Madame la Présidente, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de participer à ce débat sur une question de privilège, un débat très important.
J'avais l'intention de m'exprimer immédiatement sur le fond du débat, mais je me sens obligé de répondre aux insinuations, ces petites choses que le député d'Elmwood—Transcona laisse passer. Il a dit plusieurs choses.
Premièrement, il s'est dit vraiment préoccupé par le débat, mais il a ajouté que les députés n'y participaient pas, particulièrement les députés du gouvernement libéral. Or je suis ici, j'attendais mon tour et d'avoir la chance que la Présidente me donne la parole pour participer à ce débat. C'est une mauvaise façon de se comporter à la Chambre que de lancer de fausses accusations, de prêter de fausses intentions à nos honorables députés. J'espère que le député aura le courage de s'en excuser, parce que ce n'est pas vrai.
Je connais l'honorable député d'Elmwood—Transcona. Nous faisons partie du même cépage de députés de 2015. Nous nous sommes parlé à plusieurs reprises. Je trouve que c'est un homme honorable. Malheureusement, je pense que ce débat n'était pas à la hauteur de ses capacités et de sa générosité.
Deuxièmement, le député a avancé qu'il y a certains doutes par rapport à ce qui s'est passé le 22 mars. Or je vais citer le Président de la Chambre quand il a rendu sa décision:
En effet, j'ai reçu deux rapports sur l'incident. Le premier, du sergent d'armes adjoint et agent de la sécurité institutionnelle, expose d'excellente façon le déroulement des faits minute par minute et est accompagné de déclarations de témoins. Le deuxième rapport provient du directeur par intérim du Service de protection parlementaire.
Je ne peux pas imaginer que le député porte de fausses accusations auprès du Président car ce dernier a été on ne peut plus clair et limpide: il y avait deux rapports, un rapport minute par minute de ce qui s'est passé et un rapport très exhaustif, dont il a fait part de façon très élégante à la Chambre des communes et à tous ses députés.
Monieur le Président, je dois souligner une chose. Encore une fois, je suis un nouveau député, même après 18 mois à la Chambre, et j'ai oublié d'indiquer que j'aimerais partager le temps dont je dispose avec la députée de Moncton—Riverview—Dieppe.
Les questions de privilège sont cruciales, alors je remercie mon collègue néo-démocrate d'avoir souligné à quel point il est important que les députés aient accès à l'édifice du Parlement. Il a même lu ce qui se trouve à l'endos de sa carte d'identité:
Conformément au droit du privilège parlementaire, le titulaire a plein accès en tout temps, sans entrave ni ingérence, à l'enceinte de la Chambre du Parlement dont le titulaire est membre.
C'est important parce que cela nous ramène à l'ancêtre de tous les Parlements, celui de Westminster, au XVIe siècle. Même à cette époque, les députés jouissaient de ce privilège, de ce droit, et ils devaient avoir accès en tout temps à la Chambre des communes afin de pouvoir faire leur travail, c'est-à-dire représenter le peuple, adopter des lois, prendre part aux débats, et cetera.
C'est un rôle d'une importance fondamentale pour les députés. On ne devrait pas les empêcher de s'en acquitter.
Dans la décision qu'il a rendue aujourd'hui, le Président a décrit la situation de la façon suivante: « D’après ces rapports, voici ce qui semble s’être passé le 22 mars dernier. À 15 h 47 environ, les bornes de protection au poste de contrôle des véhicules ont été abaissées pour laisser passer un autobus transportant des journalistes se rendant à l’Édifice du Centre pour la présentation du budget. L’autobus des médias, qui était escorté par le Service de protection parlementaire, s’est rendu immédiatement à l’Édifice du Centre. Quelques secondes après le passage de cet autobus, un bus-navette de la Chambre des communes est arrivé au poste de contrôle des véhicules, mais on ne lui a pas permis de poursuivre son chemin jusqu’à l’Édifice du Centre. Dans les minutes qui ont suivi, deux autres bus-navettes sont arrivés au poste de contrôle des véhicules et ont été retardés de la même façon. Selon l’information qu’on m’a fournie, des députés se trouvaient à bord de certains de ces véhicules. »
Le Président a ajouté ceci: « Pendant cette interruption, qui a duré neuf minutes au total, deux députés, la députée de Milton et le député de Beauce, attendaient à l’arrêt d’autobus près du poste de contrôle des véhicules. Vers 15 h 54, le député de Beauce est entré dans le poste de contrôle des véhicules et a demandé des explications sur le retard au personnel du Service de protection parlementaire puis, à 15 h 55, il a décidé de quitter l’arrêt d’autobus et de terminer sa route à pied. »
C'est tout à fait clair: la raison des délais pour accéder à la Cité parlementaire et, par ricochet, du retard des navettes qui conduisent les députés à la Chambre, est la présence d'un autobus des médias. Il ne s'agissait pas des limousines du premier ministre. Le Président a été très clair et net à ce sujet.
Pourtant, selon certaines allégations et certaines rumeurs, c'est la faute du premier ministre. À mon avis, il faut être très prudent lorsqu'on parle à la Chambre des communes. Non seulement notre discours sera-t-il entendu par nos collègues à la Chambre et par les Canadiens qui écoutent CPAC partout au pays, mais nos paroles sont toujours imprimées dans les procès-verbaux de la Chambre des communes. Ces procès-verbaux existeront tant et aussi longtemps que le Parlement canadien existera.
Personnellement, je pense que nous avons non seulement le privilège de participer aux débats et d'avoir un siège à la Chambre des communes, mais nous avons aussi la responsabilité de mesurer nos paroles. Lorsqu'il est question de privilège, on ne veut pas jeter d'huile sur le feu. On doit être prudents par rapport à ce qu'on dit et à la façon dont on se comporte.
À mon avis, l'intervention du Président était très claire, soit que le problème n'avait rien à voir avec le service de protection du premier ministre. Il était plutôt lié à l'autobus transportant des journalistes jusqu'à la Chambre des communes.
Comme il est mentionné dans le Règlement de la Chambre, on sait bien que lorsque la question de privilège est posée, elle doit être immédiatement prise en considération. C'est la raison pour laquelle nous participons tous au débat.
Je demande à mes collègues de ne laisser ni planer de fausses allégations ni courir de rumeurs, mais de parler des faits qui sont exacts et des faits qui ont été énoncés par le Président de la Chambre dans sa déclaration de ce matin.
Je suis heureux d'avoir eu la chance de me prononcer à la Chambre des communes.