Était-ce en 1993? Je croyais que vous étiez là.
C'est un grand honneur pour moi de vous revoir, Wayne.
Ce qui est devant nous aujourd'hui, c'est une façon d'aborder l'analyse du budget récent qui, à notre point de vue, ne va pas assez au fond des choses.
Monsieur le président, j'attire tout de suite votre attention sur le point 7 de la motion qui nous a été soumise. Je vais prendre le soin de le lire:
7. le Comité invite le ministre des Finances à comparaître sur le projet de loi C-97 le mercredi 1 mai 2019, de 15 h 30 à 17 heures, et, si nécessaire, des fonctionnaires, de 17 heures à 18 h 30;
Ce point est important, mais, selon nous, il n'est pas respectueux de la charge exceptionnelle qu'a le ministre des Finances. C'est pour cela que nous souhaitons prolonger les heures, et je déposerai un peu plus tard un amendement à cet effet.
Le ministre des Finances a une charge incroyable. Cette personne gère les finances d'un pays du G7. Cette personne à la tête d'un ministère doit gérer les quelque 330 milliards de dollars du Canada, dans un budget qui sert les 37 millions de Canadiens. Cette personne doit voir à chacun des détails des mesures proposées et des avenues suggérées aux Canadiens. Vouloir restreindre cette occasion en or d'aller au fond des choses, de poser des questions pertinentes et, surtout, d'avoir des réponses à ces questions, selon nous, ne va pas dans le sens du respect du parlementarisme, puisque chacun a le droit de s'exprimer. C'est surtout un manque de respect envers le ministre des Finances.
Ce n'est quand même pas rien. Quand le gouvernement dépose des documents aussi épais et des mesures qui ont des conséquences directes sur la vie de milliers de Canadiens, la moindre des choses, c'est d'avoir le temps de les expliquer et de répondre aux questions pertinentes. Quand on limite le témoignage du ministre à 90 minutes à peine, durée dont il faut retrancher les 15 ou 20 minutes qu'il prendra pour faire sa présentation, il reste malheureusement peu de temps pour discuter de façon très pointue des engagements pris et des répercussions que ceux-ci peuvent avoir sur la vie des Canadiens, sur nos entrepreneurs, nos entreprises, nos familles, nos institutions et nos partenaires, que ce soit à l'échelle municipale ou fédérale.
Bref, c'est une occasion ratée d'aller au fond des choses. C'est fondamentalement la raison pour laquelle nous sommes ici, à la Chambre des communes. Nous avons l'extraordinaire et insigne privilège de siéger au nom des 100 000 concitoyens, en général, qui vivent dans nos circonscriptions, qu'ils aient voté pour nous ou non. Nous sommes les représentants de tous les Canadiens de nos circonscriptions.
La présence du ministre des Finances au Comité permanent des finances est, à notre point de vue, un moment clé de la transparence, un moment clé de la reddition de comptes, un moment clé du travail parlementaire et un moment clé aussi pour la personne qui a l'extraordinaire privilège — mérité, rappelons-le — d'être à la tête du ministère des Finances. Quand je dis « mérité », c'est simplement pour rappeler à tout le monde que, si nous avons le privilège de siéger à la Chambre, nous avons aussi des obligations qui y sont liées, entre autres l'obligation de respecter et d'honorer le mandat qui nous a été confié à tous.
Nous ne pouvons pas être des démocrates à géométrie variable, c'est-à-dire être contents lorsque la victoire nous sourit et ne pas l'être lorsque nous faisons face à la défaite. La démocratie étant ce qu'elle est, nous respectons la volonté de la population. Chaque député ici, à la Chambre, a mérité d'y être.
C'est le parti ministériel qui gouverne, et la responsabilité du chef du gouvernement canadien est de choisir les personnes qu'il estime être les meilleures pour occuper les fonctions ministérielles, donc celles de l'exécutif. Je ne veux pas prêter quelque degré d'ascension à l'un plus qu'à l'autre, mais chacun sait que le ministère des Finances est l'un des plus grands ministères, sinon le premier, quel que soit le gouvernement.
