ils sont supposés le faire. Ils protègent la vie des Canadiennes et des Canadiens sur le terrain au Canada et Ils le font de façon incroyable.
J'ai la chance de faire partie du Comité permanent de la sécurité publique et nationale et de m'occuper, avec mon collègue d'Esquimalt—Juan de Fuca, du dossier de la sécurité publique pour l'opposition officielle. Au cours de divers échanges ou au cours d'étude de projets de loi, nous avons eu l'occasion de rencontrer des agents de la GRC. Je sais qu'ils font un travail très difficile sur le terrain, mais qu'ils le font bien. Nous l'avons constaté à Halifax, entre autres, la semaine dernière, quand ils ont déjoué un attentat qui aurait pu être très grave dans un centre commercial d'Halifax. En déjouant cet attentat, ils ont vraiment fait un travail splendide afin d'assurer la sécurité de tous.
Je remercie les agents de la Gendarmerie royale du Canada de faire un très bon travail, amplement apprécié par toute la population canadienne. C'est important de le souligner ici, parce qu'on ne doit pas faire de démagogie en disant que l'un est meilleur que l'autre. Que ce soit les constables de la Colline du Parlement ou les agents de la GRC, ce sont deux entités extrêmement différentes qui font un travail très différent, mais qui le font bien, et c'est important de le souligner. Pourquoi? Parce que la motion propose que la GRC prenne le contrôle de la sécurité au Parlement.
Je comprends que des événements extrêmement graves sont survenus le 22 octobre dernier. Cela nous fait penser à nouveau à la façon dont la sécurité fonctionne sur la Colline du Parlement.
Tous les partis à la Chambre s'entendent pour dire que nous avons effectivement besoin d'un peu de modernisation dans notre sécurité. Une chose qui a été proposée et redite souvent, c'est de s'assurer que la sécurité de la Chambre des communes et celle de l'autre Chambre fonctionnent ensemble. On entend souvent cela dans les couloirs où, en tant que parlementaires, on en discute. Je crois que cela a bien du bon sens.
Ce qui n'a pas de bon sens dans cette motion, c'est qu'actuellement, la sécurité rend compte au Parlement en entier. La sécurité rend donc compte à tous les parlementaires. Elle passe directement par vous, monsieur le Président, et elle passe aussi par notre sergent d'armes. Ces derniers ont le contrôle de ce qui se passe et assurent notre sécurité. Ils s'assurent de protéger notre immunité; en tant que parlementaires, elle est très importante. Cela fonctionne de cette façon non seulement ici. En effet, dans pratiquement tous les pays où il y a un Parlement, on fonctionne de cette façon.
Le gouvernement essaie d'imposer sa décision. Un article du Globe and Mail indique qu'on appris de source sûre que la décision de concentrer tous les pouvoirs de la sécurité à la GRC serait soutenue par le premier ministre lui-même. Dans les faits, la GRC ne rend pas compte au Parlement, elle rend compte au gouvernement.
On interfère donc avec des pouvoirs de façon inimaginable. En ce moment, la sécurité de la Chambre fonctionne très bien. Elle attend simplement qu'on lui donne les bons outils et qu'on s'assure de bien encadrer son fonctionnement. Or que fait-on? On retire ces pouvoirs au Président et on les donne directement au gouvernement de l'autre côté, qui veut contrôler tout ce qui se passe sur la Colline du Parlement. Cela n'a pas vraiment de sens. On ne sait même pas si la motion telle qu'elle est présentée est constitutionnelle et quels sont nos droits en tant que parlementaires dans tout cela.
En tant qu'opposition officielle, contrairement au gouvernement, nous avons décidé de faire notre job. Nous avons étudié la motion telle qu'elle est présentée, puis nous avons trouvé que la façon dont elle était présentée n'était pas juste et que pour s'assurer que les pouvoirs des agents de sécurité du Parlement restent dans les mains de la Chambre des communes, il fallait la changer. Nous voulons nous assurer que la motion reste constitutionnelle et que tous les pouvoirs ne sont pas mêlés, comme cherchent à le faire les conservateurs. Nous proposons donc de la changer.
