Je serai heureux d'intervenir en premier, monsieur Gostin.
C'est vraiment une excellente question. L'une des choses que nous avons constatées dans de nombreux pays, c'est une sous-estimation du risque que présente cette maladie.
J'ai écrit un article d'opinion dans le Washington Post, publié le 4 février, dans lequel je préconisais une approche « sans regret ». J'ai invité le gouvernement américain et, en fait, le monde entier à examiner ce qui se passait alors à Wuhan, en Chine, et à se demander si une telle situation pouvait se produire ici. À mon avis, dès que nous avons vu le débordement des hôpitaux dans une métropole aussi riche que Wuhan, une ville de 11 millions d'habitants, dotée d'un système moderne de soins de santé, dans un pays relativement riche à revenu moyen supérieur, il y avait peu de raisons de croire que les pays développés — que ce soit en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie orientale ou ailleurs — seraient à l'abri.
J'estime qu'à tout le moins, chaque pays aurait dû se préparer, dès lors, à la possibilité que les conditions de Wuhan se manifestent sur son propre territoire. Il n'y avait aucune raison valable de penser que cela n'aurait pas lieu. Chaque pays aurait dû se poser deux questions simples le 23 janvier, lorsque Wuhan a commencé à fermer sa frontière. Premièrement, une telle situation pourrait-elle survenir ici? La réponse, dans chaque pays, était clairement oui: si cela pouvait arriver à Wuhan, cela pouvait se produire n'importe où. Deuxièmement, sommes-nous prêts à une telle éventualité? Serons-nous prêts si cela se produit? Voilà en quoi consiste une approche « sans regret ».
Ce n'est pas l'approche qu'ont adoptée les États-Unis ni d'ailleurs la plupart des autres pays. Selon moi, il y avait une certaine pensée magique selon laquelle la crise qui sévissait en Chine resterait là-bas, mais ce raisonnement ne reposait sur aucun fondement scientifique.
Alors, oui, je m'attendais à ce qu'une telle situation se produise aux États-Unis. C'est pourquoi j'ai réclamé la prise de mesures préparatoires, et j'ai été déçu de voir que rien n'a été fait à cet égard.