Quiconque a l'occasion, la chance et le grand honneur de siéger autour de la table de l'exécutif, qu'il soit un ministre dit de second rang ou un ministre dit de premier plan, jouit d'un privilège inestimable qui doit être apprécié à sa juste valeur. Autour de la table, tout le monde est égal. C'est ce que l'on souhaite, bien entendu.
Vouloir limiter le témoignage du ministre des Finances à 90 minutes à peine, c'est malheureusement lui refuser un accès privilégié pour parler directement aux Canadiens, pour dire exactement ce qui l'anime dans cette présentation de budget et quels sont les objectifs qu'il vise dans ses politiques, et aussi pour faire le bilan de ses réalisations.
Rappelons qu'il s'agit du quatrième budget que dépose le ministre des Finances. Ce ministre dirige les finances publiques de l'État canadien depuis trois ans et demi, et l'heure du bilan a sonné, d'autant plus qu'il y aura une élection générale dans un peu plus de six mois. La population pourra alors porter un jugement sur le bilan économique de l'actuel gouvernement et sur sa gestion des fonds publics. Les points de vue peuvent différer, mais il n'en demeure pas moins qu'après quatre budgets et trois ans et demi de gestion de l'État, l'heure du bilan a sonné.
C'est pourquoi cette présentation en comité parlementaire donne au ministre une occasion unique de se vanter, ce que je dis de façon positive. Il a là une chance unique de mettre en lumière ce qu'il estime être ses bons coups et de répondre à toute attaque ou question précise, voire contraignante, de la part des députés de l'opposition.
Il n'y a rien de personnel dans tout cela. En effet, nous sommes ici parce que nous formons l'opposition officielle, parce que nous sommes la loyale opposition de Sa Majesté, en l'occurrence le ministre des Finances. Donnons donc au ministre l'occasion de répondre aux attaques ou aux questions pertinentes venant de l'opposition officielle et des autres partis de l'opposition. C'est une occasion en or. Je ne vois pas pourquoi le ministre, étant donné ses hautes responsabilités, n'aurait pas cette chance exceptionnelle de pouvoir répondre directement aux questions. Certes, certains propos pourraient lui déplaire, mais nous lui donnons la chance d'y répondre.
C'est là le mandat d'un comité parlementaire. Le ministre a pour sa part le privilège, mais surtout le devoir, de répondre aux questions du comité.
Par ailleurs, il importe de rappeler que les questions viendront de part et d'autre. Comme nous venons de le constater à l'occasion du vote tenu il y a quelques instants, les membres du parti ministériel détiennent la majorité autour de cette table et ils peuvent, eux aussi, poser des questions aux témoins. Dans le cas présent, le ministre des Finances est leur allié et il ne faut pas s'attendre à ce que leurs questions soient particulièrement brutales, âpres ou douloureuses. Il s'agit plutôt d'une occasion pour le ministre — ou la ministre, selon la personne en poste, mais dans ce cas-ci il s'agit d'un ministre — de justifier ses diverses politiques. Comme on dit dans le monde du hockey, le ministre pourra recevoir des passes sur la palette. Ce sera toutefois à lui de décider de la façon dont il maniera la rondelle qui aboutira sur son bâton.
Nous jugeons donc important que le ministre des Finances comparaisse en comité parlementaire pour avoir l'occasion de dresser son bilan et pour répondre directement aux questions des membres sur ses réalisations et sur ce que nous considérons comme des mesures n'ayant pas contribué à l'essor économique.
C'est pourquoi je propose l'amendement suivant, qui apporte une modification à la deuxième ligne du point 7 de la motion. Je vais donc lire le point 7 au complet comme je propose de le modifier:
7. le Comité invite le ministre des Finances à comparaître sur le projet de loi C-97 le mercredi 1 mai 2019, de 15 h 30 à 18 h 30;