Je vais me permettre de lire la motion principale telle que nous proposons de la modifier. Je pense qu'elle est parfaitement sensée:
Que la Chambre reconnaisse qu’une sécurité entièrement intégrée est nécessaire dans toute la Cité parlementaire et sur le terrain de la colline du Parlement, comme l’a recommandé le vérificateur général dans son rapport de 2012 et comme elle existe pour d’autres parlements analogues; qu’elle demande, sans délai, au Président, en coordination avec son homologue du Sénat, de préparer et mettre en oeuvre des plans visant à intégrer pleinement le travail de tous les partenaires qui assurent la sécurité opérationnelle de toute la Cité parlementaire et de la colline du Parlement, tout en respectant les privilèges, immunités et pouvoirs de chaque Chambre, notamment les pouvoirs ultimes des présidents du Sénat et de la Chambre des communes en matière d'accès et de sécurité du Parlement, et en veillant à ce que le personnel chargé actuellement de la sécurité parlementaire, dont le travail exemplaire du 22 octobre 2014 a mis fin très rapidement à une menace à la sécurité du Parlement, conserve son emploi.
Je crois que cela résume très bien ce que nous cherchons en tant que parlementaires. Il s'agit vraiment d'étudier une motion qu'on nous a carrément varlopée en pleine figure. Cela n'a pas été étudié de façon juste et équitable. Cela n'a aucun rapport non plus avec les recommandations que le vérificateur général avait déjà faites en 2012, donc bien avant les attentats qui ont eu lieu sur la Colline du Parlement.
La motion principale telle que notre amendement la modifie respecte non seulement nos privilèges de parlementaires, mais elle respecte aussi le travail que font les constables sur la Colline du Parlement.
J'espère voir les conservateurs voter en faveur de cet amendement.
Avant de continuer, j'aimerais mentionner que je partage mon temps avec le merveilleux député de Louis-Hébert, mon fameux collègue de la région de Québec qui, j'en suis sûre, va faire un excellent discours.
Comme je le disais, c'est important d'étudier cette motion. J'espère que le gouvernement va prendre en considération notre amendement, parce que nous avons beau poser des questions aux députés de l'autre côté de la Chambre, nous ne savons toujours pas si le gouvernement va voter en faveur de l'amendement ou s'il va s'y opposer.
J'espère sincèrement que je vais voir se lever des députés de l'autre côté de la Chambre, non seulement pour me poser des questions, mais aussi pour me dire s'ils vont appuyer ou s'opposer à notre amendement qui, en fait, est un terrain parfait pour que tout le monde s'entende bien sur l'importance de la sécurité des Canadiens et Canadiennes. Notre sécurité est importante, mais faisons confiance aux agents de sécurité qui sont là pour notre sécurité. Ayons confiance en leur moyen. Ce sont les meilleurs pour s'assurer de la sécurité sur la Colline du Parlement, non seulement pour nous les parlementaires, mais aussi pour les gens qui viennent nous visiter tous les jours. C'est extrêmement important qu'on leur fasse confiance et qu'on fasse confiance également au Président — je le souligne à l'intention des députés de l'autre côté de la Chambre —, parce qu'il s'agit des pouvoirs qui sont entre ses mains pour protéger l'immunité de la Chambre.
Je vois que mon temps est compté. Il passe vite quand on discute de bonnes choses comme l'amendement présenté par l'opposition officielle.
J'attends avec bonheur les questions qui, je l'espère, vont venir du côté du gouvernement. J'espère aussi que les conservateurs vont se rendre compte que l'important est de travailler tous ensemble pour s'assurer d'avoir la meilleure motion possible et de ne pas lancer tous nos oeufs comme cela.